Anna Tabris à Thedas et en Terre du milieu
Le lendemain, peu de temps après que le soleil se soit levé (ou la soleil comme le disent les elfes), Anna sortit de sa chambre dans le but de rencontrer le seigneur Elrond et de lui parler de son rêve. Elle voulait de lui des réponses. Elle avançait d’un pas vif dans les couloirs, se remettant en question car elle n’était pas sûre qu’il soit raisonnable de déranger le seigneur Elrond pour un rêve. Elle ne savait même pas si elle devait prendre ce cauchemar au sérieux. La jeune elfe ne voulait pas passer pour une enfant qui ne contrôlait pas ses rêveries, mais elle savait trop bien que les gardes des ombres rêvaient comme ça de leurs ennemis. Il ne s’agissait pas des engeances, pourtant elle ne pouvait pas avoir tout inventé. Il y avait des orques, mais Bilbon les avait suffisamment décrits pour qu’elle puisse les imaginer sans problème. Il restait pourtant ce grand œil de feu et celui là personne ne lui en avait parlé. Elle avait certes beaucoup d’imagination mais on n’invente pas à partir de rien. Anna avait l’esprit assez occupé pour ne pas se rendre conte qu’elle avait pris le mauvais couloir. Son pas était si rapide que l’on pouvait se demander si elle n’était pas plutôt en train de courir. Ses sourcils étaient froncés, « J’ai tout de même besoin de réponses » se disait-elle, quand soudain elle se cogna brutalement et recula de plusieurs pas. Elle ne s’était pas cognée contre le mur, car il ne s’agissait pas d’une surface dure, c’était plutôt contre quelqu’un que sa tête avait rebondit et elle demanda pardon avant même d’avoir vu le visage de la personne. C’était un grand elfe blond aux yeux bleus, qui se trouvait en face d’elle.
« Pardonnez moi, je ne vous avais pas remarquée, apparemment même à Imladris je dois être vigilant. » avait-il dit.
Les deux individus se regardèrent quelques secondes dans les yeux et s’examinaient de haut en bas, puis Anna prit la parole :
« Je vous reconnais ! S’exclama-elle en espérant ne pas se tromper car elle ne voulait surtout pas passer pour une idiote. Vous êtes l’elfe que j’ai rencontré dans une forêt, je n’étais alors qu’une enfant. Le grand elfe parut alors la reconnaître à son tour.
- En effet je vous reconnais moi aussi, mais vous étiez « encore » plus petite.» Répondit-il avec un léger sourire.
Il était vrai qu’Anna ne faisait qu’un mètre soixante, elle ne s’attarda donc pas sur sa manière d’insister sur ce sujet, histoire de ne pas en rajouter.
« Il me semble que vous vous appelez Legolas, si ma mémoire est bonne.
- C’est effectivement mon nom, Anna Tabris, Legolas Vertefeuille. Mais je suis curieux, quel âge avez-vous ?
- J’ai vingt-deux ans, mais dans mon monde, les elfes sont adultes à l’âge de dix-huit ans.
- Vous venez donc bien d’un autre monde, et comment êtes vous arrivée ici ?
-Je suis venue grâce à un miroir magique, vous en avez vu un morceau lors de notre première rencontre. Je suis arrivée il y a quatre mois environ et j’ai eu la chance d’être accueillie par le seigneur Elrond à Imladris et non par une araignée, bien que je n’en sois plus effrayée. Il est tout de même plus agréable de se réveiller dans un lit confortable plutôt que dans une forêt sombre et à l’air nauséabond. Et vous d’où venez vous ?
Legolas haussa un sourcil et répondit :
- Et bien je viens de la forêt noire, cette forêt que vous dites sombre et à l’air nauséabond… »
Il avait prit un faux air sévère, pour montrer que les propos d’Anna pouvaient être blessants.
« Enfin je parle du peu que j’ai vu. Reprit-elle, tentant de se rattraper aux basses branches tout en rougissant de honte et de gène. S’il y a des elfes qui y vivent, c’est que cette forêt doit être par endroit, un lieu fort charmant. »
L’elfe blond était amusé de constater qu’elle avait à ce point prit au sérieux son expression et à quelle vitesse les joues de la jeune elfe avait prit cette couleur rouge.
« C’est vrai que vous en avez eu un aperçu peu agréable. Dit-il en souriant. Prenez vous tout au pied de la lettre ? »
Anna comprit que le regard qu’il avait eu quelques secondes auparavant n’était qu’une pointe d’humour et remarqua également que ses joues chauffaient et que ça devait sûrement se voir.
« Euh…non…c’est juste que lorsque je ne connais pas bien une personne, je ne sais jamais sur quel pied danser. Et pourquoi êtes-vous donc venu à Imladris ?
- Je suis venu parler au seigneur Elrond.
- Moi aussi je cherche à lui parler. Dit-elle d’un air amusé par les coïncidences.
-Est ce grave ?
- Que mon affaire soit importante ou non elle n’est certainement pas urgente, en tout cas elle peut bien attendre quelques minutes si c’est ce que vous voulez savoir. A en juger par votre air, la vôtre d’affaire est sûrement plus pressante, allez venez, je peux vous y escorter si les couloirs vous sont inconnus.
- Puisque nos chemins doivent se croiser, j’accepte votre proposition. Avait-il répondu avec un sourire. »
Anna et Legolas commencèrent donc à marcher en direction de la pièce où se trouvait Elrond, tout en discutant. La jeune elfe se souvenait à présent que Bilbon lui avait parlé de la forêt noire et se sentit bien sotte de ne pas avoir fait le lien entre elle est la forêt où elle avait atterrit il y a quatorze ans. Elle fut également surprise d’apprendre que le roi Tranduil, que le vieux hobbit avait cité dans ses récits, était en fait le père de Legolas.
Une fois qu’ils furent arrivés devant la porte, Legolas entra et Anna attendit la fin de la discussion. Quelques minutes plus tard, l’elfe blond sortit de la pièce, salua celle qui patientait d’un hochement de tête et s’en alla. Ce fut donc au tour de la garde des ombres d’entrer. Elrond lui proposa de s’asseoir et lui demanda ce qui l’amenait. Anna lui raconta alors son rêve, tout en lui expliquant pourquoi elle ne pouvait le négliger et en évoquant également la capacité des gardes des ombres qui est de rêver de leur ennemis et donc de pouvoir prévoir leurs actes. Elrond lui intima de chasser ses cauchemars, en tout cas si elle le pouvait, et lui proposa de venir à un conseil qui aurait lieu le lendemain matin, car d’autres étaient venu chercher des réponses et qu’elles étaient toutes liées à cette prochaine réunion. Il demanda ensuite à la jeune elfe d’annoncer à quelques elfes en particulier, les préparatifs d’une fête pour Frodon Sacquet. D’après Gandalf, le courageux hobbit s’était enfin réveillé. Il méritait les honneurs et il avait sûrement faim. Il lui donna une liste de personne à inviter et la laissa quitter la pièce.
Anna alla alors accomplir sa mission. Elle constata qu’il avait beaucoup d’invités. Il y avait des elfes bien évidement, mais aussi des nains, des hommes et également les cinq hobbits qui se trouvaient dans la maison. Sa course avait déjà commencé depuis une heure lorsqu’elle s’arrêta devant une porte. Il s’agissait de la chambre de Legolas. Anna n’avait pas cessé de courir et elle n’était plus tout à fait présentable. Ses cheveux étaient emmêlés, son souffle était trop rapide et ses joues étaient rouges à cause de la chaleur. Elle prit donc une petite minute pour se reprendre, se replaça ses cheveux puis frappa à la porte que Legolas ouvrit. Anna eu d’abord du mal à trouver ses mots en le voyant. Il avait échangé sa tenue verte et brune avec une tunique argentée dont la coupe était très élégante. A présent on ne pouvait plus douter du fait qu’il était un prince elfe. La jeune elfe dû se concentrer pour pouvoir articuler correctement.
« Je…je suis chargée de vous annoncer que le seigneur Elrond vous invite à une fête qui aura lieu ce soir dans la grande salle.
- Je sais, le seigneur Elrond me l’avait dit lors de notre entretien. Avait-il répondu poliment.
- Ah…dans ce cas je retourne à ma course.
- Serez-vous présente ?
- Où ça ? avait-elle dit l’air bête.
- A la fête bien sûr.
- Ah euh…oui j’y serai.
- Dans ce cas, à tout à l’heure.
- Oui, à tout à l’heure. »
Anna reprit donc son chemin. Une demi-heure plus tard elle avait enfin terminé sa mission.
Le soir venu, elle retourna dans sa chambre pour se préparer lorsqu’elle se rendit compte qu’elle ne savait pas comment elle devait s’habiller. Devait-elle être dans une robe simple comme tous les jours ou devait-elle mettre une tenue de soirée ? Anna cherchait dans son armoire mais ne trouvait pas de vêtement approprié. Par chance, quelqu’un frappa à la porte et entra. Il s’agissait d’Arwen qui était vêtue d’une robe grise et douce. Au-dessus de son front, sa tête était couverte d’un bonnet de dentelle entrelacé de petites gemmes. Elle avait une autre robe pliée dans ses bras, ainsi qu’une petite boîte.
« Bonsoir Anna, je suis venu vous proposer une tenue pour ce soir. Dit-elle avec un sourire.
- Arwen, vous arrivez au bon moment. Je me demandais justement comment m’habiller. »
Arwen déplia la robe. Elle était faite d’un velours bleu turquoise avec de fines et délicates broderies au niveau du col et des manches. Anna l’enfila et constata qu’elle lui allait parfaitement bien. Elle lui donnait l’air d’une princesse. Ensuite, Arwen la fit s’asseoir et proposa à la jeune elfe de la coiffer. Anna la laissa faire et elle ne fut pas déçue. Ses cheveux avaient été tressés en épi de blé depuis le haut de son crâne et à chaque croisement Arwen y ajoutait une perle du même bleu que la robe. Au moment de terminer la coiffure, elle ouvrit la petite boîte qu’elle avait amenée. Il y avait dedans un diadème en argent blanc incrusté par endroit de petites pierres turquoise. Il était fin et délicat. Anna se regarda dans la glace et constata à quel point elle était belle et étincelante.
« Merci Arwen, je ne pensais pas que je pouvais être ainsi. Avait-elle dit avec émotion.
- Vous êtes belle naturellement Mellon, je n’ai fait que vous le montrer. »
Arwen lui offrit un sourire chaleureux et Anna lui répondit avec un sourire reconnaissant. La jeune elfe était très touchée par sa gentillesse et par ses mots. Elle avait dit « Mellon » se qui signifiait « ami » en elfique. Anna avait commencé à étudier cette langue et comprenait certains de ses mots. Arwen avait toujours été généreuse, douce et intentionnée, alors le mot « Mellon » était très approprié dans le cœur de la jeune elfe.
Arwen laissa ensuite Anna seule, après lui avoir rappelé que la soirée commençait dans la prochaine demi-heure. La jeune elfe prit alors son sac magique et commença à chercher. Une minute plus tard elle trouva enfin le flacon qu’elle avait acheté à son dernier anniversaire, le parfum de roses blanches. Elle s’en mit quelques gouttes sur le cou. Elle sortit ensuite de la chambre et trouva Hedi qui avait l’air de l’attendre. Il venait de prendre un bain et son pelage châtain avait à présent de magnifiques reflets blonds. Le mabari regardait Anna avec la gueule entrouverte tout comme ses yeux. Il avait l’air de se dire que sa maîtresse était bien jolie ce soir.
« Alors ce sera toi mon beau partenaire de soirée ? Avait-elle dit avec un sourire.
- (Aboiement joyeux et queue qui balance) »
Les deux amis se mirent ensuite à marcher, la sonnerie de nombreuses cloches appela les invités à la grande salle. Cette salle était pleine de gens comme s’y attendait Anna, mais elle ne voyait pas Bilbon, il était apparemment absent comme les autres semi-hommes. La jeune elfe alla alors à la rencontre de Gandalf qui s’était installé près du seigneur Elrond.
« Gandalf, avez-vous vu Bilbon ainsi que les autres hobbits ?
- Ne vous en faite pas, nous retrouverons Bilbon dans la salle du feu plus tard dans la soirée, mais ne dites rien à Frodon, car lui et les trois autres viennent d’arriver. Il s’agit là d’une surprise. Avait-il répondu avec un clin d’œil complice. »
Alors Anna s’assit près d’une table. Elle y jeta un œil et ne put résister à l’appel de tous ces plats qui avait l’air appétissant. Mais pour une fois elle ne se précipita pas pour manger, elle voulait rester élégante. Elle prit donc le temps de se servir et faisait attention à ne prendre que des petites bouchées.
« Puis-je m’assoir à côté de vous ? Demanda le prince de la forêt noire.
- Oui bien sûr. Avait-elle répondu entre deux fourchettes »
Malheureusement pour Legolas, qui se sentait l’esprit à la conversation, Anna avait l’air plus préoccupée par son assiette. En entrant dans la grande salle et en la voyant si belle, il avait eu envie de la complimenter. En plus de cela elle sentait très bon, pensait-il. Mais l’envie passa lorsqu’il constata qu’une heure après qu’il se soit assis, elle se resservait encore. Il mit du temps à trouver un sujet de conversation mais y parvint tout de même.
« On ne vous nourrit pas à Imladris ?
- Si, pourquoi cette question ?
- Je constate juste que vous avez de l’appétit, vous faites honneur à la cuisine d’ici en tout cas.
- Excusez moi, c’est parce que je suis une garde des ombres. Dans mon monde, les gardes des ombres sont ceux qui protègent le monde de l’engeance. C’est à peu près l’équivalent des orques de la terre du milieu. Pour devenir garde des ombres il faut passer une épreuve particulière et si on y survit, nous voyons certains changements se faire en nous, notamment un très gros appétit. Avait-elle répondu comme excuse.
- Et quel est donc cette épreuve ?
- Je ne suis pas sûre que cela se raconte pendant un repas. »
Par pur hasard le festin se termina à ce moment là, lorsqu’Elrond et Arwen s’étaient levés pour sortir de la salle.
« Le repas vient de se terminer. Fit remarquer Legolas l’air amusé par la coïncidence. »
Anna retira l’assiette qu’Hedi venait de terminer pour lui signaler qu’il était temps de s’arrêter. Le mabari avait sûrement mangé autant qu’elle. Tous les invités se levèrent à leur tour. Les portes furent grandes ouvertes, et tout le monde traversa un large couloir et passa par d’autres portes pour finalement arriver dans la salle du feu. Des ménestrels commencèrent à faire entendre une douce musique. Anna chercha Bilbon dans la salle et le vit de l’autre côté du feu, il avait l’air de dormir. C’est Elrond qui vint le réveiller. Frodon reconnu le vieux hobbit et bondit vers son oncle. Bien que la jeune elfe souhaitait saluer Bilbon et faire connaissance avec son neveu, elle les laissa à leurs retrouvailles, les présentations auront le temps de se faire plus tard. Elle s’assit tout de même sur une chaise non loin d’eux, Legolas se mit sur celle d’à côté et Hedi s’allongea aux pied de sa maîtresse. Anna se tourna ensuite vers l’elfe blond.
« Pour répondre à votre question, l’épreuve dont je parlais se nomme la cérémonie de l’Union. Le but est de boire un breuvage à base de sang d’engeance. Le sang d’engeance est un poison bien souvent mortel. Soit on meurt dans la souffrance, soit on survit et nous nous voyons acquérir certaines capacités.
- C’est un bien lourd tribu à payer, est ce que cela en vaut la peine ?
- Les gardes des ombres sont les seuls à réellement pouvoir vaincre l’engeance, en particulier les archidémons qui sont leurs chefs. Alors je pense que oui, cela en vaut la peine. »
Les souvenirs qu’avait Anna de son Union resurgirent. Elle se souvenait encore qu’elle et deux autres personnes avaient été désignées par le garde des ombres Duncan. Mais elle était la seule à avoir survécu à l’épreuve. Elle fut interrompue dans ses songes par Bilbon qui venait de l’appeler.
« J’ai besoin de vous Anna et de mon ami Dunadan pour terminer mon poème. D’ailleurs où se trouve-t-il ?
- On va vous le trouver. répondit Elrond. Vous vous retirerez dans un coin pour finir votre tâche, on entendra cela et on en jugera avant la fin de nos réjouissances.
- Quant à moi, vous savez que je suis meilleure interprète que poète. Ajouta Anna. Et vos vers sont souvent trop subtils pour moi.
- Et bien malgré tout ne vous défilez pas car vous serez certes l’interprète idéale.
- Alors je ferai de mon mieux.
Anna se rappela les difficultés qu’elle avait eu lorsqu’elle avait auparavant tenté d’aider le vieux hobbit dans l’écriture de ses vers. Il faisait souvent référence à des légendes de la terre du milieu et bien des noms étaient inconnus pour la jeune elfe. Elle se rappela également que c’est ce qui avait décidé Bilbon à lui apprendre autant de choses. Anna vit ses pensées de nouveau interrompues mais cette fois par une sensation étrange et désagréable. Une ombre était tombée et elle semblait provenir de Bilbon et de son neveu. Frodon avait sortit une chaîne où était suspendu un anneau. L’objet était à première vue normal mais il semblait à Anna qu’il était plus que ça, quelque chose de malsain était à l’œuvre. Quant à Bilbon, il semblait plus ridé, l’air avide et sa main osseuses se dirigeait vers l’anneau. La musique et les chants autour d’eux parurent défaillir, et un silence tomba. Puis le vieux hobbit regarda vivement le visage de Frodon et se passa la main sur les yeux.
« Je comprends maintenant, dit-il. Rentre-le ! Je regrette, je regrette que tu aies été chargé de ce fardeau ; je regrette tout. Les aventures n’ont-elle donc jamais de fin ? Je suppose que non. Quelqu’un d’autre doit poursuivre l’histoire. Enfin…il n’y a pas moyen de l’éviter. Je me demande s’il sert à quoi que ce soit de terminer mon livre. Mais ne nous en tourmentons pas pour le moment. »
Frodon cacha vite l’anneau, et l’ombre passa, laissant à peine une parcelle de souvenir. La lumière et la musique les environnèrent de nouveau.
« Frodon, je voulais te présenter mon amie Anna. Avait dit le vieux hobbit.
- Je suis Frodon, à votre service. Dit-il selon la bienséance.
- je suis enchantée de faire enfin votre connaissance, Bilbon m’a dit beaucoup de bien de vous. Répondit la jeune elfe.
- Anna est intéressée par la Comté, il faut dire que j’ai su attiser sa curiosité. Dit Bilbon fièrement. Racontes-nous les nouvelles du pays.
Frodon commença alors par relater les souvenirs qu’il avait de la Comté ces dernières années avec l’aide de Samsagace. Anna et Bilbon était tellement absorbés par les récits de Frodon et Sam qu’ils ne remarquèrent pas l’arrivée d’un homme habillé de drap vert foncé. Celui-ci resta plusieurs minutes à les contempler du dessus, un sourire sur le visage. Soudain, Bilbon leva la tête et Anna en fit autant. Elle reconnut l’homme brun qui était arrivé avec les hobbits, le soir même où Frodon fut amené à Imladris. Elle l’avait parfois croisé dans les couloir en compagnie d’Arwen. Ils avaient donc déjà été présentés, mais il avait donné à Anna un autre nom : Aragorn.
« Ah, vous voilà enfin, Dunadan ! s’écria-t-il.
- Grand-pas ! dit Frodon. Vous paraissez avoir beaucoup de noms.
- Et bien « Grand-pas » en est un que je n’avais encore jamais entendu, en tout cas, dit Bilbon. Pourquoi l’appelles-tu ainsi ?
- C’est le nom qu’on me donne à Bree, dit Grand-pas en riant, et celui sous lequel je lui ai été présenté.
- Et pourquoi l’appelles-tu Dunadan ? Demanda Frodon.
- Le Dunadan, dit Bilbon. On l’appelle souvent ainsi, ici. Mais je pensais que tu connaissais assez d’Elfique pour comprendre dun-adan : Homme de l’ouest, Numénorien. Mais ce n’est pas le moment des leçons ! Où avez-vous été, mon ami ? Pourquoi n’étiez-vous pas au festin ? La Dame Arwen était présente.
- Je sais, dit le Dunadan d’un air grave. Mais il me faut souvent écarter les réjouissances. Elladan et Elrohir sont revenus inopinément des terre sauvages, et ils avaient des nouvelles que je désirais entendre immédiatement.
- Eh bien, mon cher, dit Bilbon, maintenant que vous avez entendu ces nouvelles, ne pouvez vous me consacrer un moment ? J’ai besoin de votre aide pour une affaire urgente. Elrond dit qu’il faut terminer ma chanson avant la fin de la soirée, et je suis en panne. Anna l’interprétera ensuite, alors allons dans un coin pour la fignoler !
- Allez-y, alors, dit Grand-pas en souriant. Faites-la-nous entendre ! »
Anna se leva et suivit Bilbon et son ami, non sans jeter un œil à Legolas qu’elle avait laissé depuis plusieurs minutes pour écouter Frodon. Heureusement pour lui il avait trouvé quelqu’un d’autre avec qui parler. Quelques minutes plus tard les trois revinrent dans la salle du feu et Anna se mit à chanter les vers de Bilbon. Les auditeurs applaudirent les vers des deux poètes et la belle voix d’Anna. Le vieux hobbit avait finalement écrit les vers tout seul mais lui et Dunadan avait voulut faire croire aux elfes que le poème était leur réalisation commune. Il demandé alors aux elfes de deviner quels vers était de Bilbon et lesquels était ceux d’Aragorn. Anna s’empêchait de rire car évidement les autres elfes étaient sans réponse. Puis elle se rassit à côté de Legolas. Mais leur conversation ne reprit pas car un elfe s’était mis à chanter. C’est seulement lorsque le chant se termina que Legolas s’adressa à Anna :
« Vous avez une très belle voix.
- Merci. Avait-elle répondu flattée.
- Je suis curieux de l’entendre sur une chanson de votre monde.
- Je ne sais pas si j’en trouverais une au goût d’Imladris. »
A la surprise d’Anna, d’autres elfes avaient insisté pour l’entendre chanter à nouveau. Alors la jeune elfe prit quelques secondes pour réfléchir à une chanson de son monde. Elle songea à un chant qu’elle aimait écouter quand elle était mélancolique. Elle se leva, se plaça au milieu des invités et se mit à chanter :
« Fear not this night
Ne crains point cette nuit
You will not go astray
tu ne t’égarerasThough shadows fall
bien que les ombres tombentStill the stars find their way
les étoiles trouvent toujours leur voieAwaken from a quiet sleep
éveillé d’un sommeil paisibleHear the whispering of the wind
entends les murmures du ventAwaken as the silence grows
eveillé alors que le silence croîtIn the solitude of the night
dans la solitude de la nuit
Darkness spreads through all the land
entends l’obscurité à travers ces terresAnd your weary eyes open silently
et tes yeux fatigués s’ouvrent sans bruitSunsets have forsaken all
le couché du soleil a tout abandonnéThe most far off horizons
jusqu’aux horizons les plus lointainsNightmares come when shadows grow
les cauchemars viennent des ombres grandissantesEyes close and heartbeats slow
les yeux se ferment et les battements de cœur ralentissentFear not this night
ne crains point cette nuitYou will not go astray
tu ne t’égarerasThough shadows fall
bien que les ombres tombentStill the stars find their way
les étoiles trouvent toujours leur voieAnd you can always be strong
et tu peux toujours être fortLift your voice with the first light of dawnhausse ta voix avec les premières lueurs de l’aube
Dawn's just a heartbeat away
l’aube est juste à un battement de cœur au loinHope's just a sunrise away
l’espoir est juste à un lever de soleil au loinDistant sounds of melodies
le lointain son d’une mélodieCalling through the night to your heart
appelle ton Coeur à travers la nuitAuroras, mists, and echoes dance
les aurores, les brumes et les échos dansentIn the solitude of our life
dans la solitude de nos viesPleading, sighing arias
les arias implorent et gémissentGently grieving in captive misery
doucement et tristement dans la souffrance captiveDarkness sings a forlorn song
les ténèbres chantent un chant de désespoirYet our hope can still rise up
mais notre espoir qui perdure peut toujours se releverNightmares come when shadows roam
les cauchemars viennent des ombres errantesLift your voice, lift your hopehausse ta voie, grandis ton espoir
Fear not this night
ne crains point cette nuitYou will not go astray
tu ne t’égarerasThough shadows fall
bien que les ombres tombentStill the stars find their way
les étoiles trouvent toujours leur voie
And though the night sky's filled with blackness
Et à travers le ciel de la nuit emplie de noirceurFear not, rise up, call out and take my hand
N’aie crainte, lève-toi, appelle et prends ma main
Fear not this night
ne crains point cette nuitYou will not go astray
tu ne t’égarerasThough shadows fall
bien que les ombres tombent Still the stars find their way les étoiles trouvent toujours leur voie
Fear not this night
ne crains point cette nuitYou will not go astray
tu ne t’égarerasThough shadows fall
bien que les ombres tombentStill the stars find their way
les étoiles trouvent toujours leur voieAnd you can always be strong
et tu peux toujours être fortLift your voice with the first light of dawn
hausse ta voix avec les premières lueurs de l’aubeDawn's just a heartbeat away
l’aube est juste à un battement de cœur au loinHope's just a sunrise away
l’espoir est juste à un lever de soleil au loin »
Lorsqu’Anna cessa de chanter, il y eu d’abord un silence. Puis toutes les personnes présentes se mirent à applaudirent joyeusement et à la complimenter. La jeune elfe était très fière. Ces éloges étaient pour la ménestrelle la meilleure récompense qui soit. Elle reprit sa place sur la chaise mais ne resta pas encore très longtemps dans la salle du feu car elle commençait à être fatiguée et Hedi dormait déjà à ses pieds. Elle réveilla son ami, se leva et salua le reste des invités, leur souhaitant une bonne fin de soirée. Cette nuit là elle réussit tant bien que mal à chasser ses mauvais rêves.