Bell de Bilgewater

Chapitre 29 : Partie 3 - Chapitre 16

3732 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/08/2021 00:04

           Chapitre 16

         L’air frais et humide happa la yordle lorsqu’elle franchit le pas de la porte, lui donnant un frisson. Le soleil avait très largement décliné, et la lumière était très tamisée, principalement émise par les installations lumineuses de la ville, tandis qu’une légère pluie fine venait mouiller les oreilles velues, et les cheveux de la jeune fille.

         Tandis qu’elle s’élançait sur la place, un petit tapotement familier lui parvint aux oreilles, nuancé par un son plus humide, du fait que le sol soit déjà ruisselant. Clapper semblait tout content de la météo, et Bell crut voir comme un sourire sur la gueule de son compagnon. Elle marcha d’un pas plutôt pressé, elle n’avait pas trop envie de s’éterniser sous peine de finir trempée.

         La pluie donnait à Piltover un aspect différent, une atmosphère plus paisible. Les rues et places que traversait Bell étaient moins fréquentées, à tel point que certaines étaient même désertes.

 - Nul doute que par un temps pareil, les piltos aillent dans les avenues couvertes, dit-elle pensivement.

         Clapper lui répondit par un piaillement qui indiquait un désaccord, lui semblait beaucoup apprécier la pluie, ce qui n’étonnait en rien Bell, qui se doutait qu’un hybride d’animal marin et de rongeur apprécierait la pluie.

         La jeune fille ne choisit pas le même chemin qu’à l’aller, préférant explorer, elle prit une direction différente, et ce malgré la pluie. Elle souhaitait tout de même voir un peu plus de ce quartier, d’autant plus qu’elle appréciait l’atmosphère pluvieuse et calme qui régnait. A la lumière d’un réverbère, elle pénétra une charmante petite place, sans grand monde, ou une autre fontaine trônait au centre de cette dernière. Les lumières qui jaillissaient de celle-ci accompagnaient à merveille les jets d’eau, et le bruit doux n’était pas plus fort que celui des gouttes heurtant le sol pavé.

         Par un interstice entre deux grands immeubles, la yordle avait une vue imprenable sur certains quartiers de la ville en contrebas, dont les lumières lui arrivaient plus ténues du fait de la pluie. Le petit tapotement des pattes de Clapper suivait Bell, et lui aussi s’extasia devant le panorama.

         Tandis que Bell était absorbée par sa contemplation, le petit animal furetait, et jetait des regards vifs autour de lui. Un piaillement sec finit par interpeler la yordle qui se demandait ce que faisait son compagnon. C’est alors qu’elle remarqua une silhouette non loin derrière elle, qui s’approchait doucement. L’individu était drapé d’une grande cape, rendue humide par la pluie, la tête à mi recouverte par une capuche. Méfiante, la yordle recula de quelques pas par réflexe, ce qui stoppa l’inconnu dans sa marche.

 - Bonsoir Bell, lança-t-il d’une voix masculine. Drôle de temps pour une promenade tu ne trouves pas ?

 - Qui êtes-vous ? répondit-elle sèchement, que me voulez-vous, et comment savez-vous qui je suis.

 - Je ne suis qu’un simple passant, répondit-il en levant haussant légèrement les bras.

         L’individu n’apparaissait pas directement comme agressif à la yordle, mais son instinct lui hurlait de tourner les talons et de fuir à toutes jambes. Clapper quant à lui était à l’affut, les pattes fléchies, prêt à s’élancer au moindre problème. L’inconnu semblait sourire, ce qui dévoila une mâchoire à moitié modifiée, et dont la forme indiquait clairement son origine zaunienne. Une partie de son avant-bras droit était lui aussi remplacé par un curieux assemblage de métal et de tuyaux verts, tandis qu’un tatouage figurait au creux de son bras gauche, un rameau dont les branches s’enroulaient autour d’un rouage brisé.

 - De nombreuses personnes parlent de toi en bas, dit-il en s’approchant doucement, tu dois être au courant j’imagine.

         Bell grimaça légèrement, toujours en gardant entre elle et l’inconnu une distance acceptable. Il doit être au courant pour l’attaque l’autre jour, se dit-elle. Elle regarda autour d’elle la configuration de la place, et la position des ruelles environnantes.

 - Tu n’y penses pas, dit l’individu en accélérant sa marche.

         Sans plus réfléchir, la yordle tourna rapidement les talons, et se mit à courir aussi vite qu’elle pouvait. Elle ne connaissait pas encore ce pan du quartier, et se maudit pour avoir cru que se promener seule serait une idée brillante.

         D’habitude, elle aurait pu profiter de la foule et des obstacles et mettre à profit son agilité pour lui garantir de distancer son poursuivant, ou au moins grimper sur les toits. Cependant, les bâtiments ici étaient tellement abrupts qu’il lui serait trop risqué de tenter de les escalader, d’autant que sa destination de trouvait en bas. De plus, la pluie avait fait fuir les promeneurs qui préféraient rester au sec. Le désert des ruelles qu’elle traversait ne l’aideraient peut-être pas, mais au moins la pluie au sol ralentirait-elle un peu l’homme derrière elle.

         Elle tourna la tête, et aperçut du coin de l’œil l’encapuchonné qui la talonnait, en silence, mais se rapprochant petit à petit de la jeune fille. Cette dernière était troublée, presque paniquée, et savait qu’elle devait faire preuve de ruse, malgré le fait que son environnement lui soit inconnu. Elle bifurqua dans des ruelles, changeant sa trajectoire aussi brusquement que possible, tentant de se faufiler par des passages qu’elle espérait assez complexes pour ralentir l’homme qui la poursuivait. Pourtant elle le savait, sa destination se trouvait toujours plusieurs centaines de mètres plus bas, et elle devrait à un moment descendre. Une course dans les escaliers de Piltover pouvait aisément s’avérer mortelle, mais pas question de prendre un lent et visible élévateur.

         Comme elle le pensait, à mesure qu’elle se dirigeait vers le quartier où se trouvait le manoir, elle approchait aussi du bord de la falaise, et ce qu’elle redoutait finit par arriver. Sur une placette déserte, coincée entre quelques immeubles, la yordle se retrouva acculée au bord du précipice, où seul le vide et les toits en contrebas l’accueillaient. Elle s’arrêta, reprenant à grand peine sa respiration, elle ne pensait pas devoir courir autant.

         Derrière elle son poursuivant fit aussi son entrée, ralentissant jusqu’à simplement marcher vers Bell. Cette dernière gardait une distance entre son agresseur et elle, tandis que Clapper grondait à ses côtés. Rapidement, elle ne put plus faire marche arrière, le muret la séparant d’une chute vertigineuse se trouvant quelques pas derrière elle.

 - Allons, lança l’homme, à quoi rime tout cela ? dit-il en approchant lentement les bras bien en évidence.

 - Vous avez déjà raté une capture, rétorqua Bell, demandez à vos amis de l’autre jour ce qu’ils ont pensé de notre rencontre.

 - Nous ?

         Bell était maintenant réellement en panique. Acculée et sans possibilité de pouvoir reprendre sa course, elle tenta de garder sa respiration calme, et de trouver un moyen de s’en sortir. Sa seule sortie se trouvait devant elle, et accessoirement derrière son poursuivant, alors sans prendre plus le temps de réfléchir, elle s’élança. L’homme n’eut que le temps de lever le bras et de crier, tandis que la yordle courrait. Elle attrapa Clapper à la volée, posa le pied sur le muret, et sauta dans le vide.

 

***

 

         Généralement, se jeter du haut d’une falaise haute de plusieurs centaines de mètres, avec comme point de chute les pavés d’une ville, représentait une idée relativement dangereuse. Cependant, il n’était pas question pour Bell de se retrouver dans une situation similaire à l’autre jour. L’homme étant venu seul, il y eut fort à parier qu’il soit bien plus coriace que les sbires qu’elle avait pu affronter, d’autant que son état ne lui permettrait pas de s’en sortir indemne.

         En attendant, la situation était plus que critique pour Bell. Certes l’individu suspect était désormais loin, mais le sol lui, était de plus en plus proche. Pour autant, la yordle n’était pas plus inquiète que cela, elle savait exactement ce qu’elle faisait, mais espérait tout de même que son plan se déroulerait sans accrocs.

         Elle se concentra, malgré l’air qui lui fouettait violemment le visage, rabattant ses oreilles derrière elle. Clapper sans ses bras, lâchait un unique, long, et paniqué piaillement depuis qu’ils avaient sauté. Elle tenta de se remémorer les conseils que sa professeure, Dame Arda, lui avait donnés à l’académie, en tenta de provoquer elle-même un de ses « sauts ». Après quelques secondes qui lui parurent être une éternité, elle senti en elle voguer un flux qu’elle connaissait.

 - Je peux le voir regarde !

         Clapper s’arrêta un instant, braquant son regard sur Bell, qui le tenait fort contre elle. Il sembla aussi voir ce dont sa maîtresse parlait, ou au moins comprendre, et lâcha un petit piaillement approbatif.

         Bell se concentra sur les flux qu’elle percevait, tentant de les maîtriser pour en tirer une quelconque action. Essayant de ne pas céder à la panique, elle préféra fermer les yeux pour ne pas être perturbée par la vue du sol qui s’approchait à une vitesse bien trop grande. Finalement, elle parvint à contrôler l’énergie qui l’entourait, et visualisa exactement l’action qu’elle souhaitait réaliser, et dans une gerbe d’étincelles violettes, disparut en un éclair.

         Le temps d’une fraction de seconde, un éclair suivi des mêmes étincelles apparurent en contrebas, à peine deux mètres au-dessus du sol, et Bell, toujours Clapper serrée contre elle, reparut. Comme elle le savait, son « saut » n’absorbait pas toute l’inertie de sa chute, ainsi, elle fut violemment projetée à l’horizontale, et roula sur plus d’une dizaine de mètres, avant de buter avec force contre le mur d’un immeuble.

         Malgré le fait que Bell eut dégusté du pavage piltovien sur une belle distance, tout en protégeant son petit compagnon, elle était en vie. Ses blessures de l’altercation avec les zauniens lui faisaient très mal, elle serait probablement couverte de bleus, mais au moins elle était sauve, et loin de cet inconnu.

         Doucement, et non sans boitiller, elle reprit le chemin du manoir, sans une seule fois avoir l’idée de faire un détour pour se promener. Elle ne savait cependant pas si elle devait en parler aux autres, sans doute lui interdiraient-ils de sortir, et rien que de penser rester enfermée dans le manoir, elle grimaçait, se voyant mourir d’ennui entre des murs.

 

***

 

         Comme attendu à une heure si tardive, la plupart des occupants du manoir étaient parti se reposer, exception faite pour quelques travailleurs qui devaient officier dans les rares ateliers où la lumière était restée. La yordle pénétra le manoir silencieusement, affamée, elle décida d’aller au réfectoire, désert lui aussi. En passant elle croisa quelques personnes qui vaquaient à leurs occupations, la saluant en souriant.

         Malgré le fait qu’il soit désert, le réfectoire jouissait quand même de l’activité des robots cuisiniers, qui à toute heure mettaient à disposition des repas. Bell les salua, fatiguée, en se servant de grosses cuillerées de potage. Affamée, elle avait besoin de quelque chose de facile à manger, de nourrissant, et en grande quantité. Elle prit des morceaux de viandes crus, qu’elle disposa dans une assiette à l’intention de son compagnon. Elle attrapa aussi une énorme pièce de viande, destinée à la base à être partagée et cuite sur une des tables équipées d’appareils, pour une dizaine de personnes.

 - Tu as été très courageux aujourd’hui, dit-elle en souriant au petit rat des quais. Tu as le droit à un petit extra !

         Elle s’installa à une table dans un coin du réfectoire, non sans grimacer de douleur, et savoura son plat, en silence. Clapper quant à lui, s’attaqua à la pièce de viande, qui faisait au moins deux fois sa taille.

         Des bruits de pas résonnèrent, se rapprochant, de grosses bottes que la yordle n’eut aucun mal à identifier.

 - Un peu tard pour manger autant, tu vas réussir à dormir après t’avoir enfilé ça ?

         Le capitaine s’assit en face de sa navigatrice, et, tout en repensant à ce qu’il venait de dire, étouffa un rire bruyamment en voyant le rat des quais se battre avec sa gigantesque pièce de viande.

 - Comment était ta promenade aujourd’hui jeune fille ? demanda-t-il, curieux.

 - Elle était très… instructive je dirais, répondit Bell en détournant le regard.

 - Si tu veux je peux aller porter le paquet à Johan, pendant que tu vas te coucher, il sera soulagé d’apprendre que tu es rentrée !

 - Merci capitaine, je crois que j’ai besoin d’aller me reposer, longue journée.

 - Le prof m’a dit que tu montrerais ton couteau à des artisans du Haut-Piltover, tu as pu en tirer quelque chose ?

 - C’est une dague, rétorqua Bell, pas un couteau de cuisine. Les artisanes ont semblablement déterminé une partie de la composition et sa provenance.

 - Dans tes mains elle a plus l’air d’une épée, railla Morgan, mais dis m’en plus.

 - L’alliage extérieur serait en partie composé d’une pierre des îles Bénies, mais impossible de savoir pour le reste, il leur faudrait des tests plus approfondis pour savoir.

 - Cet archipel ? Intéressant, il était quasi inaccessible il y a quelques siècles, et il est extrêmement dangereux de s’en approcher, personne n’en revient.

 - Elles m’ont expliqué la dague serait issue d’un travail d’artisans de Nerizameth.

 - Nerizameth tu dis, marmonna pensivement le capitaine en réfléchissant. A la frontière entre Shurima et Targon me semble, c’est peut-être sur notre route. Leurs artisans ont toujours été réputés.

 - On pourrait y passer ? Si bien sûr on a le temps, dit la yordle en rougissant.

 - Justement à ce propos, nous avons… quelques modificatifs quant à notre voyage.

 - Comment ça ?

 - Tout ne se passera pas comme prévu. Initialement, on devait laisser un contingent, presque un quart, de nos hommes se diriger vers Ixtal, avec des représentants d’autres nations, scientifiques, tandis que nous aurions longé le Valoran sud par le bas, faisant tout le tour de Shurima.

 - Cela nous prendrait plus d’un mois, s’étouffa Bell. Ne devrions-nous pas emprunter le passage piltovien au lieu de faire tout le tour ? Il existe bien pour ça non ?

 - En effet, mais ces foutus aristocrates refusent de laisser passer un navire qu’ils savent plein de mercenaires de Bilgewater, qui plus est gratuitement. Ces vieux dégénérés sont plus préoccupés par leur image et réputation.

 - Pourquoi ne pas les payer alors ?

         Cette fois, ce fut au tour du capitaine de manquer de s’étouffer. Il posa le gobelet qu’il tenait en main, et se racla la gorge.

 - Ils ont demandé deux millions de rouages.

 - Des bronzes, n’est-ce pas ?

 - Rouages d’or.

         Un silence pesa sur la table, tandis que Bell réfléchissait. Les coups de mâchoires de Clapper vinrent rompre le calme.

 - De toute manière, soupira Morgan, ce n’est pas ce qui se passera.

 - C’est-à dire ?

 - Le Somua a été bien trop endommagé durant notre rencontre avec ce monstre en mer, les réparations vont être longues.

 - Vous voulez dire que nous sommes bloqués à quai ?

 - Pas tout le monde, il a été décidé qu’une partie réduite de l’équipage irait vers Targon.

 - Et comment ? rétorqua Bell. A pied ?

 - Précisément.

         La jeune fille fixait son capitaine du regard, intriguée par ce qu’il avait réellement en tête. Elle ne s’imaginait pas voyager sans reprendre la mer, elle qui était partie pour cela.

 - Voilà le plan : l’équipe qui ira à Ixtal est maintenue, d’ailleurs Jay en fait partie, pendant que la majorité restante aidera à réparer le navire. Pendant ce temps, un petit groupe partira par l’ouest de Piltover, joindra Nashramae, et transitera par caravane jusqu’à Targon. Le temps que vous y arriviez, vous aurez aussi une marge pour chercher nos objectifs. Pendant ce temps, nous vous rejoindrons avec le Somua, peut-être même plus tôt que prévu si l’on parvient à secouer les puces de ces vieux piltos.

 - Ces décisions sont surprenantes… souffla Bell, déconcertée. Qui fera partie du groupe qui ira à Targon ?

 - Une équipe réduite, histoire de rester discret, les déserts shurimiens sont dangereux. Bien évidemment, tu seras du voyage, et Nâmis sera là pour continuer ton apprentissage. Cynthia et Reiner viendront, Anna se chargera du commandement. De plus, vous aurez une invitée, étant donnée la dangerosité du voyage, Piltover nous prête des forces.

 - Quelques-uns de leurs gendarmes nous accompagneront ?

- On ne sait pas encore, admit-il.s

 - On sait quand sera le départ ?

 - Pas encore, d’ici deux ou trois semaines aux mieux, soupira le capitaine. Un contact vous attendra à Nashramae, il dirige une caravane de confiance, et Nâmis connait le terrain.

 - Vous ne viendrez donc pas avec nous…

 - Eh non petite, cette fois faudra faire sans moi et ce bon vieux Jenkins.

         Troublée par les nouvelles, Bell était confuse. Elle attendait impatiemment de retrouver son navire adoré, et de reprendre la mer, mais la tournure des évènements la prenait de cours encore une fois.

 - D’ailleurs, que devient Jenkins ? Il arrive à s’en sortir à Piltover ?

 - Oh en vérité, ce bon vieux démon a un passé commun avec ces deux cités, et même avec celle qui les précédait. Il se promène surtout en Zaun, il a toujours des affaires à régler, des choses à chercher. Comme toi, il attire pas mal le regard dans Piltover.

 - Ça ne doit pas être facile pour lui non plus…

 - Ne t’inquiète pas pour ce vieux tas de bois, il est robuste, quelques regards effrayés ont plus tendance à l’amuser qu’à le gêner. Bref, tu devrais aller te reposer jeune fille, il se fait tard.

 - Bien capitaine.

         Bell, qui avait fini de manger son potage, attrapa Clapper qui rongeait un os dans un coin, il semblait être finalement venu à bout de son morceau de viande. Elle salua respectueusement le capitaine, à qui elle donna le paquet qu’elle avait récupéré plus tôt, et se dirigea vers sa chambre, souriant à l’idée de se plonger sous sa lourde couverture.

         Elle pénétra doucement sa chambre, pour ne pas réveiller Cynthia qui dormait dans son lit. La jeune fille enfila rapidement son habit de nuit, se glissa dans son lit, tandis que Clapper se plaça au niveau de ses pieds, en boule, profitant de l’épaisse mais néanmoins confortable couverture.

 

***


Laisser un commentaire ?