Bell de Bilgewater
Chapitre 17
Vêtue de sa tenue Piltovienne, Bell souhaitait passer les prochains jours à l’académie, où au moins personne ne tenterait de l’agresser, se sachant protégée par les gardiens un peu partout. Le temps en ville était un peu plus maussade, l’atmosphère y était maintenant humide et grisâtre. Piltover restait cependant toujours colorée et lumineuse, adoptant des teintes plus ternes, mais brillant d’un aspect nouveau dans les brumes et pluies.
Clapper était tout à fait ravi de la météo actuelle, et adorait se promener en allant patauger sur les pavages très propres. Les pluies qui tombaient parfois avaient tendance à mouiller la fourrure de la yordle, qui se jurait qu’elle devrait prendre le temps d’acheter quelque chose pour se protéger de la pluie, mais ne devait jamais de son chemin entre le manoir et l’académie. Après tout, elle appréciait la pluie, cette sensation des gouttes son fin duvet, jusqu’à finir trempée.
Ces derniers temps, elle avait fait de remarquable trouvailles à la bibliothèque, elle avait mis la main sur un très ancien ouvrage géographiques qui faisait plusieurs fois mention de Bandle, la région natale des yordles. Malheureusement, aucun texte ne précisait l’endroit où se trouvait la région, et encore moins comment y accéder. Cela serait la plus grande avancée dans mes recherches soupirait la yordle.
Elle parvint à trouver un registre parlant des plus éminents éléments que l’académie ai compté parmi ses anciens professeurs. Malheureusement, la plupart du temps ce registre ne comptait que des listes de centaines de noms, parfois leur prénom entier ou juste l’initiale, accompagnés de leur profession Des scientifiques de renom, N. Bohr ; H. Krenn ; Heimerdinger ; K. Colfer, des commerçants, Paul Carvalac ; J. Antricia ou V. Medarda. D’éminents mages, D. Alfonso ; Amara ; Îola Colfer ; E. Trimat. D’autres professions étaient aussi bien présentes, artistes, diplomates entre autres. Bell fut très surprise de trouver H. Hekins parmi les noms, d’autant que le registre avait l’air de dater d’au moins une vingtaine de décennies. Elle trouva aussi d’excellent ouvrages sur Shurima, et sa complexe histoire, étant donné qu’elle devrait s’y aventurer, elle se devait de se renseigner au mieux !
Empire composé de peuplades adaptées au désert, il avait chuté après la trahison d’un serviteur du dernier empereur. Les seigneurs de guerres, dont les apparences avaient changées du fait d’une magie ancienne, se livraient des guerres intestines.
La yordle put aussi lire un texte très intéressant sur une province de l’empire dont Nâmis lui avait parlé. Une région qui avait tenté d’invoquer des forces capables de tenir tête aux transfigurés de l’empire, mais qui avait éveillé un amas laissant échapper des êtres monstrueux qui avaient ravagé la région. Ces combats finirent par user les seigneurs, qui devirent des sortes de démon, appelés Darkins par la suite. C’est intéressant, le nom de cette région est le même que celui du bar du port, remarqua Bell, une fois rentrée j’irais en parler au patron.
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Après plusieurs jours passés à explorer divers ouvrages, elle se sentait prête à affronter ce que les déserts shurimiens lui réservaient. Maintenant qu’elle avait appris tant de choses, elle ne rêvait que de pouvoir voir de ses propres yeux l’étendue des dunes de sables, les ruines, et le Disque Solaire, édifice magique large de plusieurs centaines de mètres, planant à la verticale au-dessus de la capitale de cette nation.
Elle fut interrompue dans ses rêveries par l’arrivée de quelqu’un souhaitant visiblement partager sa compagnie. Le professeur Krenn, un habitué de l’académie lui aussi, prit place à la table de la yordle, souriant sous sa tignasse ébouriffée.
- Mais qui voilà ! s’exclama-t-il. Bell, comment vas-tu jeune fille ?
- Bonjour professeur ! répondit gentiment l’intéressée. Tout va à merveille, je chine des informations.
- Je vois cela, dit-il en regardant la pile de livres que la yordle avait dû dévorer. Shurima cette fois ?
- Tout à fait ! Leur empire a une histoire vraiment très intéressante, vous la connaissez ?
- Je me suis penché sur certaines de leurs coutumes, acquiesça-t-il, notamment la transfiguration, ou ascension. Leurs empereurs, et élément les plus dignes, avaient le droit d’accéder au Disque Solaire, et au prix de leur humanité, devenaient des êtres mi-homme mi-bêtes, à la longévité absurde, tout en leur proférant des capacités hors normes. Leur principal trait de caractère était aussi exacerbé, les plus sages devinrent les plus grands sages jamais existants, les plus colériques devinrent enragés, et les puissants devinrent inarrêtables.
- Mi-bêtes, comme les vastayas ?
- Pas vraiment, les transfigurés sont plus des êtres magiques que biologiques en un sens. Un grand guerrier, Renekton, par exemple était un humanoïde à la tête crocodilienne, mais je crois qu’un des rares dont on soupçonne encore qu’il soit envie fut le sage Nasus, à la tête de chacal. J’aurais adoré en avoir un sous la main pour l’étudier.
Un des noms rappelait un de ceux que Nâmis avait cité, en parlant de sa jeunesse en Shurima, peut-être devrait-elle lui en demander plus. Le professeur semblait en connaître un rayon sur Shurima, mais bien plus sur les transfigurés, pour lesquels il semblait nourrir un certain intérêt, plus spécifiquement leur longévité et leur résistance. Il était aussi très intéressé par ce que la yordle pensait des pratiques et coutumes de cette région.
- Oh maintenant que j’y pense, j’ai lu un registre dans anciens professeurs de l’académie, et il m’a semblé lire votre nom, et celui du doyen.
- Ce registre doit être sacrément daté alors, sourit Krenn, un de mes ancêtres a été enseignant ici en effet, mais il s’appelait Henry, mon prénom à moi est Oscar.
- Oh je ne savais pas, répondit Bell, confuse.
- Quant au doyen, j’assume qu’il est vieux, mais peut-être s’agit-il d’un de ses prédécesseurs ? Ou alors il serait sacrément bien conservé le bougre !
Krenn croisa les bras, s’adossant au dossier de sa chaise, et frotta sa courte barbe, pensivement.
- Mais dis-moi, lâcha-t-il, tu n’as pas passé ces derniers jours enfermée ici tout de même ?
- Je ne sors que le soir pour rentrer au manoir, j’évite de me promener, les derniers temps ont été… particulièrement agités.
- Oh je vois, fais attention à toi jeune fille. Et n’oublie pas de te reposer, c’est important !
Le maigre professeur se leva en agitant sa tignasse ébouriffée, en souriant à la yordle assise, dont la tête ne dépassait guère des piles de livres qui l’entouraient, tandis qu’elle se replongeait dans un des ouvrages.
Comme toujours, la présente journée était passée en un éclair, absorbée par ses lectures, Bell n’avait pas remarqué l’heure tardive, et s’empressa de ranger ses affaires pour rentrer au manoir.
***
Dehors, tout était très calme, la yordle appréciait la quiétude de l’académie lorsque le soir venait. Seules restaient quelques étudiants, toujours prêts à approfondir leurs connaissances, dans l’espoir de réussir leurs examens, et de briller lors des auditions d’entrées dans les grands Clans piltoviens.
Clapper s’amusait encore, en courant un peu partout, ravi lui aussi qu’il n’y ai pas foule le soir. Cependant, Bell n’appréciait pas trop qu’il s’amuse autant sur le muret qui les séparait d’un vide menant à la mer une trentaine de mètres plus bas. S’il tombait, elle ne serait peut-être pas en mesure de réitérer l’exploit de l’autre jour. Pour éviter qu’il ne fasse de bêtise, elle l’attirait près d’elle avec un peu de viande séchée, que ce dernier n’hésitait pas à venir chercher.
Entre deux coups de mâchoires, Clapper émit un piaillement sec, et se redressa sur ses pattes, regardant fixement droit devant eux, avertissant sa maîtresse de l’arrivée de quelqu’un ou quelque chose. L’individu, un homme, fit un grand signe du bras lorsqu’il aperçut la yordle.
- Dom ! s’écria la yordle.
Ce dernier accéléra le pas, jusqu’à venir marcher aux côtés de la yordle, en souriant.
- Salut Bell ! Comment vas-tu ?
- Fatiguée, admit-elle, mes recherches m’épuisent, mais elles sont très intéressantes !
- Ravi que tu te plaise dans cette bibliothèque ! C’est bien le genre d’endroit qu’il faudrait en Zaun, pour les orphelins, avec des ouvrages adaptés à leurs âges bien entendu.
- Pourquoi ne pas essayer ? demanda curieusement la yordle.
- L’idée d’un espace que les Barons ne contrôleraient pas est pratiquement hors d’attente, ils ont la mainmise sur le peu d’écoles d’en bas…
- Oh je vois…
- As-tu trouvé du nouveau sur tes parents ?
- Malheureusement rien de très intéressant, ni sur eux ni sur les yordles en général. T’as déjà cherché à retrouver les tiens ?
Une mine sombre se dessina sur le visage de Dom, qui resta silencieux quelques secondes.
- Pardonnes moi… souffla Bell, c’était très impoli.
- Ne t’inquiètes pas, sourit-il. En vérité ils sont morts lorsque j’étais plus ou moins jeune, mon père était dans un gang des Barons, et ma mère est morte d’une maladie.
- Je suis désolée…
- Ne t’en fais pas, c’est le lot de pas mal d’entre nous en bas, j’espère que tu auras plus de chances si tu parviens à retrouver ta famille !
L’atmosphère s’alourdit, et l’humidité du soir devint un peu plus pesante. La yordle se sentait mal d’avoir potentiellement ravivé de mauvais souvenirs chez son camarade, mais elle s’inquiétait aussi de savoir ce qu’il arriverait si elle trouvait ses parents, et pourquoi ils avaient dû l’abandonner.
- Au fait ! lança Dom pour dévier la conversation sur un sujet plus léger. Johan m’a dit que lui et Ileae souhaitaient te voir, surtout cette dernière. Le paquet que tu lui as ramené l’autre jour servira à faire des merveilles.
- C’est le professeur qui t’envoie ?
- Tout à fait, j’ai du temps libre ces derniers temps, il m’a demandé de veiller sur toi.
- Je n’ai pas besoin que l’on veille sur moi, rétorqua la yordle. Je peux trouver mon chemin toute seule.
Le petit groupe traça sa route jusqu’au manoir, dans la nuit Piltovienne. Clapper semblait apprécier Dom, à tel point qu’il le laissait même lui gratouiller la nageoire dorsale. Le Zaunien avait beau avoir l’habitude des rongeurs, le rat des quais avait plus pour lui l’air un poisson avec de pattes, et s’amusa avec le petit animal, jusqu’à leur arrivée au manoir.
- Nous voilà arrivés, lâcha Dom, ce fut un plaisir de partager une promenade avec toi ! Les enfants m’attendent ce soir.
- Tu leur passera le bonjour de ma part.
- Évidemment ! En passant, je sais qu’il se fait tard et qu’aucun de tes amis n’est avec toi, mais n’oublie pas d’aller te chercher un petit quelque chose à manger, tu as besoin de reprendre des forces.
- Je sais… ils sont tous très occupés… soupira Bell. J’y veillerais.
- Depuis combien de temps n’as-tu pas passé un moment avec eux ?
- Plusieurs semaines au moins, mais Jay prépare l’expédition en Ixtal qui partira dans quelques jours, et Cynthia est plongée dans son apprentissage, elle fait des merveilles avec sa magie, beaucoup d’étudiants l’admirent c’est amusant.
- Courage, n’hésite pas à aller voir Vira, Ileae, ou même Johan, ils seront ravis de partager du temps avec toi.
- Merci Dom.
Bell salua son ami avec un léger sourire, puis pénétra le manoir, en direction du réfectoire. Dom avait probablement raison, elle devrait aller voir les sœurs vastayas, ou le médecin-joaillier plus souvent, malgré la présence de Clapper, elle se sentait un peu seule. Le rythme de la ville avait pris le pas sur leurs habitudes, Jay partirait bientôt avec son groupe vers Ixtal, et Cynthia semblait avoir enfin trouvé sa voie, ravie de ne plus être dans l’ombre de sa mère Tourmaline. Elle n’hériterait peut-être pas du titre de sa mère, mais elle serait indéniablement douée.
Bell quant à elle devait reprendre ses apprentissages, et c’est ce qu’elle fit dès le lendemain. Ses grandes séances de lecture à la bibliothèque étaient entrecoupées des riches discussions avec Nâmis, qui était ravi de retrouver son apprentie. Étant donné qu’ils seraient amenés à traverser les sables ardents du désert, les directives ne seraient pas les mêmes, mais c’était une chance que le vieux sage eut passé une grande partie de sa jeunesse dans sa terre natale, car il pourrait tout lui apprendre lorsqu’ils troqueraient les vagues écumeuses pour des dunes sableuses.
Anna aussi était ravie de retrouver son élève, tout autant que Bell pour qui, les séances de combat commençaient à manquer. Cette dernière put mettre à profit les techniques qu’elle avait apprises, et surtout ce qu’elle avait retenu de son altercation avec le groupe de malfrats zauniens. La géante freljordienne était de plus en plus motivée, au fur et à mesure Bell devenait une adversaire redoutable, et représentait pour elle un défi grandissant.
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