Bell de Bilgewater
Chapitre 11
Avant de reprendre place dans l’élévateur, Bell entendit le trottinement typique de son compagnon, qui se pressa pour retrouver l’épaule de la jeune fille. Il avait pris la liberté de vagabonder au sein de la ville souterraine, le temps que ses amis humanoïdes aient fini leur visite à l’orphelinat, et se reposait à présent au creux du cou de sa maîtresse.
- Il semblerait que ce petit soit doué au cache-cache, dit Vira en pénétrant la cabine. Il a dû sentir l’arrivée des enfants tout à l’heure.
- Sûrement, pouffa Bell en s’asseyant. Quel après-midi, je crois que je vais manger un bout et aller me coucher directement.
- La visite t’a plu ?
- Oui ! Les enfants étaient adorables, ça m’a fait beaucoup de bien.
- J’en suis très contente en ce cas, dit doucement la vastaya en souriant.
L’ascension commença, tandis que la cabine prenait de la hauteur. Le rugissement accompagna les pensées de Bell, partagées entre le récit de la vieille femme, et l’après-midi passée avec les orphelins.
- Qu’est-il arrivé à leurs parents ? demanda finalement Bell.
- Des enfants ? Oh et bien… il y a de tout. Certains sont simplement morts dans des accidents, d’autres ont abandonnés leur enfant comme tu l’as été, parfois par choix, parfois par intérêt. Pas mal furent enfant de parents ayant eu affaire à des Barons de la Chimie, ou plutôt de leurs gangs. Mais bien souvent, il s’agit de victimes de dommages collatéraux.
- En ont-ils tous connaissance ?
- Pas les plus jeunes, répondit Vira. Certains cherchent à l’apprendre, d’autres n’ont jamais voulu savoir, et c’est souvent pour le mieux.
-…
- Et toi Bell ?
- Comment ?
- Que sais-tu sur tes parents ?
- Oh… Je sais qu’ils faisaient de la recherche sur la Ruine, mais même Papy ne connait pas leurs noms, et Nâmis est assez avare de détails. Ils seraient vieux, ils voyageaient énormément, et ils auraient vécu un temps à Targon.
- C’est bien mince comme informations…
- Je sais… soupira Bell. Je ne suis même pas sûre qu’ils soient encore en vie.
- Si un jour tu les retrouves, tu comptes leur demander la raison de ton abandon ? Tu as pensé aux réponses ? Si ces dernières étaient décevantes, tu ne regretterais pas d’avoir demandé ?
- Je n’en sais rien… répondit Bell en regardant par la fenêtre de la cabine.
- Désolée de t’embarrasser avec ça… dit Vira peinée.
Un silence lourd s’installa dans la cabine occupée seulement par les deux jeunes femmes et le petit rat des quais. Ce dernier ressentait la peine de sa maîtresse, qui se laissait aller son esprit à des pensées moroses, et décida d’agir. Il se releva, poussa et souleva le bras de son amie, et se blottit en dessous contre son flanc. Agréablement surprise, cette dernière posa sa main sur la peau écailleuse de Clapper, qui sentit l’humeur de sa maîtresse s’adoucir tandis qu’il se faisait gratouiller et caresser.
***
La surface accueillit la cabine et ses occupants par une fraiche brise de nuit, laissant un frisson parcourir la peau de la yordle qui mit enfin le pied à terre. Enfin de retour, soupira-t-elle de soulagement. Clapper avait repris sa place sur l’épaule de sa maîtresse, lui aussi heureux de quitter ce bruyant élévateur.
Vira ne parla pas beaucoup. Tout comme la yordle, elle était épuisée de la journée passée, et rêvait de retrouver son lit. Les avenues de Piltover se dessinaient devant elles, toujours aussi resplendissantes à la lumière de la lune, haute dans le ciel. Les rues étaient étrangement calmes, comme si pour une fois, la cité souhaitait se reposer, tandis que l’effervescence s’était tue. Malgré sa fatigue, cette visite avait rendue à Bell une motivation plus grande encore, elle était impatiente de retourner à ses apprentissages, de voir si elle pourrait faire quelque chose avec sa magie, et bien évidemment continuer à fouiller la bibliothèque de l’Académie.
L’atmosphère calme n’était pas sans déplaire à la yordle, reposante et apaisante. Les bruits de la ville parvenaient à ses oreilles de loin, comme un murmure indiquant que pour le moment, elle pouvait se restaurer encore un peu. Cependant, Clapper quant à lui, ne semblait pas partager ce sentiment de quiétude. Tu m’as l’air agité, pensa Bell. Ce dernier lâcha un petit piaillement, comme s’il acquiesçait, en jetant des regards tout autour d’eux.
A mesure que les deux jeunes femmes s’éloignaient de l’ascenseur qui les avait ramenés de Zaun, l’agitation du rat des quais grandissait, jusqu’à ce qu’il décide de sauter brutalement de l’épaule de Bell, avant de se tenir à ses côtés, en faisant claquer frénétiquement sa mâchoire. La jeune fille ne prêta bientôt plus attention à son compagnon, puisque son regard intrigué se tourna vers un individu qui venait d’entrer dans la rue.
L’étranger était sorti d’une ruelle adjacente, il portait un long vêtement, et une capuche cachait sa tête. Il marcha doucement jusqu’au centre de la rue, toujours déserte, avant de se tourner vers le trio qui ralentit sa marche. Un bras sortit doucement de sous la grande cape, pointant une sorte de pistolet vers le ciel. Ce dernier tira une sorte de fusée lumineuse, émettant un intense éclat lumineux, qui se dissipa doucement. La lueur de cet étrange objet laissa à la yordle le soin d’entrevoir l’individu, qui sembla être doté de nombreuses modifications visibles. Un masque à gaz cachait son visage, sous l’épaisse capuche, et le bras qui tenait l’arme était entièrement composé de métal, et serti de tout un tas de tuyaux remplis de liquide rosâtre.
Un murmure, quelques bruits de pas, et des respirations se firent entendre tout autour, et en quelques secondes, tout un tas d’individus formaient un arc de cercle presque complet autour de Bell et Vira. Tous arboraient un masque, et des améliorations corporelles diverses, attestant leurs origines zauniennes. Peu à peu, ils firent tous tomber leurs capuches et capes, découvrant des sapes zauniennes, mais plus important, des objets que les jeunes femmes identifièrent comme des sortes de matraques.
- Qui… qui sont ces gens… ? chuchota Bell, paniquée.
- Je n’en ai pas la moindre idée… rétorqua Vira. On est mal barrés.
Bien qu’animés d’un but encore inconnu, les différents individus autour d’elles semblaient avoir des intentions relativement claires. Ils commencèrent à se rapprocher, sans décocher un seul mot, une seule requête, d’ores et déjà en position de s’attaquer à elles. Clapper claquait toujours des dents, et tentait de dissuader leur avance par des piaillements de plus en plus graves, sans que ces derniers ne s’en préoccupent d’avantage.
- Tu sais te battre ? demanda Bell à son amie.
- Je suis intendante, rétorqua la vastaya, pas garde du corps…
La voix tremblante de Vira fit clairement comprendre à la yordle que cette dernière ne pourrait pas se défendre seule. Elle souffla doucement, inhalant l’air frais de la nuit piltovienne, et tenta de rassembler le semblant de sang-froid qu’elle pouvait.
- Toi, tu vas au manoir, lâcha-t-elle. Moi, je fais ce que je peux.
- Tu es folle ? Ils sont au moins une vingtaine, ils vont te faire la peau !
- Et ça sera bien pire si tu ne vas pas chercher de l’aide, alors à mon signal tu cours.
- Mais je…
- Pas de « mais », rétorqua sèchement Bell qui essayait de contenir sa panique. Toi, tu cours.
Avant que Vira n’ai le temps de répondre quoi que ce soit, un des individus se détacha de la formation, et s’élança vers les deux jeunes femmes, arme à la main, toujours sans dire un seul mot. La vastaya lâcha un cri de surprise, paniquée, et commença à courir, profitant d’un interstice dans l’approche de leurs assaillants pour prendre la fuite, en direction du manoir. Pendant ce temps, Bell esquiva adroitement la charge de l’homme, laissant une distance de quelques pas entre elle et lui. Ce dernier fixa la jeune fille du regard derrière son masque. Ses compagnons ne prirent pas la peine de poursuivre Vira, et se concentrèrent sur Bell. En un sens, la jeune fille regrettait d’avoir laissé sa dague au manoir, mais d’un autre côté, elle ne souhaitait ni blesser ni tuer les inconnus qui lui faisaient face.
Un silence de plomb pesait sur la ruelle et ses occupants, l’étrange bande de Zaunien jaugeait la jeune fille qui leur faisait face. Sans qu’ils soient surpris par l’apparence de Bell, ils se méfiaient d’elle.
Quelques murmures inaudibles pour la jeune fille s’échangèrent parmi ses assaillants, accompagnés de regards communicatifs. Une certaine confiance s’installait, ces hommes avaient devant eux un être d’à peine un mètre, désarmé, et accompagné d’une sorte de requin terrestre miniature Aussi s’interrogeaient-ils sur le fait d’être venu nombreux pour si peu. L’animal en question faisait claquer sa mâchoire bruyamment, comme pour signifier tant aux zauniens qu’à sa maîtresse qu’il était prêt à se défendre. Ma taille devrait être un avantage, pensa Bell, leurs capacités ne doivent pas dépasser celles des bandits de Bilgewater. Elle leva les poings, fléchit ses jambes, et attendait la suite, en garde.
***
Un des hommes prit les devants, et fonça droit sur Bell, armé de deux matraques artisanales, sensiblement le meneur. Il tenta de donner un coup, puis un second, et encore un autre. Il enchaina les mouvements sans ralentir, forçant la yordle à esquiver péniblement tandis qu’elle cherchait un moyen de riposter. A force de reculer, elle finit par arriver au niveau d’un autre zaunien, qui tenta de lui asséner un coup puissant à l’aide d’une barre de fer.
La yordle vit tout juste le coup arriver, et se jeta de côté pour esquiver l’attaque. Elle se releva presque immédiatement, et se remit en garde, soutenant le regard de ses opposants. Ils doivent encore m’observer, devina Bell, je dois y aller progressivement. Ces derniers ne bougèrent pas, ce qui laissa à deux de leurs compagnons le soin de se joindre aux festivités : un homme de près de deux mètres, armé d’une sorte de long bouclier bien plus grand encore que Bell, lui fonça droit dessus. Un de ses camarades, armé de gants et de chaussures de frappe, le suivait de près, pour tenter de la cueillir durant une esquive. Elle s’écarta sans mal du premier, mais évita de justesse une saisie du second, qui lui aurait valu de passer un sale moment.
Le zaunien aux deux matraques retenta sa chance une fois encore, mais Bell parvenait de plus en plus à lire ses mouvements, et à prévoir ses coups. Elle saisit l’opportunité qui se présenta à elle par une ouverture dans son assaut, et tenta de porter un coup. Alors qu’elle imaginait déjà avoir réussi sa riposte, sa main heurta quelque chose dans un bruit sourd, et ce quelque chose était bigrement solide. Son petit poing s’était écrasé sur le flanc de l’adversaire, qui profita de la surprise de la toute petite yordle pour lui assener un violent coup de genou directement dans le visage, l’envoyant valdinguer au loin.
Bell reprit rapidement ses esprits, accusant le choc. Elle avait mal, et avait le point légèrement en sang. Elle dévisagea l’homme devant elle, qui la toisait.
- Qu’est-ce que vous me voulez ? lança-t-elle péniblement.
Pour toute réponse, l’homme ricana doucement, tandis que lui et ses compagnons se remettaient en position. Des modifs, comprit-elle en voyant un éclat lumineux refléter les lumières de la lune, je dois faire attention, ou je risque de me blesser toute seule, se dit-elle pour se donner du courage.
L’homme reprit ses attaques, tachant de la même manière de mettre Bell en position de faiblesse, en lui faisant croire à des ouvertures dans sa garde. Lorsqu’elle semblait commettre une erreur, un des zauniens tentait de lui porter un coup, mais elle tint bon et parvint à déjouer leurs tentatives, souvent de justesse. Elle veillait à régulièrement remettre une certaine distance entre elle et ses adversaires afin de s’assurer un moment de répit. Ils sont moins forts qu’Anna, pensa-t-elle, Mais leur arsenal est aussi varié que leur nombre.
Une fois qu’elle fit de nouveau face à ses adversaires, elle prit cependant les devants, et fonça directement sur le premier des hommes. Clapper était à ses côtés, et tentait péniblement de donner ses coups de mâchoires, mais avait vite compris que leurs ennemis étaient modifiés et qu’il aurait du mal à les atteindre. Cela ne l’empêcha pas de suivre Bell dans sa charge. Cette dernière parvint à surprendre son adversaire, qui ne s’attendait pas à un mouvement aussi singulier. Plutôt porté sur l’attaque, le combattant eut du mal à se défendre contre la yordle qui avait repéré quels points frapper. Malgré cela, la jeune fille préféra se concentrer sur un objectif nouveau, et plutôt que de chercher à mettre son adversaire hors d’état de nuire, elle visa ses bras, et surtout ses poignets. Elle parvint à le déstabiliser un moment, et à le désarmer, avant de reculer avec une de ses deux matraques en main.
- Maintenant c’est un peu plus équitable, lâcha la yordle à voix haute pour se donner confiance.
Sans se laisser décontenancer, ils reprirent leurs assauts coordonnés. Mais alors que le combat durait, les zauniens, porteurs de lourdes modifs de combat, commençaient un peu à fatiguer. Bell quant à elle tenait le coup, et parvenait à riposter sans de mettre en danger grâce à la matraque. Durant de longues minutes, elle épuisa ses ennemis, et finit par mettre l’homme à qui elle avait pris une des armes hors combat.
***
De la douzaine d’hommes qui lui faisaient face, certains rejoignirent leur chef au sol, hors d’état de nuire. Cependant, cela ne suffisait toujours pas à entamer le moral de la presque bonne moitié qui subsistait, et qui n’étaient pas les seuls à fatiguer désormais. La respiration de la yordle se faisait plus lourde, elle avait essuyé quelques coups, et commençait à sentir son corps s’engourdir tandis que des gouttes de sueur perlaient sur le sang séché de son visage. Clapper s’était écarté, blessé plusieurs fois en permettant à Bell de porter des coups fort utiles. Elle était désormais seule face à ses opposants.
La jeune fille savait qu’elle avait un certain avantage, tant en taille qu’en agilité et en vitesse. De fait, très rapidement, elle réfléchit au plan d’attaque suivant, choisissant de se concentrer sur un homme armé d’une masse, dont les coups pouvaient être très dangereux. Elle inspira un bon coup, avant de s’élancer tel un éclair sur ce dernier. Le porteur de l’énorme bouclier se dressa sur son chemin, mais elle le contourna sans mal, passant sous les coups de pieds l’allié aux équipements de frappe.
Elle arriva au niveau du zaunien à la masse, esquiva sans mal sa frappe, avant de lui refaire le portait avec la matraque du meneur. L’homme s’écroula dans un râle, K-O, après un combat éreintant. Toujours pas satisfaite, Bell continua à s’attaquer à ses ennemis, après avoir pris pour cible l’adversaire aux équipements de frappe. Elle le harcela sans relâche, cherchant à percer sa garde avant qu’elle-même ne finisse par tomber de fatigue. Le nombre d’ennemis en état de conscience avait drastiquement diminué, et celui de combattants valides plus encore. Trois zauniens restaient à faire tomber, Bell jubilait presque de se voir sortir victorieuse de cet affrontement.
Une seule seconde d’inattention, un seul petit moment de relâchement, suffit au combattant pour repérer une minuscule faille dans l’assaut de la jeune fille. Il fit mine de s’y engouffrer, et tenta une feinte sur le flanc de la yordle. Cette dernière sourit et para sans mal le coup, ce qui eut pour effet de laisser exposée la tête de son ennemi, sans défense aucune. Devant une si belle opportunité, Bell chercha immédiatement à porter un coup décisif à l’adversaire, qui n’avait aucun moyen de réagir à temps. Elle mit toute sa force dans un coup de matraque dévastateur, qui alla à la rencontre de la tête du combattant.
***
BONK
Nouveau bruit sourd. Les vibrations du choc firent frémir le bras la yordle tandis qu’elle accusait la violence du coup porté, qui avait pourtant atteint la tête de l’adversaire. Bell comprit immédiatement, et son regard s’écarquilla de terreur lorsqu’elle mesura la gravité de la situation.
Sous son masque, le combattant arborait un sourire dérangé, qui lui barrait le visage. La moitié de sa tête, cachée, était remplacée par une modification, qui avait en grande partie encaissé le coup, malgré les dégâts.
Sans attendre que Bell reprenne ses esprits, il agit en un éclair, et balança un coup de poing enragé. Le coup cueilli la yordle dans le ventre, sapant l’air des poumons de cette dernière, lui faisant lâcher un grognement sinistre. Le combattant recula rapidement, trop endommagé pour rester au contact, laissant la petite yordle pliée, debout, seule. Elle n’eut pas le temps de voir venir le grand zaunien sur son flanc, qui avait saisi son long bouclier métallique par l’extrémité, lui envoyer un coup d’une puissance telle qu’elle sentit chaque nerf de son corps lui provoquer une souffrance atroce. Elle fut envoyée valdinguer plusieurs mètres plus loin, roulant mollement contre les pierres qui pavaient la rue.
Elle était seule, effondrée à terre, en sang, chaque recoin de son corps lui provoquait d’atroces douleurs, mais se releva doucement, matraque en main. Sa vue se brouillait, elle peinait à respirer, et tenait à peine sur ses jambes. Je… je ne peux pas les laisser faire, ils vont me tuer…
Le géant au bouclier se rua sur elle une nouvelle foi, cherchant à mettre un terme à l’affrontement une bonne fois pour toute. Cependant, il n’avait pas prévu que la yordle n’était pas totalement seule, et il ne réalisa l’ampleur de sa bêtise que lorsqu’un rat des quais s’accrocha à la base de son cou, mordant la chair de toutes les forces qu’il restait pour défendre sa maîtresse. Le géant se saisit du pauvre animal, qu’il jeta violement contre un mur, laissant ce dernier glisser au sol, inconscient. Le porteur, atteint et en sang, resta en retrait, indiquant à son dernier compagnon opérationnel s’occuper de finir le travail.
Le dernier homme, resté en retrait jusqu’ici, s’avança doucement vers Bell, la fixant du regard derrière son masque à gaz. Il secoua les bras, laissant doucement sortir deux courtes chaînes en acier, attachées à ses poignets, les faisant trainer sur le sol dans un bruit de raclement sinistre. Une fois à portée, il jeta ses bras en arrière, et lança un violent coup sur la jeune fille devant lui, qui cria de douleur en encaissant. Il en assena un second, suivi d’un troisième, et continua, encore et encore, jusqu’à ce qu’il s’estime satisfait. Il finit par se saisir d’une chaîne plus longue, nullement attachée à lui cette fois, et la lança dans un geste vif et précis. Tandis que l’objet vint s’enrouler violemment autour d’elle, Bell s’écroula au sol, à moitié inconsciente.
***
Les images qui parvenaient à la yordle étaient brouillées, elle n’arrivait plus à se concentrer, tant la douleur qui traversait son corps fatigué était intense. Des brides de conversation lui parvenaient aux oreilles, entendant ses ravisseurs soupirer, rejoint par leurs compagnons revenus à eux-mêmes. Ils communiquent dans un dialecte inconnu, réussit à penser Bell, allongée sur le sol. En effet, le groupe s’amassait autour d’elle, bien content d’avoir pu capturer, non sans mal, la yordle.
Celui qui semblait être leur chef, à qui Bell avait pris une matraque durant le combat, s’approcha d’un pas lourd. Il s’accroupit, saisit la jeune fille par ses blancs cheveux, qui étaient en majeure partie détachés à cause de l’affrontement, et releva violemment la tête de sa proie. Il la jaugea, sa tête bien trop proche de celle de la yordle au gout de cette dernière. Elle put voir, au travers des verres du masque à gaz, deux yeux malades écarquillés, entourés d’une peau abimée et sèche, dont elle ne parvint pas à décrypter les émotions.
Le groupe de ravisseurs commença à s’agiter, récupérer ce qui devait l’être, et s’occuper des blessés. En silence, ils se chargèrent de porter la yordle, et se diriger lentement vers l’élévateur, tels des ombres dans la noire nuit de Piltover.
Malgré son état, la yordle savait qu’elle aurait du mal à se sortir de cette mauvaise passe. Elle tenta de se débattre autant que la lourde chaîne qui lui mordait la peau le lui permettait. Pourquoi m’en veulent-ils ? pensa-t-elle paniquée. Elle ne parvenait pas à savoir pourquoi une bande de zauniens lui était tombée dessus, leur présence et nombre ne sont pas une simple attaque de passants…
L’ascenseur se rapprochait petit à petit, attirant inexorablement Bell vers un départ certain pour les profondeurs de Zaun, d’où elle aurait sans aucun doute du mal à s’échapper. Elle ne pouvait pas bouger d’un pouce, Clapper devait gésir quelque part dans une rue, inconscient, et aucun de ses amis n’était présent pour l’aider. Je suis fichue…
*** ***