Bell de Bilgewater

Chapitre 19 : Partie 3 - Chapitre 6

2092 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/08/2021 23:54

           Chapitre 6

         Séance levée, Bell et Nâmis laissèrent le reste des membres, et empruntèrent l’ascenseur pour redescendre la tour. Le sage profita du fait qu’ils furent dans l’académie pour amener Bell dans la célèbre bibliothèque, réputée pour être l’une des plus grandes et des plus fournies de tout le continent de Valoran. Dans le reste de Runeterra, seule une grande bibliothèque mythique d’Ionia pouvait rivaliser.

         Nâmis, qui semblait connaître l’académie comme sa poche, mena la yordle vers un bâtiment bien plus imposant que les autres, surmonté d’une énorme coupole en verre, tellement imposant qu’il occupait une énorme partie de l’île à lui seul. Ils pénétrèrent par de petites embrasures sur les flancs de l’édifice, les gigantesques portes centrales, d’une dizaine de mètres de hauteur, n’étant présentes que pour l’esthétique. Je n’imagine pas le bazar à l’intérieur s’ils les ouvraient se dit-elle pensivement en sentant le vent marin lui caresser le visage.

         Comme tout ce que Bell avait pu voir dans Piltover, l’intérieur de la bibliothèque était immense. L’entrée ne menait qu’à un passage qui faisait le tour du bâtiment, tandis que le gros du spectacle se situait en dessous d’eux. Une pièce en contrebas, illuminée par la lumière de la coupole, remplie d’un dédale d’étagères pleine de livres. Plusieurs étages encore se trouvaient en sous-sol, pour une superficie totale qui pouvait certainement rivaliser avec le double du manoir. Les murs étaient eux aussi recouverts d’étagères, et des portes, qui menaient aux tours accolées à l’édifice principal, donnaient aussi sur des salles où se situaient des milliers d’ouvrages. Ce qui choqua le plus Bell, ce furent les machines un peu partout, capable de faire bouger les étagères, qui parfois changeaient de place pour des raisons inconnues, ainsi que les petits êtres de rouages et de machineries qui se promenaient, changeaient des livres de place, et semblaient le tout.

 - Même avec plusieurs siècles de vie je ne pourrais jamais lire tout ça, souffla la yordle sous le coup de l’admiration.

 - Ici se forgent les esprits les plus aguerris de tout Piltover, dit fièrement le sage. Il y a tellement de connaissances que beaucoup d’ouvrages n’ont probablement pas été ouverts depuis plusieurs décennies.

 - Comment les gens font-ils pour s’y retrouver ?

 - Il faut des années ne serait-ce que pour appréhender le fonctionnement de l’endroit en réalité. Tout ici est tellement conséquent que beaucoup de choses dans cette bibliothèque ont été oubliées. Mais cela, je laisserais mon ami que voici te l’expliquer !

         Un peu plus loin, la yordle reconnut le doyen qui se dirigeait vers eux en souriant. Ce dernier avait laissé les ardentes discussions de l’assemblée après que tous les diplomates furent partis.

 - Rebonjour jeune Bell, c’est un plaisir de te parler directement ! dit-il en souriant. Comme tu le sais je suis Horace Hekins, directeur et doyen de ces lieux.

 - C’est un honneur de vous rencontrer, répondit la jeune fille en inclinant la tête.

 - Je suis ravi que tu aies pu participer à l’assemblée de l’ordre. Comment trouves-tu l’endroit ?

 - Grandiose ! admit-elle. Mais j’avoue avoir du mal à comprendre le but de ces machines.

         La yordle pointait du nez tous les mécanismes qui parcouraient les murs plafonds et sols.

 - Cet édifice n’est pas qu’un simple bâtiment comme tu as pu le constater, s’amusa le doyen, il est presque vivant. Il fut conçu quelques décennies après la création de Piltover par un des plus éminents chefs de clans de l’époque. Il fit appel aux plus grands architectes géomètres et ingénieurs de tout Runeterra pour concevoir un édifice capable de perdurer mais aussi de s’adapter, afin de protéger la connaissance.

 - S’adapter ? Comme un être vivant ?

 - Exactement ! La connaissance et la masse d’ouvrages augmentant avec le temps, il fallait ranger et trier. Chaque fois que mes prédécesseurs crurent que la bibliothèque se trouva en mal de place, des passages vers une nouvelle pièce, ou un nouvel étage, apparaissait de derrière un mur. Immédiatement, les machines s’occupaient de réorganiser les ouvrages. Malgré cela, le volume fait qu’une grande partie des connaissances nous restent inconnues.

 - Comment est-ce possible ? demanda Bell intriguée.

 - Malheureusement, répondit-il en souriant, personne n’est capable de se souvenir de l’entièreté de ses lectures. Moi-même ai-je oublié une vaste part de ce que j’ai pu lire, et les caprices de cette bibliothèque n’aident pas à retrouver les livres déjà lus.

         Bell était sincèrement déconcertée, elle aurait souhaité trouver quelqu’un capable de l’aiguiller vers des ouvrages lui étant utiles, mais même le doyen semblait se laisser dominer par la complexité de la machine.

 - Vous voulez dire que… vous n’avez aucun contrôle sur la machine de la bibliothèque ? Si l’on écrit nos connaissances c’est justement pour les sauvegarder, et les transmettre, non pas de les perdre au milieu d’autres.

 - Hélas les secrets de cet édifice sont morts avec son créateur. Ironique que la connaissance de cette entité destinée à la conserver soit perdue n’est-ce pas ? Ou peut-être ont-elles dissimulées quelque part là-dedans.

         Bell était presque dépitée en entendant les propos du doyen. La plus prestigieuse école de Piltover, l’une des plus grandes bibliothèques de Runeterra, était techniquement hors de contrôle, et personne ne savait précisément où trouver ce qu’il cherchait.

 - Je te sens déçue jeune fille, lui dit Nâmis en riant, que t’arrive-t-il ?

 - Je pensais chercher des ouvrages sur les yordles, admit-elle, je n’avais pas prévu de devoir explorer un quartier entier d’étagères.

 - Nâmis m’a parlé de toi jeune fille, intervint Horace en frottant sa longue barbe blanche, tu as espoir de retrouver des traces tes parents n’est-ce pas ?

 - C’est exact.

 - De très nombreux yordles sont passés entre ces murs tu sais, et quelques-uns habitent en ville aussi.

 - On m’a parlé d’un professeur, avoua timidement Bell, serait-il possible pour moi de le rencontrer… ?

 - Le professeur Heimerdinger aurait été ravi de t’accueillir très chère, répondit Horace en soupirant, malheureusement ce dernier n’est pas présent en ce moment, j’espère que tu resteras assez longtemps pour avoir la chance de lui parler.

         Bell ne put contenir l’expression de déception qui accompagnait le poids qui pesait maintenant sur son cœur, elle était pourtant proche d’informations elle en était certaine.

 - Je pense que tu trouveras tout de même de quoi t’aider, la rassura Nâmis en souriant. La bibliothèque a toujours su aider ses utilisateurs.

 - Ai-je le droit de venir ici ?

 - Techniquement, n’importe qui en a le droit, expliqua le doyen, l’académie est indépendante des clans, et la bibliothèque est ouverte à chaque personne souhaitant effectuer ses recherches.

         Horace montra diverses personnes qui cherchaient des ouvrages parmi les étagères : des étudiants en uniforme utilisant probablement les livres pour leurs études, un zaunien avec un drôle de tatouage représentant un rameau dont les branches entouraient un rouage brisé, un riche piltovien en blouse feuilletant un livre les pages lassaient apparaitre des dessins complexes, et même un shurimien discutant à une table avec une femme, probablement de Noxus ou Shurima.

 - Tu pourras y passer quelques jours si tu le souhaites, dit Nâmis à la jeune fille, je suis sûr que tu t’y amusera.

 - Nous restons longtemps à quai, s’inquiéta Bell, vous êtes habitués à des escales aussi longues ?

 - D’habitude nous ne restons que quelques jours voir semaines, la situation et les préparations demandent un certain temps.

 - Eh bien je vais vous laisser mes amis, dit finalement le doyen, cette discussion fut fort relaxante après l’assemblée du matin, mais j’ai à faire. Je vous souhaite une excellente fin de journée, j’espère vous revoir jeune Bell.

         Nâmis et Bell saluèrent tous deux le doyen Hekins, qui s’éloigna tranquillement dans les couloirs de la bibliothèque. La soirée approchante, le sage et la yordle prirent le chemin du retour pour le manoir, quittant l’île par la passerelle via laquelle ils étaient arrivés en début de journée.

 

***

 

         La soirée était d’ores et déjà bien entamée lorsque Bell rentra enfin au manoir, contente de pouvoir prendre un peu de repos. Comme à son habitude elle alla chercher quelque chose à manger rapidement, avant de s’éclipser discrètement vers le passage qui la mena aux toits. Aujourd’hui encore elle retrouva le petit rat des quais à qui elle donna quelques morceaux de viandes, tout en contemplant la ville. Fatiguée de sa journée cependant, elle quitta son parapet plus tôt qu’à l’accoutumée, et retrouva sa chambre. Pour une fois, Cynthia n’était pas endormie, mais planchait sur son bureau à la lumière d’une lampe.

 - Te voilà Bell ! l’accueillit son amie. On m’a dit que tu avais vu le directeur Hekins, ça s’est bien passé ?

 - A merveille ! affirma la yordle. J’ai même pu discuter directement avec lui, il m’a dit que la bibliothèque pourrait receler des éléments concernant mes parents.

 - C’est une superbe nouvelle ! Mais en même temps pas tant que ça… Trouver ces ouvrages sera quasiment impossible…

         Bell ne prit même pas le temps de s’asseoir à son petit bureau, mais alla directement enfiler une tenue pour dormir, avant de s’asseoir sur son lit, pensive. Je consignerais ce que j’ai appris demain, se dit-elle, j’ai besoin de repos.

 - Demain j’irais moi aussi passer quelques jours à l’académie suivre quelques cours, dit-elle.

 - Ça permettra aux vieux Nâmis de se reposer, ricana son amie. D’ailleurs j’ai pu assister à des cours de maîtrise magique, tu devrais y aller toi aussi, tu pourrais mieux maîtriser ton « saut » !

 - C’est vrai que ça m’aiderait beaucoup, admit la yordle, tu m’y accompagnera ?

 - Oh je suis désolée, répondit-elle peinée, demain je suis avec Johan à l’atelier, il va me montrer l’avancée de ses recherches médicales.

 - Je vois…

         Sachant qu’elle se retrouverait encore une fois seule, la yordle se plongea dans son lit, et préféra ne pas y prêter attention, en se remémorant la journée passée, essayant de graver dans sa mémoire chaque détail de l’assemblée diplomatique, espérant pouvoir utiliser ces informations un jour.

 

***


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