Bell de Bilgewater
Chapitre 5
Une journée spéciale commença pour la yordle, sa première sortie depuis des jours, sa première visite de la prestigieuse grande académie de Piltover, et elle rencontrerait peut être le professeur yordle de l’académie. Avec la longévité des miens, peut-être a-t-il même croisé mes parents ? se dit Bell.
La jeune fille prit un peu plus de temps pour se lever, elle aimait trainer au lit, même si c’était totalement contre-productif. Elle finit par s’extirper tout de même de son plumard, et sortit sa belle tenue de l’armoire. Elle passa de longues minutes à se regarder dans le miroir, éliminant chaque pli du vêtement, avant d’enfiler sa sacoche. Elle avait choisi d’enfiler la tenue piltovienne qu’elle avait achetée quelques temps auparavant avec ses amis. J’espère qu’on ne me dévisagera pas trop… C’est déjà une chance que le marchand ai eu une tenue à ma taille.
Fin prête, Bell devait encore rejoindre le groupe qui l’accompagnerait. Dans le hall d’entrée, Nâmis, Anna, et sa sœur, discutaient en attendant l’arrivée de la jeune fille. L’armatrice étant une personne très occupée, Bell ne la croisait que très rarement, de même que son mari qui alternait entre journées passées dans son atelier, et les cours qu’il donnait de temps en temps à l’académie. L’effervescence du manoir, toujours à son comble, n’avait rien à envier à celle des rues de Piltover, toujours bondées. Cependant au fil des jours, le hall avait retrouvé une certaine prestance, tout ce qui trainait avait été rangé, et l’on avait maintenant une meilleure appréciation de l’importance du bâtiment lorsqu’on y pénétrait.
Sur le chemin, Nâmis se contenta d’apprécier la promenade en souriant, le vieil homme avait déjà tout le temps qu’il souhaitait pour apprendre à Bell, il ne voulut pas la priver d’un moment de tranquillité. Devant eux, la harponneuse et sa sœur discutaient bruyamment, mais plutôt que d’écouter de loin, la yordle choisit plutôt de profiter de sa sortie. Elle sortait un peu plus des quartiers qu’elle avait visité avec Vira et ses amis, et se sentait très excitée à l’idée de visiter une nouvelle partie de la ville, plus haute et centrale. D’après Maria, il s’agissait des quartiers principaux, dans lesquels la plupart des gros clans de l’aristocratie possédaient leur fief. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les bâtiments gagnaient encore en grandeur et beauté. Improbable, tout ici est encore plus orné et riche qu’ailleurs, se dit Bell alors qu’ils atteignaient un énorme pont.
Véritable rue suspendue au-dessus d’un mélange de vide, d’affluant aux gigantesques écluses, d’autres quartiers de la ville, l’édifice surplombait les grandes ravines menant à Zaun. Il dominait tout un étage de la ville, et l’on pouvait même voir plusieurs dizaines de mètres en bas un toit qu’elle identifia comme celui du manoir. D’ici, elle avait une vue imprenable : à droite et à gauche, d’énormes landes de terres striées de ravines, tandis que la radieuse s’étendait en haut des falaises. Devant elle, l’estuaire par lequel ils étaient arrivés, faisant face au loin à l’océan qui lui manquait beaucoup. Derrière cependant, elle les voyait : les Portes de Piltover, la série d’étages écluses, allant tout le long du passage et rejoignait au loin la mer intérieure qui coupait le continent de Valoran en deux. La ville s’étendait sur les bords, mais aussi sur ces marches de géant, brillante sous le soleil. Elle comprenant maintenant, à quel point l’établissement de cette série de passages avait dû changer le visage du continent. Cependant, l’élément central de la ville depuis ces dernières années restait la tour Hexgate, toujours animée de l’anergie magique bleue.
- Impressionnant, commenta Nâmis derrière elle, même à mon âge avancé je trouve cela toujours aussi déroutant.
- C’est une prouesse, souffla Bell.
- Ou une malédiction selon certains, répondit le sage en pontant le ravin du nez.
En bas, le Gris zaunien s’était quelque peu dispersé, il était plus clairsemé, laissant apparaître à la yordle ses premières vues de Zaun. Les hauts quartiers de la jumelle inférieure étaient si différents, mais tellement bas que Bell ne pouvait nettement les distinguer. Ils semblaient plus ternes, sombres.
- Des centaines de milliers de personnes sont mortes à l’époque, ajouta Nâmis, noyées sous les eaux que déversait l’océan, détruisant tout sur leur passage.
- En plus de posséder le monopole du passage terrestre entre le continent nord et sud, ils avaient maintenant les moyens de faire payer pour passer des eaux ouest à est, récita la yordle. Les grands clans se formèrent et appuyèrent leur dominance aristocratique, tandis que ceux qui n’avaient pas les moyens de rester en haut durent se terrer dans les souterrains, utilisant les décombres, et plus tard les déchets de la radieuse pour reconstruire. Zaun perdura dans la misère, et Piltover émergea dans l’opulence.
- En effet. Tu apprends vite jeune fille. Et le second plus grand évènement, est la technologie Hextech.
- La tour Hexgate, continua la yordle, a la capacité de transporter des aéronefs partout en Runeterra, et est l’équivalent moderne de ce qu’à été le canal, depuis plusieurs années. Est-ce la seule forme de technologie hextech que l’on peut voir en Piltover ? questionna Bell.
- Les pierres Hextech sont très rares, très chères, indiqua Maria qui les avait rejoints en ralentissant. Elles sont surtout d’une fragilité et d’une dangerosité effrayante. Johan fait tout ce qu’il peut pour les exploiter dans le domaine médical, mais il faudra attendre une version plus stable des gemmes. C’est le sujet des études d’Ileae d’ailleurs tu pourras lui en parler !
Une série de quelques îles perçaient les eaux de l’estuaire par lequel Bell et ses camarades avaient fait leur entrée en Piltover, chacune reliées par un réseau de longues passerelles surplombant les vagues. Sur une d’entre elles trônait fièrement ce qui pourrait ressembler à une forteresse, au centre de nombreux immeubles identiques à ceux que l’on trouvait dans le reste de la cité. L’académie était cependant le plus prestigieux, ainsi que le plus haut, ensemble de bâtiments du quartier, dominant les alentours de sa majesté. C’est là-bas que se réunit l’élite de Piltover, pensa Bell, et que sont formées les prochaines générations de prodiges des clans piltoviens.
Le groupe s’engagea sur la passerelle qui les menait vers l’académie, aussi large qu’une petite avenue, solidement ancrée aux fonds sous les eaux qui léchaient les solides piliers ciselés. Bell pouvait entendre le bruit des vagues en contrebas, et sentait le vent marin lui fouetter le visage, lui rappelant la mer qui lui manquait. A mesure qu’ils avançaient, ils croisèrent de plus en plus de jeunes gens, habillés d’uniformes. La yordle imagina qu’il s’agisse d’une manière de distinguer le niveau d’études des élèves, où peut-être leur appartenance à un clan, un quartier d’origine, voire une organisation interne au sein du campus.
- Pourquoi n’ai-je pas d’uniforme comme le leur ? demanda la yordle à Maria qui marchait devant.
- Tu es ici en tant qu’invitée, répondit-t-elle en souriant, on ne va pas t’imposer quoi que ce soit.
- Je suis libre de faire ce que je veux ?
- Pas exactement, dit l’armatrice pensivement. Pas mal de zones sont interdites d’accès, il faut éviter de créer des problèmes bien sûr. Et évidemment, il va falloir se tenir à carreau une fois entrés, nous allons rencontrer des individus importants, un incident serait très malvenu.
Les précisions de la freljordienne n’aidèrent pas Bell à savoir quel comportement adopter, mais elle se sentit rassurée par le clin d’œil d’Anna qui semblait lui indiquer qu’elle n’avait pas à s’en faire. Les freljordiennes quittèrent le pavage de la passerelle pour poser pied dans l’académie, passant une porte rappelant une muraille, dont la taille faisait tourner la tête de la yordle. Derrière, des dizaines, peut être des centaines de gens allaient et venaient entre les bâtiments, rythmés par diverses sonneries bruyantes. Tous ces jeunes en uniformes se promenaient en groupe, souvent habillés de la même tenue. Au grand désarroi de Bell, la grande majorité des occupants étaient humains, peu des étudiants qu’elle distinguait se trouvaient être des représentants d’espèces différentes. Sentant l’inquiétude de son élève, déjà criblée de regards curieux, Nâmis posa la main sur son épaule et lui sourit, avant de suivre les sœurs dans l’enceinte de l’académie, au travers de la foule.
Tachant de ne pas se faire bousculer, la minuscule yordle tentait de se frayer un chemin au travers d’une foule bien trop dense pour un individu arrivant à la hanche de la plupart des passants. Elle réussit à suivre les deux sœurs, qui dépassaient toujours d’une tête du fait de leur carrure exceptionnelle. Comment un vieux comme Nâmis fait pour suivre au travers d’un tel bazar¸ pensa-t-elle en voyant le sage s’insinuer agilement vers leur destination. Après ce qui lui parut être une éternité, elle finit par arriver à son point de destination, un des nombreux bâtiments, une grande tour dont les portes étaient gardées par un duo de gendarmes piltoviens armés. Une grande porte de cuivre et d’or s’ouvrit devant eux, que l’armatrice et sa sœur harponneuse franchirent sans hésitation.
L’intérieur de la tour était relativement sobre, très peu éclairé. Au centre de la pièce arrondie, une sorte de cage tenue par d’énormes câbles métalliques semblait les attendre. L’armatrice invita le groupe à la suivre à l’intérieur. Bell n’avait jamais vu de cage aussi splendide, non pas faire de barreaux mais d’une armature d’éléments métalliques complexes forgés dans des matériaux brillants. Maria actionna un levier sur le côté, et les câbles commencèrent à grincer, tandis que la cage s’élevait progressivement au-dessus du sol. Bell observa longuement pendant la montée le paysage, qu’elle pouvait distinguer par les grandes vitres de verre teinté qui l’accompagnaient vers le sommet. Un trou lumineux dans le plafond au-dessus de leur tête indiqua à la yordle qu’il s’agissait de leur point d’arrivée, où la cage finit par se stabiliser, accompagnée d’un discret tintement de cloche. En sortant de l’ascenseur, Bell fit face à un groupe, dispersé autour d’une table, dont chaque membre avait fixé ses yeux sur les nouveaux arrivants.
***
- Bienvenue à vous mes amis ! Nous vous attendions, prenez place je vous prie.
Un vieil homme, drapé dans une énorme robe sûrement piltovienne, de bleu et d’or, présidait l’assemblée hétéroclite debout autour d’une grande table recouverte d’une carte de tout Runeterra. Bell et ses compagnons s’approchèrent de grands fauteuils tandis que les autres membres prirent aussi place. La yordle observa discrètement les individus présents, et parvint aisément à identifier la provenance des tenues, très similaire à ce qu’elle avait déjà pu croiser dans les ports de Bilgewater.
- Je suis Horace Hekins, expliqua le vieil homme d’une forte voix, Doyen de l’Académie des Sciences et de la Recherche de Piltover, et président de L’Ordre Picea, nous pouvons à présent commencer.
A la droite du doyen, un homme que Bell identifia immédiatement comme freljordien, sa tenue indiquant un statut haut de son clan. Logique, pensa-t-elle, s’il est diplomate, et choisi par plusieurs clans pas nécessairement en paix, il doit être important. Un peu plus loin, très certainement un membre de l’élite spirituelle de l’archipel d’Ionia attendait sereinement le début de la réunion, tandis qu’à l’opposé de la table une noxienne apparaissait comme plus impatiente. A la gauche du doyen, une prêtresse de l’ordre solaire de Targon regardait nonchalamment par la fenêtre, sans prêter attention à l’agitation autour de la grande table.
- Comme vous le savez, continua le directeur de l’académie, c’est la première fois que nous parvenons à nous réunir depuis un moment, nous déplorons cependant l’absence du représentant demacien. Nous excuserons son absence due aux problèmes internes que traverse Demacia ces derniers temps.
- Etant donné la manière dont ces coincés traitent les mages dans leur pays, l’interrompit la noxienne en riant, une révolte est plus que méritée.
- Eux au moins sont capables de garder leurs querelles au sein de leurs frontières, rétorqua l’ionien, on ne peut en dire autant des vôtres Dame Anxia.
- Encore sur cette histoire d’invasion mon vieux ? soupira-t-elle. C’était il y a des années tu ne vas pas en refaire un drame Oshia ?
- Assez ! intervint Nâmis de son fauteuil, clouant sur place les membres autour de la table. Vos chamailleries ne sont pas l’affaire de ce sommet.
- Merci mon ami, lui sourit Horace toujours debout. Reprenons. Ce somment exceptionnel a pour thème principal la Ruine, ainsi que la Brume Noire et les infectés qui en découlent. Nous avons ici des éléments exceptionnels, dit-il en pointant Bell, je vous propose un bref résumé de la situation.
Le vieil homme entama un discours – La catastrophe d’origine actuellement inconnue survenue sur les Îles Bénies, au sud de Bilgewater, a eu pour effet l’apparition de cette brume corruptrice, personne n’a pu poser pied à terre, ou alors n’en est jamais revenu. Les évènements de contamination se concentraient sur les zones proches, notamment lors des nuits de l’Horreur, cependant des cas isolés sont apparus partout en Runeterra sans que nous puissions comprendre pourquoi. Le fait est, qu’il nous est impossible de déterminer l’origine du mal, nous nous concentrons actuellement sur un moyen de résorber l’effet des contaminations pour sauver les infectés de leur funeste sort, d’autant que depuis quelques années le phénomène s’est gravement accentué. Notre objectif aujourd’hui est de statuer sur l’ampleur de l’aide que vous pourrez apporter aux opérations que nous vous détaillerons.
- Il va falloir réussir à nous convaincre, dit le freljordien nommé Antis en croisant ses bras massifs. Obtenir des aides des clans ne sera pas mince affaire.
- Confier des recherches à des voleurs ? rétorqua Anxia. Vous pourriez me rappeler la nature des opérations envisagées déjà ? Je doute qu’ils trouvent une solution au fond d’une chope.
- Elle a raison, ajouta l’ionien. M’est avis qu’il faudrait chercher dans les anciens textes shurimiens ou targoniens, et coupler nos éléments avec la recherche moderne piltovienne.
- Comme abordé durant les précédents sommets, il y a quelques années, répondit doucement le doyen. Les chercheurs de la maison Wajäard-Grimbel, dont voici la principale représentent, travaillent sur le sujet.
- Mon mari, énonça Maria en saluant sur son fauteuil, concentre une partie de nos moyens sur la recherche médicale liée à la Ruine. Une clinique tenue par un éminent confrère, le docteur Krenn, officie sur des patients depuis plusieurs années déjà.
- De plus, ajouta Nâmis, les recherches que vous avez lancées au sein de vos élites nous ont d’ores et déjà permis d’avancer. L’aide de vos nations est un atout majeur.
- Et à quoi servent nos pillards ci-présents au juste ? demanda le freljordien.
- Face à l’ampleur de la tâche, répondit le doyen Hekins, nous devons demander l’aide à d’autres nations. Une délégation composée de membres de leur équipages, ainsi que de scientifiques, partiront pour Ixtal dans les prochaines semaines. Nous avons conclu d’une rencontre au sein de leur capitale, Ixaocal. Une seconde partie se dirigera vers Targon pour y mener des recherches.
- Des pirates comme diplomates, ricana la noxienne.
- C’est là tout l’intérêt de nos services, intervint Anna agacée par le ton de la diplomate impériale. Nous sommes indépendants, aucun d’entre nous n’irait s’approprier les éléments acquis pour un bien politique.
Tous les diplomates hochèrent de la tête, comprenant très bien la situation. Chacun avait individuellement confiance en les membres de l’assemblée, mais envoyer n’importe qui à leur place en mission compromettrait la neutralité de cette dernière.
- Je sais les tentions entre nos nations, ajouta Oshia, mais sommes-nous certains d’avoir l’envie de laisser les recherches à Piltover uniquement ? Je n’ai pas confiance en l’avidité de vos amis du conseil Horace, dit-il en fixant le doyen du regard.
- Dans cette assemblée, intervint calmement la jeune targonienne, il est de bon ton de ne pas manquer de respect aux anciens de l’Ordre. Sieur Hekins fait partie des nôtres depuis plus de vies que nous ne pourrions vivre, je ne remettrais pas en cause son dévouement à nos valeurs.
Tous acquiescèrent d’un même mouvement de la tête, tandis que le prête d’Ionia s’excusait platement.
- Merci Imine, sourit le Doyen. Continuons donc ! La nouvelle la plus importante de ce sommet, et non des moindres : nous avons une piste intéressante à vous soumettre.
A l’annonce d’une annonce, tous se concentrèrent à nouveau sur le discours de l’ancien.
- Comme j’ai pu vous le dire plus tôt, nous n’avons aucun moyen d’étudier la Ruine sur son terrain, personne n’est revenu de l’archipel, mais il semblerait que deux voies s’offrent à nous. Premièrement, il a existé un ordre dont nous ne savons presque rien, qui cherchait déjà à contrer le phénomène, nous vous transmettrons les détails vous permettant de mener des recherches chez vous.
L’intérêt des membres de l’assemblée semblait être à son comble, peut être n’étaient-ils pas seuls dans leur lutte contre le fléau, le moindre élément qu’ils pourraient glaner sur ce groupe le aiderait grandement.
- Dans un second temps, continua le doyen, nous pourrions demander à des anciens habitants de l’archipel.
- Vous plaisantez j’espère ? dit Antis stupéfait. Vous à quand remonte le cataclysme ? Ceux l’ayant quitté avant sont mort et leurs souvenirs dilués dans leur descendance.
- Des siècles très probablement, sourit Horace. Mais il se trouve que nous avons ici ce qui se rapproche de notre solution.
Tous les regards se tournèrent de concert vers Bell, que la doyen montrait de sa main.
- Une yordle ? interrogea Anxia. Le seul que je côtoie est Lord Major Amiral des Artilleurs de la Deuxième Légion, il n’a probablement rien à dire sur la Ruine.
- Notre amie ici présente est en effet une yordle, Bell, et vous êtes probablement au courant de la longévité de ses pairs. Si des habitants des Îles Bénies ont survécu depuis la catastrophe, il y a de fortes chances pour qu’ils soient yordles. De plus, nous pensons que les parents de cette jeune fille, jusqu’alors orpheline, y habitaient, avant de partir pour Targon.
A l’annonce de cette nouvelle, les diplomates semblèrent satisfaits, ils toisaient la yordle du regard, et sourirent.
- Outre l’utilité qu’ils représentent pour nous, dit le freljordien dont la douceur de la voix contrastait avec sa carrure, nous te souhaitons de tout cœur de retrouver les tiens.
- Je vous remercie, répondit humblement Bell en s’inclinant légèrement.
Les conversations reprirent leur cour, durant lesquelles Horace Hekins prit le temps d’expliquer les détails des opérations et recherches à ses comparses. L’équipage partirait en direction de l’est du continuent Valoran sud, sous Piltover, pour déposer la première délégation de mercenaires qui continuerait par voie terrestre à Ixtal, tandis que la seconde contournerait le continent shurimien par le sud jusqu’à Targon.
- Sur le sujet des infectés, demanda Oshia, aucun rapport avec les évènements qui agitent Piltover et Zaun depuis quelques années ?
- Pas le moins du monde, l’arrêta Maria. Malgré les quelques similitudes, le désastre en cours entre nos deux villes est dû à la prolifération du Shimmer, auquel énormément de Zauniens ont fini par développer une addiction.
- Les effets sur le corps sont désastreux à ce qu’on m’a dit, remarqua l’ionien.
- Mais il semblerait que ce produit confèrent de grandes capacités, dit Anxia. Combien de temps avant que les Piltoviens ne le transforment pour l’adopter.
- Nous ne ferions jamais une telle chose, s’offusqua Horace, ça serait inhumain.
- En ce cas nous devrions reparler de la fabrication de vos cristaux hextech, répondit Nâmis, le clan Talis refuse de dévoiler ses secrets, mais je crains que quelque chose se cache sous cette technologie si révolutionnaire.
- Nous creuserons ces sujets, acquiesça le doyen. Les rumeurs sur la fabrication des cristaux me déplaisent, mais ça sera pour une autre fois je le crains.
- Excusez-moi… ! intervint timidement Bell. J’ai cru comprendre que vous considériez que la Brume Noire était une résultante naturelle du cataclysme des Îles Obscures, mais j’ai pris le temps de regarder de plus près les cas les plus flagrants, quelque chose me semble étrange…
- En effet, continua Nâmis, l’apparitions des cas ne semble en rien naturelle, et la brume ne se contente pas d’infecter pour ravager les lieux recensés. Elle semble apparaître soit à des moments critiques dans Runeterra, soit se déployer par zones.
- Qu’est-ce que vous essayez d’insinuer ? demanda Imine.
- Qu’hormis durant les nuits de l’horreur, l’apparition de la brume noire serait le fait que quelque chose ou quelqu’un, conclu Anna.
L’idée déconcerta beaucoup l’assemblée, ce qui déclencha de longues discussion. Chacun allait de ses théories, de ses idées, mais rien de concret ne put être établi, par manque d’informations.
La séance continua, ponctuée d’ardentes discussions entre les différents membres, et pour la première fois depuis un temps bien trop d’années, les parties finirent par trouver un terrain d’entente, acceptant de financer les expéditions vers Ixtal et Targon, qui partiront d’ici plusieurs semaines. Tous savaient qu’ils n’étaient pas ici pour résoudre les différends entre leurs nations qui duraient pour certains depuis des siècles, aussi acceptèrent-ils non pas de coopérer, mais de tous participer et d’aider les mercenaires et l’académie dans les recherches, en fournissant à ceux-ci tout ce qu’ils pouvaient trouver sur le fléau. L’entière matinée fut passée à débattre de ce que chacun allait apporter. Même s’ils acceptaient d’aider, chacun souhaitait s’assurer qu’il aurait une part égale aux autres sur les trouvailles, à l’exception de la prêtresse targonienne qui ne semblait guère s’intéresser aux détails et querelles, et rêvassait. La fin de la séance approcha en milieu de journée, Bell en savait maintenant bien plus sur le but poursuivi par Morgan et son équipage, et elle avait hâte d’apporter son aide, malgré le fait que la situation semblait de plus en plus la dépasser.
- Très chers membres de l’assemblée, la séance touche à sa fin ! annonça théâtralement Horace en se levant. Aussi, nous sommes arrivés à un accord quant aux premières missions et leurs financements. Je vous remercie de l’aide que vous apportez ! Je communiquerais avec vous chaque fois que nous progresserons dans nos recherches.
***