Elfe des Ténèbres
Le petit groupe quitte rapidement la forêt pour atteindre une plaine. Les membres de la communauté discutent entre eux, rient, sourient… sauf Lylwing. Elle reste souvent perdue dans ses pensées, seule à côté de Diablo, qui semble s’être lié d’amitié avec Bill, le poney qui les accompagne depuis le début de leur voyage. Elle pense à ce qu’elle doit faire. “Il est ici, je le sens”, pense-t-elle. “Mais comment le récupérer?” elle jette un regard aux voyageurs. Les quatre hobbits passent beaucoup de temps à rire et à se chamailler. Les autres discutent de tout et de rien. De temps en temps, l’un d’entre eux fredonne une petite mélodie. La jeune fille a du mal à saisir ce qu’elle voit. Les orques ne rient jamais, eux… et même si leur quête est dangereuse, ils trouvent le moyen de s’amuser, de rire et de chanter… pourquoi sont-ils si détendus alors que son coeur à elle se serre en les entendant plaisanter?
Elle soupire et baisse les yeux. Les cailloux sous ses pieds crissent doucement. Elle voit surgir devant ses pieds d’autres cailloux, brûlants et noirs, et une voix résonne dans sa tête: “n’oublie pas ta mission…”. Elle sursaute et s’aperçoit que les autres la distancent. Elle court pour les rattraper, mais reste entre les chevaux. Seul Aragorn lui jette un regard soupçonneux.
Quelques heures plus tard, ils s’arrêtent au niveau d’un gros rocher, près d’une falaise. Boromir lance une épée courte à Merry et lui dit:
- Venez, je vais vous apprendre à combattre.
Le hobbit se lance, bientôt suivi par le reste de la communauté, sauf le magicien et l’elfe. Ce dernier rejoint Lylwing, qui s’est assise à l’écart, près des chevaux.
- Ça ne va pas?
Elle sursaute en entendant sa voix. Il s’assoit près d’elle dans l’herbe.
- Excuse-moi de t’avoir fait peur, reprend-il.
- C’est rien, répond Lylwing. Je vais bien.
- Tu es sûre?
- Oui.
Elle regarde les hobbits essayer tant bien que mal de suivre les mouvements des deux hommes, qui repoussent aisément deux hobbits en même temps. “Ils ont l’air heureux…” pense la jeune fille.
- Tu sais te battre? lui demande l’elfe en suivant son regard.
- Oui, répond Lylwing en chassant ses idées noires. Pourquoi?
L’elfe se relève et dégaine deux épées courtes.
- Montre-moi, lui ordonne-t-il. Tu préfères quelle arme?
La jeune fille hésite, puis dit:
- Je m’en fiche. Je n’ai pas envie de me battre maintenant. Je préfère attendre une réelle occasion de sortir l’épée.
- Comme tu voudras, répond l’elfe en haussant les épaules.
Il court rejoindre les hobbits, qui commencent à s’essouffler sous les assauts des deux hommes. La jeune fille le regarde se battre contre l’un des deux épéistes. Elle sent une émotion étrange monter en elle. Quelque chose qu’elle n’a jamais ressenti avant… elle détourne un peu brusquement le regard de l’elfe pour observer le ciel. Elle s’allonge dans l’herbe. Elle ressent le soleil doux chauffer sa peau, le vent léger caresser son visage…
Et entend le cri des oiseaux. Elle se redresse. Les rires ont cessé. Elle aperçoit Legolas, qui regarde un nuage noir s’approcher. “Pas un nuage…” songe-t-elle.
- Abritez-vous! crie alors le magicien.
Lylwing attrape la longe de chacun des chevaux, paniquée, et les emmène avec elle sous le rocher. Les autres membres de la communauté se terrent dans un trou. Legolas l’attrape par le poignet et la force à se baisser. Juste à temps. Les oiseaux passent en trombe devant eux. Ils ont l’air démoniaques, Lylwing le sent. Quand ils s’éloignent, suffisamment pour qu’ils ne puissent plus les voir, tout le monde sort à découvert.
- Qu’est-ce que c’était? demande Frodon.
- Des espions de Saroumane, répond Gandalf. Nous ne pouvons pas passer par le sud. S’ils sont ici, c’est que le magicien déchu surveille cette zone des monts Brumeux.
- Alors par où allons-nous passer? demande le hobbit.
- Nous avons deux solutions : soit le col du Caradhras, mais l’hiver approche et ce serait risqué de passer par le col, soit par les mines de la Moria.
- Pas question de passer par là, dit aussitôt Legolas. Ces mines sont maudites.
- Mais le col est encore plus dangereux, réplique Gimli.
- Vous savez aussi bien que moi quelles créatures hantent cette montagne.
- Personne n’y est allé depuis longtemps, répond le magicien. J’y suis passé, il n’y a pas si longtemps… et j’ai survécu, comme vous pouvez le voir.
- Hors de question de passer par là, rétorque Aragorn.
- Demandons au porteur de l’Anneau, tranche alors Boromir.
Lylwing tend l’oreille. “Le porteur de l’Anneau?” pense-t-elle. Tous les regards se tournent vers Frodon, qui balbutie:
- Heu… si Grand- Pas dit que c’est dangereux… passons plutôt par le col, alors…
- Alors ne perdons pas de temps, fait Sam. Allons-y.
Et la communauté repart vers la montagne, le pic sinistre qui se dresse devant eux, entouré de sombres nuages...