Elfe des Ténèbres
Le lendemain matin, Mormegil (ou plutôt Lylwing) part seule dans l’immensité de la Terre du Milieu pour la première fois de sa vie. Elle monte son fidèle Diablo, et contrairement à son habitude, elle porte une tunique vert sombre avec un pantalon noir et une cape plus claire, dont la capuche cache son visage. Seuls deux petites lumières dorées sont visibles. Elle porte des bottes en cuir brun, légères et pratiques, et a une épée à la taille, ainsi qu’une dague dans chaque botte et une le long de son avant-bras gauche. Elle galope le long des montagnes, longe une rivière pour traverser le Rohan à toute vitesse, s’émerveille devant la beauté du monde encore endormi. Puis soudain le soleil apparaît, rouge et flamboyant. La jeune fille plisse les yeux tout en se disant: “alors c’est ça, le soleil?” D’un seul coup, elle se met à rire. Elle lâche les crins de son cheval, au galop si vite que ses sabots effleurent à peine le sol, et écarte les bras, les cheveux au vent. Le ciel prend une teinte rosée et Diablo hennit, saluant ainsi le jour levant.
Mais soudain la jeune fille reprend son sérieux. Son sourire s'efface aussi vite qu’il est apparu et elle ne pense plus qu’à sa mission. “Je dois leur montrer de quoi je suis capable”, pense-t-elle. Elle regarde le soleil, puis continue vers l’est pour gagner l’Isengard. Elle traverse ainsi le Rohan en à peine trois jours. Puis elle longe les monts Brumeux pour prendre la direction de Fondcombe.
Elle arrive dans un petit bois. Elle ralentit entre les arbres et passe au pas. Son cheval est nerveux, Lylwing le sent.
- C’est trop calme, ici, murmure-t-elle à l’oreille de Diablo, qui renâcle doucement.
Elle dégaine son épée. Cette dernière a une lame noire, semblable aux lames de Morgul, mais en plus acéré et plus dangereux.
Un bruit sur sa gauche la fait subitement sursauter. Elle dégaine une dague, qu’elle tient par la pointe, prête à la lancer. Son cheval piaffe sur place, effrayé. Lylwing essaye de lui transmettre un peu de calme, mais elle n’en a pas elle-même. Elle voit des buissons bouger. D’un seul coup, elle entend un léger craquement dans son dos et se tourne avant d’être propulsée au sol par une flèche qui se plante dans son flanc droit.
La jeune elfe hurle de douleur. Elle arrache la flèche, puis sans se préoccuper du sang qui coule à flots de sa blessure se relève avec difficulté, juste à temps pour arrêter la lame d’un guerrier orque. Elle lui coupe le poignet avant de lui trancher la tête en embrochant un autre orque au passage, puis saute sur une branche avant de s’y agripper par les jambes pour en décapiter un autre, retombe sur ses pieds, arrête une flèche par magie, frappe un autre orque dont la tête tombe au sol et lance une dague dans le même mouvement, qui va se ficher entre les yeux d’un archer posté dans un bosquet.
Lylwing halète. Elle regarde le carnage et compte mentalement le nombre de victimes. Cinq contre elle. Elle esquisse un léger sourire. “Trop forte”, pense-t-elle. Puis une vague de douleur la submerge et elle hurle en tombant à genoux. Diablo, qui s’était éloigné, s’approche d’elle et lui donne un léger coup de museau.
- Aïe… murmure Lylwing.
Elle regarde l'état de sa blessure et manque de s’évanouir. Non seulement elle perd beaucoup de sang, mais en plus la flèche lui a sérieusement amoché le flanc. Elle déchire un morceau de sa cape et s’en sert pour bander la plaie du mieux qu’elle peut. Puis elle remonte tant bien que mal sur le dos de son cheval. “Je dois avancer…” pense-t-elle.
Elle repart au pas. Elle ne demande pas à son cheval d’aller plus vite. Sa blessure lui fait si mal qu’elle a peur de s’évanouir, et elle n’ose pas utiliser la magie pour se soigner, de peur de mourir d’épuisement (la magie puise dans ses forces pour pouvoir fonctionner. Si elle lance un sort trop puissant par rapport à l’énergie qu’elle possède, elle risque de mourir). Lorsque la nuit tombe, elle s’arrête pour dormir un peu. Elle s’endort rapidement, d’un sommeil profond et sans cauchemar.
Le lendemain, Lylwing est réveillée par un petit rayon de soleil. Elle se redresse, regarde sa plaie: son état a empiré. Elle le sent à la douleur qui se propage dans sa peau. Et la plaie a pris une teinte jaune inquiétante… malgré tout Lylwing remonte sur son cheval et continue à avancer, au pas. Elle s’arrête souvent à cause de sa blessure et n’avance presque plus. Au bout de trois jours, elle commence à avoir de la fièvre. Sa blessure s’est infectée dangereusement et la jeune elfe ne sait pas comment la soigner. Puis, au bout d’une journée de plus, elle ne supporte plus de rester à cheval et marche à côté de Diablo. Elle est de plus en plus faible et tremble de froid à cause de la fièvre. Elle finit par trébucher plusieurs fois. Au bout d’une journée supplémentaire, elle avance appuyée sur l’encolure de son cheval pour tenir debout. Mais elle finit tout de même par s’effondrer, incapable de faire un pas de plus. Son cheval s’allonge à ses côtés et la regarde de ses yeux rougeoyants comme deux braises.
- Je vais mourir… souffle l’elfe en pleurant. Je vais mourir…
Elle ferme les yeux et tombe dans l'inconscience. Au dessus de sa tête, une petite chouette blanche la regarde et s’en va en ululant vers l'orée de la forêt, à quelques mètres de là…