Bell de Bilgewater

Chapitre 27 : Partie 3 - Chapitre 14

4627 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/08/2021 00:03

           Chapitre 14

         Bell sortit péniblement de son lit, légèrement vêtue, et s’étira autant que son corps endolori le lui permettait. Les douleurs qui perduraient un peu partout lui firent remonter ses derniers souvenirs, et elle grimaça sous le poids de ces images qui ressurgissaient.

         Elle s’approcha de son miroir, et se regarda encore une fois. La cicatrice de la lourde blessure infligée en mer restait très visible sous sa fourrure blanche, mais au moins les ecchymoses de son récent affrontement étaient atténuées. Elle coiffa ses mèches en ses deux petites tresses habituelles autour de son visage, avant d’attacher le reste en une queue de cheval, brossa le duvet qui recouvrait ses grandes oreilles, et se lava le visage.

         Elle enfila ses vêtements habituels, qui avaient été lavés depuis son retour de Zaun, et chaussa ses bottes. Il faudra que je récupère ma sacoche auprès d’Ileae, pensa-t-elle, je me sens trop légère sans.

         Bell franchit le seuil de la porte pour la première fois depuis des jours, enfin libre d’aller et venir comme bon lui semblait. Heureuse de retrouver un peu de liberté, elle déambula un peu dans les couloirs, et se promena dans le jardin au centre de l’édifice. L’air frais de la journée piltovienne lui fit le plus grand bien. Elle se dirigea pleine d’entrain vers l’aile ouest du manoir, ou siégeait le professeur Grimbel, dans ses ateliers, bien décidée à le remercier de l’avoir soignée ces derniers jours.

         Comme toujours, cette partie de la bâtisse demeurait très active, les scientifiques allaient et venaient entre les dalles où ils expérimentaient des tas de choses. Bell avait entendu de Vira que le but des recherches de Johan se concentraient sur la magie cristalline, mais sans que l’intendante vastaya n’entrent plus dans les détails.

         La yordle fureta dans les salles autour d’elle, à la recherche du professeur qui devait bien être occupé sur quelque chose dans le coin. Un bruit sourd parvint aux oreilles de la jeune fille, venant d’une pièce non loin, et elle s’y dirigea de ce pas. Un homme se débattait au sein d’un nuage de fumée coloré, agitant les bras pour la disperser en toussotant. Ce dernier finit par cesser de se débattre lorsqu’il vit la yordle sur le pas de la porte, et comme Bell l’avait deviné, Johan l’accueillit avec un sourire radieux.

 - Ma jeune amie ! s’écria-t-il, tu es enfin debout ! Entre donc je t’en prie.

         Comme pressé, il sortit un tabouret à l’intention de l’invitée, qui faisait presque la taille de cette dernière. En effet, elle ne dépassait du haut des tables vitrées que si elle dressait ses oreilles, aussi sauta-t-elle sur le siège pour enfin regarder ce qui traînait sur les tables.

 - Je vois que tu as récupéré tes vêtements ! Ils étaient dans un sale état. Après ta perte de connaissance on a dû te les retirer pour te changer, les laver, et même les réparer un peu, mais ils sont comme neuf !

 - Me changer… ? dit-elle en rougissant soudain.

 - Oh oui, c’est Ileae qui s’en est chargée. Pendant ce temps nous nous sommes occupés de ton compagnon.

         La gêne de la yordle laissa place à la surprise, et elle se dressa sur son siège en entendant le professeur faire référence au petit animal qui l’accompagnait ces deniers temps.

 - Oh, je vois à ta tête que tu te demandes comment il va ? dit Johan en croisant les bras. Pour tout te dire il était vraiment très mal en point à votre retour, mais il est en pleine forme ! Et il va remarquablement mieux que mes collègues, une vraie teigne ton ami.

         Bell n’eut aucun mal à imaginer le petit rat des quais résister aux assistants, elle espérait cependant qu’il n’eut blessé personne par inadvertance. Le professeur Grimbel invita la jeune yordle à le suivre pour retrouver son compagnon. Il était ravi de lâcher son expérience quelque peu explosive pour se promener un peu au milieu de l’agitation des ateliers.

 - Vira m’a rapidement parlé de vos recherches, mais sans plus, vous faites quoi ici ?

 - A la base, nous cherchons des applicatifs à l’Hextechnologie dans le domaine médical. Cependant, nous travaillons avec le professeur Krenn sur les effets de la Ruine, et des sois divers sur les infectés au Shimmer de Zaun.

 - Je vois de qui il s’agit.

 - Ici, continua le professeur en regardant autour de lui, nous étudions les propriétés magiques des cristaux, et tentons de créer des machines qui pourraient exploiter leurs pouvoirs pour soigner.

 - Les cristaux Hextech sont cependant extrêmement instables cependant ? Et extrêmement bien gardés par les grands clans.

 - Je vois que tu es renseignée, dit-il en souriant. En réalité nous avons un partenariat avec le clan Talis, les conseillers nous font confiance sur les recherches dans le domaine.

 - Vous semblez avoir une certaine réputation en ville, remarqua la yordle.

 - Maria est une armatrice très influente, elle possède nombre de bateaux et d’aéronefs, quant à moi j’ai réussi à me faire un nom dans le domaine médical. Je suis médecin et joaillier, ainsi que professeur.

 - Vous participez à la fabrication des cristaux ?

 - Malheureusement non ! rit le scientifique. Le procédé est évidemment jalousement gardé, mais nous sommes sur le coup, Ileae est sur la bonne voie pour fabriquer quelque chose de similaire.

 - Vous comptez créer vos propres cristaux, souffla Bell.

 - Personnellement non, admit Johan. C’est le sujet des recherches de mon apprentie, mais je la suivrais à coup sûr.

 - Pourquoi donc ?

 - Des bruits courent, soupira Johan. Des rumeurs sur l’impact de leur fabrication sur le gris et la pollution, d’autres évoquent plutôt l’exploitation et l’extermination d’un peuple d’êtres cristallins de Shurima, mais nous n’en savons pas plus pour l’instant.

         Avant de pouvoir continuer, le professeur s’arrêta devant une porte vitrée au fond d’un couloir peu emprunté, lourdement ouvragée. Il invita la yordle à s’approcher, d’un signe de la main.

 - Pour le moment il ne te voit pas, ce verre ne laisse passer la lumière que dans un seul sens. Il nous a donné du fil à retordre, mais nous avons réussis à le soigner et il est en pleine forme !

         Clapper dormait tranquillement par terre, dans un petit panier au centre de la pièce. Comme s’il avait senti leur présence, il ouvrit soudain les yeux, et se leva brusquement pour sortir du panier. Dressé sur des petites pattes, il jetait des regards curieux autour de lui, avant de sautiller dans tous les sens, faisant claquer sa mâchoire.

         Johan déverrouilla la lourde porte, qui s’ouvrit en grinçant doucement. Le petit animal se tourna immédiatement vers l’ouverture, et courut aussi vite qu’il put vers le professeur. Au dernier moment, il l’évita, et sauta sur Bell, reprenant sa place sur l’épaule de la jeune fille, se frottant à son cou.

 - Voilà un heureux ! S’exclama le professeur, soulagé de ne pas avoir à courir après l’animal, une nouvelle fois. Retournons à mon bureau, nous n’en avons pas fini de parler !

         Sur le chemin, la yordle était heureuse de retrouver son camarade, dont elle gratouillait la tête tandis qu’elle suivait le professeur. C’était la première fois qu’elle se baladait dans le manoir avec son compagnon, mais mis à part des regards curieux, cela ne choqua personne.

 - Comme je le disais, très peu de gens ont une réelle connaissance du procédé de fabrication des cristaux, ni de la provenance des matériaux.

 - Comment ça ?

 - Ces cristaux ne sont pas d’origine volcaniques, ils ne sont pas issus de nos sols, ni de ceux d’autres contrées. Ils sont vivants, du moins c’est ce que j’en ai déduit après les avoir étudiés.

 - Vous voulez dire que ces cailloux sont vivants ? Ont-ils une conscience ou quelque chose de la sorte ?

 - C’est ce que je pense en effet. Pour moi, ils seraient issus du corps des Brackerns, espèce très évoluée de Shurima, connue de très peu de gens ici.

 - Donc les clans piltoviens baseraient leur technologie et fortune sur…

 - …le génocide d’une espèce dont l’intelligence nous surpasse. Des êtres sentients. Compléta le professeur. C’est une possibilité que je considère comme très crédible. On dit que les cristaux sont le réceptacle de l’anima de leurs anciens.

 - Mais c’est… horrible… Qu’advient-ils de l’âme de ceux qui sont dans ces cristaux ?

 - Ils seraient lentement consumés par nos machines, qui aspireraient leur essence en en faisant une magie bleue. Tout ceci n’est qu’une théorie bien évidemment, mais elle ne doit pas être écartée par les clans rivaux, aussi nous faut-il nous pencher sur une alternative.

         La yordle ne parvenait pas à croire ce qu’elle entendait, et ne pouvait retenir le dégoût qui l’envahissait lorsqu’elle repensait à toutes ces choses dehors qu’elle avait admiré durant les dernières semaines.

- Vous avez des résultats concluants ? demanda Bell.

 - Nous parvenons parfois à synthétiser quelques cristaux, ce qui est extrêmement rare, et nous les distribuons à des partenaires pour les tests. Le fusil de la commandante Bertillon est équipé de l’un de nos premiers essais. Malheureusement, la plupart des résultats développent une puissance bien inférieure à l’Hextechnologie, lorsqu’ils n’explosent pas directement à la synthétisation.

 - Depuis combien de temps travaillez-vous sur ces cristaux ? demanda Bell.

 - J’ai déjà travaillé sur un moyen de créer magie sans en avoir l’innée capacité. Notre groupe à Krenn et moi portait sur les cristaux, un autre sur des réserves liquides, comme des batteries magiques, se basant sur la pétricite. Un département a même essayé de consigner la magie sur papier, sous forme de textes.

 - Si aujourd’hui nous ne voyons que l’Hextechnologie, c’est que vos recherches n’ont pas abouties ? déduit Bell.

 - Nous n’avancions que peu, Krenn a débloqué la situation, mais non en effet nous n’avons pas pleinement réussi.

 - Que s’est-il passé ?

         Ils arrivèrent à son bureau, dont la lumière du soleil, qui commençait à décliner, tamisait la pièce. Il sortit trois cages de verre et de métal contenant de petits cristaux, qu’il disposa devant lui. Le premier, un bleu, brillait d’une lumière extrêmement faible, presque impossible à distinguer, tandis que le vert semblait regorger d’énergie. Le rouge à côté, brillait paisiblement dans sa couleur sang.

 - Le bleu que tu vois ici est un vieux cristal Hextech, dont l’énergie restante est très limitée. Le vert est un prototype dangereux abandonné il y a bien longtemps. Enfin, le rouge est un de nos essais concluants.

 - Un essai abandonné ? Il m’a l’air d’être prêt à fournir de l’énergie.

- Justement, il s’agit là d’un de nos essais de jeunesse. LE problème fut la méthode employée.

 - La méthode ? demanda la yordle intriguée.

 - Krenn a trouvé le moyen d’extraire l’énergie et de la stocker dans des cristaux de sa création.

 - Et d’où provenait l’énergie ? continua Bell en jetant un œil plus incertain à l’objet.

 - De sujets infectés par la Ruine, asséna le professeur en soupirant.

         Bell écarquilla les yeux, comprenant enfin la provenance de la couleur du cristal.

 - Et ce n’est pas tout, ajouta Johan. Le clan qui nous finançait a appris l’idée, l’a approuvée.

 - Ce cristal vert…

 - N’a pas été fabriqué par moi, j’ai quitté le clan après l’approbation par les pontes, les autres sont restés. Cela aurait demandé un nombre d’infecté croissant en fonction de la demande, d’autant qu’ils étaient d’une dangerosité folle. L’un d’eux a explosé, et infecté une douzaine de chercheurs, et des assistants. J’ai dû aider à soigner les plus légers blessés, Krenn est tombé en disgrâce et est parti expier ses erreurs en soignant des Zauniens.

 - Un des émissaires a parlé à Horace de cristaux… du démium je crois.

 - C’est exactement de cela dont il s’agit, dit Johan. Le clan a été dissous par le conseil après qu’ils eurent appris ces nouvelles.

 - C’est là la raison de l’arrêt des productions, acquiesça Bell.

 - C’est exact.

         Bell regardait le cristal vert, enfermé dans la boîte, dont la lueur verdâtre lui parut tout de suite plus inquiétante. J’espère que ce truc ne sortira jamais se dit-elle.

 - Avec tout ça, soupira Johan, j’ai gagné une renommée, et un certain prestige. La plupart des clans refusaient initialement de poursuivre les recherches, mais les récents évènements risquaient de mettre en péril leurs affaires. Aujourd’hui ils me financent pour que l’utilisation de la magie ne requiert ni sacrifice, ni effets secondaires mortels.

 - Et le dernier ? demanda la yordle en regardant le cristal rouge avec une certaine appréhension.

 - Le dernier est notre dernière petite trouvaille ! s’exclama le professeur qui avait retrouvé un certain entrain, enfin en majorité celle d’Ileae. Il est produit à partir d’un liquide synthétique cristallisé, qui nécessite des ingrédients tels que certains fruits d’Ixtal, des minerais d’une région reculée de Targon ! Pour le moment ils ne parviennent qu’à produire peu d’énergie en comparaison des autres, mais leur potentiel est énorme.

 - Impressionnant, souffla la yordle rassurée.

 - D’ailleurs ses propriétés pourraient t’être plutôt utiles, mais c’est Ileae qui t’en parlera, elle en meurs d’envie qui plus est ! Ces cristaux peuvent emmagasiner l’énergie de leurs porteurs et la restituer au besoin.

 - Vraiment ?

 - Cette jeune fille est la plus brillante assistante que j’ai eu ces dernières années ! dit-il, rêveur. Je place de grands espoirs en elle. Oh mais il se fait tard, dit-il en regardant le soleil couchant dehors, que dirais-tu de te joindre à moi pour dîner ? J’ai ouïe dire que tu te sentais un peu seule ces derniers temps.

 - Volontiers, admit la jeune fille en rougissant.

         Ils prirent le chemin du réfectoire, Clapper étant soudain aux aguets, ayant desuite compris que les deux humanoïdes parlaient de nourriture.

 

***

 

         Bell suivit le professeur vers le centre de l’immense manoir, tandis que son ventre criait famine. Les derniers jours qu’elle avait passé alitée avait laissé à son corps le temps de se remettre, mais il réclamait maintenant de quoi se sustenter. Pas certaine que je sois aussi affamée que toi, se dit-elle en gratouillant la tête de Clapper, qui gigotait d’impatience sur son épaule.

         Le réfectoire était en partie rempli, par de nombreux travailleurs qui officiaient au manoir. Le petit groupe se servit dans le buffet, quelques plats piltoviens, et Bell repéra avec joie de la viande, qui ravirait son petit compagnon.

         Ils prirent place à l’une des tables sur le côté de la salle, pour être plus tranquilles. Johan regardait Bell donner quelques bouts de viande à son petit compagnon, et sourit en entendant les petits bruits de mâchoire qu’il faisait, en piaillant de joie. De loin, Maria les repéra après s’être servie elle aussi, et se joignit au trio en saluant de nouveau la jeune fille. Elle embrassa tendrement son mari en s’asseyant.

 - Alors Bell, lança-t-elle entre deux bouchées, comment se passe ton retour à la normale ?

 - Je me sens en forme, répondit l’intéressée, et j’espère pouvoir sortir bientôt.

 - Tu devrais te ménager, d’autant plus que tes supérieurs s’inquiètent pour toi. Entre l’attaque en mer, et cette rixe, je commence à croire que tu as une sacrée poisse !

 - Tiens cela me fait penser à quelque chose, intervint son mari. Bell, j’ai un paquet qui attend de m’être apporté. Un petit quelque chose que j’ai commandé à deux artisanes des hauteurs de la ville, tu pourrais peut-être aller me le récupérer ?

 - Elle n’est pas ta coursière, rétorqua Maria en s’agaçant. De plus, elle doit se ménager, et j’aimerais qu’elle soit accompagnée.

 - Ce ne sera qu’une petite promenade, et elle pourra leur présenter sa dague ! Je suis certain que mes deux amis là-bas pourraient la renseigner un peu sur ce bel objet.

 - Et j’ai Clapper pour m’accompagner ! plaida la yordle, enthousiaste à l’idée de pouvoir explorer les hauts quartiers de la ville.

         L’armatrice regarda tour à tour ses interlocuteurs, ayant tous deux sur le visage la même expression que des enfants qui tâcheraient de convaincre leurs parents de les laisser sortir. Elle posa son regard sur le petit animal, qui dormait en boule sur le coin du banc, et lâcha un long soupir.

 - Très bien… finit-elle par acquiescer. Après tous ces zauniens sont hors d’état de nuire pour le moment, et m’est avis qu’ils chercheront des cibles faciles dans les bas quartiers maintenant.

         Un large sourire naquit sur les lèvres de la jeune fille, dont les grandes oreilles s’agitèrent frénétiquement, illustrant son enthousiasme.

 - Tu sais cependant, que ce genre d’animal est considéré comme un nuisible, dit Maria en montrant le rat des quais de sa fourchette.

 - Oui mais Clapper est spécial ! s’exclama la yordle. Il est loin d’être sauvage, il me suit partout, m’a aidé. Il m’écoute et me comprend aussi !

 - Je vois… dit la freljordienne sceptique.

 - En réalité… il se pourrait qu’il soit réellement très spécial, expliqua Johan en se tournant vers sa femme. J’ai échangé avec un collègue qui effectue des recherches en éthologie, et il m’a clairement dit qu’un rat des quais domestiqué était chose rare, voire jamais vue avant, du moins à ce point.

 - Et c’est tout ?

 - De plus, pendant que nous le soignons, j’ai pris la liberté de l’étudier un peu, et j’ai trouvé quelque chose de très intéressant.

         La yordle écoutait très attentivement les explications du professeur, intriguée par ce qu’il pouvait lui expliquer sur son compagnon. Il est vrai que les rats des quais de Bilgewater étaient réputés pour être nuisibles, extrêmes sauvages et imprévisibles. Bien que charognards, ils pouvaient s’avérer très dangereux lorsqu’en bande, et affamés. Certains dans l’archipel en gardaient plusieurs en captivité, soit comme moyen de torture, soit comme solution pour nettoyer une « discussion » entre pirates qui aurait pris un tournant inattendu. Cependant, Bell n’avait jamais entendu parler de cas de domestication de ces petites créatures, et Clapper semblait être bien plus vif, autant de corps que d’esprit, que les rats qu’elle avait croisés jusqu’alors.

 - Nous avons trouvés des sortes de résidus, d’origine inconnus pour le moment. Leur trace ne l’est pas totalement en revanche, la signature magique est proche de celles retrouvées sur des êtres atteint de la Ruine.

 - Clapper est infecté !? s’écria la yordle.

 - Non je te rassure, dit Johan en s’efforçant de calmer la jeune fille. Du moins plus maintenant. Je ne sais même pas s’il eut été infecté un jour, jusqu’ici tous les êtres ayant eu une telle trace étaient soit infectés et déments, soit… morts.

 - C’est plutôt étrange… souffla sa femme en croisant les bras.

 - En effet, et ce n’est pas terminé. Ces résidus possèdent des échos relativement similaires à certains laissés par des prototypes de cristaux de démium.

         L’évocation de ce nom donna un frisson à Maria, et voir une telle montagne de muscle et d’autorité frissonner fit un drôle d’effet à la yordle, qui se posait un tas de questions.

 - Et… cela a des conséquences sur lui ?

 - Cela pourrait expliquer certaines choses, notamment sa vivacité. D’ailleurs nos observations montrent qu’il est doué d’une certaine force, et agilité, sans oublier une impressionnante capacité régénérative.

         Ces éléments laissèrent un petit silence naître sur la tablée, tandis que tous regardaient attentivement le petit animal ronfler doucement sur son banc, son ventre écailleux se soulevant au rythme de sa respiration.

 - Nous ne savons pas si tout ceci est lié, admit le scientifique, et sans étude plus poussée aucun moyen d’en dire plus.

 - Je vois… souffla la yordle. Je vais tenter de trouver quelque chose à la bibliothèque de l’Académie.

 - En parlant de ça, comment ça se passe là-bas ? demanda l’armatrice. Je suis curieuse de savoir si tu t’accommodes bien à la vie piltovienne.

         Bell prit le temps de repenser un peu à ces dernières semaines. Elle avait passé la majorité de son temps à étudier, auprès de Nâmis, à la bibliothèque, et parfois s’entraîner avec Anna. Malgré cela, elle aimait se promener dans les rues, avec Clapper à ses côtés.

 - Tout le monde est pressé, et occupé, c’est vraiment une atmosphère étrange, expliqua-t-elle, bien que Bilgewater ne soit pas en reste niveau agitation. Tout le monde semble s’être pris dans le mouvement, pour ma part je pense que je vais me ménager un peu.

 - Sage idée.

 - Je pense que je vais aller plus souvent à la bibliothèque j’ai déjà pu lire des tas d’ouvrages très intéressants !

 - Y as-tu trouvé ce que tu cherchais ?

 - Rien sur les yordles pour le moment, si ce n’est quelques références çà et là.

 - Même la grande bibliothèque ne semble pas bavarde lorsqu’il s’agit des tiens, remarqua l’armatrice. Tu finiras par trouver quelque chose j’en suis sûre, mais ne passe pas tout ton temps dans les bouquins ! Il y a des tas de gens qui pourraient t’aider.

 - Le doyen Hekins, et une professeure en magie, dame Arda, m’aident beaucoup à en apprendre plus !

 - Tu pratique enfin la magie ? demanda soudainement Johan.

 - Pas vraiment… répondit la yordle en rougissant. Qui vous a dit que j’en étais capable ? s’inquiéta-t-elle.

 - Personne de tes camarades, et je doute qu’ils en soient au courant, la rassure-t-il. Je me trompe ?

 - Non en effet… comment avez-vous... ?

 - Ileae mon assistante, elle t’a observée, et ce encore plus lorsque tu étais en convalescence. Elle est déjà assez sensible à la magie, mais elle est maligne, et elle peut aisément deviner ce genre de choses.

 - Je vois…

 - Assez parlé ! dit Maria en se levant. Il est tard, et tu devrais songer à te reposer jeune fille. L’heure est venue pour nous de nous retirer. Johan et moi avons quelques affaires à boucler avant de nous coucher aussi.

         La jeune fille se leva juste après ses hôtes, qu’elle suivit jusqu’à l’entrée du réfectoire. Elle les salua avec respect, les remerciant de ce moment passé avec elle, et prit congé, laissant le couple retourner à leurs occupations tardives.

         Elle-même prit le chemin de sa chambre, où dormait déjà son amie Cynthia, de l’autre côté du paravent qui les séparait. Elle souhaita tout de même noter quelques pensées qui lui traversaient l’esprit, mais attendrait un peu avant de coucher sur papier les récents évènements. Il fallait qu’elle mettre ses pensées au clair avant de noter tout ça. Elle éteignit la petite lampe de son bureau, se déshabilla rapidement, et se coucha en sous-vêtements, sans prendre le temps d’enfiler sa tenue de nuit.

 

***


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