Bell de Bilgewater

Chapitre 2 : Partie 1 - Chapitre 2

4313 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/05/2021 20:59

           Brise



En quittant la cour, Bell ne put s’empêcher de contempler le ciel bleu de l’archipel. Quelle barbe d’habiter dans la ville de la navigation, et de ne jamais avoir voyagé se plaignit la jeune yordle, au moins cet après-midi pourrait s’avérer amusant !

D’un pas léger, elle descendit les mêmes rues qu’elle avait montées avant son sermon par son grand-père. Quelle tête de mule, il fallait que je tombe sur un vieux marin avec un caractère de cochon…

 - Mais au moins il te traite bien ton grand-père, dit Jay, qui venait de surgir d’une ruelle adjacente.

 - Quand cessera-tu cette mauvaise habitude de sortir de nulle part et me surprendre ? s’énerva Bell, tu me fais une peur bleue à chaque fois ! Et comment sais-tu à quoi je pense ?

         Celui-ci s’amusa à contenir les petits coups de poing que son amie tentait de lui asséner.

 - J’ai compris petite furie je ferais attention, rigola celui-ci en la repoussant. Mais vu ta tête le vieux n’a pas dû être tendre avec toi. Tu as les oreilles qui se rabattent comme ça lorsque tu es en colère, mima le garçon.

         Vexée par cette caricature, l’intéressée s’éloigna en bougonnant.

 - Ah au fait je ne serais pas là aujourd’hui ! lança Bell en se retournant. Je me dois de proposer mon aide sur les quais pour la pièce brisée.

 - Aucun problème, on se retrouvera demain !

 

***

 

         Situés dans le milieu des hauts quartiers, la boutique et la maison de son grand père faisaient faire à Bell un long chemin, les docks se trouvant logiquement dans les quartiers bas, près de la mer. La ville étant sur un archipel montagneux, il n’était pas rare que ses habitants se déplacent plus en altitude qu’autre chose. Bell prenait donc un grand plaisir à descendre par des chemins incongrus, tout en observant le paysage. Cette fois, Bell ne voulut pourtant pas passer n’importe où.

         La jeune yordle emprunta des rues marchandes, débordant d’étals colorés, entassés les uns contre les autres, parfois même sur des pontons en bois, suspendu au-dessus du vide. Elle esquivait les nombreux passants venus marchander et glaner denrées et informations. A tout instant, il suffisait de baisser les yeux pour apercevoir le port en contrebas, source de revenu principal des fortunes de Bilgewater. Tout de même ils doivent en avoir de la chance les habitants de la haute ville… soupira Bell en regardant les grandes bâtisses des hauts quartiers. En marchant, elle laissa ses pensées escalader les énormes rochers de l’archipel, et côtoyer le ciel, puis voguer son regard sur l’océan au loin, bravant les vagues bleues qui découpaient l’horizon.

         En descendant, on voyait moins le ciel, les montagnes. Mais l’architecture efficace et spéciale de la ville prenait le pas dans les pensées de la jeune fille. Les principaux quartiers étaient généralement composés de la récupération de vieux navires, certains même de ceux ayant servi les premiers arrivants de l’archipel. Ces bateaux ont vécu tellement d’aventures sur les mers, aujourd’hui encore ils nous assistent et vivent leurs aventures sans bouger d’un poil. J’aimerais vivre des aventures moi aussi.

         Tandis qu’elle approchait des Docks, il se dessinait un gracieux ballet : celui des plus grandes flottes, composées des navires les plus robustes que les mers de Runeterra aient connues. Ni ces andouilles noxiennes, ni ces coincés de demaciens ne possèdent de meilleur navire pensa Bell avec un air fier, mais j’aimerais beaucoup voir les bateaux freljordiens.

         Bell chercha attentivement parmi les bêtes amarrées aux quais, avant de le trouver, l’Espalier. Un grand navire, sensiblement commercial, au vu de la taille et de l’armement moyen. Il doit certainement avoir besoin d’une escorte se dit Bell, moi je n’aurais pas besoin pensa-t-elle fièrement. Bien, cherchons le capitaine… Elle trouva son homme, un grand gaillard bien habillé, avec un cache-œil. Ringard se dit-elle. Elle s’approcha déterminée. Bien, tâchons de ne pas faire honte a papy !

 - Hum… excusez-moi monsieur ! Seriez-vous le capitaine ?

         L’homme se tourna vers elle, souriant.

 - Oui c’est moi ! Qu’est-ce que je peux faire pour t’aide ma jolie ?

 - Eh bien... Je... Je viens de la part de Papy… hasarda la yordle.

 - Oh je vois ! Tu dois être sa petite ! s’exclama-t-il le regard éclairé.

 - C’est exact…

 - Dis-moi tout jeune fille tu as l’air soucieuse.

         Bell prit son courage à deux mains, et soutint le regard curieux du capitaine.

 - J’ai brisé une pièce dont Papy avait l’utilité, pour réparer un de vos instrument. Je suis venu m’excuser et me proposer de vous aider cet après-midi pour me faire pardonner.

 - Je vois je vois, dit le marin d’un air pensif. La pièce sera-t-elle prête à temps à ton avis ? Bien que tu n’y connaisses pas grand-chose j’imagine…

 - Détrompez-vous, je suis très douée avec les outils de navigation ! s’insurgea la jeune fille. Il devrait pouvoir y arriver en deux jours, la pièce est toujours utilisable…

 - A la bonne heure ! s’exclama le marin, et dans le pire des cas, nous avons récemment recruté un navigateur !

 - Tout les équipages n’en comptent-ils pas un ? interrogea Bell.

 - C’est de navigateurs particuliers dont nous parlons ici jeune fille, s’amusa l’homme, ils sont de ces hommes dont l’instinct est aussi affûté qu’une lame ionienne, aussi précis qu’un tireur de Piltover, et aussi fiable qu’un sage de Shurima !

         Curieuse, la jeune fille posa quelques questions sur ces fameux navigateurs, sur leurs capacités, et leurs voyages. Peu de marins comptaient parmi ces hommes, mais ceux qui en avaient la chance étaient souvent ceux dont la beauté des voyages n’avait d’égal que leur dangerosité.

 - Très bien petite, j’ai à faire, coupa le capitaine, je te laisse retourner chez toi, remercie ton papy pour son travail, dit-il en souriant, on se débrouillera sans cet instrument.

 - Mais je devais vous aider en contrepartie…

 - Nous ne ferons qu’un voyage d’escorte de routine, rien de particulier, aucune urgence. Et je connais ton vieux marchand je me doute que tu éviteras ce genre de désagrément à l’avenir. Maintenant va !

 - Merci à vous, portez-vous bien monsieur !

 

***

 

         En longeant les docks, faisant face aux navires de tous types, Bell choisit de prendre son temps pour se promener, libre. Après tout ce vieux grincheux ne saura pas que j’ai flâné au lieu de rentrer dès ma course auprès de son client terminée se dit-elle.

         Elle observa un temps les équipages, s’affairant à des rythmes draconiens à diverses tâches. Nombre d’entre eux partiront dans les prochains jours, en direction des terres les plus reculées de Runeterra, des royaumes les plus dangereux, des mers les plus obscures, pour revenir, et décharger dans les ports Bilgewater tout ce qui fait de cette ville, la plus diversifiée du monde. La capitale maritime inégalée, que ce soit par des moyens traditionnels, ou moins. La piraterie est aussi un métier se dit Bell. Comme j’aimerais être capitaine, avoir sous mon commandement un féroce équipage, braver tempêtes et ennemis divers, voguer vers la richesse. Ou bien être un de ces fiers harponneurs qui se jettent dans la gueule des plus effrayantes des bêtes océaniques. Elle laissait aller ses rêves, en observant la vie portuaire. Les équipages semblaient être très souvent diversifiés, des marins de toutes couleurs, de tous horizons, de toutes espèces. Les Yordles cependant, restaient très peu représentés. Bilgewater n’était pas connue pour être dotée d’une atmosphère similaire à Bandle, leur ville d’origine, peu d’entre eux y vivaient donc, le reste y vient par simple curiosité. Peu de Yordles, mais pas mal enfants tout de même, peut être que j’aurais mes chances se dit la jeune rêveuse.

         Au détour d’une ruelle, Bell fut surprise de la foule inhabituelle autour d’une taverne. La Chope n’a pas autant de clients en temps normal, un équipage spécial serait-il arrivé ? Elle tenta de s’approcher de la porte, mais la présence de marins imposants et pas très coopératifs l’en dissuada. Une taverne n’est pas un endroit pour une enfant pensa-t-elle, mais ça ne m’arrêtera pas ! Je suis presque une adulte après tout.

         Elle contourna l’entrée principale, et dans une rue juste à l’arrière, elle trouva de petites fenêtres ouvertes, juste en dessous d’une pile de caisses. C’est l’heure de se renseigner ! frissonna-t-elle, impatiente. Elle grimpa agilement et se plaça près de la fenêtre, dévorant la salle du regard, glanant le plus d’informations possible. Pour une fois ses grandes oreilles si spéciales lui seraient utiles.

         Dans la taverne à l’atmosphère festive, un attroupement semblait s’être formé autour d’un groupe, au plein centre de la salle. Surement un équipage rentré de voyages de très loin devina Bell. Une femme du groupe, dont l’énorme stature trahissait l’origine probablement Freljordienne, debout à côté d’un vieillard, un pied sur le tabouret en bois, exhortait l’attention de la clientèle, en agitant un peu trop sa pinte. Une braillarde qui doit encore se vanter d’avoir réussi à pêcher le plus gros des poissons soupira la jeune fille. Elle s’apprêtait à descendre de son perchoir lorsqu’elle pensa percevoir quelques mots à propos de leur voyage.

 - On est allé dans les fameuses mers du sud, on a vu d’ces bêtes dans les eaux si s’aviez vu ça vous tous.

         La femme au pied sur le tabouret, comme Bell l’avait deviné, fraichement revenue d’un long voyage, semblait aimer l’attention que lui portait son auditoire.

 - On y a vu une énorme montagne, sûrement la plus grande du continent j’vous dis ! beuglait-elle, sensiblement éméché, pas vrai Nâmis ?

         Aussi étonnant que cela puisse paraître, la femme ayant sans aucun doute un peu trop d’alcool dans le sang appela le vieil homme par son nom, et non par quelque dénomination dégradante pour une personne de son âge. Que fait un vieillard dans une taverne au milieu de marins bien arrosés ? se demanda Bell. Il doit être important si les autres s’adressent à lui avec respect.

 - C’est exact, affirma le vieil homme, mettant fin aux rires amusés de la clientèle, cette montagne est selon les dires la plus grande jamais observée, et l’ascension de son sommet ne serait réservé qu’aux élus et aux suicidaires.

 - Hé le vieux tu ne te paierais pas un peu nôtre tête ? lança un homme dans l’auditoire.

 - Respecte Nâmis, manant ! répondit la femme. Il est probablement l’homme le plus sage et instruit que tu pourras rencontrer dans ta vie. Moi Anna Wajäard, l’affirme sur mon honneur !

         Je ne suis pas habituée à juger sur l’apparence, mais je sens qu’il y a comme une part de vérité en ce vieil homme, pensa Bell, toujours cachée, Mais plus hautes que les montagnes de Demacia ? Cela me semble exagéré. Dans le même temps, la femme continua sur ses descriptions.

 - Nous avons rencontré quelques tribus de locaux, affirma l’homme, des Solaris, hein Nâmis ?

 - Les Solaris oui, acquiesça celui-ci, que l’on pourrait apparenter aux fidèles de l’ordre du Grand Kraken par chez nous.

 - Mais eux vénèrent d’autres divinités, tels des dragons mangeurs d’étoiles ! renchérit-elle.

 - Mais oui bien sur un dragon capable de dévorer des étoiles ! s’amusa un des clients, et pourquoi pas des fées aussi !

 - Je peux vous assurer que c’est vrai ! s’indigna Anna.

 - Bien sûr, lança un autre, et où se cachent ces petites fées, dans ta bière vaillante femme des mers ? rétorqua un homme.

 - Tu oserais remettre en cause l’exploration de mon capitaine ? brailla la brave, sensiblement vexée.

 - Voyons chers amis, personne n’ira remettre en cause ces dires, car ce ne sont pas de simples rumeurs ! tonna une voix forte à la porte.

         Peu d’entre nous, en ce bas monde, étaient capable de faire preuve d’un talent que l’on pourrait appeler le « timing parfait ». Et le manieur le plus habile dudit talent n’était autre que la personne qui venait de passer le pas de la porte.

 

***

 

 - Camarades enfin, nous venons de rentrer, repris l’homme, ce n’est pas le moment de se disputer pour des broutilles. Tavernier, une pinte ! cria celui-ci.

 - Capitaine Morgan, saluèrent Nâmis et Anna, d’une seule voix.

         L’homme à la forte stature s’assit aux côtés de ses camarades, précédé par Jenkins, dont la présence provoqua quelques murmures dans l’assemblée.

C’est le fameux capitaine Morgan !

Fameux ? Mais c’est quoi cet épouvantail à ses côtés ?

Il parait qu’il a voyagé sur la plupart des mers répertoriées.

On dit qu’il projette d’aller dans les mers inconnues !

Il est moins impressionnant que prévu…

Il est vraiment capitaine ?

Il est bizarre…

         Comme si les voix n’étaient rien, le capitaine à qui on avait servi une bière se redressa pour imposer sa stature, et partit dans un grand éclat de rire.

 - Alors messieurs, et mesdames bien sûr, ajouta-t-il en faisant un clin d’œil à de jeunes filles assises plus loin, j’ai cru comprendre que vous ne croyiez pas en les racontars de mon amie ici présent ? Eh bien je peux vous affirmer que, faute d’être précise, ce qu’elle dit est… plus ou moins vrai.

 - Je vous l’avais dit les dragons des étoiles ça n’existe pas, souffla un inconnu.

 - Que nenni mon brave ! tonna Morgan, les dragons existent bel et bien ! Pour ceux qui ont eu la chance d’avoir vu un des représentants de cette sublime espèce, cela n’a rien de si surprenant. Mais je peux vous affirmer, continua le capitaine, que sur une terre, au bout du désert, est présente une montagne bien plus grande que les rêves de nos plus braves matelots ! Peuplées de tribus ayant des affinités avec la magie bien plus développées que chez nous.

         L’assemblée soupira comme d’un seul homme, aspirée par les mots emprunts du charisme du capitaine.

 - Nous avons eu l’occasion, Nâmis et moi-même, de discuter avec deux éminents membres du peuple des Solaris. D’après eux, les tribus sont nombreuses, et l’on raconte que certaines maîtrisent un pouvoir curatif aqueux !

 - Moi je prends un bain une fois par semaine et je suis toujours vieux ! plaisanta un client.

 - Excellente blague vieil homme, mais ces magies dépassent notre entendement. Après tout regardez par chez nous Nagakabouros, ne pourrait-il pas y avoir de telles choses ailleurs ? J’ai ouïe dire que parmi la garde rapprochée de la famille royale de Demacia se trouvait une femme dragon !

         Nouveaux soupirs d’admiration dans l’assistance.

 - Nâmis ajoutes leurs quelques détails croustillants !

 - Eh bien d’après quelques ouvrages que j’ai lu dans ma jeunesse, cette mystérieuse montagne qui s’étend par-delà un empire déchu aurait été le théâtre de conflits entre créatures des étoiles et anciennes magies. Un dragon figurait parmi elles. Seules les personnes que ces divinités ont choisies pour élus ont autorisation de gravir le mont. Le territoire de cette épreuve se nomme Targon.

         Alors que le vieux sage faisait imaginer à son public des lieux emprunts de magie, il était une rêveuse qui ne sut pas correctement garder les pieds sur terre. A la surprise générale, ce fut d’une fenêtre dont les gongs lâchèrent que tomba une jeune fille aux cheveux blancs, dans un fracas étourdissant, faisant silence dans l’assemblée.

 

***

 

         Comme tous, dans la stupeur générale, Morgan observait avec curiosité ce qui venait de tomber dans la salle. Une jeune fille, Yordle à en juger par sa fourrure et ses grandes oreilles. Celle-ci se releva tant bien que mal, en époussetant ses longs cheveux blancs et le duvet de son visage. Le capitaine fut le premier à rompre le silence.

 - Tiens donc, que nous vaut la présence d’une si étrange créature ? dit joyeusement celui-ci en se tournant dans la direction de Bell

 - Je ne suis pas une créature, je suis une personne, rétorqua l’intruse, et j’ai un nom.

 - Eh bien dis-nous ton nom très-chère, et explique-nous ce que t’as fait cette pauvre fenêtre !

 - Je m’appelle Bell, dit celle-ci en s’approchant prudemment, et j’écoutais vos récits.

 - Enchantée Bell, je suis Morgan, légende vivante de Bilgewater, illustre capitaine du Somua, de la non moins célèbre flotte de Baldassare ! annonça fièrement l’homme

 - Etrange, réfléchit Bell, vous êtes célèbre, mais pourtant Papy ne m’a jamais parlé de vous, il devrait vous connaître pourtant

 - Attention à ce que tu dis jeune fille je pourrais bien me vexer.

         S’approchant de derrière le capitaine, Jenkins tendit un tabouret à la jeune fille qui le regardait bizarrement et croassa :

 - Une jeune Yordle, papy… se pourrait-il que tu sois la jeune fille de ce vieil artisan qui confectionne des outils de navigation dans les hauts quartiers ?

 - Vous connaissez mon grand-père ? demanda la jeune fille étonnée.

         Le vieil homme du nom de Nâmis s’assit aux côtés de la jeune fille et la regarda droit dans les yeux. Celle-ci, lui faisant face, plongea son regard dans le sien.

 - Vos yeux semblent avoir vu de très nombreuses choses vieil homme, souffla la jeune fille.

 - Ton grand père est comme qui dirait, un incontournable pour tout bon équipage. Lui seul est capable de fournir des instruments de navigations, et parfois même des navigateurs, absolument exceptionnels.

 - Attendez comment ce vieux grincheux peut-il avoir pour petite fille une chose si adorable, qui plus est une Yordle ? interrogea Morgan visiblement stupéfait.

 - C’est à lui que tu devrais poser la question, rit Jenkins en agitant le crochet au bout de son bras.

 - Très bien ! Tavernier apporte quelque chose à notre demoiselle ! cria Morgan, quant à toi, raconte-nous un peu ce que tu faisais à cette fenêtre, dit-il à l’intention de Bell.

 - Eh bien, je me promenais et j’ai cru comprendre qu’un équipage était rentré, au vu du nombre plus important de clients qu’à l’accoutumée. La Chope d’Icathia n’est chargée que lors de l’arrivée de capitaines les plus importants.

 - Et c’est peu de le dire, s’amusa Morgan, et tu es venue écouter nos récits aventureux !

 - C’est qu’elle a bon goût si elle vient nous écouter ! beugla Anna derrière, prenez-en de la graine vous tous ! Vous viendrez nous écouter à notre prochain retour !

 - Mais dis-moi jeune fille, renchérit le capitaine en reportant son intérêt sur la jeune invitée, qu’est-ce qui peut bien t’intéresser parmi ce que tu as entendu.

 - Eh bien je vous ai entendu parler de ces légendes sur la montagne de Targon, sur les Solaris, sur le dragon Stellaire. Un jour, moi aussi je voyagerais comme vous et je verrais te telles choses ! affirma Bell avec conviction.

         Nâmis, le vieux sage, regardait attentivement son interlocutrice. Elle et Morgan sont de la même trempe, mais elle ne possède pas encore son charisme se dit-il, mais nul doute qu’elle saura mener. Mais le plus étrange sont ses yeux. Non pas que la couleur violette soit peu commune dans certaines régions, cependant j’y décèle quelque chose, je ne saurais le définir. Quelques recherches s’imposent il semblerait.

 - Ecoute bien jeune fille, intervint calmement Nâmis, notre prochain voyage se fera sûrement sur ces étranges terres que nous n’avons que foulé. Notre but sera très certainement d’interagir avec les locaux pour échanger quelques accords. Ceci fait, il est probable que l’on ramène quelques petites choses pour ton grand père. Il est sûrement la personne la plus apte à analyser les trésors que nous trouverons, peut-être pourra-tu y jeter un œil ?

 - Je veux voir ces choses de moi-même, argua la jeune fille, je veux moi aussi trouver des trésors.

 - L’aventure est faite pour les légendes, rigola Morgan, la mer n’est pas une place pour les enfants.

 - Le monde regorge de danger, ajouta son second de sa voix effrayante, même une enfant de Bilgewater pourrait bien se perdre.

 - Je ne suis pas juste une enfant, je deviendrais moi aussi une légende, affirma Bell, vous serez bien forcé de le constater quand j’aurais moi aussi un grand bateau !

 - Et comment comptes-tu t’y prendre ? interrogea Anna, redevenue soudainement sérieuse.

 - J’en trouverais les moyens, je vous le jure.

 - Il n’y a que les menteurs qui jurent, petite légende, intervint Morgan. Pour prouver qu’ils peuvent avoir une parole.

         Le capitaine se releva et toisa l’auditoire qui assistait silencieux à l’étrange conversation qui se déroulait dans un bar banal des docks.

 - Que tous m’en soient témoins, dit-il d’une voix forte, moi, Morgan, capitaine du Somua, légende en devenir, j’affirme que cette petite a du potentiel.

L’intéressée, désignée du doigt par Morgan, ne comprenait pas grand-chose à ce que le capitaine était en train de faire.

 - Avant d’être capitaine, il te faudra faire tes preuves dans la marine petite légende, dit calmement celui-ci tendant sa main à Bell. Si un jour tu as besoin d’aide, reprit-il d’une voix forte, je te prendrais dans mon équipage.

         Bell, impressionnée, empoigna la main de Morgan de sa petite main, et se fit la promesse d’impressionner cet homme qui la respecta comme son égal.

 

***


Laisser un commentaire ?