Les contes de l'Oie Saoule
Chapitre 11 : Les visiteurs du cellier
3572 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 27/02/2018 23:58
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A l’auberge de l’oie saoule…
Un large et austère hobbit pénétra sous les arches de grès d’un pas hésitant. On le héla d’étranges paroles mais d’un air amical. Cette auberge des Grandes Gens ressemblait au Dragon Vert de Lézeau, mais tout de même, quel nom étrange… l’Oie Saoule ! Il se hissa sur un tabouret. Les habitués firent des efforts pour le mettre à l’aise, mais cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas reçu un hobbit de la Comté. Aussi commanda-t-il son repas avec réticence et circonspection, sous les regards amusés, pendant que s’échangeaient autour de lui, d’étranges nouvelles d’un monde infiniment plus vaste que son horizon habituel.
Humant tout d’abord d’un air averti, la soupe poireaux-cartoufles qu’on lui servait, il se laissa tenter, puis s'abîma dans une déglutition, appliquée et répétitive, dont il sortit rassuré. Aussi se passa-t-il longtemps avant qu’il pensât jeter un nouveau regard autour de lui.
Maintenant qu'il était suffisamment rassasié pour apprécier la qualité des aliments, il prenait son temps. Le brouet de choux et le gigot aux haricots l’avaient conquis. Mais c’est la bière qui lui avait définitivement fait adopter l’endroit : tout-à-fait acceptable !
Aussi lorsque vint son tour de conter une histoire, il rassembla ses souvenirs d’enfance…
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Quelque part dans la Comté, il y a quelques années…
-« Vas-y ! »
Encouragée du geste par son frère, la petite Pimprenelle rampait parmi les joncs, imitant le renard en chasse. Si ses adorables petits membres potelés démontraient la proverbiale adresse hobbite, la môme n’en était tout de même qu’à sa première rapine. Ses couettes jaillissaient haut en panaches roux, dépassant de temps à autres des buissons, lorsque l’apprentie vide-gousset s’aventurait à jeter un coup d’œil bleu et téméraire vers sa future victime. Un dernier regard en arrière pour y puiser un peu de détermination - « Vas-y ! » - et la petite fille rampa entre les derniers iris.
Dans le lavoir devant elle, la vieille demoiselle Biglesec, l’air pincé et important, s’escrimait de son battoir vengeur sur le linge de son trousseau. La revêche commère l’avait patiemment brodé, au fil des années d’attente d’un prétendant toujours plus improbable. Elle ne laissait à personne d’autre le soin de rafraichir son linge précieux. De temps à autres, la soupçonneuse lavandière inspectait minutieusement sa broderie au crible des rayons matinaux, en maugréant quelque imprécation à l’adresse de quelque débiteur paresseux. Lorsque l’étoffe éclatait d’une virginale splendeur digne de sa respectable personne, la vieille Biglesec la tendait alors aux cordes pour y sécher.
Pimprenelle atteignit l’allée de dalles, silencieuse comme un matou en maraude, et se dissimula derrière le parapet. Du linge sec, soigneusement plié, y reposait à côté des bijoux de la pimbêche, qui les retirait pour travailler.
Tandis que l’avare et sévère blanchisseuse récitait ses avoirs au rythme de ses coups de battoir, l’agile fillette subtilisa une pièce de tulle. Elle allait repartir à quatre pattes, lorsqu’elle avisa une magnifique broche dorée qui avait appartenu à sa mère.
Le souvenir cuisant de sa Môman en pleurs devant l’intraitable huissier et le constable gêné, lui monta à la gorge, balayant tout doute et faisant taire tout remord. Cédant à l’irrésistible tentation, et envahie par un sentiment de vengeance justicière, elle s’empara du bijou et repartit en catimini.
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Une fois au sommet du vallon, elle exhiba victorieusement son butin. Son frère l’entraîna plus loin, à l’abri. Les triomphales louanges attendues se muèrent en récriminations acerbes :
- « Je t’avais dit, seulement la voilette ! La broche dorée n’est plus à Môman ! », la tança vertement son frère Padigar.
Leur père, Rudigar Bellosier[1], métayer de la vieille fille, n’avait pu payer sa redevance annuelle après une mauvaise récolte. Biglesec avait accepté le bijou de famille en gage, mais elle le portait ostensiblement, au grand dam de ses débiteurs, dont la métairie jouxtait le luxueux trou de la pimbêche.
-« Pôpa risque d’avoir de gros problèmes à cause de ça ! »
La petite éclata en sanglots, son visage poupon parsemé de taches de rousseurs, inondé des pleurs de l’injustice :
- « Mais la voilette aussi c’est à elle ! Et tu m’as dit de la prendre !
- On va la rendre ! On en a juste besoin ce matin ! »
Le regard d’azur voilé de la petiote se durcit, comme son implacable logique d’enfant détectait une faille dans l’argumentation de son aîné. Fronçant ses fins sourcils dorés et serrant ses petits poings, elle lança d’un air de défi :
- « Ben alors, y’a qu’à rendre la broche aussi ! Et Pôpa n’aura pas de gros blème !»
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Trop tard.
Un hululement de vieille chouette lésée dans son orgueil et dans son bien, monta de derrière la colline. La demoiselle Biglesec avait certainement découvert le vol. Padigar prit le tulle et la broche et courut vers le lavoir. La vieille dame fouillait rageusement ses linges, tâchant de rameuter le voisinage. Il n’était plus question de tout remettre en place subrepticement !
Poussé par une inspiration soudaine, Padigar s’approcha cependant un peu plus, demeurant dissimulé dans les ajoncs. Il brandit la broche, arma son bras et… plouf !
Le bijou plongea dans le lavoir, à quelques pieds du rebord où Pimprenelle l’avait pris.
La vieille buse cessa son tapage, sûre d’avoir détecté un bruit suspect. Son regard de pie, attiré par le reflet de l’or sous le clapot, s’alluma d’une lueur d’espoir.
Padigar renonça à rendre la voilette. Mais avant de s’éclipser, il eut la satisfaction d’apercevoir la vieille Biglesec pataugeant dans le lavoir, incertaine sur les pierres glissantes.
Alors qu’il s’éloignait pour rejoindre sa petite sœur, il entendit un « splash » retentissant, suivi d‘un délectable chapelet de grossièretés dont il ne comprit que la moitié.
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Avec de graves visages de conspirateurs, les deux enfants filaient le long d’une haie de coudriers, de buis et d’aubépines.
- « Tu comprends, il faut faire vite. Si on le récolte avant qu’un grand le trouve, ça fera un bon prix et on pourra aider Pôpa ! Quand il reviendra du Pays de Bree, il sera fier de nous. Et peut-être, plus tard, il pourra racheter la broche de Môman. »
Les petits hobbits se faufilèrent par combes et sous-bois, pondérant ces vastes enjeux avec l’espoir chevillé à l’âme, et parvinrent au Vieux Roi. Ce chêne séculaire trônait au centre d’une riante clairière peuplée de jeunes bouleaux tordus, comme autant de courtisans prompts à s’incliner devant leur souverain chenu. Le respectable tronc, décapité autrefois par un éclair, avait survécu et s’était regarni autour de son fût désormais largement évidé.
Les enfants déballèrent leur matériel et contemplèrent le trésor convoité : une superbe ruche sauvage, jeune fief industrieux niché dans le giron du Vieux Roi affable et désœuvré.
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Tout se déroula pour le mieux. Du reste, la lectrice ne devrait jamais douter de l’ingéniosité, de l’adresse et de la persévérance que peuvent déployer de jeunes hobbits devant de la nourriture, a fortiori une sucrerie.
La toile légère avait permis à Padigar d’opérer sans être inquiété, et c’est donc sans la moindre piqûre que les petits conquérants regagnèrent le village, porteurs d’une jarre pleine de miel et d’une ruche enfermée dans un sac de jute. Padigar tira un bon prix des abeilles mais ils conservèrent la jarre, qui ferait les délices de la famille réunie, lorsque Pôpa reviendrait de Bree.
La chance sourit même aux garnements : ils purent discrètement restituer la toile maculée de miel en la cachant sous le tas de broderies et d’habits mouillés jetés pêle-mêle dans le cellier, que leur métairie partageait avec le manoir de Demoiselle Biglesec[2]. Sans doute n’avait-elle pas pris le temps d’inspecter tous ses effets, dans son retour précipité au bercail…
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Anéantis par les émotions du jour, Pimprenelle et Padigar sombrèrent dans le sommeil des enfants, qui accorde l’oubli des épreuves sans en effacer les leçons, referme les plaies sans en ternir la gloire et restitue intacte au petit matin, la promesse candide et fébrile d’un nouveau jour ensoleillé.
Le lendemain Padigar avait imaginé un nouvel expédient, propre à soulager les travaux de leur chère Môman.
Car la pauvre mère Bellosier trimait, menant de front les rôles de camériste, cuisinière et couturière auprès de la vieille Biglesec, assurant de surcroît les lourds travaux de la métairie en l’absence de son époux, parti vendre deux bœufs à la foire de Bree. Ses travaux de couture avaient même fini par gâter sa vue.
Aussi son fils se sentait-il investi, en l’absence du père de famille, du rôle éminent de pourvoyeur de denrées pour la famille Bellosier.
D’où la brillante idée du jour. Alors qu’il négociait sa ruche, le père Mouloseille s’était plaint devant lui, devoir se rendre aux comices du gué pour la journée. Qu’allaient devenir les cerises précoces du vieux fermier, en pleine période de récolte ? Il fallait absolument éviter au vieux hobbit, une perte qu’il ne pouvait se permettre !
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Après un solide petit déjeuner, animé par les perpétuelles récriminations de l’irascible voisine, les enfants se munirent de quelques sacs et paniers, et s’éclipsèrent en plein champs.
A la fin de la matinée, ils avaient laissé à la porte du père Mouloseille, trois gros sacs de cerises glanées, en contrepartie desquels chaque enfant emportait un panier de fruits. Il est vrai que, pour faire le compte, Padigar avait dû quelque peu secouer les cerisiers, mais quelques fruits un peu verts ne gênent pas pour faire des confitures, n’est-ce pas ?
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La conscience parfaitement sereine malgré cette transaction imposée à son insu au vieux Mouloseille, les enfants s’en revenaient à la métairie, auréolés de la satisfaction du devoir accompli. Pimprenelle sautillait sur la sente en chantonnant des ritournelles, lorsqu’elle s’arrêta net. Elle recula de quelques pas et lança à son frère un regard d’effroi. Pâle comme un linge malgré ses adorables taches de rousseur, le petit visage anxieux semblait incapable d’inspirer. Padigar alarmé la secoua un peu. Pimprenelle reprit le souffle, mais pour déverser son trop-plein de cris et de pleurs.
Entre sanglots et hoquets, la petite hobbite désigna un cadavre d’oiseau, entre deux mottes près du chemin.
Padigar s’approcha. Une bergeronnette grise gisait l’aile étendue. Il s’apprêtait à débarrasser sa petite sœur de ce spectacle affligeant, lorsqu’il se rendit compte que l’oiseau était vivant. Un petit cri plaintif fit tressaillir Pimprenelle, qui passa immédiatement des hoquets d’effroi aux geignements de sympathie :
-« Le pauvre ! Pourquoi il ne vole plus ?
- Je crois qu’il a une aile cassée.
- Ouinnn ! Ça doit faire mal… Ouinnn ! Je veux pas… »
Padigar, décontenancé, ne comprenait pas pourquoi la petite, qui écrabouillait avec entrain les fourmis au rythme de ses comptines il y a un instant, fondait à présent d’amour pour un passereau blessé.
-« Ecoute, sois raisonnable ! Cela arrive, tu sais… Je vais t’expliquer. Tu aimes bien Pitouron, le chat de la vieille Biglesec ?
- Oui, il est tout doux…
- Il doit manger, lui aussi. Il attrape les souris et les ois…
- Ouinn ! Je veux pas que Pitouron mange le pauvre petit oiseau malade ! Ouinn… »
Padigar eut beau raisonner, consoler, câliner, user d’autorité, rien n’y fit – il dut ramener l’oiseau blessé.
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Les enfants installèrent la bergeronnette dans un panier, et dissimulèrent le tout au fond du cellier.
Pimprenelle fut chargée de la nourrir – les enfants doivent assumer leurs choix, avait doctement asséné son grand frère ! Malgré son dégout pour les choses visqueuses et rampantes, Pimprenelle ramena courageusement nombre de lombrics, blattes et cafards, dont le passereau fit bombance.
Après quelques jours, Padigar eut pitié de sa petite sœur. Il se procura – le Roi sait comment ![3] - une magnifique caisse peinte d’un beau rouge lisse, dans laquelle il fit élevage de blattes, les nourrissant de tous les restes de la vieille Biglesec.
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Quelques jours plus tard, Pimprenelle et Padigar sarclaient les plans de haricots de la métairie, lorsqu’ils virent un curieux bonhomme gravir le sentier et s’arrêter à leur niveau. Les enfants dévisagèrent le grand vieillard voûté, qui s’appuyait sur son bâton en leur jetant des regards inquisiteurs. Mais un sourire attendri et de fines ridules en pattes d’oie au bord des yeux, démentaient les sourcils courroucés sous le chapeau bleu au large bord.
-« Hé bien, ne salue-t-on pas un honnête vieillard qui a perdu son chemin ? »
Traversé par un mauvais pressentiment, Padigar se leva gauchement, tandis que Pimprenelle se cachait derrière lui, gardant un œil sur le curieux personnage.
-« Bien le bonjour à vous, Monsieur,… Monsieur comment, sauf votre respect ?
- Ne connais-tu pas mon nom ? »
Pimprenelle sortit son visage ingénu de derrière les basques de son frère :
- « Messire… Gandalf ? Le presti – agitateur ? »
Le magicien réprima un fin sourire satisfait – sa notoriété auprès des enfants lui importait plus qu’il ne voulait se l’avouer. Et à la réflexion, le qualificatif d’agitateur, un brin rebelle, ne lui déplaisait point…
-« Tout-à-fait ! Et à votre avis, qu’est-ce qui amène un agitateur à la métairie de la famille Bellosier, à deux pas de l’atelier du tonnelier Galabroc ? »
Padigar, le visage en feu, s’était soudain figé. Pimprenelle surprise regarda son frère se décomposer et tordre ses mains d’un air coupable.
- « Ne vous mêlez pas des affaires des agitateurs, car ils sont subtils et prompts à la colère ! », gronda le vieillard.
- « Je ne savais pas que cette belle caisse était à vous ! Je vais vous la rendre tout de suite !
- Tu savais en tout cas qu’elle ne t’appartenait pas, en la chipant dans la resserre de Galabroc ! Je la destine à mon cousin, un… agitateur lui aussi. Que dirait le père Bellosier, s’il apprenait que son fils vole ses voisins ? »
Bien vite la caisse magique rouge, marquée de la rune G, fut rendue à son propriétaire, le cramoisi de la honte marquant le front du petit hobbit.
-« Je reviendrai vérifier que Padigar et Pimprenelle Bellosier se comportent dignement et aident leur maman jusqu’au retour de leur papa, que j’ai croisé à Bree il y a trois jours ! Et si je ne suis point satisfait, je vous enverrai mon terrible cousin Radagast, qui me rend visite ces jours-ci !
- Mais c’est pas juste ! On aide Môman tout le temps ! Et la caisse c’était pour Griselda mon oiseau malade ! », lança le bout-de-choux, frémissant d’indignation du haut de son pied-et-demi.
Rien ne vaut une sincère et vigoureuse protestation enfantine pour ébranler un magicien, fût-il agitateur, en secouant un peu l’ordre de ses priorités. Il n’en montra rien, mais le vieillard se promit de garder un œil sur cette Griselda.
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Quelques jours plus tard, la situation dans le cellier virait à la catastrophe. En l’absence de la belle caisse étanche, des blattes se promenaient dans les rayonnages du cellier, se multipliant et s’attaquant à toute denrée mal protégée.
Les enfants luttaient désespérément contre l’invasion, nourrissant de leurs proies la bergeronnette convalescente. Déjà la demoiselle Biglesec s’était plainte que sa maison était mal tenue. Quant à leur mère, elle était si fatiguée qu’elle n’avait encore rien remarqué, mais il se passerait peu de temps avant que la métairie et le manoir ne fussent entièrement contaminés.
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Le magicien ouvrit la porte du cellier. Une blatte grosse comme l’ongle fila entre ses pieds. Gandalf se tourna vers son cousin d’un air gêné :
- C’est ici… Je crains qu’elles aient pris possession de l’endroit. Si vous pouviez y remédier…
La pupille enflammée, le magicien brun jaugea l’infestation d’un air sévère.
- « Et ben, l'on va les en chasser », dit-il d'un ton si dur que même son complice en frissonna.[4]
Gandalf, que cette farouche détermination inquiétait quelque peu, le vit s’éloigner à grand pas, farfouillant dans ses poches à la recherche de quelque élixir dont il avait le secret.
Perplexe, il s’assit sur la souche que le père Bellosier avait taillée en fauteuil et bourra sa pipe. Pimprenelle le rejoignit et glissa sa minuscule main dans le battoir calleux de son agitateur préféré. La petite moue tremblotante implorait le pèlerin gris du regard. Le magicien affectait un air confiant et serein, mais il se demandait quelle alarmante mesure de dernière extrémité son honorable parent pouvait concocter contre l’invasion de cafards. Quant à Padigar, il restait debout, le visage fermé et le regard sévère.
Quelques minutes plus tard, le cousin Radagast revint, l’air guilleret et combatif. Il semblait en grande conversation avec une boule ébouriffée de piquants, d’où sortait un petit nez pointu, qui se rétracta lorsque les enfants s’approchèrent.
-« Je vous présente Toupic ! C’est un brave et jeune hérisson, qui ne refusera pas de vous aider dans votre malheur, puisqu’il y gagnera une demeure. Il adore les blattes, les cafards, les lombrics et autres petits désagréments des foyers de hobbits. »
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Les enfants, d’abord émerveillés par l’ingéniosité du cousin Radagast, adoptèrent rapidement le petit hérisson, qui s’avéra propre, discret et sociable, à tel point qu’il s’insinua rapidement dans les bonnes grâces de Pitouron. Il mena une guerre sans merci à la moindre créature rampante et débarrassa rapidement le manoir et la métairie de ses commensaux indésirables. Il en devint le gardien silencieux et fidèle, œuvrant la nuit pour se reposer le jour.
Lorsque le père Bellosier revint, fort satisfait de sa longue course, il trouva un foyer apaisé et la vie put reprendre son cours insouciant.
La bergeronnette elle-même, requinquée par une liqueur de Radagast, avait regagné l’azur. Elle reparaissait de temps à autres, et ses retours ne manquaient jamais d’annoncer un heureux événement, comme la visite de certain agitateur.
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Quelques années plus tard, lorsque la vieille demoiselle Biglesec quitta ce monde, elle laissa un vaste héritage. A l’étonnement du voisinage, sa ferme fut léguée à ses métayers ! En outre elle attribua à Pimprenelle, en anticipation de son mariage, une magnifique broche dorée. Cette broche provenait du Sud lointain et représentait une cigale, insecte protecteur des foyers, inconnu dans la Comté. La plupart y voyaient une blatte, mais le bijou rappellerait à Pimprenelle pendant toute sa vie, le périlleux et délicieux temps de l’enfance.
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A l’auberge de l’Oie Saoule, sise à Thalion à quelques lieues de la Comté…
Le vieux hobbit Padigar savoura avec reconnaissance, cette bière dont les bulles remuaient de si savoureux souvenirs…
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NOTES
[1] Wickerfine
[2] Miss Harshblound
[3] Expression du quartier de l’Est, signifiant, que seul le Roi de jadis, auréolé de ses pouvoirs légendaires -juridiques, thaumaturgiques ou guerriers, qui sait - serait à même de découvrir comment le fait a pu se produire.
[4] Cette phrase était une contrainte imposée à l’histoire. En réalité c’est elle qui lui a donné naissance…