Bell de Bilgewater
Vent
Au dehors de la brasserie, le soleil semblait s’être couché depuis une poignée d’heures, la lune, dame de la nuit, éclairant le port devenu calme de son étincelant éclat par les reflets sur les vagues. Bell savait très bien que la nuit, si belle fut elle, restait un danger pour quiconque ne sait pas où il met les pieds. Je dois retourner dans les hauts quartiers Papy doit être mort de peur. Si je rentre entière c’est lui qui me taillera en petits morceaux soupira la jeune fille. Je ne parviendrais pas à traverser la ville pendant ces heures, je ferais mieux de trouver un refuge.
Au lieu de remonter tout de suite dans les hauts quartiers, Bell parcouru plutôt la partie médiane de la ville. Il y a un chemin qui mène à un quartier d’adeptes, ils sont bien moins dangereux que les rues de la ville.
Bell délaissa les ruelles principales pour emprunter des passages plus discrets, moins éclairés. Le noir est moins sécurisant, mais ne pas être remarquée diminue les risques qu’être pris pour cible par des malfrats. Elle grimpa les différents étages de bâtiments qui composaient l’amas des bas quartiers. Elle emprunta diverses échelles, passerelles, en contourna d’autres, avant d’arriver finalement devant un long pont en cordes reliant le flanc de ville à celui des sanctuaires. Je n’aime pas trop les fanatiques, mais je connais quelques cachettes sympathiques. Elle glissa sur la passerelle comme une ombre. Une centaine de mètres plus bas, Bell pouvait apercevoir les docks ou elle était il y a à pleine quelques minutes. Facile de grimper une montagne quand celle-ci est parsemée de maisons rigola la Yordle, et celle de Targon serait bien plus grande ? Je me demande si je pourrais grimper… La brise fraiche secoua ses cheveux, et l’air marin caressa la légère fourrure blanche sur son visage. Face à elle, la dame de la nuit brillait de tout son éclat. On dirait une étoile pensa la jeune fille. Sous ses pieds, la ville dormait, même quelques lumières subsistaient chez les travailleurs tardifs, les bateaux flottaient calmement, au repos dans le port, et l’eau, impassible, ondulait légèrement à la lumière de la lune. Le ciel était parsemé d’une constellation d’étoiles toutes différentes. Si papy voyait cela, il serait sûrement heureux. Je me demande si des gens nous regardent d’ailleurs.
Bell finit de traverser la passerelle qui tanguait trop dangereusement à son gout. Le sanctuaire contrairement à la ville possédait des bâtiments construits à partir de pierres, toutes issues de carrières marines. L’endroit était moins dense en constructions aussi, la nature y avait plus de place, rendant l’enduit encore plus atypique pour un citadin. Elle choisit d’escalader un des bâtiments les plus hauts, surplombé par une imposante statue. Sans le moindre mal, elle grimpa sur le mur d’enceinte, franchit le vide la séparant des terrasses, prit appui sur les aspérités des murs, et atteint finalement son objectif. Rapide, agile, silencieuse, la yordle se lova aux pieds de la statue et entreprit de se reposer quelques heures.
*** ***
Trouve le.
Trouve le sur la montagne.
Parle lui, il te dira comment me trouver, et comment te trouver.
Trouve le Bell.
*** ***
Plusieurs heures passèrent, et la dame de la nuit était encore au plus haut dans le ciel étoilé lorsque Bell reprit conscience. Etrange, j’aurais juré que les étoiles me parlaient. Assez de repos pour le moment, l’heure est au retour à la maison. Elle se leva, s’étira, et attacha ses cheveux blancs derrière elle pour ne pas la gêner. Elle emprunta la même passerelle qu’auparavant, et prit la direction de sa maison. Il est une heure où même le pire des malfrats se permet un peu de repos, c’est donc le moment idéal pour une promenade nocturne. Bell ne prit don même pas la peine de passer par les toitures. Elle avait envie de courir ce soir.
Elle traversa d’abord les pontons des quartiers suspendus, faisait craquer le vieux bois de ses foulées graciles, avant de marteler de ses pas les pavés de rues situées sur le haut des grandes falaises de la ville. La nuit, personne ne pouvait entraver sa course frénétique, la laissant, libre.
Il ne lui fallut qu’une heure pour arriver finalement dans la cour qu’elle avait quitté l’après-midi. Je me suis déjà fait incendier ce matin, je me demande à quelle sauce le vieux me mangera ce soir… Comme elle l’avait prévu, la lumière de l’atelier était encore allumée, nul doute que Papy avait dû veiller pour attendre son retour. Lorsqu’elle tenta d’ouvrir discrètement la porte d’entrée, un soudain bruit de corne la fit sursauter. Bordel le vieux a encore posé une corne d’entrée sur la porte pesta la jeune fille. Les bruits qu’elle entendit les fracas dans l’arrière-boutique il était trop tard pour fuir. Déboulant comme une furie, Papy, dont la moustache semblait avoir mal subi la veillée, et le pseudo sommeil encore moins, s’approcha rapidement de Bell.
- DIS DONC JEUNE FILLE. CE NE SONT PAS DES HEURES POUR RENTRER, tonna le vieil homme
- Je suis désolé Papy… commença Bell.
Elle n’eut pas le loisir de finir sa phrase, son grand père fut sur elle, et lui asséna un énorme câlin plein d’inquiétude.
- J’étais mort de peur ma petite… soupira celui-ci, ne me refais plus jamais un coup comme cela.
- Tu m’étouffes Papy, souffla la jeune fille.
Le grand-père desserra son étreinte, et la contempla.
- Tu sembles… différente. Et si tu m’expliquais ce qu’il s’est passé ?
- Il ne me semble pas que l’heure soit appropriée… tenta Bell
- Je me doute que tu t’es assez reposée, et moi aussi figure-toi, alors il est temps d’avoir une petite conversation.
Papy tira à lui une chaise, et en tendit une à sa petite fille.
- Bon d’accord, mais rapidement, tu dois ouvrir la boutique demain.
- Avec ton aide, fit joyeusement remarquer l’homme, mais je t’en prie raconte-moi.
- Aujourd’hui je suis allée voir ton client comme prévu, commença-t-elle, mais il n’a pas eu besoin de moi. Il était très gentil et m’a parlé des navigateurs, en disant que le leur pourrait dans le pire des cas pallier le retard de la livraison de l’instrument. Ensuite, continua Bell, j’ai fait un tour par les quais pour observer les bateaux…
- Tu es toujours aussi envieuse des marins ? interrogea Papy
- Oui… concéda-t-elle, j’aimerais tant voyager…
- Continue je te prie. La coupa-t-il sèchement.
- Je suis passée peu loin de la Chope d’Icathia, et il y avait pas mal de monde. Un équipage était revenu. J’ai essayé d’écouter par la fenêtre, mais celle-ci a lâchée et je me suis retrouvée à discuter avec l’équipage. D’ailleurs ils disaient te connaître, un certain Nâmis, accompagné de Morgan, un capitaine imposant, une alcoolique et un épouvantail.
- Il me semble savoir de qui il s’agit. Continue.
- Ils revenaient de Targon, et affirmaient vouloir y retourner. En son sein se trouve une montagne dont l’escalade n’est réservée qu’à des élus. Le capitaine m’a aussi dit qu’un jour, si je voulais, je pourrais rejoindre son équipage et devenir comme lui, une légende.
- Cela n’arrivera pas ma petite, tu es trop jeune pour aller sur les mers.
- Mais tout à l’heure, sous les étoiles lorsque je dormais, j’ai entendu une voix… une voix si douce… elle me disait d’aller trouver quelqu’un...
- Ecoute moi bien jeune fille, les murmures de la mer sont traitres, tu restes trop jeune pour partir voir le monde, encore plus un lieu qui n’existe que dans les superstitions de tribus fanatiques.
- Tu connais les Solaris ? s’exclama Bell, et la voix venait des étoiles…
- Assez, l’interrompit son grand père d’une voix dure, j’ai parlé et tout se passera comme je l’ai dit. Va te reposer maintenant, tu as du travail demain, vu que j’ai rangé la boutique sans toi.
Bell n’eut d’autre choix que de se lever et de se diriger vers sa chambre, d’un pas lourd, les oreilles rabattues. Une fois seule, elle se déshabilla, pour plonger dans son lit, et dans un sommeil où elle rêva de dragons, d’étoiles, de voix et de voyages.
***
Le lendemain matin, la lumière fut la seule qui parvint à promptement émerger. Le soleil était déjà bien à son zénith lorsque Bell ouvrit les yeux. Elle s’habilla en trombe, espérant pouvoir arriver à temps et ne pas se faire encore gronder par son grand-père. Hélas, il était bien évidemment trop tard, celui-ci avait déjà ouvert la boutique de longues heures auparavant, les étals brillaient d’ores et déjà sous le soleil de l’archipel, et quelques clients observaient avec attention certains gadgets. Son grand-père discutait avec l’un deux lorsqu’il aperçut sa petite fille.
- Bonjour jeune fille, te sens tu mieux après une bonne nuit de sommeil ? lui demanda celui-ci en souriant.
Etonnée, Bell bégaya une réponse évasive.
- Jay et Cynthia sont passés, ils veulent te voir ils sont sur la placette quelques rues plus loin. Va donc les rejoindre !
- Tout de suite, merci Papy !
Ravie que son grand-père ne l’embarque pas dans quelque tâche contraignante, Bell s’élança hors de la cour, au milieu des passants ayant repris leur vie diurne. Elle déambula jusqu’à une placette marchande un peu délaissée par les foules, plus discrète, où l’attendaient ses amis. Le jeune Jay, assis sur un tas de planches, arborait son habituelle tignasse noire. Appuyée contre un muret, Cynthia resplendissait dans sa robe grise, laissant au vent sa chevelure rose.
- Regardez donc qui voilà ! lança le garçon en voyant Bell arriver, on a du mal à se lever ?
- J’ai passé une journée relativement longue hier, s’excusa la yordle.
- Raconte-nous tout, dit gentiment Cynthia, nous sommes curieux de savoir ce qui a pu faire renoncer Papy à te faire dresser la boutique.
Bell prit place sur le tas de planches aux côtés de Jay, et plongea son regard dans l’horizon.
- Pour tout vous dire j’ai du mal à y croire. J’ai croisé un capitaine et ses camarades, qui a affirmé qu’il me prendrait à son bord si l’envie m’en prenait. Lui et ses amis parlaient d’une terre où l’on peut voir la plus grande des montagnes, où un dragon stellaire résiderait. Une terre peuplée de tribus ayant des affinités avec la magie, l’eau et je ne sais quoi d’autre.
- Des affinités avec l’eau ? interrogea Cynthia, j’en parlerais à ma mère.
Ils restèrent à discuter ainsi un peu plus d’une heure, de voyages et de magie.
- Et que comptes-tu faire ? intervint Jay.
- Je ne sais pas trop, admit Bell, mais je crois que je veux partir.
- Papy ne va pas être content… soupira Jay.
- Mais on te suivra, affirma Cynthia qui souriait, on sera toujours avec toi, pas vrai Jay ?
- Bien sûr !
Bell, émue, détourna le regard en direction du ciel.
- Vous savez, cette nuit une voix m’a dit d’aller trouver quelqu’un, elle venait des étoiles.
Sous le regard interrogateur de ses amis, Bell se leva et avant qu’ils aient pu répondre, elle leur annonça qu’elle allait partir à la recherche du capitaine.
***
Pour retrouver le capitaine, le mieux à faire était très certainement d’aller glaner quelques informations auprès du gérant de la taverne. Sans plus attendre, Bell se mit en route, courant de toutes ses forces, sa vitesse grandissant à mesure qu’elle avançait. Grisée par la liberté, elle rêvait déjà de voyages en mer et de montages étoilées. Elle courait sur les pontons, descendait les toits, avec l’agilité d’un requin dans son élément naturel, sans jamais s’arrêter. Libre.
Une fois arrivée sur les docks, elle se précipita vers La Chope d’Icathia, et entra sans même se poser de questions. Au diable les manières je suis certes jeune mais j’ai un capitaine à retrouver. Une fois à l’intérieur, elle remarqua le grand calme qui régnait. Cela change d’hier pensa Bell. Elle se dirigea vers le comptoir et héla le tavernier.
- Oh bienvenue jeune fille ! Je te sers quelque chose ? ris le tavernier. J’ai beau ne pas servir les enfants je peux toujours trouver une boisson pour notre petite légende.
- Je vous remercie mais je suis pressée…
- Tu cherches le capitaine n’est-ce pas ? le coupa-t-il, il m’a demandé de te transmettre une information, il savait que tu reviendrais.
- Où dois-je aller ? demanda la jeune fille, impatiente.
- « Afin de savoir si tu désires réellement te joindre à nous, je t’invite à te rendre dans le quartier des tisserands, j’ai là-bas un ami qui attendra ta visite. Jäl est notre ancien navigateur, vas à lui. » dicta le tavernier.
- Je m’y rends de ce pas ! cria Bell, déjà en train de repartir. Merci !
Le quartier des tisserands, où diverses familles travaillent le tissu, est plus calme que les autres. Situé dans la partie inférieure des quartiers médians, il est légèrement éloigné du reste de la ville principale, mais reste rapidement accessible aux courageux grâce à tout un réseau de passerelles suspendues. Il était aussi considéré comme le quartier le plus agréable pour finir ses vieux jours. Rien d’étonnant à ce qu’un ancien navigateur y ait une maison, se dit Bell. Elle emprunta les passerelles suspendues au lieu des routes principales, bien plus encombrées, et pénétra le quartier. Il est temps de trouver ce fameux Jäl maintenant. Ce qui n’empêcha pas la jeune Yordle d’observer les habitations. Il y a plus de pierres, la ville est moins dense, et les gens semblent plus se promener que faire des achats. Elle interpela un passant qui avait plus l’air d’un local que d’un visiteur, lui demandant s’il connaissait la maison d’un vieux navigateur récemment rentré de voyage.
- Bien sûr ! lui dit le passant, cherchez autour de la place aux fleurs plus loin, une bâtisse en terrasse, avec des jardins suspendus.
- Merci bien ! répondit Bell en suivant la direction indiquée.
La place en question était en effet sertie d’une étrange variété de fleurs. Uniques et originaires de Bilgewater même, ces fleurs en forme de bol étincelaient d’une couleur rouge sang et aux reflets métalliques. Malgré toutes les tentatives d’export, celles-ci n’ont jamais eu ni d’utilité, ni moyen de se développer ailleurs. Dommage, les sanguinolentes sont magnifiques, surtout cette année observa Bell en passant sur la place.
Elle approcha une maison au bord du précipice. Une petite maison à base en pierre, rare à Bilgewater, témoignant plus de la place sociale de son propriétaire que de sa fortune, avec tout de même une solide architecture basée sur la forme des bateaux du port plus bas. Comme l’avait dit le passant plus tôt, collé a la maison et à la falaise, se trouvait une série de plateformes astucieusement retenues par de complexes systèmes de cordages et de poulies, et formaient un curieux spectacle de jardins suspendus.
Bell fut interrompue dans ses pensées par un homme, dont la carrure ne laissait pas présager le métier de la marine, qui transportait quelques outils.
- Bonjour mademoiselle, que puis-je faire pour vous ? l’interrogea-t-il.
- Oh bonjour, répondit la jeune fille, je m’appelle Bell, je cherche un marin réputé du nom de Jäl, le connaîtriez-vous ?
- Bien sûr que je connais Jäl ! C’est moi-même ! s’amusa l’homme.
- Désolée mais… je vous imaginais lus vieux, et imposant.
- Oh ne t’inquiète pas ma jolie, ces cinquante années passées à écumer les mers se cachent bien, rigola Jäl, mais je t’en prie prends place, dit-il en désignant un banc.
Bell s’assit respectueusement et écouta l’homme.
- Laisse-moi deviner, tu es une jeune fille un peu rebelle en quête d’aventure, qui cherche à fuir la maison, et le métier auquel elle est destinée ? Morgan m’envoie vraiment des cas désespérés…
- Ce n’est pas vraiment cela… disons que, j’ai comme des impressions…
- Tu souhaites prendre la mer sur des impressions ? demanda le vieil homme
- Non... pas exactement. J’ai comme une voix qui m’appelle en moi, une voix que j’ai l’impression de connaître depuis toujours…
- Dis-moi, que pense-tu des étoiles ? le coupa Jäl.
- Les étoiles ? bégaya Bell, étonnée par la question. Eh bien… je pense qu’elles sont, comme une énorme peinture dans le ciel. Mais plus que des peintures, parce qu’elles ne sont pas sur une toile. Comme notre monde, on peut voyager entre elles, et c’est bien plus qu’une simple peinture. J’aimerais savoir ce que cela fait de pouvoir voyager et de changer de point de vue.
Pendant que Bell expliquait ses pensées sur les astres, le vieil homme l’observa attentivement. Cette jeune fille… il émane d’elle quelque chose, lorsqu’elle parle, imagine. Ses yeux sont jeunes, et semblent vouloir voir des tas de choses, mais dans un même temps déjà savoir où ils veulent aller.
- Regarde-moi jeune fille, je voudrais voir tes yeux.
Bell, un peu confuse, s’exécuta, et laissa le navigateur regarder ses yeux. J’ai l’impression que ce ne sont pas mes yeux qu’il regarde se dit la yordle en voyant les yeux fatigués de Jäl dans le siens, il me regarde, moi, enfin « moi », je le sens.
- J’ai déjà croisé des yordles par le passé, dit celui-ci doucement, tous étaient des êtres très curieux comme toi, mais tu sembles tout de même totalement différente. Je pense que c’est cela que Morgan a vu en toi. Bien, continua-t-il, sais-tu ce qu’est un navigateur jeune fille ?
- Cela veut dire que vous allez m’aider à retrouver Morgan ? s’enquit Bell.
- Réponds tout d’abord à ma question petite, gronda Jäl.
- D’accord… soupira celle-ci. Bell récita ce qu’elle avait retenu de sa conversation avec le capitaine de L’Espalier : les navigateurs sont des personnes importantes qui ont les capacités de mener un équipage en mer sans se fier aux instruments, ils font partie de voyages dangereux et magnifiques.
- Tu aurais presque raison… hélas.
- Ce n’est pas cela ?
- Les navigateurs ne sont pas que des connaisseurs des mers. Le devoir d’un équipage de Bilgewater s’étend de toutes les mers, jusqu’aux déserts shurimiens, aux fjords freljordiens, aux plaines noxiennes. Un navigateur ne sait pas que naviguer, contrairement à ce que son nom indique, il est plus un guide, dont l’instinct et les connaissances sont les outils les plus importants.
- Il n’a donc pas besoin d’eux ?
- Bien sûr qu’il les utilise, ils sont comme des chaussures si tu préfères, tu peux te reposer dedans, mais tu n’en as basiquement pas besoin pour marcher. Les meilleurs d’entre nous se repèrent aux étoiles, à l’instinct et à l’observation. Tout ce que tu verras dans ta vie te servira, il faudra donc utiliser ta mémoire et la travailler, car le sort de nombreuses personnes repose parfois sur tes épaules.
- Vous êtes en train de me former ? Chouette ! s’enquit Bell. Mais dites-moi, avez-vous déjà mené des gens…
- Au casse-pipe ? continua Jäl. Bien évidemment, le moins possible, mais j’ai eu… quelques pertes…
- Avez-vous déjà regretté votre métier ?
- Un marin digne ne saurait jamais regretter d’être libre, affirma le vieil homme d’un ton dur. Même si parfois...
Comme s’il savait ce qui arrivait, Jäl ne termina pas sa phrase, ou eût-il été plutôt interrompu.
- JAL MON AMOUR TU AS ENCORE OUBLIE DE FAIRE LA VAISSELLE, retentit une voix de femme, qui sortit de la maison peu après. Oh mais tu ne m’as pas dit que tu avais de la visite ! s’exclama celle-ci. Bonjour adorable petite chose, ajouta-t-elle d’une voix devenue étrangement douce.
- C’est que je n’en ai pas eu le temps…
- Mais bien sûr vas dire ça à la vaisselle, et que ça saute, la réprimanda sa femme.
- Bell, voici ma douce et soyeuse Trisha, ironisa-t-il en désignant cette dernière. Maintenant tu m’excuseras, mais j’ai un combat d’homme libre à mener…
- Et pour le capitaine, comment je fais ? paniqua Bell.
- Ne t’inquiète pas pour lui va, il a tout prévu, rigola l’homme, rentre plutôt chez toi, chaque chose viendra en son temps rassure toi ! Bon vent petite voyageuse !
***