Elfe des Ténèbres

    Le lendemain matin,les dormeurs qui se réveillent tout juste sont surpris de voir cette jeune fille endormie près de leur feu de camp. L’un des deux hommes demande: 

- Que fait-elle ici?

Legolas lui raconte alors la nuit. Lorsqu’il a terminé, l’un des hobbits demande:

-  Et maintenant? Qu’allons-nous faire? 

- Attendre qu’elle se réveille, répond le magicien. 

- Et la quête? demande un autre hobbit. 

- Nous pouvons bien attendre quelques heures, Sam! répond l’elfe. Elle se réveillera sans doute bientôt...

    D’ailleurs, il ne pense pas si bien dire. la jeune fille bouge légèrement et entrouvre les paupières. Le second homme, qui porte un bouclier rond et un cor à la ceinture, prévient les autres. L’elfe accourt aussitôt près d’elle. Il lui demande doucement: 

- Comment te sens-tu? 

- Ça va, répond la jeune fille. Mais… qui êtes-vous?

Elle se redresse et palpe son flanc. Elle pousse un cri de surprise en sentant que la plaie est refermée.

- Comment… dit-elle sans finir sa phrase.

- Un excellent magicien s’est occupé de toi, répond l’elfe en souriant.

- Vous en rajoutez, Legolas, rétorque le magicien.

- Mais non, cher Gandalf, répond le Rôdeur. Vous êtes le meilleur magicien qui soit sur cette terre. 

- Mais qui êtes-vous? redemande la jeune fille.

- oh pardon, répond l’elfe. Je m’appelle Legolas. Voici Gandalf, ton sauveur, reprend-il en désignant le magicien gris.

- C’est vous qui l’avez sauvé, Legolas, dit l’un des deux hommes. 

- voici Aragorn, reprend l’elfe en le désignant. Et Boromir.

L’homme au cor incline la tête. L’un des hobbits, celui qui s’était réveillé durant la nuit, s’approche et lui dit: 

- Je suis Peregrïn Touque. Mais vous pouvez m’appeler Pippin. Et voici Merry, dit-il en pointant l’un des trois autres hobbits.

- Je m’appelle Gimli, poursuit le nain.

- Moi Sam, dit l’un des deux autres hobbits. Et voici Frodon.

- Enchanté, fait ce dernier.

- Et quel est ton nom? lui demande l’elfe.

La jeune fille réfléchit.

- Lylwing, dit-elle au bout de quelques secondes.

- C’est très joli, lui dit l’elfe.

- merci, sourit la jeune fille en rougissant légèrement.

- Que faisais-tu dans la forêt , si loin de tout? lui demande le magicien.

- Heu… je cherchais quelque chose… répond la jeune fille en fronçant les sourcils. Mais...

Elle baisse la tête.

- Je n’arrive pas à me rappeler quoi.

    En réalité, elle le savait très bien, ce qu’elle cherchait: et elle l’avait trouvé. Elle sentait sa présence tout près d’elle.

- D’où viens-tu? lui demande l’elfe.

- Je ne sais pas… répond la jeune elfe en sentant son coeur se serrer. J’ai l’impression d’avoir toujours été seule…

Plus personne ne dit rien. Tous la regardent. Elle baisse la tête en rougissant.

- Tu as perdu la mémoire? lui demande finalement Gandalf. 

- Je crois que j’ai perdu une partie de mes souvenirs… dit-elle tristement.

L’elfe la regarde étrangement.

- Tu te rappelles pourquoi tu étais blessée? lui demande-t-il d'une voix inquiète.

- J’ai été attaquée, répond-elle. Par des orques…

- Je n’ai pas vu l’ombre d’une seule de ces créatures dans les parages, répond l’elfe.

- C’est normal, répond la jeune fille. C’était à plusieurs kilomètres d’ici. Je les ai tués, mais ils m’avaient déjà blessée… puis j’ai continué à avancer dans la forêt… je ne sais pas vraiment pourquoi… et j’ai fini par tomber et ne plus savoir bouger… j’ai cru que j’allais mourir…

- Tu es courageuse, répond l’elfe. Je ne connais pas beaucoup de personnes de ton âge qui auraient continué à bouger.

- C’est étrange… dit alors le magicien. Si tu dis vrai, ces créatures t’auraient attaquée il y a plusieurs jours, mais ta plaie contenait un poison qui aurait dû te tuer en quelques heures… une journée tout au plus…

Silence.

- Vous devez vous tromper, répond la jeune fille. Aucun poison ne me laisserait la vie sauve aussi longtemps.

- Gandalf ne se trompe jamais, réplique Boromir.

- Ne dites pas ça, lui dit l’elfe. Même Gandalf peut faire des erreurs. Peut-être qu’il s’agissait d’un autre poison, qui lui agit plus lentement.

Personne ne semble très convaincu. Mais le grondement du ventre de la jeune elfe arrête le débat. 

- Tu dois être affamée, dit Legolas en fouillant dans un sac pour en sortir de la nourriture. Tiens.

          La jeune fille prend ce que l’elfe lui tend et dévore littéralement le morceau de pain. Puis elle se relève. Elle titube un peu. Legolas la tient doucement pour qu’elle reprenne son équilibre. Son cheval vient vers elle. Les membres de la communauté le regardent avec méfiance.

- Cet animal n’a pas l’air très normal, fait le nain. 

- Ne vous inquiétez pas, répond la jeune fille. Diablo est très gentil. Il ne ferait de mal à personne…

Mais le cheval essaye de mordre le nain, qui s’écarte en criant.

-  Il ne ferait de mal à personne, hein? demande-t-il d’un ton ironique et furieux. Il a voulu me mordre, cet animal!

Le cheval baisse les oreilles et gratte le sol.

- Il n’apprécie pas trop d’être traité d’animal… répond la jeune elfe. Il est très intelligent et comprend beaucoup de choses.  

Le nain peste encore un peu pendant qu’Aragorn et Gandalf échangent un regard étrange. Personne, à part Gimli, ne le remarque. Les quatre hobbits encerclent le cheval en demandant à Lylwing de quoi il est capable. Legolas la tient doucement, tout en l’écoutant avec intérêt raconter les exploits du cheval. Quand à Boromir, il a le regard perdu dans le vague. Au bout d’un moment, il dit: 

- Nous devrions nous remettre en route.

- Pour aller où ? demande Lylwing innocemment.

-  Nous avons une quête à accomplir, répond Aragorn en lançant un regard soutenu aux hobbits, qui voulaient lui dire quoi exactement. Mais tu ne viens pas avec nous. C’est beaucoup trop dangereux pour une jeune elfe. 

- Ne me laissez pas toute seule, s’il vous plaît! gémit la jeune fille. Je ne veux pas continuer… je ne sais ni où aller, ni où je suis… et j’ai peur de retomber sur des orques…

Elle tremble violemment en repensant aux créatures qui l’ont blessée.

- S’il vous plaît… murmure-t-elle doucement.

- Nous ne pouvons pas l’abandonner, dit l’elfe d’un ton catégorique. C’est déjà un miracle qu’elle ait survécu. 

- Elle n’a qu’à rejoindre Fondcombe, répond Boromir. Ce n’est pas si loin que ça, à cheval…

- Non! crie la jeune elfe. Je ne veux plus me retrouver seule, dans cette forêt si sinistre…

Le magicien la fixe pendant quelques secondes. Il finit par dire:

- Elle reste avec nous jusqu'à la prochaine ville. Legolas a raison sur un point. Elle est en danger, seule ici. Et elle a beau avoir échappé à un groupe d’orques cette fois-ci, rien ne dit qu’elle survivrait à une autre attaque.

- Un elfe, c’est déjà beaucoup à supporter pour mes pauvres nerf, alors deux… grommelle le nain. Et surtout une gamine…

- Rassurez vous, Gimli, lui dit Aragorn, elle ne va pas rester longtemps avec nous.

- Bon, on y va? demande Frodon, inquiet à cause de l’histoire de la jeune fille. Plus vite nous aurons atteint une ville, mieux ce sera.

- Allons-y, répond Gandalf. 

Ils se mettent en route, lylwing songeant de toutes ses forces: " m'y voilà... on verra si je suis si innocente que ça."