Les contes de l'Oie Saoule
L’embaumeur d'Umbar
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À l’auberge de l’oie saoule…
À Tharbad accostent parfois des navires de haute mer, qui remontent le Flot-Gris pour y vendre leurs marchandises. Il arrive donc que des capitaines au long cours fassent le trajet jusqu’à Thalion pour écouler leurs épices et négocier des balles de laine pour le retour.
C’est ainsi qu’un marin de Pelargir, un dur à cuire à la couenne tannée par les embruns, s’est échoué un soir à l’Enseigne de l’Oie Saoule. Il a vécu son content d’épreuves – lors de la dernière traversée, par exemple, l’équipage aurait repoussé deux attaques de pirates avant d’atteindre l’estuaire.
Un brin vantard, franchement cocardier et blasé de tout, le capitaine de vaisseau ne s’est guère fait prier pour conter une légende du Sud, telle qu’on la chuchote dans les chiourmes d’Umbar.
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Rade d’Umbar, il y a bien longtemps…
Portées par le reflux, les goélettes cinglaient vers le large. Le bâtiment amiral corna l’appel de reconnaissance des corsaires d’Umbar [1], pour saluer une galiote qui remorquait sa prise vers le marché aux esclaves.
Par brise de terre, le havre lâchait ses loups de mer vers les flots de Belfalas, à la conquête des navires marchands du Gondor. Des vaisseaux de toutes tailles accostaient, déchargeaient leur butin, se rendaient au radoub ou embarquaient des marchandises.
Des myriades de mouettes se chamaillaient, plongeant dans les eaux rougies de viscères près des étals de poisson. Chargé d’aromates et d’onguents de contrebande glanés sous le manteau, l’herboriste Zirzîgur arpentait le quai pour regagner la boutique, décochant des sourires enjôleurs aux filles du port et des saluts obséquieux aux matrones de la bourgeoisie marchande. Le bellâtre était connu pour prodiguer ses élixirs de jouvence et certaines faveurs à une clientèle féminine et aisée.
La porte de l’échoppe se referma sur la vie grouillante des quais surchauffés et ses violents effluves, reléguant sous le soleil de plomb, les plaintes des goélands et le brouhaha de la criée. Dans la calme et fraîche pénombre de la boutique, les poteries irisées, fidèlement alignées sur les étagères de bois précieux, rassuraient la clientèle par le luxe docte et discret de leurs enluminures médicinales. Le jeune homme verrouilla la porte et jeta alentours un regard voluptueux de parvenu.
Ce somptueux établissement, sa renommée, sa clientèle, tout cela lui appartiendrait désormais. Il lui importait surtout de perpétuer la fidélité d’un certain chalandage très sélect, avide des services occultes de l’officine.
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Le matin même, Zirzîgur avait trouvé son magister immobile dans son fauteuil de satin, aussi austère et parcheminé qu’une momie des catacombes d’An Karagmir [2]. Sur la table d’acajou, les dernières gouttes du remède du vieux despote finissaient de tourner au fond de sa timbale d’argent. À son âge, une erreur de dosage pouvait être fatale… sans doute le grigou décati avait-il confondu entre les préparations que Zirzîgur avait terminées la veille…
L’apprenti-embaumeur contempla le cadavre de son vieux maître avec une jubilation revancharde. Mais quelques rides d’inquiétude altérèrent son sourire moqueur et satisfait : mais oui, depuis ce matin, la dépouille semblait déjà en proie à la décomposition. Il fallait faire vite…
Zirzîgur allait devoir se surpasser et embaumer feu son maître avec tout l’art que le défunt lui avait enseigné. Les riches familles de souche númenoréenne, auxquelles le vieil apothicaire avait dispensé son expertise en onéreuses consultations privées, devaient être pleinement rassurées quant aux capacités du jeune praticien.
Car l’occulte tradition númenoréenne avait survécu à l’invasion gondorienne et au règne des descendants de Castamir : ses adeptes abusaient leur vie durant, des expédients de la pharmacopée et d’obscurs envoûtements pour contester au temps leur décrépitude. À l’approche de la mort, les plus pervertis succombaient même aux promesses d’une renaissance lointaine.
Aussi certains avaient-ils payé fort cher – et d’avance – les services illicites de l’embaumeur versé dans les savoirs ténébreux. Cette riche clientèle númenoréenne devait absolument reconnaître dans ce cadavre, rendu à la grâce de sa jeunesse, la preuve tranquillisante que leurs propres restes traverseraient les âges, pour espérer, un jour...
Zirzîgur transporta le corps au laboratoire et se mit à l’ouvrage…
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Quelques années plus tard…
Le séduisant jeune homme avait réussi au-delà de ses espérances. Dans la plénitude de sa virilité, il était devenu un praticien émérite et reconnu, ensorceleur et sûr de son art.
En sus de ses connaissances d'herboristerie et d'alchimie, son savoir s'était enrichi des arcanes de son vieux maître. Il avait trouvé les parchemins annotés de sa main experte, en forçant le tiroir secret du secrétaire où l'embaumeur avait caché son testament. Zirzîgur avait tout de suite compris qu'il valait mieux ne pas en approfondir l'origine. Quant au testament, un solvant de son cru et quelques habiles pattes de mouche avaient fait l’affaire…
Perfectionnant son enjôleuse faconde, il s'était de surcroît découvert un sens aigu de l'observation et un instinct politique sûr. Désormais officier d'honneur, le fringant Zirzîgur avait acheté à prix d'or la charge d'appariteur des pharmacies de bord de la flotte corsaire, clé de l'aristocratie navale et sésame des richissimes guildes de marchands.
Consacrant son entrée au sérail, les épouses d'amiraux l’avaient adoubé du nom gondorien de Meleithron [3], dont elles l’interpellaient familièrement. Les fantasques et onéreuses maîtresses des princes marchands, elles aussi, s'arrachaient ses services, le gratifiant d’utiles secrets d'alcôve et de gâteries exotiques. Les jours de bal, les dames défilaient dans son officine et Zirzîgur mettait un point d’honneur à garantir l’intimité et la confidentialité de chacune de ces visites.
L’embaumeur appréciait toutes ces femmes mûres comme autant de fleurs uniques à faire éclore, soigner, arroser ou retailler à l'occasion. À toutes, il promettait un éclat toujours renouvelé de leurs appâts. À chacune il prodiguait une attention exquise et raffinée, si fine, juste et personnelle, que la patiente, intimement comprise par le bel embaumeur, ravaudée par ses émollients et rassurée par son miroir, s'en retournait réconciliée avec son propre pouvoir de séduction.
Dans les cas incurables, Zirzîgur savait également manier avec parcimonie et bonheur le scalpel de son ancien maître, remodelant les chairs flasques en galbes veloutés.
Mais aux femmes les plus avides d'arrêter le temps, celles qui avaient épuisé les effets pourtant saisissants de ses brouets émaciants, de ses onguents vitalisants ou de ses philtres d'amour, Zirzîgur destinait ses prestations privées.
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Dans ces circonstances délicates, l’élégant embaumeur recourait à des techniques d’une plus grande complexité, qui exigeaient le doigté de l’homme du monde et un savoir multiséculaire patiemment assimilé.
Le rituel nécessitait la présence d’une jeune assistante avenante, vigoureuse et en pleine santé. D’ordinaire, une fille du port se prêtait complaisamment à la cérémonie. Parfois Zirzîgur achetait au marché aux esclaves, au comptoir franc de l’enclave suderonne [4], une fille saine et docile, qu’il rendait à la liberté une fois sa contribution achevée. Le profit n’empêchait pas un certain panache, au contraire !
La patiente et l’assistante faisaient tout d’abord l’objet d’une toilette rigoureuse et complète, de soins du corps raffinés et de massages relaxants très élaborés. Puis l’embaumeur administrait de subtils breuvages aux deux femmes, leur parlant avec douceur jusqu’à ce qu’elles glissent dans un sommeil sans rêve. Alors le personnel se retirait pour la phase la plus délicate du rituel.
Le lendemain, la patiente se réveillait alerte, vivifiée d’une énergie nouvelle, animée de sensations pétillantes de renouveau et de vitalité. Les petites douleurs sournoises, la paresse des organes, les fatigues chroniques, les sensations d’oppression, tout cela semblait évacué par un sang neuf. Les jours suivants, ses tissus se raffermissaient durablement, ses graisses superflues se drainaient harmonieusement, sa peau retrouvait un toucher satiné, sa chevelure flamboyait de reflets séduisants. Les discrètes cicatrices aux bras et au cou de la patiente disparaissaient bien vite, résorbées par un influx régénérateur et les soins attentifs du « magicien ». Et il arrivait que la dame, dans le feu de sa reconnaissance, expérimentât sur le champ sa séduction et son ardeur retrouvées.
L’assistante, quant à elle, bénéficiait également de soins, certes moins luxueux, mais qui permettaient de cautériser ses nombreuses plaies et de remédier aux vomissements et à la déshydratation. La fille, choisie jeune, retrouvait généralement la santé après quelques semaines d’abattement et de grande fatigue. Grassement payée, elle pouvait s’installer à son compte et sortir des bas-fonds. Meleithron s’achetait ainsi une bonne conscience, sous la forme d’un luxueux mécénat !
Zirzîgur régnait en maître de jouvence sur l’aristocratie d’Umbar et pas uniquement sur les femmes. Mais ses talents et ses revenus ne se limitaient pas à la beauté des vivants : dépositaire du savoir et des engagements de son maître desséché dans sa tombe, il dispensait à prix de mithril aux héritiers des Núménoréens Noirs, les soins posthumes que réclamaient leurs espoirs impies.
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Quelques années plus tard…
La veuve de l’amiral en chef Borazôr fit élever son confident Meleithron au rang d’adjudicateur du marché des électuaires auprès du Grand Conseil Corsaire, peu après ses cent cinquante et trois ans. Zirzîgur eut désormais la haute main sur les produits pharmaceutiques rarissimes et entreprit d’expérimenter les recettes que son ancien maître n’avait pas encore élucidées.
Certes, sa curiosité professionnelle le poussait à étudier les possibilités de ces techniques oubliées. Mais Zirzîgur commençait lui aussi à s’inquiéter de l’avenir.
Devenu un homme mûr, encore très séduisant, il avait gagné en autorité et en prestance. Le sang de Númenor coulait dans ses veines, ce qui, avec l’aide de quelques remèdes de son cru, lui conférait une grande longévité sous une apparence avenante. Mais il ressentait, par de nombreux signes encore infimes et une lassitude diffuse, qu’il devrait bientôt s’adonner à la panacée de son art pour se maintenir en forme.
Aussi poussa-t-il ses expérimentations. Bien sûr, la recherche alchimique et nécromantique occasionnait ici ou là quelques dommages collatéraux. Certaines assistantes perdirent leurs cheveux, parfois la vue ou l’usage de certains membres. Mais Zirzîgur, motivé et courageux, surpassa tous les obstacles, et, au hasard de transfusions expérimentales, il fit une découverte sensationnelle : les humeurs vitales d’un humain amoureux s’avéraient le plus puissant élixir de jouvence qu’on pût éprouver ! Il put même établir que le bénéfice thérapeutique se trouvait proportionné à l’intensité de cette passion !
Bientôt il n’osa plus employer les filles du port comme assistantes. Il dut, de plus en plus souvent, se fournir en auxiliaires de recherche au marché aux esclaves. Pour financer ces investissements, il revendit sous le manteau des organes et des cellules rares des assistantes qui ne survivaient pas. Le progrès du savoir et le succès ultime furent à ce prix.
Car Zirzîgur parvint au but et mit au point un procédé qui évitait le lourd appareillage de transfusion des humeurs vitales vers le patient. Cette avancée sans précédent permettait de stocker un élixir de haute vertu, qu’il vendit à prix d’or.
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Pendant près d’un demi-siècle, Zirzîgur brûla la chandelle par les deux bouts. Ses succès professionnels trouvèrent leur récompense dans un train de vie inouï et une vie sentimentale débridée, sous une apparence physique presque inchangée.
Pourtant, lorsqu’il atteignit l’âge auquel certains Dúnedain ressentent la lassitude de la vie, Zirzîgur commença à éprouver les contrecoups de ses excès, subissant les mille tracas des « vieux beaux » au bord du déclin.
Il advint qu’une nuit de débauche, il se laissa aller, par pure dérision et perversion, ou pour tromper ses angoisses, à envoûter et séduire l’une de ses clientes. Une femme riche et influente, mais inquiète, tenace… et grassouillette.
Il en vint à concevoir pour elle une répugnance d’autant plus pénible qu’il devait la ménager. La dame le harcelait de ses assiduités, mettant en péril sa réputation, le poussant à bout et exacerbant sa crainte du lendemain. Un soir qu’à contrecœur, il accordait à sa pesante compagne les attentions qu’elle lui avait réclamées avec force pleurs toute la journée, il eut une illumination !
Il termina la soirée avec plus de vigueur que d’ordinaire et la dame s’endormit comblée et confiante…
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Quelques jours plus tard, il accéda enfin aux suppliques de la passionaria et organisa, dans le secret le plus absolu, un rituel de revitalisation.
L’embaumeur et sa cliente s’astreignirent à une rigoureuse toilette, l’émaillant de quelques intermèdes grivois, sans qu’il fût permis à la dame d’assouvir ses appétits. La cliente se fit choyer, acceptant des douceurs exquises et des liqueurs capiteuses d’un air languide. Un massage administré par le maître lui-même la plongea dans une félicité cotonneuse.
Lorsque sa compagne fut prête pour le rituel, l’embaumeur installa son dispositif savant autour du corps engourdi, l’incisant avec adresse, posant des canules de verres et injectant ses subtiles mixtures.
Avec une satisfaction morbide et une impatience qu’avait alimenté une longue exaspération, l’embaumeur s’activa autour de la cliente dodue si profondément éprise. Lentement distillées, les humeurs de femme amoureuse, si bénéfiques au sujet de leur passion, gouttèrent dans un hanap de cristal que la belle avait offert à son idole. La dame inconsciente n’était plus une patiente, mais bien la victime du rituel. Le vase se remplissait doucement d’élixir, d’un fuchsia limpide.
Toute la nuit, l’embaumeur s’activa, tirant la quintessence de sa compagne en respectant point par point le protocole qu’il avait perfectionné. Il y eut bien une petite anicroche, mais elle lui permit d’assouvir une pulsion dominatrice et vengeresse.
La dame ouvrit fortuitement les yeux, revenant au niveau de conscience où l’on observe les événements comme hors de soi, d’un promontoire ouaté, sans affect ni sensation. Zirzîgur grimaça un sourire cruel, où elle lut toute sa haine, son besoin de revanche et une crainte de vieillir qui surpassait la sienne. Lorsque l’embaumeur lui administra un complément de sédatif, elle sut sa trahison, et dans le for intérieur de son âme trompée qui déjà s’envolait, elle voua son tortionnaire au remord éternel. Mais le rituel se poursuivit inexorablement, canalisant les humeurs vitales de l’impuissante victime.
Le lendemain, toute trace de la cérémonie avait disparu. Seul témoin du rituel abject, un hanap plein d’un fluide épais, reposait sur le bureau de l’embaumeur. La concentration exceptionnelle de l’élixir lui conférait un vermeil sombre et profond, dont l’éclat rappela à Zirzîgur l’étincelle lubrique qui allumait parfois la prunelle de feu sa replète propriétaire.
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Après une journée de jeûne, l’embaumeur porta la coupe de jouvence à ses lèvres. Secoué par la puissance extraordinaire du breuvage, il dut s’assoir et but lentement, laissant ses principes irradier jusqu’à l’extrémité de ses membres.
Avant de perdre connaissance, Zirzîgur trouva que le philtre avait un horrible arrière-goût de fiel, comme un relent de désillusion mortelle.
Ce ne fut qu’au tout dernier moment, à l’instant de quitter ce monde, qu’il réalisa que le rouge rubis n’était pas la couleur de l’amour, mais bien celle de la colère et de la vengeance…
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Quelques jours plus tard, sa jeune préparatrice trouva le vieux pervers étendu sur le sol, parcheminé comme un prince des Núménoréens d’An Karagmir. Elle contempla son crâne chauve, ses orbites creuses et ses membres squelettiques dans sa robe tissée d’or, avec un fin sourire, cruel et satisfait.
L’alchimiste avait été rattrapé par la marée du temps, que ses subtils onguents et puissantes mixtures avaient si longtemps endiguée !
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A l’auberge de l’oie saoule…
Le loup de mer, gros homme volubile qui illustrait ses propos de gestes évocateurs, promena un regard supérieur sur la salle commune. Un peu déçu, il constata que sa petite histoire n’avait pas confondu l’assistance d’horreur. Au contraire, un étrange sentiment de solidarité s’était insinué dans les cœurs, envers les victimes certes, mais aussi, d’une certaine manière, pour le jeune homme déchu.
Dans le nord également, les mensonges de Morgoth ont jeté dans l’âme des hommes, l’ombre de la peur et le refus de la mort. Chaque jour, les paysans de Thalion combattent par l’amour et l’amitié, les doutes rampant du fond des galgals.
Et sans doute l’accueillante auberge de l’Oie Saoule est-elle un de leurs refuges contre cette solitude.
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NOTES
[1] Umbar, principal port des Núménoréens en Terre du Milieu, protégé au fond d’une immense rade naturelle, loin au sud de Gondor. Au Troisième Âge, les Núménoréens Noirs pervertis avaient fait la guerre au Gondor, qui les avait soumis en TA 933. Plus tard, lors de la Lutte Fratricide, la rade s’était rangée aux côtés de l’usurpateur Castamir. Ses troupes vaincues avaient fini par se réfugier en Umbar en TA 1448, pour y fonder l’oligarchie des Corsaires, menant une guerre de course ou lançant des raids meurtriers le long des côtes de Gondor.
[2] Nécropole des princes Núménoréens Noirs de la rade d’Umbar, depuis la période impériale de Númenor au Second Âge, jusqu’au début du Troisième Âge. Les tombes sont situées dans une vallée désertique et sèche, à une dizaine de miles à l’est du port d’Umbar. Certaines familles d’ascendance númenoréenne payent des serviteurs pour entretenir et garder ces tombes. Une petite ville suderonne s’est développée près de l’oasis, à l’entrée de la vallée des morts.
[3] Equivalant Sindarin de l'Adûnaic Zirzîgur, qui signifie "magicien de l'amour" !
[4] Lorsque Gondor captura Umbar, les pratiques esclavagistes furent abolies. Plus tard, lorsque les fidèles de l’usurpateur Castamir se réfugièrent en Umbar, ils durent composer avec leurs alliés suderons. Une enclave indépendante leur fut donc accordée près du port, une zone franche où l’esclavage était admis.