Bell de Bilgewater

Chapitre 17 : Partie 3 - Chapitre 4

2275 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/08/2021 23:53

           Chapitre 4

         La yordle n’était pas sortie depuis maintenant presque une semaine, et commençait à se sentir à l’étroit dans ce manoir. Son vieux shurimien de professeur la retenait dans les salles d’études et continuait de lui transmettre des connaissances diverses et variées. Cependant, ce dont elle rêvait, c’était d’aller se promener encore une fois en ville, elle voudrait s’aventurer sur les hauteurs, et pouvoir observer la vue sur l’estuaire par lequel ils étaient arrivés.

         Alors qu’elle devait rejoindre Nâmis, la yordle divagua un peu dans les couloirs, jusqu’à arriver dans l’aile ouest, au niveau des ateliers. Elle observa les gens travailler dur, tous concentrés sur leurs expérimentations et bazars scientifique. Dans son inattention, elle ne vit pas sortir en trombe le professeur Grimbel, qui semblait très pressé.

 - Oh bonjour Monsieur Grimbel, excusez-moi je ne vous avais pas…

 - Bonjour jeune Bell ! la coupa-t-il en hâte, tu tombes à pic, pourrais-tu prêter main forte à mon assistante là-dedans ? Je dois à tout prix aller cherche un produit d’urgence ! Oh et appelles-moi Johan je te prie.

         Sans laisser le temps à la yordle ni de comprendre ni même d’acquiescer, le médecin-joaillier partit en trombe on se sait où. Bell qui se demandant encore ce qu’il lui arrivait, pénétra sans trop d’entrain dans l’atelier laboratoire.

         Devant elle, un drôle de spectacle se déroulait : une jeune fille se débattait ardemment avec une drôle de machine recouverte de sortes de bras, qui balançaient des lasers autour, découpant des objets divers et variés. La machine semblait faire ce qu’elle voulait, alors que l’assistante se débattait avec en paniquant.

 - Qu’est-ce que tu attends pour m’aider toi là-bas ? lança-t-elle entre deux assauts de la machine.

         Immédiatement, la yordle accourut auprès de l’assistante pour l’aider à maîtriser l’infernale chose qui continuait de se débattre. Elle attrapa un tabouret en passant, et plaqua de toutes ses forces les bras mécaniques qui s’agitaient. Grâce aux bras en plus, l’assistante parvint à enfoncer un outil dans une fente, et après un bref instant, abaissa ce dernier, ce qui mit fin aux ruades de l’objet, et s’assit en soupirant, enlevant ses lunettes de cuir.

         Bell put ainsi découvrir le visage de la personne qu’elle avait aidé, et failli l’appeler Vira par mégarde. Devant elle, une vastaya reptile aux écailles bleues, comme une version plus jeune de l’intendante. Elle avait la même chevelure rouge que sa sœur, plus clair cependant, une queue serpentique, mais quelques écailles en plus sur le nez, les joues, et sur ses oreilles pointues. Cette dernière remarqua bien vite qu’elle ne connaissait pas la personne à côté d’elle, et laissé échapper un petit cri de surprise lorsqu’elle constata que cette dernière n’était pas humaine, mais yordle, avant de voir son visage virer à un rouge presque aussi éclatant que ses cheveux.

 - Oh ! Excuse-moi je... enfin bonjour je... oui je…

         Bell avait d’ores et déjà bien compris qu’il s’agissait de la jeune sœur dont Vira lui avait parlé, cette dernière paraissait sensiblement du même âge que la yordle. Cette dernière observait, toujours perdue, la vastaya passer de l’assistante autoritaire qu’elle était il y a quelques secondes, à une jeune fille gênée, bredouillant maladroitement, presque paniquée. La yordle finit par se lancer, et éviter à la vastaya de rester dans sa confusion.

 - Salut, moi c’est Bell !

 - Salut… Moi euh… C’est… Je…

 -…

 - Ileae ! Je… suis la sœur de Vira… tu as déjà dû la croiser…

         La vastaya se tortillait sur sa chaise en regardant ses pieds, toujours aussi rouge.

 - Elle m’a parlé de toi, tu es assistante auprès de Johan si j’ai bien compris ?

 - C’est ça…

 - Vira a oublié de me préciser que sa sœur était un petit génie, c’est toi qui a conçu ça ?

         Bell se penchait sur la machine qu’elle avait aidé à maîtriser juste avant, cependant elle gardait une distance entre elle et cette chose, de peur qu’elle reparte comme une furie, lançant encore des lasers dans tous les sens.

 - Oui… C’est assez dangereux…

 - Et à quoi sert cet engin ?

 - Normalement elle projette des lasers précis afin de chauffer une fiole, et sert à stabiliser des formules liquides et les solidifier pour synthétiser un cristal capable de stocker et restituer les flux magiques émanant de l’environnement et / ou de son porteur, voire peut être même les augmenter.

 - Oh tout ça… c’est… super ! affirma la yordle en regardant l’engin d’un œil méfiant.

 - Désolée pour... ça…

 - Oh ne t’en fais pas, rigola Bell, c’était amusant ! Bon je dois y aller sinon je vais me faire incendier par mon professeur, bon courage à toi !

 -…merci !

         Bell quitta l’atelier, laissant derrière elle la vastaya s’occuper de sa machine tandis qu’elle se dirigeait au pas de course vers la salle où Nâmis devait l’attendre impatiemment. Ce dernier ne releva cependant pas le retard de sa jeune élève, et se contenta de continuer son enseignement.

         Durant les jours qui suivirent, Bell eu le droit de reprendre quelques exercices avec Anna, qu’elle pratiqua dans le parc central du manoir. Malgré le fait qu’elle eut un peu de mal à retrouver son entière agilité du fait de sa blessure récente, elle se donnait à fond et ne rechignait pas. Elle eut de nouveau le droit à ses affrontements contre Anna, et malgré la taille de presque trois fois supérieure de la freljordienne, elle parvint à lui tenir un peu tête, arrachant un ou deux compliments de cette dernière.

         Bell n’était pas la seule à s’occuper, Jay était toujours en vadrouille, à aider l’équipage dans les préparatifs de leurs futures expéditions, tandis que Cynthia étudiait tantôt auprès de Reiner, tantôt de Johan, elle eut même le droit de rendre visite à Alid qui n’avais toujours pas repris conscience. Bell ne croisait guère plus grand monde et n’avait que peut l’occasion de discuter, si ce n’était que pour un « bonjour » courtois, avant que chacun ne vaque à ses occupations, à croire que cette ville faisait perdre toute notion de repos à ses habitants, tant personne ne prenait son temps.

 

** **

 

         Lorsqu’elle avait quelques minutes de libre, Bell s’amusait à vadrouiller dans le manoir, cherchant de quoi s’occuper. Elle ne souhaitait pas rester enfermée dans ses quartiers, si bien que même le soir elle arpentait les couloirs et salles, alors que la plupart des occupants se reposaient. Elle examinait curieusement le travail de ceux qui restaient éveillés à des heures tardives, posait quelques questions, et essayait de comprendre le but des recherches de Johan.

         De ce qu’elle finit par comprendre, Johan travaillait sur la technologie Hextech, la même qui animait le portail surplombant la ville. Ses connaissances en joaillerie et en médecine avait fait de lui un éminent nom de la recherche, il officiait principalement sur les applicatifs médicaux de la technologie des cristaux bleus.

         En parcourant les étages supérieurs de l’édifice, elle avait découvert le moyen de s’aventurer sous les combles et, par une des fenêtres, de grimper jusque sur le toit. Elle réussit à se glisser par l’ouverture, et trouva un parapet sur lequel elle pourrait se poser et observer la ville s’agiter partout autour d’elle en contrebas.

         Lorsque la journée toucha à sa fin, elle attrapa rapidement quelques denrées au réfectoire, qu’elle emporta, et profitant du fait que la plupart des résidents soient occupés, pour se glisser sur son tout nouvel emplacement en haut des toits du manoir.

         Le coucher du soleil illuminait les toits de la ville, faisant rayonner le métal et le verre des quartiers alentours. Jumelle radieuse en effet. De son petit parapet, la yordle pouvait voir les habitants, lui apparaissant comme minuscules, aller et venir dans leur habituel balais. Que font tous ces gens réellement ?

         Sa contemplation fut troublée par de petits bruits de pas qui se firent entendre sur le toit, comme si quelque chose de tout petit trottinait non loin. Bell n’y prêta pas attention, jusqu’à ce que ces bruits de pas viennent jusqu’à elle. Assis à l’autre bout du parapet, un petit rat des quais regardait de ses grands yeux la yordle.

 - Tiens, je croyais qu’on ne laissait pas entrer les trucs comme toi à Piltover ? lança Bell.

         La bestiole gardait son regard fixé sur la yordle, et tourna la tête de côté, comme s’il réfléchissait à la question. Il se leva, se tourna un peu, ce qui laissa apparaître une cicatrice laissée par un coup de feu.

 - Attends une seconde, tu ne serais pas celui qui a réussi à fuir l’autre jour sur le port ?

         La petite bête lâcha un piaillement aigu, en s’asseyant, son regard cette fois fixé sur les mains de la yordle. Cette dernière les bougea lentement, sans que les yeux de la bestiole ne les lâchent.

 - Tu n’aurais pas faim toi par hasard ? demanda-t-elle.

Nouveau piaillement.

         La yordle détacha un morceau de viande qu’elle avait embarqué, et le lança dans la direction de l’animal. Ce dernier fit un bond en arrière, méfiant, avant de se rapprocher de la viande en la reniflant. Il finit par ouvrir sa grande mâchoire, et attraper le morceau, le mastiquant, en faisant des petits bruits de claquement.

 - Pauvre petit, tu dois être affamé.

         La yordle détacha un plus gros morceau, qu’elle posa à côté d’elle, avant de se reconcentrer sur la ville autour d’elle. De loin elle pouvait voir le port, mais ne pouvait distinguer de tous les mâts dépassant lequel était celui de leur navire. Ne se préoccupant pas de l’attitude pensive de la yordle, la bestiole attrapa le morceau de viande dans sa gueule et vint s’asseoir en boule près d’elle, dégustant son repas.

 - Toi aussi les gens te regardent de travers hein, soupira-t-elle.

         Elle regarda attentivement l’animal posé tranquillement à ses côtés, examinant la blessure infligée par les coups de feu des gendarmes du port. Elle posa délicatement sa main dessus, caressant les écailles froides qui recouvraient la peau de la petite bête. Elle se sentait proche de cette bestiole, si petite, seule, au milieu d’une ville inconnue.

 - Je vais t’appeler Clapper, ça te va bien.

Piaillement.

         Le rat des quais fixa son regard sur celui de la yordle, plongeant ses grands yeux dans les siens, avant de reposer sa tête sur sa cuisse. Bell choisit de rester encore quelques temps ici, à regarder la ville, en compagnie de son nouvel ami. Désormais elle avait trouvé à qui parler lorsqu’elle se sentait un peu seule. Mais pour l’heure, il était surtout temps d’aller se reposer, elle devait donner le meilleur d’elle-même pendant les entrainements avec Anna. Bell craignait que sa blessure ne la force à rester à terre tandis que les autres continueraient le voyage sans elle. Alid, leur camarade matelot était toujours inconscient depuis des semaines, et déjà certains se demandaient s’il se réveillerait un jour. Pas question qu’elle reste au port pendant que tout le monde s’amuse, elle devait se remettre sur pieds rapidement.

 

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