Elfe des Ténèbres
C’est la nuit. Dans la forêt, tout est très calme. Soudain, un léger bruit de sabots retentit: un groupe de cavaliers approche entre les arbres. L’un d’entre eux porte dans ses bras un petit tas de couvertures. Au bout de quelques minutes, un petit cri se fait entendre. Le cavalier lâche les rênes de son cheval et sort des couvertures un petit bébé, qui ne semble pas avoir plus de quelques jours, et qui pleure.
- Chut, tout va bien, murmure la cavalière en elfique. Maman est là.
Elle commence à fredonner une berceuse pour calmer le nourrisson, mais ce dernier commence à crier plus fort. Soudain, le cavalier de tête se fige sur son cheval et lance après avoir écouté quelques instants:
- Ils nous ont retrouvés.
Les autres cavaliers sont instantanément figés par la peur. La femme finit par dire:
- Nous ne pourrons pas atteindre Fondcombe sans nous battre.
- Ma Dame, lui dit alors le cavalier qui se tenait à sa droite, partez en avant, le plus vite possible. Nous allons les arrêter.
- Hors de question. Je ne vous laisserai pas vous battre seuls. Ils vous tueraient.
- Nous acceptons de prendre ce risque, lui répondit le cavalier de tête. Arëalia ne doit pas tomber entre leur mains.
La femme contemple le nourrisson qui hurle maintenant à pleins poumons. Au bout d’un moment, et soupire et dit:
- Soit. Si cela peut nous permettre de la conduire en lieu sûr…
Les cavaliers se regroupent autour de la femme en un cercle serré. Tous ont peur. Le silence est pesant autour d’eux. Puis une branche craque, suivie d’une autre. Les cavaliers sortent un arc qu’ils bandent avec une vitesse stupéfiante. La femme serre le bébé contre elle. Un cri rauque retentit tout près d’eux, puis un autre de l’autre côté du chemin. Des grondements sourds viennent de partout et les encerclent.
Pendant un long moment, rien ne bouge. Puis la femme lance un ordre très bref en elfique et son cheval fait un bond en avant, laissant les autres cavaliers lutter contre un groupe de sombres créatures montées sur d’énormes loups. La cavalière galope à toute vitesse entre les arbres sans suivre le sentier. Derrière elle, un bruit de course se fait entendre. Elle jure entre ses dents. L’un de ses ennemis la suit! Elle presse son cheval, qui accélère l’allure, puis sort de la forêt. Là, elle force encore l’allure, sans oser se retourner. Le bébé pleure et crie de toutes ses forces. Mais la chose la suit toujours. Et elle refuse de la lâcher.
Au bout d’un moment, elle voit un cavalier foncer vers elle. Le bébé arrête de pleurer à son approche et essaye de se cacher. La cavalière comprend trop tard que ce cavalier solitaire veut la tuer. Son cheval hennit en s’effondrant au sol, la femme roule au sol en serrant le bébé contre elle, puis se relève et commence à courir. Le cavalier dégaine un poignard noir. La femme regarde autour d’elle, semble comprendre où elle se trouve, puis sort une trompe de sa cape et souffle dedans à pleins poumons. Le son de l’objet résonne dans les montagnes, autour d’elle. Puis elle se tourne vers le cavalier, complètement paniquée. Elle aperçoit un groupe de rocher qui pourrait lui servir d’abri, mais ils semblent trop loin pour qu’elle puisse les atteindre avant l’arrivée du cavalier. Elle s’élance tout de même, en courant à toute vitesse dans l’herbe douce, se rapproche des rochers… elle pense pouvoir y arriver…
Mais un choc de côté la fait tomber. Elle protège le bébé, mais sa tête heurte violemment une petite pierre au sol. Elle perd connaissance, assommée.
Un énorme loup s’approche d’elle. Son cavalier est hideux: immense et trapu, il possède des oreilles pointue et un visage couvert de cicatrices. Ses dents sont taillées en pointe et son bras droit a entièrement été remplacé par une prothèse métallique au bout de laquelle la main a été remplacée par une pique acérée. Son torse velu porte des traces de griffes, ses jambes immenses semblent avoir été taillées dans la pierre. Il sourit d’un air sadique. Son loup géant baisse la tête vers la femme inconsciente…
Mais l’animal ne finira jamais son geste. Une dague noire vient se planter dans son cou, le tuant net. Son cavalier n’a pas plus de chance. Sa tête tombe dans l’herbe, vite rejointe par le reste du corps. Une ombre noire glisse vers eux. Une silhouette encapuchonnée vêtue d’une longue cape noire s’approche. La créature visiblement démoniaque descend du dos de sa monture, un grand cheval noir, et s’abaisse à côté de la femme. Il ne dit rien. Quand il se redresse, il porte un petit tas de couvertures qui bougent légèrement. Il remonte sur son cheval et s’éloigne d’un pas tranquille vers le sud-est…