Bell de Bilgewater

Chapitre 36 : Partie 3 - Chapitre 23

2476 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/08/2021 01:11

           Chapitre 23

         Sur le chemin de la sortie, Bell croisa ses amis, qui semblaient la chercher. Elle avait manifestement du retard, et les deux s’impatientaient. À la prochaine heure, des feux d’artifices seraient tirés un peu partout dans la ville, et il leur faudrait trouver un point stratégique pour en voir le plus possible.

         Dehors, la nuit était déjà très avancée, mais la fête battait son plein. Les rues, d’ordinaires déjà pleine de passants, étaient d’autant plus remplies aujourd’hui. Noires de monde, les avenues et places étaient bruyantes, abondantes de fêtards piltoviens de toutes les classes, qui discutaient, riaient, tout en mangeant et buvant des boissons diverses et variées. La yordle avait plus de mal que ses compagnons à traverser la foule, étant donné le fait qu’elle ne dépassait pas un mètre, beaucoup de passants ne la remarquaient même pas.

         Jamais Bell n’aurait cru que la ville pouvait être encore plus bruyante et active que d’ordinaire. Autour du trio, des tas de gens allaient et venaient, entre les boutiques, les jardins et fontaines. Des étals vendant de quoi manger tout en marchant relâchaient des effluves qui donnèrent faim à la yordle et ses compères, tandis que d’autres proposaient des boissons colorées bien trop alléchantes.

         En l’honneur d’une divinité du vent, Piltover, et Zaun aussi, festoyaient dans le bruit et la lumière, pendant des heures toute la nuit. Bell et ses amis partirent en quête d’un endroit duquel ils pourraient voir plusieurs des feux d’artifices, et un des quartiers du Haut-Piltover fut tout indiqué.

         Partout dans les rues, des petits inventeurs en herbe tentaient d’impressionner, ou d’amuser les foules à l’aide de petits appareils servant à créer, ou manipuler des formes, des choses, de la lumière de l’eau ou même du feu. Les passants s’extasiaient devant le spectacle pyrotechnique d’un garçon, tandis qu’une jeune fille dansait avec des gerbes d’eau en lévitation autour d’elle, chantant une magnifique chanson.

 - Je suis certaine qu’Ileae a bricolé des tas de choses comme ça, commenta Bell.

 - Tu crois ? demanda Jay.

 - Évidemment. Elle m’a montré un tas de machin impressionnants !

 - Vous semblez très proche elle et toi, remarqua Cynthia.

 - Elle serait ravie de vous présenter ses expériences, j’en connais une qui plairait énormément à Jay : un gant capable de t’aider à soulever des trucs gros comme ça !

         La toute petite yordle mima un objet de la taille d’une grosse caisse, et Jay semblait réellement intéressé, lui qui aidait autant dans la logistique du navire.

 - Mais je doute que ce soit le moment… soupira Bell.

 - D’autant plus que je pars demain, ajouta le garçon d’un air maussade.

 - Vous n’allez pas faire la tête vous deux quand même ? demanda Cynthia indignée. C’est la fête ce soir, faites au moins un sourire !

         Aujourd’hui, leur amie avait mis une splendide robe, qu’elle avait achetée à leur arrivée. Courte, blanche, et avec quelques éléments un peu plus colorés, elle était assez discrète tout en étant élégante, faisant ressortir la peau mate de la jeune femme.

         Tous les trois prirent place à bord d’un des ascenseurs qui les mènerait dans un des hauts quartiers de Piltover. Cette fois, pas question pour Bell de faire tout le chemin à pied, elle se voyait mal monter des dizaines de mètres d’escalier. Dans la cage en verre, ils purent voir la ville qui brillait de mille feux, et même des lumières parvenir des ravines qui menaient à la jumelle souterraine. Ce soir, le Gris zaunien était éparse, quasiment absent, preuve que la fête devait plaire à la divinité.

         Une fois en haut, Cynthia et Bell prirent place sur un banc, non loin d’un des murets en bord de falaise, tandis que Jay se chargeait de leur trouver quelque chose à manger. Le jeune homme revint les bras chargées de petites barquettes, et de trois bouteilles de verre fin piltovien.

         Le trio savoura ce petit moment ensemble, discutant sans s’arrêter, ou presque, il fallait bien manger un peu. Leurs victuailles étaient une sorte de bout de viande en longueur cuite sur le feu, avec des feuilles et du fromage, le tout enroulé dans une fine pâte aérée marron, apparemment réputée pour être un des meilleurs plats de tout Valoran.

         Leurs discussions furent soudain interrompues par un sifflement strident qui emplit le ciel. Ce son précéda l’explosion d’une énorme gerbe colorée, et lumineuse. D’autres suivirent, variant en formes et intensité, et d’autres encore, créant un véritable balai aérien de couleurs lumineuses. Ils avaient déjà pu voir des feux d’artifices à Bilgewater, mais c’était quelque chose de très rare et bien moins ostentatoire. De plus, les arches de pierre de l’archipel étaient si hautes, que les spectacles vus du dessus étaient en vérité très peu intéressants, le Haut-Piltover paraissait bien plus bas en comparaison.

         Les tirs durèrent de très longues minutes, une heure même où peut être deux, aucun des trois ne pouvait réellement le dire, tant ils se contentaient simplement d’apprécier. Le spectacle se termina sur un magnifique final, ou de nombreuses explosions de la taille de quartiers entiers furent tirées vraiment très, très, très haut, illuminant probablement la région entière.

 - C’était magnifique, soupira la yordle, une fois les applaudissements passés.

 - En effet, acquiescèrent ses deux amis en chœur.

 - J’ai un endroit sympa à vous montrer, leur proposa Bell, un vrai paradis, vous voulez voir ?

         Ses deux comparses acceptèrent avec joie, curieux de ce que leur amie comptait leur montrer. Une fois être redescendu du Haut-Piltover, elle les guida jusqu’au front de mer, où elle les emmena vers la petite placette où elle venait régulièrement. D’habitude entièrement vide, elle avait tout de même par ce soir de fête, séduit quelques passants qui occupaient certains bancs.

 - D’habitude il n’y a vraiment personne, dit Bell en faisant la moue.

 - Pas grave, répondit Jay en riant, il y a tout de même largement moins de monde que dans le reste de la ville !

         Ils prirent place en discutant sur un des bancs, face à la mer. Ça leur rappelait un peu leur voyage avec le Somua, mais surtout leurs soirées sur les Grandes Rocheuses de l’archipel, et les heures passées à discuter en regardant l’immense océan qui les entourait à perde de vue.

         Ils le savaient, demain sonnait une journée très spéciale, car venait le départ de Jay. Depuis qu’ils étaient tout petits, c’est la première fois qu’ils se retrouvaient séparés, et ce malgré le fait que ces dernières semaines aient commencé à creuser quelques sillons.

         Après un moment, plus aucun mot ne s’échappait de leur bouche, et les trois restèrent à regarder l’eau plus bas, calme et sereine. La lumière de la lune, à moitié pleine, se reflétait sur les vaguelettes, et venait buter contre la luminosité de la ville sur ces mêmes eaux. À la manière de la mer s’écrasant contre le sable d’une plage, la blancheur de la lune s’estompait face à la puissance majestueuse émise par la Cité du Progrès.

 

***

 

         Malgré le fait que la fête continue dehors, les ardeurs étaient calmées, et les foules étaient plus posées, et calmes. Face aux vents frais de l’océan, les trois bilgewatiens décidèrent de se retrancher en ville, et de retourner se reposer.

 - Au fait, intervint Cynthia. Maintenant que tu commences à maîtriser tes capacités Bell, tu ne trouves pas qu’il serait temps de donner un nom à ton « saut » ?

 - Un nom ? J’y pensais justement mais je n’ai pas trouvé beaucoup d’idées.

 - Je vois. Acquiesça Jay. Un truc du genre « Télétransportation ! »

 - Trop long, railla la soigneuse, pourquoi pas le Bond ?

 - C’est une idée, mais c’est trop régulier, pourquoi pas le Zap ! ou le Woooosh ?

 - Je ne fais aucun de ces bruits en me déplaçant, rit Bell.

 - Et pourquoi pas le Pas ? Après tout c’est un petit déplacement, comme un pas de côté, ou en avant.

 - J’approuve, lâcha le garçon.

 - J’apprécie l’idée, acquiesça la yordle. C’est toujours plus pratique que télétransportation.

         Les deux jeunes femmes partirent dans un petit fou rire à peine étouffé, qui vexa l’intéressé, qui considérait que son idée était tout à fait correcte. Les ruelles autour d’eux résonnaient des bruits de fêtes, et la lumière ne s’estompait pas.

 - Tout va bien Bell ? demanda soudain Jay.

         La yordle lui paraissait inquiète, elle jetait des regards autour d’elle, tandis qu’ils traversaient une ruelle peu passante. Sans prévenir, elle s’approcha brusquement de ses amis, et les poussa avec elle dans une autre ruelle plus petite, les cachant derrière des caisses. Devant leurs regards interrogateurs, elle leur fit signe de se taire et de rester cachés.

         Dans la même ruelle ou ils se cachaient, un individu fit irruption. Grand, et encapuchonné, son vêtement ne parvenait cependant pas à dissimuler les modifications corporelles et les habits purement Zaunien qu’il arborait. Semblant chercher du regard, il agita ce qui semblait être une lame et jura.

         Alors que ce dernier s’engageait dans la rue dont il venait, Bell eu tout juste le temps de voir arriver un autre zaunien encapuchonné lui aussi, se plantant devant leur poursuivant. Se faisant face à face, les deux individus échangèrent quelques mots, le second, qui sortit une lame à son tour, près d’un bras tatoué d’un rameau et d’un rouage brisé, lui lâcha quelques invectives d’un dialecte probablement zaunien. Après quelques secondes, le premier finit par tourner les talons et s’en aller d’un pas pressé, tandis que le second jeta un œil vers la ruelle où se cachait le trio, avant de partir lui aussi.

 - C’était quoi ça ? demanda Cynthia affolée.

 - Je vous explique en chemin, dit Bell en les aidant à se relever.

         Les trois amis reprirent leur route, d’un pas pressé, les deux bilgewatiens se demandant maintenant ce que cachait leur minuscule amie.

 - Depuis l’attaque, plusieurs individus ont essayé d’entrer en contact avec moi, finit par dire Bell. J’ignore qui et pourquoi, j’ai réussi à les éviter jusqu’ici.

 - Tu étais en danger et tu n’as rien dit ? paniqua Jay. Ça va pas du tout ! Je ne peux pas partir dans ces conditions, je vais rester et te protéger.

 - Je n’ai pas besoin qu’on me protège, rétorqua la jeune fille.

 - Ils n’avaient pas l’air ensemble, commenta Cynthia, ils ont même failli se battre.

 - Il y a peut-être plusieurs groupes, et j’ignore ce qu’ils me veulent, probablement ont-ils su que j’avais des cristaux synthétiques sur moi ?

 - Ceux dans tes anneaux ?

 - Ils sont une véritable prouesse, argumenta la yordle. Depuis que j’ai eu affaire à ces individus, j’ai fait plusieurs rencontres, et je sens qu’on m’observe.

 - Il faut en parler au capitaine, dit gravement la soigneuse.

 - Pour qu’il me cloître dans le manoir ? Très peu pour moi. Je connais bien la ville, je sais me défendre, je ne me laisserais pas attraper ne vous inquiétez pas.

 - Mais on ne va pas laisser…

 - Toi Jay, l’interrompit Bell, tu as une mission qui commence demain. Et toi Cynthia, je vais avoir besoin de ton aide, un des individus avait un tatouage, il faudrait effectuer des recherches là-dessus.

         Voyant que la yordle ne lâcherait pas le morceau, ils finirent par accepter. Après tout, elle avait toujours eu l’ascendant sur le groupe, qu’il s’agisse d’avoir d’excellentes idées, ou d’autres moins brillantes. À contrecœur, Jay finit par laisser les deux jeunes filles repartir, et pénétra l’auberge où lui et le reste de l’équipage étaient logés. Bell et Cynthia étaient très triste de le laisser partir ainsi, mais savaient qu’ils se retrouveraient dans quelques mois tout au plus. Les deux jeunes femmes regagnèrent le manoir, puis leur chambre, mettant fin à cette journée de fête et d’adieux.

 

***


Laisser un commentaire ?