La maraude du Vieux Touque

Chapitre 74 : Retour en sa demeure - la salle du feu

3390 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/05/2020 17:03

Maître Elrond fut quelque peu froissé de ne pas avoir été consulté. L’union d’une fée et d’un hobbit était naturellement du ressort d’un elfe dont la mémoire remontait au premier âge du monde. En tant que maître du savoir et seigneur de Fondcombe, il eût dû présider à la bénédiction.

Mais surtout, le sort du Naugwar Mithmirion le préoccupait au plus haut point. Elrond se doutait bien qu’un artefact de cette portée n’était pas entré en possession du hobbit au prix de simples tractations entre alliés. La disparition des deux capitaines, la dissolution de l’alliance et le départ précipité de Gandalf, tous ces signes le poussaient à la prudence, en attendant d’en savoir plus. Il lui paraissait sage de cacher le joyau pour un temps. Pourtant il lui répugnait devoir dissimuler ce trésor ici même à Fondcombe.

Lorsqu’il sut que Dame Luinloth l’avait donné en dot à Avacuna, il eut l’intuition que la fée en serait le meilleur gardien, jusqu’à ce que les passions se soient apaisées. Alors les hobbits, innocents et étrangers aux griefs entre Elfes et Nains, pourraient rendre le joyau sans éveiller la suspicion. Il appuya donc cette décision, entre plusieurs maux choisissant le moindre.

Le lendemain, le maître de Fondcombe profita de la célébration elfique de l’hiver pour donner une fête en l’honneur du couple. Imladris déploya ses fastes enchanteurs pour une sorte de lune de miel que Avacuna et Gerry savourèrent avant de partir pour l’aventure de leur vie. Dame Luinloth, quoiqu’en deuil, y participa de bonne grâce, d’autant que son fils Argonui vint la rejoindre après avoir repoussé une invasion d’orques du Mont Gram. Il amenait avec lui son aîné Arador, le grand-frère de Halafin, un jeune homme plein de vigueur.

Lors de la fête, Bera déclama l’histoire de ses ancêtres dans une langue puissante et subtile, que les ménestrels de Fondcombe traduisirent en un chant connu aujourd’hui sous le nom de Lai de Barwen et Baran. Les agapes se poursuivirent tard dans la nuit. Tandis que Avacuna, rayonnante des subtils sortilèges du Naugwar, dansait avec le cœur des jeunes filles, Elrond entraîna Gerry dans la salle du feu.

– Gérontius Touque, ne vous avais-je pas prédit que vous trouveriez toute une moitié de vous-même dans cette aventure ?

– Vous disiez vrai, Maître Elrond ! À la vérité j’ai recouvré plus que la moitié de moi-même. En plus d’avoir été trouvé par Avacuna, peut-être me suis-je entièrement découvert ? Ma vie a pris une direction plus simple et plus exaltante… en somme à ma portée.

– Vous avez grandi, jeune hobbit ! N’avez-vous donc pas aussi abandonné une part de vous-même ?

– Peut-être, répondit Gerry d’un air gêné, troublé par le regard perçant de l’elfe.

– Et quelle part selon vous ? demanda Elrond avec un grand intérêt.

– Eh bien, en fait… il y a bien quelque chose… Voilà…

– …

Le hobbit hésita un instant, puis se jeta à l’eau, d’un air enjoué et rapide, qui dissimulait son appréhension :

– Il se trouve que j’ai en ma possession un objet très précieux. Il s’agit d’un anneau de puissance. Gandalf m’en a parlé, de ceux que forgèrent les elfes d’Eregion il y a longtemps, vous savez ? Oui, je suppose que vous le savez…

Le seigneur elfe ne voulait pas tarir cette source enfin jaillie. Comme il ne répondait que d’un regard acéré, le hobbit poursuivit :

– Eh bien au début, je n’y ai pas prêté attention, mais ensuite de nombreuses personnes s’y sont intéressées et m’ont même poursuivi ! Nous avons été attaqués à plusieurs reprises ! Et puis je me suis senti coupable car je l’ai un peu mal acquis. Non que je l’aie volé, notez bien, mais on me l’a remis dans des circonstances que le véritable propriétaire réprouve catégoriquement…

Elrond se gardait d’intervenir et son sourcil arqué attendait la suite...

– Mais cet objet m’a grandement aidé durant notre voyage, il a même sauvé mes camarades et moi-même d’une mort atroce, à plusieurs reprises. J’ai tout d’abord eu du mal à l’utiliser, mais il s’est en quelque sorte… révélé à moi ! Il m’a permis d’atteindre de hauts degrés de concentration, et de réaliser des choses que je n’aurais jamais crues possibles ! Par exemple, j’ai croisé un très vieil ancêtre, près des marais aux iris… Aussi me suis-je attaché à lui et ai-je désiré son aide et sa puissance. Me séparer de lui me serait difficile… de plus en plus je le crains. C’est là la part essentielle de moi-même que je risquais de perdre, selon moi, si vous tenez à le savoir !

-…

– Hum ! Mais il s’est produit un événement qui m’a fait peur et qui m’a révélé à quel point j’en devenais dépendant. Alors depuis que j’en ai pris conscience, je ne l’ai plus utilisé. Enfin presque plus… Et à présent je suis résolu à le rendre à son propriétaire.

Elrond était resté silencieux et impassible, sans quitter le hobbit de son regard pénétrant. Il se montra tout d’abord amusé par l’énergique et naïve conviction du hobbit. Les anneaux de puissance ne se trouvaient évidemment pas sous le sabot d’un cheval de la Comté ! Puis son incrédulité s’était fissurée au récit des « pouvoirs » qu’évoquait le hobbit. Enfin la description fidèle des attraits maléfiques d’un anneau de pouvoir l’avait positivement alarmé. Seule la dernière assertion de Gerry lui rendait l’espoir. Il décida de procéder avec circonspection, sans heurter le hobbit :

– Gandalf vous a-t-il conseillé à propos de cet objet ?

– Hum… marmonné le hobbit gêné. Je ne lui ai pas parlé de l’anneau, bien qu’il ait souvent approché la vérité au sujet de ma cachotterie… et cela m’irritait fort !

– Pensez-vous avoir la force de montrer cet objet ?

– Oui, il n’est pas si lourd que cela ! répondit Gerry avec animation. Il faut bien se garder d’y mettre le doigt, cependant, car le mécanisme a pour effet de couper ce qui s’y trouve !

Elrond ne put cacher un froncement de sourcils d’incompréhension. Les anneaux de puissance asservissaient les esprits faibles, mais ne coupaient pas les doigts.

Gerry sortit derechef l’anneau de sa poche et le déposa dans sa propre paume ouverte. Elrond, qui observait étroitement le hobbit, poussa plus loin l’expérience :

– Puis-je l’examiner ? Me le confieriez-vous un instant ?

– Prenez-le ! Définitivement ! Un tel objet ne doit pas rester en des mains malhabiles ou inconscientes comme les miennes. Il pourrait faire beaucoup de mal ! Je dédommagerai le propriétaire, prenez-le, s’il vous plaît !

– Je vais simplement examiner cet anneau, avec votre permission.

Maître Elrond plaça un coussin sur un guéridon et invita le hobbit à y disposer l’anneau. La lumière des chandelles crut alentours sur un signe de l’elfe. Gerry s’avança et déposa l’objet d’une main tremblante, ce que le maître de Fondcombe ne manqua pas d’observer. Elrond approcha son visage grave et attentif et scruta minutieusement l’anneau. Puis, encouragé par ses premières observations, il le prit entre le pouce et l’index, et l’éleva dans la lumière blanche d’un grand candélabre. Les pierres jaillirent en rayons opalins.

– Je vous félicite au plus haut point de m’avoir consulté au sujet de cet objet. Je puis vous affirmer sans crainte de me tromper, qu’il ne s’agit pas d’un anneau de puissance. Selon toute vraisemblance, il s’agissait jadis, non pas d’un mais de deux anneaux des Dunedain, ouvragés avant les guerres du Nord, peut-être même dans l’Ouïstrenesse. Chacun possédait une pierre et ils étaient jumeaux. Puis, récemment –aux environs de la création de la Comté, dirais-je – un orfèvre d’Eriador, un nain très probablement, a modifié et accolé les deux bijoux pour en faire un objet unique et complexe, dont le mécanisme a en effet pour but de couper ce sur quoi l’anneau est glissé…

Mais l’elfe restait perplexe quant à la destination d’un tel artefact. Il s’en ouvrit au hobbit qui lui répondit :

– En fait je crois qu’il s’agit d’un genre de couteau, que maître Sonnecor utilise pour sectionner correctement les précieux assemblages d’herbe à pipe qu’il fabrique à grand frais. Mais je puis vous certifier qu’il m’a sauvé à plusieurs reprises !

Elrond sourit d’un air entendu :

– Ainsi maître Sonnecor a certainement fait fabriquer tout exprès cet objet magnifique à partir d’un trésor de sa maison. Cet anneau double eut peut-être autrefois le talent d’aider son propriétaire à tirer le meilleur parti de ses propres capacités. Et peut-être en est-il encore ainsi aujourd’hui… ou peut-être avez-vous tout simplement eu de la chance !

Gerry lorgnait le seigneur elfe d’un air incrédule…

– Mais il ne s’agit en aucun cas, d’un anneau de pouvoir elfique, je vous en réponds. J’imagine que ce que vous a révélé Gandalf à son sujet vous a conduit à croire en cet objet en même temps qu’en vous-même…

Le hobbit n’était plus si sûr de ses certitudes. Elrond reprit d’un ton bienveillant :

– Quoi qu’il en soit, il vous faut le rendre à son propriétaire, comme vous en êtes résolu. Ce sera pour vous la dernière épreuve : rétablir l’ordre des choses et résorber le chaos laissé derrière vous, avant de pouvoir prétendre à une vie juste. Tout compte fait, ce que vous aviez le plus à perdre, cette part essentielle dont vous parliez il y a un instant, était peut-être l’estime de vous-même ?

Gerry considéra maître Elrond qui lui tendait l’anneau d’un air engageant. Ainsi tous ses progrès dans la maîtrise de l’anneau n’en étaient pas… Il soupira, et chassa d’un geste le spectre de la puissance et de la domination. Après tout, c’était mieux ainsi.

L’elfe majestueux s’assit auprès du hobbit :

– J’ai confiance en votre volonté. Et vous bénéficierez d’une aide inconditionnelle, ajouta-t-il avec un regard du côté d’Avacuna, qui s’approchait de la salle du feu avec ses compagnes elfes.

– Je suis décidé, maître Elrond. Je vais mettre de l’ordre à mon retour et présenter Avacuna aux miens. Mais je crains pour elle les questions et les cancans. Elle n’a connu jusqu’à présent que les grands espaces, un grand conquérant ou la compagnie d’un petit nombre de personnes raffinées. Les petites inquisitions mesquines de notre société hobbite, les vexations ou la mise à l’index peuvent nous empoisonner la vie. Si cela survenait, je préférerais quitter la Comté.

– Vous considérez la situation avec lucidité, Gerry, mais je me demande si vous n’anticipez pas l’éventualité de ce départ pour fuir vos futures responsabilités de Thain ? Vous pourrez compter sur la solidarité de vos véritables amis et de vos proches, pour peu que les différences les plus flagrantes d’Avacuna leur soient cachées, au moins au début. Dame Luinloth a paré à cette difficulté à sa façon généreuse, quoique dangereuse à mon sens. Je dois vous mettre en garde au sujet du Naugwar. Il suscitera la curiosité et l’envie de tout nain qui viendrait à le reconnaître. Aussi je vous conjure de toujours le conserver tel que Avacuna le porte à présent. Vous avez entendu, ici même, suffisamment de l’histoire des Elfes et des Nains pour savoir que des crimes odieux ont été perpétrés, par convoitise d’un tel joyau. Lorsque vous n’en aurez plus besoin, il est essentiel de le faire remettre à la maison de Dúrin. Sur ce point il me faut votre promesse formelle.

– Je vous la donne en mon nom et en celui d’Avacuna.1

– Je vous en remercie. Mais je sens que ce n’est pas ce qui vous préoccupe ?

Gerry rougit jusqu’aux oreilles, bafouilla quelque peu et finit par se confier :

– En fait, maître, je me demande si notre union s’avérera… prolifique ? Pourrons-nous avoir des enfants ?

Elrond fit appel à ses souvenirs les plus lointains et se lança dans le conte d’Elu Thingol, qui s’était uni à une sylphe, un esprit du premier âge du monde. Il analysa longuement le destin de leurs descendants et conclut qu’il était très confiant quant à la capacité du jeune couple à produire de nombreuses branches vigoureuses. Gerry objecta qu’il s’agissait là d’une histoire très ancienne, qui concernait essentiellement les Elfes. Le maître de Fondcombe le rassura :

– Avacuna fut d’une nature différente des elfes ou des mortels. Elle a dépensé sans compter son pouvoir inné de transformer le monde et elle-même, suivant un long chemin pour mûrir et naître à sa nature actuelle. Aujourd’hui elle a besoin d’un pair qui épouse sa conception d’une existence consacrée à transmettre ses aptitudes nouvellement acquises et au bonheur tranquille. Souhaitez-vous et saurez-vous être ce compagnon ? C’est là l’unique question. Avacuna a joui de l’existence des esprits primordiaux et a su s’élever par sa seule volonté et sa propre clairvoyance. Elle ne dispose plus désormais que du pouvoir de se fondre dans le flux de la vie en Terre du Milieu. Mais rassurez-vous, la longueur de sa vie sera en rapport avec celle des Hobbits. L’avenir des Mortels vous est ouvert, aussi mystérieux qu’il puisse paraître aux Elfes.

Les invités les rejoignaient à présent dans la salle du feu. Les belles gens chantèrent et déclamèrent de la poésie, invitant parfois Bera à se joindre à eux. Avacuna parut au milieu des jeunes filles elfes, ronde et resplendissante comme une hobbite le jour de son mariage. Gerry se demanda, l’espace d’un battement de cils, si elle n’était pas enceinte, mais chassa cette idée ridicule de son esprit. Vers la fin de la soirée, Gerry tombant de sommeil entendit Bera réciter des vers elfiques, à l’émerveillement d’Erestor. Comme les mots elfiques s’élevaient avec les volutes du feu, il entrevit Luthien s’interroger sur son destin de mortelle au-delà des cercles de ce monde, et s’endormit sur les coussins.

Les jours heureux passent comme des étoiles filantes dans le firmament d’été. Les dúnedain se dispersèrent, reprenant leur veille autour d’Eriador. L’hiver avançant, Bera décida de passer les monts brumeux pour rejoindre son peuple. Elrohir et Elladan l’accompagnèrent, car ils souhaitaient explorer les montagnes et rassembler des informations quant aux mouvements et alliances des gobelins après le remue-ménage que Gandalf avait déclenché dans le nord. La grande femme, habillée de vêtements bigarrés mêlant les peaux brutes de son peuple et les soies elfiques, serra sur son cœur le petit hobbit et sa compagne, et leur promit un accueil chaleureux au sein des villages de la grande forêt, s’il leur venait l’envie ou le besoin de parcourir le pays sauvage. Nul doute qu’ils y seraient mieux reçus que des nains !

Le jour même Gerry s’attela aux préparatifs. Il avait fait réaliser plusieurs pipes en métal et bois précieux par les artisans de Fondcombe, en prévision de cadeaux à distribuer à son retour. Il fit rehausser et graver celle qu’il destinait au père Sonnecor. Rùmil et Idril amenèrent un cadeau d’Elrond : un beau poney aux longs poils, harnaché et pourvu du nécessaire pour les deux voyageurs.

Le maître de Fondcombe reçut alors la visite d’Avacuna. Elle connaissait ses fils de longue date, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de profiter de sa sagesse. De son côté, Elrond avait suivi de loin la transformation lente de la volontaire chasseresse, et l’avait encouragée de ses vœux. La jeune femme exprima ses craintes devant un monde qu’elle n’avait que récemment abordé en pleine possession de tous les moyens de l’esprit. Elrond calma ses craintes et lui confirma que son union avec un mortel lui donnerait la capacité de s’ancrer dans ce monde, de transmettre la vie et d’agir sur le présent. Il ajouta qu’elle y perdrait sa propre force vitale et sa longévité en Terre du Milieu.

– Car tel est le sort des mortels, dont l’âme quitte les cercles de ce monde pour une destinée qui n’est pas révélée aux Elfes.

– J’accepte ce destin. À présent que le monde me paraît plus clairement, je vois que tout passe en cet âge.

– C’est également l’intuition des Elfes…

Le surlendemain le couple s’en allait par une matinée grise et froide. Le petit Halafin vint leur dire adieu, la petite grive sur l’épaule. Dame Luinloth leur souhaita la paix, puis lança avec un sourire à Gerry qu’elle pouvait toujours le rappeler à son service.

Maître Elrond bénit le couple une nouvelle fois. Il remit à Avacuna une petite boîte de buis, ciselée comme une dentelle. Elle contenait une boîte encore plus petite, de métal celle-là, qui renfermait un charbon incandescent provenant du creuset de maître Elrond.

– Le foyer d’une maisonnée alimenté par ce charbon ne manquera jamais de chaleur et d’amour, pourvu que ses membres restent sincères les uns envers les autres. Et voici pour vous un autre cadeau. Votre nom elfique est Avacuna, ce qui signifie « Celle qui ne fléchit point » ou « la Volontaire ». La traduction de ce prénom dans la culture de la Comté est « Adamante, l’Inflexible ». Il se trouve que ce prénom fut celui d’Adamante Replet2, une fameuse chef de famille, dont le clan fut le dernier à quitter autrefois la région d’En Egladil en aval de Fondcombe, pour migrer vers l’ouest et la Comté. Ainsi serez-vous, Adamante Replet, aux yeux de votre nouvelle famille, la dernière hobbite de la branche orientale du clan Replet, à rejoindre le bercail. Cela vous facilitera bien des choses, pourvu que vous conserviez avec prudence le don périlleux de Dame Luinloth.

Avacuna s’inclina, les larmes aux yeux. Puis les amoureux s’en furent le cœur serré dans le matin gris, passant timidement le petit pont de pierre sur la rivière enchantée. Les chœurs les accompagnèrent loin dans la montée. Au sommet quelques joyeux cris d’encouragement les mirent sur le bon chemin. Après quoi, ayant rejoint la route, ils s’en furent vers l’occident dans le vent frais, le chevreau caracolant en tête.

.oOo.

NOTES

1 Et ce sera effectivement le cas. Mais cela est une autre histoire, qui vous sera peut-être contée un jour…

2 Adamant, en anglais, signifie « inflexible », et chubb, « grassouillet » ou « replet ».

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