Elfe des Ténèbres

Chapitre 2 : Sombres projets en Mordor

1659 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/06/2017 19:03

        Seize ans plus tard, une jeune fille ouvre les yeux dans une sombre grotte. Elle est plutôt grande et maigre. Son visage est beau, aux traits fins et majestueux, mais marqué par la cruauté. Elle a des yeux dorés et des cheveux noirs luisants, une cicatrice au niveau de l’épaule droite et une étrange marque au creux du poignet gauche. Elle a une silhouette athlétique, des membres fins et semble très fragile. Ses oreilles sont pointues et un anneau brillant pend à chacune d’elle. En la voyant, n’importe qui penserait voir l’une des créatures les plus faibles et innocentes de la Terre du Milieu…

             Elle se redresse et s’étire. Elle a beaucoup de marques sur les bras et les jambes. Une estafilade encore rouge traverse sa joue. Elle l’effleure du bout des doigts et grimace. Sa peau est si pâle qu’elle semble n’avoir jamais vu le soleil de sa vie, ce qui est presque le cas. Une fine couche de suie noire colle à sa peau, la rendant méconnaissable. 

              La jeune elfe enfile une tunique et un pantalon noirs, chausse avec difficulté une paire de bottes de la même couleur, attache une épée à sa ceinture, glisse une dague dans un fourreau et sort de la grotte. Au-dessus de sa tête, elle ne voit pas le ciel. Le soleil est masqué par une épaisse fumée noire, mais la jeune elfe s’en fiche. Elle a l’habitude, maintenant. Elle emprunte un sentier escarpé pour rejoindre une grande tour noire au sommet de laquelle un grand oeil rouge menaçant surveille ses moindres gestes. Au loin, elle aperçoit la lueur rouge du volcan en activité.

              Des hordes de créatures terrifiantes se pressent au pied du sentier: des orques immondes avec leurs Wargs, des trolls à l’odeur désagréable, des gobelins qui la regardent avec haine… tous s’écartent sur son passage. Un orque lève sa hache vers elle. D’un coup d’épée, l’elfe coupe la hache en deux et tue son propriétaire dans le même mouvement. Elle continue sa route. Quand elle arrive à la tour, huit créatures à l’aspect humanoïdes l’accueillent. Ils portent tous une cape noire et une capuche qui cache entièrement leur visage. C’était comme s’ils n’en avaient pas. La jeune elfe s’incline devant eux avant d’entrer à leur suite.

              En arrivant au sommet de la tour, elle salue une créature semblable, mais avec un casque terrifiant. Puis elle s’incline très bas devant l’œil. Leur maître à tous. Celui qui leur permet de vivre…

- Maître, siffle le chef des nazgûls, l’Anneau a été retrouvé.

- Bien… souffle une voix décharnée. Où est-il?

Le nazgûl sort une boule étrange de sa cape et la pose sur un rebord de la tour.

- Mormegil, dit-il, que vois-tu?

L’elfe s’approche de la sphère où apparaît une fumée blanche. Elle passe sa main au-dessus et devant ses yeux la fumée disparaît. Une scène se forme doucement.

- C’est une sorte de salle, dit l’elfe. Il y a plusieurs hommes, deux nains, des elfes et quatre petites créatures, plus petites que des nains, mais moins trapues…

- Des semi-hommes, souffle le roi-sorcier. Continue.

- Ils parlent de quelque chose… l’un des semi-hommes sort quelque chose de sa veste… une chose ronde… comme… un anneau…

Elle passe les deux mains au-dessus de la sphère, comme pour agrandir l’image.

- Oui, c’est un anneau, continue-t-elle. Il semble qu’il provoque la peur et la convoitise de la plupart des gens présents…

Mormegil ferme les yeux. Elle tente d’atteindre mentalement ce lieu qu’elle voit dans la boule magique. Quand elle rouvre les yeux, elle dit:

- … mon épée.

- Et moi mon arc, dit-elle d’une voix plus légère.

- Et ma hache ! fait-elle d’une autre voix, plus bourrue.

Elle continue à rapporter les paroles des membres de la Communauté de l’Anneau, un par un. Quand elle s’arrête, au moment où la sphère cesse de montrer les images, les nazgûls la regardent.

- Tu as bien progressé, Mormegil, dit la voix décharnée. Je vois que tu maîtrise tes pouvoirs.

- Oui, maître, répond l’elfe en s’inclinant légèrement.

- Bien… très bien.

- Et maintenant, maître? interroge le roi-sorcier.

- Il faut récupérer l’Anneau. Mormegil, il est temps pour toi de faire tes preuves. C’est à toi que revient cette tâche. Quand à toi, dit la voix quand l’œil se tourne vers le roi-sorcier, aide la.

- Bien, maître, répond le chef des nazgûls.

- Vous pouvez y aller. Et ne me décevez pas.

          Les nazgûls descendent de la tour après s’être inclinés, suivis de leur apprentie.

- Prépare les chevaux, lui ordonne le roi-sorcier. Nous partons pour Minas Morgul.

- Bien, fait Mormegil.

          Elle se dirige vers la grande porte. Sur le côté, un petit bâtiment bas abrite les montures des nazgûls. Mormegil les appelle un à un par leur noms, tous aussi effrayants les uns que les autres. Les chevaux se montrent. Ils sont inquiétants: entièrement noirs, avec des yeux sombres, et leur caractère est aussi démoniaque que leurs cavaliers. Ils ont été élevés en plein Mordor, spécialement pour les nazgûls. Depuis leur naissance, ils sont nourris de chair fraîche et sanglante et sont indomptables pour des créatures autres que les nazgûls -ou Sauron- et ne se laissent pas approcher. Mais Mormegil est une exception. Elle les selle sans aucune difficulté. L’un des chevaux tente de la mordre. Elle pose sa main à plat sur son encolure et l’animal tressaille sous l’effet d’une décharge électrique. Puis Mormegil appelle un dernier nom, plus doucement cette fois:

- Diablo, chucote-t-elle.

Un cheval magnifique apparaît alors: lui aussi entièrement noir, avec des yeux rouge vif et légèrement lumineux, au poil luisant, d’apparence un peu frêle et maigre mais en réalité fougueux et indomptable, et surtout la créature qui compte le plus pour Mormegil. Ce cheval s’approche d’elle et contrairement aux autres lui donne un petit coup de tête amical, sa façon de dire bonjour. Mormegil lui caresse la tête pendant quelques minutes, puis le panse un peu. Elle soigne deux ou trois plaies causées par les autres chevaux, qui essayent de prendre le dessus sur Diablo. Mais ce dernier reste le plus fort et le chef des chevaux. Puis Mormegil le selle aussi. Elle finit tout juste de lui attacher son mors quand les nazgûls arrivent. Sans un mot, chacun prend son cheval et monte dessus avant de quitter le Mordor, en direction de Minas Morgul.

          Le voyage se passe sans aucun souci. Dès qu’ils arrivent à la cité, le roi-sorcier demande à Mormegil de le suivre dans une salle pour lui parler:

- Mormegil, dit-il une fois la porte refermée derrière eux. C’est un grand honneur que le Seigneur des Ténèbres te fait. J’espère que tu en es consciente.

- Oui, acquiesce la jeune elfe.

- C’est pour cela que nous sommes ici: nous devons trouver un plan pour que tu puisses récupérer l’Anneau.

- D’accord.

- Ils sont très forts, tu as dû le remarquer. Notamment ce Rôdeur…

- Celui qui vous a vaincu?

Le roi-sorcier lève la tête vers elle. Mormegil sent ses yeux invisibles la transpercer et murmure en baissant soudain la tête:

- Pardonnez-moi.

Le roi-sorcier la fixe encore quelques secondes, puis reprend:

- Nous ne les aurons pas par la force. Mais la ruse sera ton alliée.

- Pardon? demande l’elfe, un peu perdue.

- Tu ne vas pas les attaquer, répète le nazgûl. Tu vas les rencontrer.

- Je ne suis pas sûre de comprendre…

Le grand nazgûl soupire, puis poursuit:

- Mormegil, dit-il d’un ton ferme, tu vas faire en sorte de les rencontrer. Comme tu es une elfe, tu ne devrais pas avoir trop de difficultés à les approcher sans qu’ils t’attaquent. Tu trouves un prétexte pour voyager avec eux et endormir leur méfiance, puis lorsqu’ils ne s’y attendront pas, tu prends l’Anneau et tu viens nous le rapporter. C’est clair?

- Oui, répond la jeune fille en tremblant un peu.

- Parfait. Quand tu te présenteras à eux, tu t’appelleras Lylwing. Et bien sûr, tu ne dois pas prononcer le moindre mot en langue noire tout le temps que tu seras avec eux. Compris?

- Oui, maître.

- Bien. Va te préparer, tu pars demain matin. 

   La jeune elfe sort, impatiente de partir...

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