Elfe des Ténèbres

     Quelques jours plus tard, la communauté arrive au pied de la montagne. Lylwing ressent une présence maléfique près de ce col. Elle frissonne.

- Tu as froid? lui demande Legolas. 

- Un peu… répond la jeune fille.

- Essayez de rester discrets, dit Gandalf. La montagne est vivante, et Saroumane a sûrement capté notre présence ici.

Ils commencent à suivre le sentier qui mène au sommet de la montagne. Au bout de quelques centaines de mètres à peine, le sol devient glissant et la température, déjà pas très élevée, chute de plusieurs dizaines de degrés. Quelques minutes seulement après, la neige commence à tomber. 

- Nous devons nous dépêcher de passer, dit Gandalf. La neige risque de nous bloquer si nous ne faisons pas vite.

Mais la montée est compliquée. Le verglas les fait glisser, ils s’enfoncent dans la neige fraîche, et encore quelques mètres plus haut la neige tombe si violemment qu’ils voient à peine devant eux. Seul Legolas ne semble pas trop gêné par la neige et le froid. Ses pieds laissent des traces à peine visibles dans la neige, et il ne porte que de fines chaussures et une légère cape de voyage. Lylwing, en revanche, est prise de tremblements incontrôlables et a du mal à avancer. Le froid la paralyse presque. Les hobbits et le nain ont de la neige jusqu’à la taille, les hommes peinent pour ouvrir la marche, et le chapeau de Gandalf est devenu congelé, donnant au magicien l'impression de porter un glaçon sur la tête. Les chevaux aussi peinent: leurs sabots glissent sans arrêt et malgré leur épaisse fourrure, ils sont couverts de neige et tremblent de froid. Bientôt la luminosité baisse et Aragorn dit: 

- Nous devrions nous arrêter pour la nuit. Il fait trop noir pour continuer.

Tout le monde est d’accord. Ils repèrent une petite corniche où s’abriter, même si elle ne sert pas à grand-chose. Le magicien allume un petit feu, qui éclaire la nuit et fait fondre la neige autour. Tout le monde se serre autour. Lylwing se tient un peu à l’écart des autres. Elle tremble tellement qu’elle n’est plus capable de tenir debout. Ses dents claquent violemment et elle est plongée dans une espèce de transe. Elle réagit à peine quand Legolas pose sa cape sur ses épaules et la prend dans ses bras pour la ramener près du feu. Il la serre contre lui et lui frotte le dos. Les chevaux viennent s’allonger aussi près du feu. Lentement, l’atmosphère se réchauffe autour d’eux, mais la jeune elfe continue de trembler.

    Soudain, un bloc de neige s’écrase tout près d’eux. La tempête redouble d’intensité et la température baisse encore. Gandalf crie : 

- Saroumane a retrouvé notre trace!

Puis un grondement se fait entendre au-dessus de leurs têtes. Les membres de la communauté regardent le ciel.

- Attention! hurle Aragorn en voyant la quantité de neige qui leur tombe dessus, suffisant pour les recouvrir et les tuer.

Instinctivement, tout le monde tente de se protéger. Lylwing met ses bras devant son visage, dans un geste de protection qui ne servirait à rien en temps normal. Une décharge d’énergie la quitte alors. Le froid se fait d’un seul coup moins sentir, la neige fond tout autour d’eux et le vent s’arrête. Tout cela pendant une seconde. Puis le temps semble reprendre son cours, sauf que l’avalanche a été remplacée par une pluie fine, qui se transforme en neige et atterrit sur les membres de la communauté en douceur, pendant que le plus gros de la neige tombe dans le ravin dans un fracas assourdissant. Enfin, la tempête se calme un peu et la présence maléfique du magicien blanc disparaît. Tout le monde se redresse sans trop comprendre.

- Que… que s’est-il passé? demande Merry. 

- Quelque chose a arrêté Saroumane, répond Gandalf. Une force magique incroyable. Je n’avais jamais senti une telle puissance magique avant. 

- Quelque chose… ou quelqu’un, fait Boromir en regardant la jeune elfe allongée au sol.

Lylwing tremble. Legolas la prend dans ses bras, inquiet par sa pâleur soudaine. 

- Tu vas bien? lui demande-t-il. 

- Je… j’ai eu peur, souffle-t-elle. La neige… elle allait tous nous ensevelir… 

- Ne t’inquiète pas, c’est fini, lui répond l’elfe en souriant.

Elle sourit aussi avant de fermer les yeux et de sombrer dans un sommeil très profond. Tout le monde la regarde.

- Comment fait-elle pour dormir alors que nous venons tout juste de passer à côté d’une catastrophe? s’étonne le nain.

- Elle est sans doute épuisée par notre marche dans la neige, suppose Legolas. Ça fait deux jours qu'elle ne dort pas et, bien qu'elle soit une elfe, elle est tout de même très jeune et a besoin de dormir un minimum...

- Nous devrions faire comme elle, dit Aragorn. Même s’il fait froid, nous devons nous reposer. Nous aurons besoin de toutes nos forces, demain matin.

Le magicien ranime le feu, puis tout le monde s’allonge à côté de ce dernier. La chaleur des flammes se répand dans la petite corniche. Les quatre hobbits s’endorment très vite, peu habitués à gravir des montagne en plein hiver, puis c’est le tour du mage et du nain de s’endormir. Legolas veille sur la jeune elfe, qui dort paisiblement dans ses bras. Boromir finit par dire:

- C’est étrange, cette énergie… d’où vient-elle?

- C’est peut être l’Anneau, répond l’elfe en haussant les épaules.

- Je ne pense pas. Pourquoi cet objet maléfique nous aurait-il sauvés?

Il s’interrompt deux secondes, puis murmure: 

- Je me demande si elle n’y est pas pour quelque chose… cette fille a l’air vraiment bizarre. 

- Lylwing ne saurait pas lutter contre Saroumane, réplique Legolas. Ce n’est qu’une enfant! Et même si elle possède des pouvoirs, ce dont je ne suis absolument pas sûr, comment pourrait-elle faire ça?

- Nous ignorons tout d’elle, intervient Aragorn. Mais c’est vrai qu’elle n’a vraiment pas l’air dangereuse… j’ai du mal à imaginer que cette enfant pourrait être une puissante magicienne, plus puissante que Gandalf si on en croit sa réaction quand la neige a explosé. Mais qui sait…

Ils finissent par s’endormir, pendant que la tempête de neige fait rage autour d’eux...