Bell de Bilgewater
Chapitre 15
Une fois encore, le soleil pointait au travers des grands rideaux blancs qui cachaient les vitraux. Au travers d’une interstice, les rayons caressaient doucement la peau de la yordle, qui ouvrit doucement les yeux. Elle lâcha un bâillement discret s’étirant, se sortit du grand lit. Ce matin, encore qu’il fût dur de parler de matin à une heure si avancée, elle était de bien meilleure humeur, et s’habilla avec entrain. Je suis en convalescence, marmonna-t-elle, je peux bien me lever quand je veux.
Elle fit un saut au réfectoire, où les scientifiques et autres personnels du manoir passaient leur pause déjeuner, mais était tellement pressée qu’elle engloutit son repas en quelques bouchées. Clapper à ses côtés aussi piaillait d’impatience à l’idée de pouvoir gambader à l’air libre.
Elle se dirigea d’un pas vif vers l’entrée du manoir, non sans avoir du mal à faire fi des douleurs qui subsistaient un peu partout dans son corps. Elle salua certains des assistants du professeur Grimbel qui la reconnaissaient, avant que ces derniers n’esquissent de petites grimaces de peur en voyant le petit rat des quais qui sautillait aux côtés de la yordle.
- Tu as du en faire baver à Johan et ses collègues toi. Dit-elle à l’intention de son compagnon.
Ce dernier répondit d’un piaillement fier, en adoptant une démarche plus tranquille, le museau levé et la queue frétillante. C’est justement ledit professeur Grimbel que la jeune fille vit de loin dans un des couloirs menant à l’entrée.
- Bonjour Johan ! lança-t-elle à son intention.
Ce dernier se retourna, et un grand sourire illumina son visage en voyant la yordle et son compagnon approcher. A ses côtés se tenait la commandante Bertillon, qui était venue la voir avant qu’elle ne soit rétablie. Malgré cela, l’attitude impassible et taciturne de la grande femme faisait froid dans le dos de la yordle, qui se faisait toute petite face à elle.
- Les gens normaux sont déjà grands, marmonna-t-elle à l’intention de son compagnon, mais elle je ne lui arrive même pas aux hanches.
Clapper émit un piaillement d’approbation, tandis qu’ils approchaient du duo. Comme à ce qui semblait être son habitude, la commandante l’accueillit avec un salut froid, mais distingué, se disant heureuse de revoir la jeune fille. Mouais.
- J’ai complètement oublié de te remercier d’avoir passé ta journée avec moi, dit Johan en souriant, c’est très gentil de ta part !
- Mais c’est normal, répondit l’intéressée.
- Johan est un vrai moulin, mais il peut t’apporter un tas de choses très utiles, dit la commandante dont le ton froid tranchait avec le compliment.
- Justement Holly me disait qu’elle aimerait que je jette un œil à ses armes, renchérit le scientifique. Il faut que tu saches chère Bell, qu’elle aussi est une experte en combat à la dague ! Vous pourriez en discuter un de ces jours !
- Ce serait un réel plaisir, acquiesça cette dernière d’une voix toujours aussi froide.
La commandante plongea son regard glacial dans celui de Bell, et esquissa un sourire fin, que la jeune fille trouva sincère. Elle répondit avec un sourire maladroit, bafouillant quelque chose qui sonnait comme une approbation, que la commandante accueillit comme un accord.
- Bref ! Il faut que je te donne les indications pour trouver la boutique, dit le scientifique un peu plus sérieux.
La yordle écouta attentivement les informations que lui donnait Johan. L’atelier se trouvait dans un quartier haut de Piltover, sur une grande place, et était tenue par un couple d’artisans qui travaillaient tissu et métal. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de s’y promener, mais nul doute qu’à l’instar du reste de la cité, elle trouverait effervescence, et architecture rayonnante.
- Et la boutique se trouve au pied d’un des immeubles, finit d’expliquer le médecin-joaillier, près de la grande fontaine.
- Je vois, acquiesça la yordle.
- Est-ce réellement une sage idée ? intervint la commandante.
- Comment ça ? demanda Johan. Je t’assure qu’elle est très bien remise, mes équipes ont fait un malheur !
- Je ne parle pas de son état, mais de sa sécurité. Elle n’est pas à l’abri seule.
- Aucun soucis à se faire, lui assura-t-il, les malandrins de la dernière fois ne sont pas prêt de remettre ça ! Et je doute qu’ils aillent jusque-là haut pour chercher Bell, ce ne sont que de simples voleurs, pas des terroristes.
Bell n’aurait su dire si cette réponse convenait à l’officière, tant son expression impassible restait la même en presque toute circonstance. Elle finit tout de même par se tourner vers la yordle, et la jauger.
- Une seule arme n’est jamais suffisante, finit-elle par lâcher. Si tu as besoin de quoi que ce soit n’hésites pas.
Elle salua ses deux interlocuteurs, et se dirigea vers la sortie, sa longue chevelure violette flottant élégamment derrière elle.
- Ne fais pas attention, dit Johan en posant sa main sur la petite épaule de la yordle, bien qu’elle soit très basse. En tant que commandante des forces de la cité, c’est son travail de s’inquiéter, bien que parfois elle ait des tendances légèrement alarmistes.
- Vous vous connaissez depuis longtemps ?
- En vérité Maria et moi l’avons rencontrée durant les affaires sur le Démium. Depuis nous sommes restés proches, c’est une personne admirable, et moi comme mon petit cœur en sucre sommes ravis de la compter parmi nous.
Bell faillit s’étouffer en écoutant le scientifique parler de Maria. Elle ne savait ce qui l’étonna le plus, voir un scientifique appeler sa femme de la sorte, où que ladite femme soit une montagne sèche de muscle et d’autorité.
Elle salua respectueusement Johan et prit la direction de la porte du manoir. Dehors le soleil brillait aux éclats, tandis que quelques nuages parsemaient le ciel. La jeune fille était ravie de pouvoir enfin fouler de nouveau le pavé de la ville, et de se promener dans les rues. L’effervescence qui l’entourait, et les passants qui traçaient leur chemin, faisait se sentir bien la jeune fille.
***
Bell retrouva l’habituelle agitation des rues piltoviennes, choisissant de parcourir les plus grandes avenues. Elle avançait assez rapidement, traçant son chemin entre les passants de la foule. Pour aujourd’hui, elle avait récupéré sa jolie délaissé piltovienne, qui accompagnait d’habitude dans son style les accoutrements des gens autour.
Des vendeurs tentaient d’alpaguer des passants pour les attirer à leurs boutiques, et tenter de leur vendre leurs produits. Les artisans montraient fièrement leurs créations, les marchands exhibaient leurs denrées, et les charlatans essayaient de refourguer leur camelote aux curieux. La yordle ne s’arrêta pas, bien que très envieuse d’aller fureter un peu partout et d’acheter un petit truc à ramener.
- Je n’ai rien acheté d’amusant, dit-elle à voix haute. J’aimerais me trouver quelque chose pour m’occuper.
Clapper laissa échapper un piaillement d’approbation. Ce dernier trottinait sur un parapet, au-delà duquel s’étendait un vaste canyon, dont le fond menait probablement à Zaun. Bell détourna rapidement le regard en tandis qu’un frisson lui faisait dresser les oreilles.
Elle avait rendez-vous dans un des quartiers sur les plus hautes falaises de la ville, considéré comme le fief des plus influents citoyens. Parmi eux probablement les chefs des puissants clans, des armateurs à l’instar de Maria Wajäard, des artisans de renom.
La yordle contourna les élévateurs piltoviens qui étaient censés la mener aux strates supérieures, mais elle préféra emprunter une série d’escalier et de ruelles escarpées. Sa destination se trouvant plusieurs dizaines de mètres plus haut, elle finit son ascension essoufflée, sentant qu’elle ne s’était pas entièrement remise. Elle croisa le regard de Clapper, inquiet, qui toisait sa maîtresse.
- Je vais devoir retourner à mon entraînement, lui lança-t-elle en tentant de reprendre sa respiration. Quelques marches suffisent à venir à bout de mes forces.
Malgré les quelques douleurs musculaires, et les minutes qu’elle dut prendre pour recouvrer son état, le jeu en valait la chandelle : s’offrait maintenant à elle un spectacle splendide. Du haut des plus hautes falaises, elle voyait encore plus loin qu’avant, et la ville médiane paraissait petite, y compris les bateaux du port, et les passants pas plus gros qu’une vague tâche. De son promontoire, la jeune fille pouvait observer les terres qui entouraient la cité.
- Elles sont comme Nâmis me les avait décrites, souffla-t-elle.
Clapper piailla, tandis que le vent ébouriffait la chevelure de l’observatrice. Elle laissa promener ses yeux le long des canyons qui striaient les terres, voyant au loin, vers le sud-ouest, les landes perdre de leur verdure. Shurima est si lointaine, se dit-elle. La direction du sud-est était en totale opposition cependant, à mesure que sa vue approchait la ligne d’horizon, les terres étaient encore plus vertes. De gigantesques forêts semblaient se dresser au loin, où une partie de ses compagnons partiraient, pour joindre Ixtal.
Après ce revigorant moment sur les hauteurs, Bell reprit son chemin en direction de son objectif. Si elle avait bien suivi les indications du professeur Grimbel, la place où se trouvait la boutique devait être non loin d’un des prochains croisements.
Un vent relativement fort, humide, balayait les grandes oreilles de la yordle, le fait qu’elle se trouva dans un des quartiers les plus hauts expliquait les vents acharnés. Elle avait lu quelque part que la majorité de la ville avait été réorganisée et construite de sorte que les bourrasques maritimes entre l’océan à l’est et la mer de l’ouest ne traversent pas les rues et quartiers occupés. Même en urbanisme les piltos sont d’un pragmatisme à tout rompre, se dit Bell, mais même ici ils n’y peuvent rien.
Les frissons que lui procuraient les vents firent accélérer le pas à la jeune fille, qui avait hâte de s’abriter. Les passants autour semblaient habitués à de telles conditions météorologiques, bien que certains aient visiblement du mal à garder leurs couvre-chefs en place.
Bell parvint enfin à une grande place, ou des passants discutaient çà et là, certains assis, d’autres allant et venant entre boutiques. De très élégantes femmes discutaient, assises sur un muret qui entourait une gigantesque fontaine dont les jets débitaient des gerbes d’eau, dans un bruit discret. Ces dernières jetèrent des regards curieux en direction de Bell, sans arrêter leur conversation.
La promenade de la yordle avait entamé une bonne partie de la journée, aussi le soleil commençait déjà à décliner, elle chercha donc la boutique que lui avait indiqué le professeur plus tôt. Les devantures semblaient toutes différentes, mais aucune ne sortait réellement du lot aux yeux de la yordle. Après un certain moment cependant, elle finit par repérer une échoppe à la devanture plutôt simpliste au premier abord. Simpliste jusqu’à ce que la jeune fille ne pose ses yeux sur les objets entreposés derrière une vitrine de verre épais : de somptueuses tenues d’apparat, des armures aux ornements outranciers, et des armes plus étranges les unes que les autres, si bien que la yordle douta que des gens ne les utilisent vraiment. Comme poussée par une bourrasque, elle pénétra la boutique, accompagnée d’un petit tintement de cloche.
***
- Bonjour… ? lança Bell timidement, sans recevoir de réponse.
La yordle profita du calme pour déambuler entre les étals, qui regorgeaient d’objets divers et variés. Certains étaient rangés dans un ordre minutieux, de mannequins parés des tenues les plus extravagantes, aux armes et outils exposés autour. D’autres étals en revanche, fourmillaient d’objets similaires, posés un peu partout, ne possédant pas un niveau détail aussi poussé cependant. Subjuguée, Bell sursauta lorsqu’une voix lui parvint d’une des ouvertures de la pièce, et manqua de heurter une lourde armure.
- Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? lança une voix féminine.
Une femme était sortie d’une des embrasures, poussant un rideau pour passer. Tout en rondeurs, elle portait un tablier de cuir dont la simplicité tranchait net avec la beauté de l’étoffe qu’elle avait en main. Elle chercha un instant du regard la cliente, avant d’étouffer un petit cri de surprise en s’apercevant que cette dernière ne dépassait en fait pas des étals, et qu’un petit animal dentu était juché sur l’épaule de ladite cliente.
- Oh pardonne moi ! Je ne t’avais pas vu, tu désires ?
- Aucun problème, dit Bell un peu gênée. Je suis à la recherche d’un couple d’artisans, je viens de la part de monsieur Grimbel.
- Ce bon Johan ! s’exclama l’artisane. J’ai un petit paquet pour lui en effet, on va t’apporter cela tout de suite.
La femme alla frapper contre une porte en bois sur un des autres murs et cria quelques mots dans un dialecte propre à Piltover, avant de s’installer derrière un comptoir sur lequel elle déposa son étoffe.
- Le vent dehors est de plus en plus présent, dit-t-elle, les jours humides arrivent, je te recommande de te couvrir.
- J’ai de quoi faire, sourit Bell à l’artisane, excepté pour la pluie.
- Je le vois à ta tenue, robuste et pratique, colorée, bottes solides, coutelas. Tu voyages sans aucun doute, Johan m’a parlé de Bilgewater ces derniers temps, mercenaire de l’archipel je présume ?
Bell, qui bien qu’elle eût l’habitude d’être observée du fait de la rareté de son espèce, ne s’attendait cependant pas à ce qu’une femme en déduise autant de par sa tenue. Elle enfonça sa tête dans son écharpe, en faisant mine d’observer les articles autour d’elle.
- C’est vous qui faites tout ça ? demanda timidement la yordle, en regardant les objets en vente.
- En effet ! acquiesça-telle. Enfin, pour ma part de m’occupe de la partie couture et broderie, le métal le verre et les pierres ne sont pas mes matériaux de prédilection.
- Monsieur Grimbel m’a dit que vous pourriez jeter un œil à ma dague…
- Les alliages ne sont pas non plus mon fort…
Devant la mine de la yordle, qui semblait l’implorer, elle rougit un peu, et accepta de jeter un œil sur la dague que Bell avait déposée sur le comptoir. Elle sortit un peu la lame de son fourreau en cuir, et observa sa couleur gris-blanchâtre, ainsi que les ornements qui couraient le long de cette dernière.
- Comme je te l’ai dit, ce n’est pas à moi qui faudrait la montrer. Mais en attendant que ton paquet arrive, je peux aller chercher un petit quelque chose en bas. Je suis sûre qu’un de nos ouvrages pourra nous en apprendre plus.
L’artisane lâcha un petit rire étouffé lorsqu’elle vit les grands yeux violets de la yordle briller en la regardant, un grand sourire aux lèvres. Elle sortit de derrière le comptoir, et ouvrir une trappe sur le côté de ce dernier. Comptoir qui en réalité, était creux, et cachait un imposant escalier qui descendant plusieurs mètres en dessous. L’artisane s’engouffra dans l’ouverture, faisant grincer les marches de bois, laissant la yordle seule dans la boutique.
Bell en profita pour reluquer un peu plus les outils qui reposaient sur les étagères. Elle reconnut sans aucun mal certains d’entre eux, qui étaient en réalité des appareils utilisés pour la navigation. Etonnée d’en trouver dans un tel endroit, elle admirait le détail et les ornements apportées à des objets qui servaient couramment dans sa ville natale. Leur beauté n’a rien à voir avec ceux que vend Papy, se dit-elle. Je doute que les acheteurs en ait une quelconque utilité, peut-être apprécient-ils tout simplement d’avoir un joli objet chez eux ?
Quelques bruits se firent entendre par-delà la porte en bois, qui tourna sur ses gonds, tandis qu’une femme, plus petite, et à la carrure plus imposante, pénétra dans la pièce.
- Oh bonjour jeune fille ! dit-elle en époussetant son tablier de cuir, tu dois être la personne envoyée par Johan pour le paquet ?
- C’est exact, il m’a aussi dit que vous pourriez jeter un coup d’œil à un objet.
- Avec grand plaisir ! Si monsieur Grimbel estime que ça vaut le détour, c’est qu’il doit y avoir quelque chose d’intéressant à la clef. Avant cela, aurais-tu vu ma compagne ?
- Votre compagne ?
- Oui, Sophia, la personne qui t’a parlé il y a quelques minutes. Moi c’est Lise, armurière.
- Oh oui ! s’exclama la jeune fille. Elle a descendu ce drôle d’escalier sous le comptoir, moi c’est Bell !
Comme pour confirmer les dires de la yordle, un bruit sourd, suivi de ce qui devait être un juron en piltovien, retentirent depuis le sous-sol. La seconde artisane laissa échapper un soupir amusé, et déposa le petit paquet qu’elle avait dans les mains sur le comptoir. Elle comprit rapidement que l’objet en question était la dague rangée dans son fourreau de cuir, et s’en saisit pour regarder de plus près.
Les bruits de pas qui montaient l’escalier parvinrent à leurs oreilles, et la couturière fut bientôt de retour dans la boutique, une pile de grands ouvrages à la main. Sa compagne quant à elle avait sorti de son fourreau l’arme de la yordle, et laissa échapper un sifflement admiratif en voyant la lame.
- Cette arme a bien quelque chose de spécial pour réussir à faire siffler Lise, dit Sophia.
- Je n’ai encore jamais rencontré de tel alliage, confirma cette dernière. Je ne pense pas qu’elle puisse provenir d’ici, ou de Zaun. Quoique peut-être de l’ancienne Zaun qui sait. Cela me rappelle quelques armes d’une secte autour des îles bénies dont j’ai entendu parler.
La couturière posa lourdement les énormes livres sur le comptoir, qui firent voler un nuage de poussière, et épousseta leurs couvertures.
- Voyons ce que nous avons là, dit-elle. Art de la coutellerie en Valoran, Tranchants penchants, Alliages et métaux, et Futés affutés, si avec tout ça on trouve pas un petit quelque chose.
- Ces ciselures sur la lame sont très étranges, commenta Lise en inspectant la lame avec une lunette sur l’œil. Elles sont clairement faites d’un matériau différent du reste de la lame, à moins que seule l’épaisseur externe ne soit différente du matériau interne. Mais il aurait fallu posséder des techniques très avancées, je n’ai jamais rien vu de tel.
La yordle et la couturière commencèrent à parcourir les textes et nombreux dessins qui figuraient dans les œuvres qu’elles avaient entre les mains. Tous abordaient de près ou de loin les méthodes et manières de concevoir des couteaux, à usage normaux comme au combat.
- Le blanc de la lame est très terne, commenta Sophia qui tournait délicatement les pages du vieil ouvrage, cela pourrait être de la pétricite mais la couleur en est trop éloignée. Ah voilà, j’ai trouvé quelques exemples de dagues shurimiennes avant la chute de l’empire.
Toutes trois se penchèrent sur les poussiéreuses pages du livre, et observèrent les dessins que l’auteur avait réalisé de divers outils et objets shurimiens. De très nombreux couteaux, poignards et dagues témoignaient d’un grand savoir-faire important, mais toutes étaient décrites comme composées de matériaux relativement usuels.
Elles regardèrent aussi attentivement les descriptions sur divers alliages et éléments décoratifs demacien, noxiens, mais sans trouver grands résultats.
- Il y a une sorte de secte très ancienne qui traine autour de l’archipel des îles Bénies, devenues îles obscures il y a plusieurs siècles, expliqua Lise, ils seraient équipés d’armes spéciales faite d’un matériau de là-bas. Cependant, je n’ai jamais connu qui que ce soit en porter, cette lame at-elle des attributs particuliers ?
- Mon grand-père m’a dit qu’elle était spéciale, dit Bell, mais je n’ai rien constaté de plus.
- Le style correspond fortement au travail d’artisans de Nerizameth, à la frontière entre l’ancien empire shurimien et Targon, si un jour tu y passes, peut-être pourra-tu y trouver quelque chose d’intéressant à apprendre. Je doute que ta route aille jusque dans les îles Obscures cependant.
- Je vous remercie, dit gentiment Bell aux deux artisanes, je tacherais de m’en souvenir si je passe dans la région.
- Si à l’occasion tu apprends quelque chose, ajouta Lise, n’hésites pas à m’en faire part ! La conception de cette dague est pour moi du domaine de l’inconnu, mais je connais pas mal de clients qui seraient intéressés par des objets fait d’un tel alliage.
- En tout cas tu as réussi à piquer notre curiosité, nous mènerons nos recherches de notre côté. Désolée que nous n’ayons pas pu t’aider.
- Aucun problème, la rassura Bell, vous m’avez déjà appris beaucoup je vous en suis très reconnaissante. Comment puis-je vous remercier ?
- Apporte son paquet au professeur Grimbel, et dis-lui de nous payer rapidement cette fois ci, rétorqua la forgeronne en lui rendant sa dague. Quant à toi, n’hésites pas à revenir, et à parler de notre boutique à tes connaissances, ça suffira amplement !
- Je vous remercie, dit la yordle en inclinant poliment la tête, je vais apporter ça au plus vite, il se fait tard.
Bell quitta poliment la boutique, claquant délicatement la porte derrière elle, qui émit le même tintement qu’à son entrée plus tôt dans la journée. Elle avait hâte de retourner au manoir, elle mourrait de faim et rêvait de retourner se coucher sous sa couette.
***