Bell de Bilgewater

Chapitre 12 : Partie 2 - Chapitre 8

1827 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/05/2021 21:14

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- Eh bien petite, on dirait que tu émerges enfin.

         Bell ouvrit doucement les yeux, elle distinguait un plafond en bois, flou, et tourna la tête sur le côté. Un homme, flou aussi, se tenait assis sur une chaise à côté en mouillant une serviette qu’il posa sur le front de la yordle.

 - Je dois aller voir le capitaine…

 - Non jeune fille, tu dois encore te reposer, nous arriverons bientôt à Piltover, tu dois reprendre des forces.

 - Comment ça, déjà ? Nous étions encore à presque une semaine de voyage, que s’est-il passé Reiner dis-moi !

 - C’est le temps que tu es restée au lit, soupira le médecin. Demain dans la journée nous serons en vue du port.

 - Comment vont les autres ? paniqua Bell.

 - Felix se remet de sa chute du nid-de-pie, Anna a eu droit à de jolies fractures mais rien d’irréparable pour elle, et Jay va très bien, il s’inquiète pour toi, tu as subi une sacrée blessure.

         Bell se rappelant les évènements récents. Ils avaient eu affaire à une bête acharnée, qui l’avait blessée lors d’une charge… Elle se releva brusquement pour vérifier qu’elle n’avait rien, et chancela de douleur. Son flanc lui arracha un gémissement, et elle sentit une cicatrice qu’elle massa doucement.

 - Et Cynthia ?

 - Son petit numéro lui a coûté cher, elle est restée deux jours dans les vapes et ressemble à un cadavre. Je n’avais jamais vu une telle magie, même venant de Tourmaline, souffla Reiner. De plus au lieu de se reposer, soupira-t-il, elle s’est acharnée à soigner tes blessures et veiller sur Alid. D’ailleurs le bougre est mal en point et a peu de chances de s’en sortir…

 - Je vais aller les voir… intervint la yordle en se levant péniblement.

 - Fais attention à toi tu n’es pas encore pleinement remise, dit le médecin en quittant la pièce, même si j’ai rarement vu une telle vitesse de guérison. Oh et le second t’a laissé un cadeau, ajouta-t-il en montrant vaguement le bureau.

         Bell s’approcha doucement du miroir pour enlever ses vêtements de nuit. Elle se regarda longuement, dévisageant avec frisson la cicatrice qui apparaissait comme une fissure sous sa fourrure blanche. Ses vêtements déchirés du combat ne seraient plus utilisables avant d’être recousus, elle allait devoir changer de tenue. Elle opta pour un simple pantalon, un haut bordeau, assorti à mes yeux en un sens, se dit-elle. Les tissus de Bilgewater sont toujours très robustes et font d’excellents habits de voyage. Elle enfila ensuite ses grosses bottes noires, avant de remarquer le tissu qui trônait sur le fauteuil près du bureau. Sur le dossier, une écharpe verte pendait, un mot posé dessus. Pour notre petite légende, remets-toi bien, M & F. Le mot était accompagné d’un magnifique dessin représentant une yordle assise sur des caisses en train de regarder la mer. Je savais qu’il dessinait ! gloussa Bell. Elle enfila le long vêtement, avant de se diriger tranquillement vers la porte.

         Sur le pont l’agitation happa la jeune yordle, soulagée de revenir à un environnement maintenant familier. Le soleil l’éblouissait tandis qu’elle regardait les voiles gonflées par le vent, qui portaient le navire vers leur destination. Le pont était dans un sale état, certains garde-fous étaient partis en lambeaux, le sol était par endroit fêlé, et de nombreux débris que les marins nettoyaient jonchaient le pont. Bell descendit au pont inférieur en direction de l’infirmerie, et au fur et à mesure qu’elle en approchait, elle entendit une voix.

         De la salle où avaient dû être soignés les blessés, une douce mélodie s’échappait. Bell la connaissait, il s’agissait en effet d’une chanson que la soigneuse Tourmaline chantait lorsqu’elle s’occupait de personnes qui risquaient de ne pas s’en sortir. Elle disait qu’au mieux, cela aidait à détendre le patient même endormi et à mieux le soigner, au pire cela l’aidait à passer de l’autre côté. Ce n’est pas une chanson anodine qu’on fredonne sans réfléchir… En franchissant la porte, elle remarqua Cynthia, au chevet de d’Alid, inconscient.

 - Tu devrais aller te reposer tu fais peine à voir, lança doucement Bell.

 - Oh tu es réveillée ! sursauta son amie, avant de se lever et la serrer dans ses bras.

 - N’y va pas si fort j’ai encore mal partout, gémit la yordle.

 - Oh pardonnes moi... Comment va ta blessure ?

 - Je m’en remettrai, grâce à Reiner et toi. Et lui comment va-t-il ?

 - J'essaie tout ce que je peux pour le sauver... Mais je n’arrive à rien…

         Cynthia revint auprès du jeune homme inconscient, et enfouit son visage dans ses bras en s’appuyant sur le lit. Bell s’assit sur le coin du lit et caressa doucement l’épaule de son amie.

 - Demain nous arriverons à Piltover, la rassura-t-elle, n’oublie pas que notre contact est un médecin il se débrouillera pour le remettre sur pieds.

 - J’espère bien... répondit la soigneuse la gorge serrée.

 

***

 

Bell passa le reste de la journée à assister diverses personnes au sein de l’équipage. En remplacement d’Anna qui se reposait, Adam Granson guidait l’équipage, tandis que Morgan Jenkins et Nâmis s’occupaient de la navigation et de prévoir leur arrivée au port. Tout le monde était très occupé et Bell n’avait pas envie de déranger, elle se contentait de donner des coups de main à droite à gauche. Le Somua avait beau être incroyablement robuste, force était de constater qu’il avait subi les assauts de la Matriarche, et devait lui aussi prendre un bon repos réparateur. L’atmosphère aussi avait changé. Malgré le retour des chants parmi les marins, la bataille avait épuisé les esprits, et l'inquiétude pour les marins perdus et gravement blessés pesait sur le moral. Après un repas qui n’avait pas la même saveur que d’habitude, elle retourna s’installer à la proue pour regarder les étoiles.

Bell était heureuse de retrouver le ciel au-dessus d’elle, de ne plus être enfermée. Même inconsciente, sa convalescence l’avait gardée dans sa chambre et elle avait besoin de respirer. Elle apprécie toujours autant observer la mer, qui les avait sauvés il y a quelques jours. Elle détacha ses cheveux et laissa la brise marine nocturne lui fouetter le visage, faisant flotter ses longs cheveux gris, libres. Au-dessus d’elle, la voûte céleste, débarrassée des nuages, offrait à la navigatrice en herbe une vue imprenable sur le reste de l’univers. J’aimerais pouvoir voyager partout là-haut, pensa Bell, et être comme une étoile filante, libre. Demain ils seraient en vue de leur objectif, et elle découvrirait enfin le continent, rien ne l'arrêtera plus désormais.

 

***

 

         Malgré le fait qu’elle voulut se lever tôt pour profiter un peu de la mer avant d’arriver à destination, le sommeil ne souhaita pas laisser le choix à la jeune fille, qui n'émergea qu’en fin de matinée. L’agitation soudaine l’aida à sortir de sa torpeur, l’équipage était en effervescence, il ne fallut pas longtemps à la yordle pour comprendre qu’ils n’allaient pas tarder à arriver. Bell s’habilla en vitesse de se précipita sur le pont.

         Au milieu de tous les hommes d’équipage qui s’agitaient en braillant en tous sens, elle se fraya un chemin jusqu’à la proue du navire, où elle aperçut Jay et Cynthia qui semblaient l’attendre en regardant la mer. Autour d’eux d’autres navires voguaient dans diverses directions, au gré du vent et de l’eau, tous très différents. Peu d’entre eux ressemblaient au Somua, et tous arboraient des pavillons différents.

 - Tu es enfin levée ! lança le garçon. Même Cynthia a fait l’effort de venir, on a vraiment cru que tu manquerais ça !

         Les trois compères se retrouvèrent comme à leur départ, faisant face ensemble à leur destin. Devant eux, une terre s’étendait sur l’horizon, séparée en deux dans la direction vers laquelle ils se dirigeaient. Posée sur la séparation, une imposante ville se dessinait petit à petit, reliant les deux continents. Au fur et à mesure qu’ils s’en rapprochaient, Bell pouvait distinguer l’architecture de la cité. Là ou Bilgewater était une ville soit taillée à même les arches de pierres gigantesques, soit un amas de quartiers en bois accrochés à elle tels des coquillages sur un rocher, la ville devant eux se dressait fièrement sur l’estuaire et s’imposait sur les navires et leurs voyageurs, mystérieuse, scintillante et complexe. Elle dominait le paysage de grandes tours et ponts de pierre, d’acier et de verre, de ses étranges machineries qui fumaient partout, agitant des rouages improbables. Son aspect travaillé et technique tranchait avec les paysages sauvages et rudes de l’archipel de la yordle, et elle s’émerveillait de pouvoir voir de ses yeux une ville aussi resplendissante, qui jouait avec la gravité comme si elle pouvait braver tous les dangers.

         Nâmis lui avait décrit le peuple de la haute ville comme étant d’un intellect et d’une ruse impressionnante, mais aussi d’une arrogance qui pouvait leur jouer des tours. La resplendissante cité devant eux en était la preuve, un bijou à une échelle dantesque, comme une machine faite pour écraser et dominer, notamment Zaun, sa petite sœur cachée sous elle. Ils allaient enfin découvrir les villes jumelles, la sombre inquiétante Zaun, et la grande cité du progrès de Piltover.

         

*** *** ***


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