Anna Tabris à Thedas et en Terre du milieu
Chapitre 4 : Le conseil d’Elrond.
Anna se réveilla de bonne humeur le lendemain matin. Elle s’habilla et se coiffa puis alla se promener dans la vallée en attendant l’heure du conseil. Quelques minutes plus tard on entendit une cloche sonner, signalant qu’il était temps d’y aller. Une fois arrivée au point de rendez-vous, elle se mit sur une chaise. Lorsque tout le monde fut installé et que chaque invité fut présenté, le conseil put commencer.
Parmi les invités il y en avait certains que la jeune elfe connaissait déjà. Gandalf était là, tout comme Frodon et Bilbon, ainsi qu’Aragorn et Legolas. Il y en avait d’autre qu’elle avait seulement aperçut ; un nain du nom de Gloïn, qui était un ancien compagnon de Bilbon et de Gandalf, et également son fils Gimli, Glorfindel et Erestor, conseillers de la maison d’Elrond, Galdor, des havres gris et enfin était à part un homme de haute taille au beau et noble visage, aux cheveux bruns, aux yeux gris et au regard fier et grave. Il se nommait Boromir.
Beaucoup de chose furent dites lors de ce conseil. Il fut beaucoup question des événements du monde extérieur. Surtout dans le sud et dans les vastes régions à l’Est des montagnes. Anna y apprit beaucoup de choses et arrivait à comprendre une grande partie de ce qui fut raconté grâce à l’apprentissage de Bilbon. Elle en avait retenu le plus important :
D’après Gloïn, les nains Balin, Ori et Oïn étaient allés dans la Moria en quêtes de nouvelles richesses. Ils avaient considérés qu’à présent ils étaient suffisamment forts pour retourner dans ces lieux qu’on disait trop dangereux et sombres. C’était il y a trente ans de cela. Au début il y avait des bonnes nouvelles qui provenaient de la Moria une fois qu’ils s’y installèrent. Mais un jour les nouvelles cessèrent tout simplement. Et puis il y a un an environ un messager arriva. Le Seigneur de ténèbres, Sauron souhaitait s’allier aux nains en échange d’anneaux. Le messager demanda également des informations sur les hobbits, car Sauron savait que l’un d’eux leur avait été connu. Le seigneur ténébreux l’accusait de voleur car il lui avait volé un anneau. Il les menaçait de mauvaises choses si les nains ne donnaient pas de réponse positive. Ils ne répondirent pas mais à deux reprises le messager était revenu les harceler, repartant toujours sans réponse. La troisième et dernière fois ne tarderait pas. Le nain était donc venu prévenir Bilbon, car il était le hobbit recherché. Gloïn était aussi venu apprendre, s’il était possible, pourquoi Sauron désirait cet anneau.
« Vous avez bien fait de venir, dit Elrond. Vous entendrez aujourd’hui tout ce qu’il vous est nécessaire de savoir pour comprendre les desseins de l’Ennemi. Il n’est d’autre possibilité pour vous que de résister, avec ou sans espoir. Mais vous n’êtes pas seuls. Vous apprendrez que vos difficultés ne sont que partie des difficultés de tout le monde occidental. L’Anneau ! Que ferons-nous de l’Anneau, ce moindre des anneaux, cette bagatelle dont Sauron s’est entiché ? C’est le destin que nous devons considérer. Voilà la raison pour laquelle vous êtes rassemblés. Rassemblés, dis-je, bien que je ne vous aie pas convoqués, étrangers de terres lointaines. Vous êtes venus et vous vous êtes rencontrés ici, à point nommé, par hasard, pourrait-il sembler. Mais il n’en est pas ainsi. Croyez plutôt qu’il en est ainsi ordonné, que nous, qui siégeons ici, et nuls autres, devons maintenant trouver une ligne de conduite pour répondre au péril du monde. Maintenant donc seront ouvertement révélées des choses qui sont restées cachées à tous, hormis quelques-uns, jusqu’à ce jour. Et tout d’abord, afin que tous puissent comprendre quel est le péril, l’histoire de l’anneau sera dite du début jusqu’à ce jour même. Et c’est moi qui commencerait le récit que d’autres termineront. »
Elrond commença alors son histoire. Il parla des forgerons-elfes d’Eregion, de leurs rapports amicaux avec la Moria et de leur soif de savoir, grâce à laquelle Sauron les enjôla. Car en ce temps il n’était pas mauvais d’apparence ; ils reçurent son aide et devinrent puissants dans leur art, tandis que lui apprenait tous leurs secrets, les trompait et forgeait secrètement dans la montagne de feu l’Anneau Unique pour être leur maître. Mais Celebrimbor l’avait percé à jour, et il cacha les trois qu’il avait fabriqué ; et il y eut la guerre, le pays fut dévasté et la porte de la Moria fut fermée.
Alors tout au long des années qui suivirent, il chercha la piste de l’anneau ; mais cette histoire étant rapporté ailleurs, et Elrond lui-même l’ayant consignée dans ses livres d’archives, nous ne la rappellerons pas ici. Car c’est une longue histoire, pleine de grands et terribles faits, et, si brièvement qu’Elrond parlât, le soleil montait dans le ciel et le matin était presque à son terme quand il se tut.
Il parla ensuite de L'ultime alliance des Hommes et des Elfes qui entra en guerre contre les armées du Mordor. Ils se battèrent pour libérer la Terre Du Milieu. Elrond y était et se rappelait alors de la splendeur de leurs bannières.
« J’ai vu le dernier combat sur les pentes de l’Orodruin, où mourut Gill-galad et Elendil, Narsil brisée sous lui ; mais Sauron lui-même fut renversé, et Isildur trancha l’Anneau de son doigt avec le tronçon de l’épée de son père et le prit pour lui. »
A ces mots, Boromir intervint :
« Voilà donc ce qu’il advint de l’Anneau ! s’écria-t-il. Si jamais pareil récit fut fait dans le sud, il est oublié depuis longtemps. J’ai entendu parler du grand Anneau, de celui que l’on ne nomme pas ; mais nous pensions qu’il avait disparu du monde dans la ruine de son premier royaume. Isildur le prit ! Voilà certes une nouvelle.
- Hélas, oui, dit Elrond. Isildur le prit, comme il n’aurait pas dû être. L’Anneau eût dû être jeté au feu d’Oradruin, tout près de l’endroit où il fut fabriqué. Mais peu nombreux furent ceux qui remarquèrent l’acte d’Isildur. Lui seul se tenait près de son père en ce dernier combat mortel ; et près de Gil-galad, seuls se trouvaient Cîrdan et moi-même. Mais Isildur ne voulait pas écouter notre conseil. Ainsi que nous le voulions ou non, il le prit pour le conserver précieusement. Mais bientôt l’Anneau l’entraîna dans la mort ; c’est pourquoi il est nommé dans le nord le fléau d’Isildur. C’est seulement au nord que vinrent ces nouvelles, et seulement à peu d’entre nous. Du désastre des champs aux Iris, où périt Isildur, en revinrent que trois hommes. L’un deux était l’écuyer d’Isildur qui portait les fragments de l’épée d’Elendil ; et il les remit à Valendil, l’héritier d’Isildur, qui était resté à Fondcombe. Mais Narsil était brisée et sa lumière éteinte, et elle n’a point encore été reforgée. Sauron fut diminué, mais non détruit. Son anneau était perdu, mais non défait. La tour sombre était démolie, mais les fondations n’en étaient pas effacées ; car elles avaient été faites par le pouvoir de l’Anneau et tant qu’il reste, elles demeureront. Jamais plus il n’y aura pareille ligue d’Elfe et d’Homme ; les Homme se multiplient, alors que les premiers-nés diminuent, et les deux familles sont aliénées. Et depuis ce jour, la race de Nûmenor a diminué. Dans le Sud, le royaume de Gondor dura longtemps ; et sa splendeur s’accrue pendant une période, rappelant en quelque façon la puissance de Nûmenor, avant sa chute. Mais dans l’usure des rapides années de la Terre du Milieu, l’arbre blanc du Gondor se dessécha, et le sang d’hommes moindres se mêla à celui des Nûménoréens. Alors la garde sur les murs de Mordor se relâcha, et des choses sombres revinrent à Gorgoroth. A un moment les choses mauvaises s’avancèrent ; elles prirent Minas Ithil, où elles s’établirent, la transformant en lieu de terreur ; on l’appelle à présent Minas Morgul, la tour de la sorcellerie. Puis Minas Anor fut rebaptisée Minas Tirith, ma tour de garde ; et ces deux cités étaient toujours en guerre, mais Osgiliath qui était située entre les deux fut déserté et dans ses ruines se promenèrent des ombres. Ainsi en a-t-il été durant maintes générations. Mais les Seigneurs de Minas Tirith continuent de se battre, défiant nos ennemis, gardant le passage de la rivière, d’Argonath à la mer. Et maintenant cette partie de l’histoire que je vous conte touche à sa fin. A notre grand chagrin, l’Unique a été trouvé. D’autres parlerons de sa découverte, car je n’ai joué qu’un très petit rôle.
- Permettez-moi, Maître Elrond, déclara Boromir, d’en dire d’avantage sur le Gondor ; car, en vérité, c’est du Pays de Gondor que je viens. Et il serait bon que tous sachent ce qui s’y passe. Car peu nombreux, je crois, sont ceux qui connaissent nos actions et qui, par conséquent, peuvent deviner le péril où ils seront au cas où nous échouerions en fin de compte. Ne croyez pas qu’au Pays de Gondor le sang de Nûmenor soit épuisé, ni que toute sa fierté et sa dignité soit oubliées. Par notre valeur, les gens de l’Est sont encore réfrénés et la terreur de Morgul tenue aux abois ; et c’est ainsi seulement que la paix et la liberté sont assurés aux terres qui sont derrières nous, rempart de l’ouest. Mais si les passages de la rivière étaient conquis, que se passerait-il alors ?
Et pourtant, cette heure pourrait bien ne plus être éloignée. L’Ennemi sans nom s’est de nouveau mit en branle. La fumée s’élève une fois de plus de l’Oradruin, que nous appelons Montagne du destin. Le pouvoir de la Terre Noire s’accroît, et nous sommes serrés de près. Au retour de l’Ennemi, les nôtres furent repoussés d’Ithilien, notre beau domaine à L’est de la rivière, encore que nous y ayons gardé une tête de pont et une force armée.
En cette heure néfaste, j’ai parcouru bien des lieues périlleuses pour venir en mission auprès d’Elrond : cent dix jours ai-je voyagé tout seul. Mais je ne cherche pas d’allier pour la guerre. La puissance d’Elrond réside dans la sagesse, non dans les armes dit-on. Je suis venu demander conseil et l’éclaircissement de paroles dures. Car à la veille du soudain assaut, un songe est venu à mon frère dans un sommeil troublé ; et après, un rêve semblable lui est venu à plusieurs reprises, et une fois à moi-même. Dans ce rêve, j’avais l’impression que le ciel s’assombrissait à l’est, que le tonnerre grondait de façon croissante, mais à l’ouest s’attardait une pâle lumière, et de cette lumière sortait une voix, lointaine mais claire, qui me criait :
Cherche l’épée qui fut brisée :
A Imladris elle se trouve ;
Des conseils seront pris
Plus fort que les charmes de Morgul.
Un signe sera montré
Que le destin est proche,
Car le Fléau d’Isildur se réveillera,
Et le semi-Homme se dressera. »
En entendant ces paroles, Anna songea que finalement elle n’était pas la seule à faire des rêves étranges. Dans la Terre du Milieu, les pensées de la nuit étaient presque aussi importantes que les faits du monde matériel.
« Ici, dans la maison d’Elrond, davantage de clartés vous seront fournies, dit Aragorn, se levant. »
Il jeta son épée sur la table qui se trouvait devant Elrond, et la lame était en deux morceaux.
« Voici l’épée qui fut brisée, dit-il.
- Et bien qui êtes vous, et quel rapport avez-vous avec Minas Tirith ? Demanda Boromir étonné.
- C’est Aragorn, fils d’Arathorn, dit Elrond, et il descend par maints ancêtres d’Isildur, le fils d’Elendil de Minas Ithil. Il est le chef des Dunedains dans le Nord, et peu nombreux sont les descendants de cette lignée.
- Alors c’est à vous qu’il appartient, et nullement à moi ! S’écria Frodon.
- Il n’appartient à aucun de nous, dit Aragorn ; mais il a été ordonné que vous le gardiez quelque temps.
- montrez l’Anneau, Frodon ! dit Gandalf d’un ton solennel. Le moment est venu. Tenez-le en vue, et Boromir comprendra le reste de son énigme. »
Frodon montra donc l’Anneau. C’était un bel anneau. Anna le trouvait à la fois attirant et repoussant. C’était étrange car habituellement elle n’était pas attirée par les bijoux et encore moins par un anneau aussi simple d’apparence.
« Voyez le fléau d’Isildur, dit Elrond.
- Le semi-Homme ! murmura Boromir les yeux étincelant. Le destin de Minas Tirith est-il donc enfin venu ? Mais pourquoi alors nous faut-il chercher une épée brisée ?
- Les mots exacts n’étaient pas le destin de Minas Tirith, dit Aragorn. Mais un destin et de grands faits sont en vérité proches. Car l’épée qui fut brisée est celle d’Elendil qui se brisa sous lui quand il tomba. Elle a été conservée précieusement par ses héritiers alors que tous autres biens de famille étaient perdus ; car il était de tradition chez nous qu’elle serait refaite quand l’Anneau, fléau d’Isildur, serait trouvé. Maintenant que vous avez vu l’épée que vous cherchiez, que demanderiez-vous ? Souhaitez-vous que la maison d’Elendil retourne au Pays de Gondor ?
- Je n’ai pas été envoyé pour demander aucune faveur, mais seulement pour chercher l’explication d’une énigme, répondit fièrement Boromir. Mais nous sommes durement pressés, et l’épée d’Elendil serait une aide dépassant nos espérances, si tant est que pareil objet puisse effectivement revenir des ombres du passé. »
Il regarda de nouveau Aragorn, et le doute se lisait dans ses yeux.
« J’excuse votre doute, dit le Dunadan. Je ressemble peu aux personnes d’Elendil et d’Isildur telles qu’on les voit sculptées en majesté dans les salles de Denethor. Je suis l’héritier d’Isildur et non Isildur lui-même.
- Le fléau d’Isildur a été trouvé, dites-vous, répliqua Boromir. J’ai vu un anneau brillant dans la main du semi-homme ; mais Isildur périt avant le commencement de cette ère du monde, dit-on. Comment les sages savent-ils que cet anneau est le sien ? Et comment a-t-il été transmis au cours des ans, jusqu’au moment où il a été apporté ici par un si étrange messager ?
- Ce sera expliqué, répondit Elrond.
- Mais pas encore, je vous en supplie, Maître ! dit Bilbon. Déjà le soleil monte vers le midi, et j’ai besoin de quelque chose pour me fortifier.
- Dans ce cas, je souhaiterais à mon tour prendre la parole, si le seigneur Elrond me le permet. Dit Anna.
- Vous pouvez parler, car votre révélation est liée à toute notre histoire.
- Et bien tout d’abord, sachez que je ne viens pas de la terre du milieu. Je viens d’un autre monde, que je nomme Thedas, à la fois différent et semblable à celui-ci. Je suis arrivée ici par magie, mais je ne saurais vous l’expliquer car moi-même j’en ignore les secrets. Là-bas il n’y a pas ces ennemis dont vous parlez et je n’avais jamais entendu parler de Sauron avant aujourd’hui. Mais il y a tout de même des créatures maléfiques, notamment les engeances. Contre ces monstres s’opposent les gardes des ombres, des hommes et des femmes de chaque race qui se battent contre ces créatures. J’en fais moi-même partie depuis plusieurs années déjà. »
Certains ne purent cacher leur étonnement et leur intérêt, bien qu’ils ne comprenaient pas le rapport avec le thème du conseil. Anna leur expliqua le passage de l’union, évoquant le fait que suite à cet événement, le garde des ombres se trouvait changé.
« Après l’union, notre corps et notre esprit change. Maître Elrond l’a peut être constaté lorsque je suis arrivée à Imladris. J’étais en sang car je venais de vivre de rudes épreuves face à mes ennemis. N’avez-vous point trouvé mon sang étrange lorsque vous m’avez soignée ? Car même ça nature est devenue différente des autres.
- Si en effet, bien que je vous en ai pas parlé, car peut être était-ce normal pour les gens de Thedas, me suis-je dit. Je ne puis pourtant pas décrire cette étrangeté car elle ne se voyait pas, elle se ressentait, répondit Elrond.
- Pour en venir aux faits, les gardes des ombres acquièrent également certaines capacités. L’une d’elle étant de rêver de ses ennemis, car il existe une connexion entre nous et l’engeance. La nuit de la veille, j’ai fait un rêve du même genre. Mais à la place de voir des engeances, j’ai vu ce qui m’a semblé être, en tout cas d’après la description de Bilbon, des orques. Mais ce n’était pas le plus inquiétant. Au loin je voyais une grande tour noire, peut être celle que vous avez énoncée, dit Anna à Elrond. Juste au-dessus de cette tour, se trouvait un grand œil de feu sans paupière. Il me regardait et me parlait. Je te vois m’avait-il dit. Et alors je me suis réveillée. »
Certaines personnes qui avaient entendu le récit d’Anna eurent comme un frisson. Contrairement à la jeune elfe, ils semblaient avoir compris quelque chose à ce rêve. Ils avaient l’air inquiet.
-Vous avez rêvé de Sauron lui-même, car aujourd’hui il a effectivement la forme d’une tour sombre avec le grand œil de feu. Alors est-ce une vision ou pensez vous qu’il y a cette connexion entre vous et les serviteurs du seigneur des ténèbres ? avait demandé Gandalf.
- Non je ne crois pas qu’il y ait une connexion. Je pense qu’en Terre du milieu les rêves ont beaucoup d’importance. J’en suis même certaine depuis que Boromir a parlé de son rêve. De plus lorsqu’un garde des ombres rêve des engeances, il a l’impression d’être dans leur peau, comme si il était l’un des leurs. Or cette fois-ci ce n’était pas le cas. je pense donc qu’il s’agit d’une vision.
- Temps mieux, peut être vous aurait-il vraiment vu si il avait s’agit d’une connexion. D’après ce que vous dites, vous avez fait ce rêve peu de temps après que Frodon et l’Anneau furent arrivés à Fondcombe, est-ce un hasard ? Peut être que nous ne le saurons jamais, dit Gandalf. Les preuves que cette Anneau est bien celui du seigneur des Ténèbres s’accumulent.
- A présent c’est à vous Bilbon de nous raconter votre histoire. Et si vous ne l’avez pas encore mise en vers, vous pouvez le dire en mots simples. Plus votre récit sera bref, plus tôt vous pourrez vous restaurer.
- Très bien, dit Bilbon. Je vais faire comme vous le demandez. Mais je vais maintenant dire l’histoire véritable, et si certains qui sont ici m’ont entendu donner une autre version (il lança un regard en biais à Gloïn), je les prie de l’oublier et de me pardonner. Je n’avais que le désir de revendiquer le trésor comme ma propriété personnelle en ce temps-là et me défaire du nom de voleur qui m’avait été accolé. Mais peut-être que je comprends un peu mieux les choses à présent. En tout cas voici ce qui s’est passé. »
Bilbon raconta alors son histoire. C’était lorsqu’il était parti pour Erebor avec les nains et Gandalf, il y a déjà bien des années de cela. A un moment donné il s’était trouvé seul en tentant de s’enfuir lorsque des Gobelins les avaient capturés. Il était dans le noir dans les monts brumeux près d’un lac et il tâtonnait pour se retrouver. C’est ainsi qu’il trouva l’anneau qu’il mit dans sa poche. Peu après il rencontra Gollum. Ce dernier, affamé, proposa un jeu d'énigmes à Bilbon. Si Bilbon échouait, Gollum pourrait le manger, mais si lui-même échouait, il devait lui montrer le chemin de sortie des Monts Brumeux. Finalement, Bilbon remporta le jeu en posant la question « Qu'ai-je dans ma poche ? », question à laquelle Gollum ne put répondre. Cependant, Gollum n'avait pas l'intention de tenir sa promesse. Il demanda alors d’aller récupérer son trésor (qui était en fait l’anneau) sur son île. Il s'aperçut alors que l'Anneau avait disparu de sa cachette et comprit que c'était l'objet que détenait Bilbon dans sa poche. Il retourna vers Bilbon avec l'intention de le tuer mais passa devant lui sans le voir, Bilbon ayant passé l'Anneau à son doigt. Il remonta alors vers la porte de la caverne des Gobelins, persuadé que Bilbon se dirigeait dans cette direction sans se douter que celui-ci le suivait, invisible. Gollum montra ainsi, à son insu, la sortie des cavernes à Bilbon. Le vieux hobbit était donc resté en possession de cet anneau depuis ce jour jusqu’à son cent-onzième anniversaire où il le donna à Frodon.
Puis ce fut à Frodon de raconter tout ce qui concernait l’Anneau depuis Hobbitebourg jusqu’au gué de Bruinen. C’est ainsi qu’Anna entendit parler des cavaliers noirs, des serviteurs de Sauron.
On demanda ensuite à Gandalf de parler d’avantage des preuves qu’il avait eu sur l’identité de l’Anneau et expliquer l’absence d’un autre magicien du nom de Saroumane. Alors Gandalf parla des recherches qu’il avait faites sur Isildur et sa découverte de l’Anneau. Il parla d’inscription sur cet Anneau que seul le feu pouvait révéler. Il cita les mots :
« Ahs nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, ash nazg thrakatulûk agh bruzum-ishi krimpatil. »
Le changement dans la voix du magicien était saisissant. Elle s’était soudain faite menaçante, puissante, dure comme la pierre. Anna trembla et se boucha les oreilles. Elle constata que les autres elfes en faisaient autant.
« Jamais auparavant aucune voix n’a osé prononcer des mots de cette langue à Imladris, Gandalf le gris, dit Elrond, quand l’ombre passait et que l’assistance reprenait son souffle.
- Et espérons que nul ne les prononcera de nouveau, répondit Gandalf. Je ne demande toutefois pas votre pardon, Maître Elrond. Car, si cette langue ne doit pas être bientôt entendue dans tous les coins de l’Ouest, que personne ne doute plus que cet objet est bien ce que les sages ont déclaré : le trésor de l’Ennemi, chargé de toute sa malice ; et en lui réside une grande part de sa force de jadis. Des années noires viennent les mots qu’entendirent les forgerons d’Eregion, quand ils apprirent qu’ils avaient été trahis :
« Un anneau unique pour les gouverner tous, un anneau unique pour les trouver, un anneau unique pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »
Gandalf déclara ensuite qu’il en avait appris d’avantage de Gollum qu’Aragorn avait capturé. L’Ennemi lui avait soutiré des informations. Il savait donc que l’Unique avait été trouvé, qu’il était longtemps resté dans la Conté et, ses serviteurs l’ayant poursuivi presque jusqu’au porte d’Imladris, il ne tarderait pas à savoir qu’il s’y trouve. Gollum était à présent en prison sous la surveillance des elfes de la forêt noire d’après Aragorn.
« Hélas ! s’écria Legolas, dont le visage révélait une grande détresse. Il me faut maintenant révéler les nouvelles que j’ai été chargé d’apporter. Elles ne sont pas bonnes, mais je n’ai appris qu’ici à quel point elles pourront paraître mauvaises à cette assemblée. Sméagol, qui porte à présent le nom de Gollum, s’est échappé.
- Echappé ? s’écria Aragorn. Voilà certes une mauvaise nouvelle. Nous aurons tous à le regretter amèrement, je crains. Comment les gens de Tranduil ont-ils pu faillir à leur mission ?
- Non par défaut de vigilance, dit Legolas ; mais par excès de bonté. Nous craignons par ailleurs que le prisonnier n’ait reçu de l’aide d’autres personnes et que nos faits et geste ne soient plus connus que nous le souhaiterions. Nous gardions cette créature jour et nuit, selon l’ordre de Gandalf, si fastidieuse que fût cette tâche. Mais Gandalf nous avait invité à espérer encore sa guérison et nous n’avions pas le cœur de le maintenir toujours dans les cachots sous terre, où il retomberait dans ses anciennes pensées noires.
- Vous fûtes moins tendre à mon égard, dit Gloïn, avec un éclair dans les yeux à l’évocation d’anciens souvenirs.
- Allons dit Gandalf. N’interrompez pas, je vous prie, mon cher Gloïn. Ce fut là un regrettable malentendu, depuis longtemps clarifié. Si tous les griefs entre nains et elfes doivent être ressortis ici, autant abandonner tout de suite ce conseil.
Gloïn se leva et s’inclina, et Legolas reprit son récit, expliquant qu’ils avaient prit l’habitude d’emmener Gollum dans les bois et qu’il y avait un arbre sur lequel la créature aimait grimper. Un jour il refusa de descendre et les elfes de la forêt noire furent attaqués par des orques. Quand le combat fut terminé, Gollum avait disparut. Ils conclurent alors que cette attaque avait été menée dans le seul but de libérer Gollum.
« Eh bien, il est parti, dit Gandalf. Nous n’avons pas le temps de le chercher de nouveau. Qu’il fasse ce qu’il veut, mais il peut encore jouer un rôle que ni lui ni Sauron n’avaient prévu. »
Gandalf parla ensuite de Saroumane, qui les avait trahis. Il convoitait lui-même l’Anneau Unique. Il avait tenté de rallier Gandalf à sa cause et lorsque le magicien gris refusa, Saroumane le fit prisonnier au sommet de la tour d’Orthanc. C’est ainsi que Gwaihir, le plus rapide des grands aigles, l’aida à s’échapper. Gandalf était alors allé au Rohan et avait demandé un cheval, car l’aigle ne pouvait le porter tout le long du trajet. A Edoras, il alla avertir le roi mais celui-ci refusait de l’entendre et le pria de partir au plus vite avec le cheval de son choix. Après cela il alla à Imladris et sema quelques uns des cavaliers noirs qui poursuivaient Frodon.
Suite à ces nouvelles, il fut question du sort de l’Anneau. Certains voulaient continuer à le cacher, d’autres voulaient l’utiliser, comme Boromir qui voyait en lui un don, et d’autres voulaient le détruire. Le seul moyen pour le détruire était de le jeter dans les flammes de la montagne du destin où l’Anneau avait été fabriqué. Cette quête était dangereuse et personne ne souhaitait se proposer. La cloche de midi sonna. Anna vit Frodon jeter un regard circulaire sur tous les visages ; tous avaient les yeux baissé sauf la jeune elfe qui le regardait attentivement. Elle se demandait ce qu’il avait en tête.
« J’emporterai l’Anneau, dit-il, encore que je n’en connaisse pas le moyen.
- Si je comprends bien tout ce que j’ai entendu, dit Elrond, je pense que cette tâche vous est dévolue, Frodon ; et que si vous n’en trouvez pas le moyen, personne ne le trouvera. C’est maintenant l’heure de ceux de la Comté, où ils vont se lever de leurs champs paisibles pour ébranler les tours et le conseil des grands. Qui donc parmi tous les sages eût pu le prévoir ? Ou, s’ils sont sages, pourquoi s’attendraient-ils à le savoir, avant que l’heure n’ait sonné ?
- Mais vous n’allez sûrement pas l’envoyer tout seul, maître ? s’écria Sam, qui, incapable de se contenir plus longtemps, bondit du coin où il était tranquillement assis par terre.
- Non certes ! dit Elrond avec un sourire. Vous au moins l’accompagnerez. Il n’est guère possible de vous séparer de lui. Même lorsqu’il est convoqué à un conseil et vous non.