Anna Tabris à Thedas et en Terre du milieu
CHAPITRE 2 : Le monde meilleur
A son réveil, Anna se trouva couchée dans un lit qui était très confortable. Les draps étaient doux et frais, l’atmosphère était apaisante et les pépiements des oiseaux étaient charmants. Elle pensa tout d’abord qu’elle était finalement au paradis dont parlait la chantrie. Elle fit un soupir de bien être en s’étirant, ce qui eut le don de la ramener à la réalité. Le mouvement de ses bras étirant sa poitrine avait provoqué des douleurs au niveau de ses côtes. Elle tremblota quelques secondes, suffisamment pour s’apercevoir que le reste de son corps souffrait aussi. Elle n’était donc pas morte et même si son corps avait mal, elle était tout de même dans un bien meilleur état que lorsqu’elle avait perdu connaissance. Anna se demanda alors où elle avait bien pu atterrir. Était-elle réellement arrivée dans un autre monde ? En tout cas elle avait été guérie par un guérisseur de talent car toutes ses blessures étaient soignées et la douleur était seulement passagère. Elle était pour la première fois de sa vie heureuse d’avoir ces petites douleurs qui lui prouvaient qu’elle avait survécu. « Le paradis est sûrement très chouette, mais je m’en passerai volontiers pour le moment » se dit elle.
La jeune elfe se leva du lit en grimaçant légèrement, et regarda par une fenêtre qui ne se trouvait pas loin. Ce qu’elle y vit était sûrement le plus beau paysage qu’elle avait eu l’occasion de voir. Il y avait là une vallée, des cascades dont l’eau brillait grâce aux rayons de soleil et des arbres majestueux épousant de façon harmonieuse la belle et délicate architecture de la demeure de son hôte.
Elle interrompit sa contemplation pour mieux observer la pièce dans laquelle elle se trouvait, une chambre aussi belle que le paysage qu’elle venait de voir. Elle trouva son uniforme plié sur une table de nuit ainsi que ses armes et son sac magique. Elle mit sa main dans le fond de son sac et y trouva une de ses robes. Elle enleva la chemise de nuit qu’on lui avait mit durant son sommeil, la plia et enfila sa robe qui était longue et bleu roi. Elle noua ensuite ses cheveux avec le ruban que son père lui avait offert. La garde des ombres vérifia s’il y avait bien toutes ses affaires et trouva dans les plis de son uniforme un petit miroir. Il avait la même forme que l’Eluvian, les mêmes dorures sur les bords. Il était identique au miroir magique, mais en version miniature. C’était sûrement lui, songea-elle car jamais elle n’avait même songé à emmener de miroir avec elle au cours de sa quête. Mais Anna remarqua qu’elle ne pouvait y voir son reflet alors qu’il était visible sur n’importe quelle autre surface réfléchissante. Peut-être ne fonctionnait-il pas pour le moment, elle vérifierait plus tard, après avoir salué et remercié son hôte.
Quelqu’un ouvrit la porte doucement et entra. Il s’agissait d’un elfe dont le visage était sans âge, ni jeune ni vieux, bien qu’on y pût lire le souvenir de maintes choses, tant heureuses que tristes. Sa chevelure était sombre comme les ombres du crépuscule, ses yeux étaient du gris d’un soir clair, et il y avait en eux une lumière semblable à celle des étoiles.
« Bonjour. Avait-elle dit en espérant qu’il comprenne son langage.
- Je suis venu voir si vous êtes réveillée et visiblement oui. Dit-il.
- Oui et je vous en remercie car je suppose que sans vous cela n’aurait pas pu être possible.
- Je suis le seigneur Elrond et vous vous trouvez à Imladris ou son deuxième nom, Fondcombe, ma demeure. Nous vous avons trouvée dans notre salle du feu, vous étiez blessée et inconsciente. D’après un témoin qui était dans la salle à ce moment là, vous êtes arrivée de nulle part, comme par magie. A en juger par les vêtements que nous avons trouvés sur vous à ce moment là, ainsi que vos instruments étranges, vous devez venir de bien loin, car nous ne connaissons aucun peuple elfe avec un tel blason et de tels objets.
- Mon nom est Anna Tabris et en effet je viens de très loin, je n’ai d’ailleurs jamais entendu parler de Imladris, en réalité je viens probablement d’un autre monde.
Elrond s’assit sur une chaise près du lit où se trouvait Anna et écouta attentivement son histoire. Elle lui expliqua comment elle était arrivé là et résuma la situation de Thedas, son monde. Elle lui raconta les différences qu’elle avait pu constater entre les siens et les elfes de la terre du milieu, le monde où ils se trouvaient en ce moment même. Le seigneur elfe l’écouta jusqu’au bout sans mettre sa parole en doute. Il fut tout de même difficile d’apprendre que les elfes de Thedas n’étaient plus des êtres immortels et prospères, comme les elfes de la terre du milieu. Autrefois ils pouvaient vivre des siècles et étaient épanouit. Mais ces elfes n’étaient pas immunisés aux maladies humaines et après leur premier contact avec les hommes ils se rendirent compte que certains d’entre eux commençaient à vieillir. De plus, les hommes et les mages les avaient attaqués et pris en esclaves jusqu'à affaiblir le dernier des immortels. Il était très désagréable et attristant pour Elrond de savoir qu’aujourd’hui les elfes de Thedas étaient soit pauvres et souvent maltraités vivant dans des bacloîtres, soit nomades et parfois agressifs y compris envers les autres elfes. A son tour il résuma la situation de la terre du milieu, expliqua à Anna les coutumes des elfes ; elle en était émerveillée. Elrond finit par se lever et conclut la discussion en annonçant à Anna qu’elle était la bienvenue à Imladris et qu’elle pourrait rester autant de temps qu’elle le souhaiterait. Il sortit de la pièce laissant Anna à ses pensées. La jeune elfe était tout excitée à l’idée de découvrir un nouveau monde.
Anna s’apprêtait à sortir de la chambre, lorsqu’une magnifique dame elfe entra dans la pièce, accompagnée de Hedi.
« Hedi !!!!! Alors tu m’as finalement suivie !
- (Aboiements joyeux) »
Hedi sauta au cou de la garde des ombres tout en remuant la queue joyeusement, Anna le prit tendrement dans ses bras, tandis que la dame elfe souriait, appréciant ces retrouvailles chaleureuses. Anna leva ensuite la tête vers elle et dit :
« Je vous remercie d’avoir pris soin de Hedi. »
Les deux elfes se présentèrent l’une à l’autre et discutèrent quelques minutes de Hedi. Une sorte de mise au point sur son état qui était très bon grâce au soin des elfes. La dame se nommait Arwen et elle était belle à regarder. Elle était, sous la forme féminine, si semblable à Elrond qu’Anna devina une proche parente. Elle était jeune et en même temps pas. Les tresses de ses cheveux sombres n’étaient touchées d’aucun givre, ses bras blancs et son clair visage étaient lisses et sans défaut, et la lumière des étoiles brillait dans ses yeux, gris comme une nuit sans nuage, la pensée et le savoir se révélaient dans son regard comme celui de quelqu’un qui a connu maintes choses qu’apportent les années.
Le reste de la journée se passa rapidement. Hedi fit visiter la demeure d’Elrond à Anna. Il la mena par divers couloirs, lui fit descendre de nombreuses marches, et ils sortirent dans un jardin en terrasse au-dessus de la rive escarpé de la rivière. Ils restèrent jusqu’au soir sous un porche du coté Est de la maison à contempler les lieux. Des ombres s’étaient étendues en bas de la vallée, mais il y avait encore de la lumière sur les faces des montagnes qui les dominaient au loin. L’atmosphère était chaude. Le son de l’eau vive et des cascades retentissaient et le soir était empli d’une légère senteur d’arbres et de fleurs.
Le lendemain, à contre cœur elle vérifia si son miroir fonctionnait. Elle s’entailla légèrement le doigt et l’appliqua sur la face réfléchissante. Immédiatement le sang fut absorbé mais rien d’autre n’arriva. Anna regarda le miroir, soulagée qu’il ne fonctionne pas. Elle s’en voulait pourtant un peu de laisser ses proches derrière elle mais de toute évidence elle n’y pouvait pas grand-chose. C’est ainsi que la garde des ombres élu domicile à Imladris et s’habitua à une vie paisible et calme, ou aucun monstre d’aucune sorte ne l’attaquera.
Anna mit du temps à se repérer dans la demeure, c’était une grande maison qui était très particulière. Il y avait toujours quelque chose de plus à découvrir, et on ne savait jamais ce qu’on trouverait en tournant au coin. Il y avait des elfes partout, certains étaient comme des rois, terribles et superbes, et d’autres aussi joyeux que des enfants. Il y avait aussi beaucoup de musiques et de chants.
Peu après son arrivée, un soir, Anna était allée dans ce qu’on appelait la salle du feu. Dans cette salle on pouvait méditer en paix, à la seule lumière d’un feu. Là Anna y trouva un petit personnage ridé qui avait dans ses mains de quoi prendre des notes et qui semblait réfléchir. Il remarqua sa présence et lui sourit.
« Bonjour. Avait-elle dit pour répondre à son sourire.
- Bonjour à vous, je suis la personne que vous avez dérangée ici même lorsque vous êtes arrivée toute ensanglantée. Vous êtes nettement plus présentable aujourd’hui. » Avait-il répondu sur le ton de la plaisanterie.
Anna rougit d’abord, ne comprenant que quelques secondes plus tard que le petit personnage ne la grondait pas, mais que au contraire il plaisantait.
« Et là, est-ce que je vous dérange ? Avait-elle demandé timidement.
- Non bien sûr que non, asseyez vous donc mon amie. Mon nom est Bilbon Sacquet, et je suis curieux de vous connaître. »
Alors ils firent connaissance, Anna découvrit que Bilbon était en fait un Hobbit, plus précisément de la Comté. Il avait dans le regard une intelligence vive qui se confirmait lorsqu’il parlait. Il aimait beaucoup plaisanter et toujours très finement. Anna et Bilbon se racontèrent leurs aventures et ils était fascinés l’un par l’autre. Ainsi naquit une amitié entre les deux personnages et ils prirent l’habitude chaque jour de se voir dans cette salle pour discuter. Quelquefois elle interprétait les poèmes du hobbit en chanson, car elle était ménestrelle et aimait chanter pour ses amis. Parfois Bilbon et Anna s’amusaient et riaient ensemble, d’autres fois il lui montrait des cartes de la terre du milieu, car il s’était donné la mission de l’instruire du mieux qu’il pouvait. Il lui racontait aussi beaucoup d’anecdotes sur la Comté où il évoquait souvent un certain Frodon, son neveu et héritier, qu’il avait recueilli et qui lui manquait.
Lorsqu’Anna n’était pas avec Bilbon, c’était soit pour promener Hedi, qui était un peu hyperactif quand il n’avait pas d’ennemis à mordre, soit pour se poser tranquillement, près d’une cascade ou d’un arbre, pour dessiner ou juste s’assoupir quelques minutes. Certaines fois elle avait rêvé de sa famille qui serait sûrement heureuse dans ces lieux. D’autres fois elle songeait à ses responsabilités de commandeur de la garde des ombres. Même si elle avait confié les rênes à un ami et collègue de confiance, la garde des ombres avait l’impression par moment de manquer à son devoir. Même si Imladris avait le dont de faire oublier les soucis, Anna commençait à se demander si un jour elle pourra retourner à Thedas. Elle se demandait également s’il y avait une véritable raison qui expliquait pourquoi elle était arrivée dans ses lieux magiques, car elle ne savait toujours pas pourquoi le miroir n’avait fonctionné qu’avec elle. Il était trop facile de se dire que ce n’était que le destin… Ou alors c’était une forme de réincarnation, morte dans un monde, vivante dans l’autre. C’est après ce genre de réflexion qu’Anna s’endormait, comme pour redevenir insouciante.
Environ quatre mois s’étaient écoulés depuis son arrivée à Imladris, octobre avait commencé depuis vingt jours, et ce soir là, la paix qui y régnait fut troublée par la venue d’un seigneur elfe nommé Glorfindel. Il était accompagné d’un jeune hobbit qui était visiblement blessé et inconscient. Très vite, le seigneur Elrond les accueillit et fit mettre dans une chambre le jeune hobbit. Elrond se tourna ensuite vers Anna qui par pur hasard venait d’assister à toute la scène et lui demanda de s’en aller prévenir Bilbon que Frodon Sacquet était arrivé et qu’il se faisait soigner. Aussitôt elle alla à la rencontre du vieux hobbit, qui en entendant la nouvelle s’empressa de rejoindre Elrond dans la chambre où se trouvait son neveu. Devant la porte de la chambre se trouvait un grand homme à la barbe grise et vêtu d’un manteau de la même couleur.
« Gandalf vous êtes là ! »
Bilbon la sueur au front, alla se refugier dans les bras de son ami, qui tentait de lui expliquer la situation. Anna se souvint du nom « Gandalf » que le vieux hobbit avait cité plusieurs fois dans ses histoires et en conclu qu’il s’agissait du même. Peu de temps après l’arrivée de Glorfindel et de Frodon, trois autres hobbits, ainsi qu’un homme brun, habillé pauvrement, arrivèrent, tous l’air inquiet. Anna, désireuse d’aider, se proposa à Elrond comme assistante, même si elle n’était pas certaine qu’il en avait réellement besoin. Mais il accepta volontiers l’aide qu’elle lui proposait ainsi que celle qu’un des trois hobbits offrait. Celui-ci était sûrement le plus inquiet des trois qui venaient d’arriver. Il était plutôt rondouillard et se nommait Samsagace Gamegie. Elrond lui demandait d’être messager et Anna le guidait. Le reste du temps Sam restait au chevet de son ami Frodon qui suscitait beaucoup d’inquiétudes. Bilbon restait présent lui aussi et durant quatre nuits on soigna son neveu. Anna prépara les chambres des hobbits et tenta de les rassurer en leur assurant que le seigneur Elrond était un guérisseur de talent et que leur ami s’en sortirait. Quant à Gandalf, qui était en fait un mage, il semblait avoir peu d’espoir car il soupçonnait qu’un fragment de la lame qui avait blessé Frodon était resté dans la plaie et s’enfonçait toujours plus loin. C’est seulement au bout du troisième jour qu’Elrond put la retirer. Anna eut enfin le temps de dormir la nuit du vingt trois au vingt quatre.
Cette nuit là fut très désagréable pour la jeune elfe. Elle fit un rêve étrange. Il s’agissait du même rêve que faisaient tous les gardes des ombres : elle s’avançait dans un endroit sombre et les engeances étaient agitées. Mais à la place des engeances il y avait des orques et il y avait une tour avec un grand œil de feu et sans paupière. La garde des ombres comprenait ce qu’il lui disait d’une voix grave et effrayante : « Je te vois ». Anna avait peur sans comprendre pourquoi, cet œil ne lui évoquait pourtant rien. Puis son rêve s’arrêta et Anna ne put se rendormir.