La maraude du Vieux Touque
Chapitre 38 : Le serment de la Bearnide - Légendes
3526 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 19/01/2020 14:25
La compagnie reprit son cheminement à la suite du couple, le cœur lourd et les sens en alerte. Plusieurs heures défilèrent sous les arbres, avant qu’ils n’atteignissent une nouvelle clairière, large de deux sillons. Elle abritait de nombreuses huttes, disposées autour d’un imposant bâtiment de bois, et protégées d’une palissade de terre et de pieux. À l’arrivée de la troupe, les habitants se massèrent le long des maisons basses, formant une sorte de haie d’honneur aux voyageurs, bruissant des murmures et commentaires d’étonnement. Se frayant un chemin dans la foule, Bearn et Bera les conduisirent, d’un pas solennel, à la maison commune.
Le bâtiment central était construit de rondins sur une plate-forme de pierre d’une perche1 de large et de quatre de long. D’énormes troncs dressés au centre formaient les mats d’une solide charpente en double pente. Les rondins ajustés étaient percés de rares petites fenêtres, que les habitants obstruaient de rideaux à la saison froide. L’étage supérieur servait de grange et de réserve, mais le rez-de-chaussée accueillait les familles en visite ou sous la protection du chef de clan.
La compagnie fut dirigée vers le grand foyer central, où ils purent installer leurs couvertures. Le confort était rudimentaire mais l’endroit sain et chaleureux. Des jambons pendaient aux poutres autour de l’immense cheminée centrale qui finissait de les fumer. Des peaux d’animaux séchaient là, en attendant de devenir des vêtements et des couvertures.
Les montures furent parquées avec le bétail des villageois, tandis que le magicien déchargeait et mettait à l’abri ses précieuses et mystérieuses caisses. Le groupe s’installa et vaqua aux occupations de voyageurs dans un camp ami : la lessive, la toilette, les réparations, les soins aux blessés… Gerry sortit son petit nécessaire et montra une grande dextérité dans les travaux de couture et de reprise des vêtements, en hobbit coquet qu’il restait au fond de lui. Il consacra même un peu de temps à sa lecture, aidé d’un Gandalf amusé mais intraitable sur les hésitations.
Après quoi Arathorn, Gandalf et Gerry se promenèrent dans les rues. Ils remarquèrent une activité fébrile autour de Bearn, qui arpentait le hameau et parlait à chacun. À l’approche du soir, la petite agglomération avait accueilli quelques douzaines de visiteurs, guerriers et familles à l’air farouche, venus des villages voisins. Tous avaient été appelés pour une soirée de réjouissances, leur expliqua Gandalf. Le village du chef suprême recevait une compagnie d’étrangers, que Bearn voulait honorer – les guerriers de haut rang du clan allaient chanter leurs exploits.
.oOo.
A la nuit tombée, se présenta à l’entrée de la maison commune, un étrange personnage, noueux comme une vieille racine. Ses yeux, vifs comme ceux d’un farfadet, dardaient sur son entourage, des regards sagaces et inquisiteurs. Il avançait lentement en s’aidant de béquilles, mais on devinait à son maniement, qu’elles pouvaient aussi bien servir de gourdins. Handicapé par un accident de chasse dans sa jeunesse, l’homme en avait réchappé et s’était tourné vers le savoir. Infirme mais désormais protégé des dieux et des hommes, il était le conteur et le chaman du clan. Il savait bien des choses et parlait aux Esprits. On l’avait entrevu, certain soir de pleine lune, en compagnie des nymphes sylvestres. D’aucuns prétendaient qu’il était capable de chevaucher le vent…
L’homme hirsute et sans âge promena son regard acéré sur l’assistance. Le brouhaha de la maison commune se réduisit à un murmure. Il se dirigea de sa démarche chaloupée, droit sur Gandalf qui fumait dans un coin. Tous deux se saluèrent silencieusement mais avec déférence. Le vieux magicien n’ayant manifestement pas l’intention de lui contester son statut de choyé des Esprits, le conteur rejoignit le foyer central.
L’assistance fit cercle et silence.
Le chaman répandit une poudre sur le foyer qui dégagea une odeur entêtante d’humus et de résine. Des fumées colorées s’envolèrent. Puis sa voix mélodieuse et envoûtante s’éleva dans la langue des Bearnides. Avec une science consommée de la rhétorique, il raconta et mima le combat de la veille, maintenant son auditoire haletant jusqu’au dénouement théâtral. Gandalf, en chuchotant à Arathorn et Thráin, rapporta sommairement les paroles éloquentes du conteur.
Bearn se leva alors et rendit un hommage vibrant au courage du clan d’Arathorn. Thráin grimaça mais prit sur lui. L’honneur exigeait qu’Arathorn prononçât quelques mots de modestie, puis remerciât Bearn et Bera pour leur courageux combat et leur hospitalité. Gandalf traduisit sa harangue avec brio, se permettant un ajout de son cru : il cita le Roi Thráin et ses vaillants guerriers. Mais le grand nain s’en rendit compte, ce qui ajouta à son ressentiment envers Arathorn.
Le chaman, satisfait des politesses échangées, reprit alors son auditoire en main, en contant une longue histoire, ponctuée des manifestations d’émotion de son public. La voici telle que Gandalf la rapporta :
– « Aux temps d’avant la mémoire, s’assembla la tribu de nos ancêtres. Nos histoires les plus lointaines content comment les pères de nos pères foulaient les sous-bois du nord. Ils vivaient de la chasse et de la cueillette, et en ce temps-là tous, femmes et hommes couraient les forêts. Leur seigneur enseignait les secrets des bois aux jeunes de la tribu. Il les emmena un matin pour la chasse rituelle, qui ferait d’eux des adultes. Sa fille Barwen et son fils Baran, ses jumeaux, y participaient. Les deux enfants avaient tissé des liens très forts. A la chasse comme au jeu des énigmes, ils semblaient ne faire qu’un.
Mais au cours des épreuves, les deux jumeaux se perdirent. Sans armes, ils errèrent longuement au fond de la forêt primordiale, trouvant à peine de quoi manger. Assaillis par des araignées géantes, ils furent pourchassés et capturés. Ils allaient être dévorés, lorsqu’un ours les secourut, massacrant les araignées. Il était immense et fort car il descendait des suivants bénis d’Ardau2, le grand esprit des ours de la Terre du Milieu. Le Grand Ours recueillit les jumeaux, les nourrit et leur prêta asile durant l’hiver.
Mais la présence de ces humains près de lui, affectait le Grand Ours. Ils le nommèrent Arduin. Dans la tanière, ils parvinrent à se parler. Arduin articula des sons, et bientôt, il retrouva la parole de ses ancêtres. Et aux premiers jours du printemps, lorsque la forêt revêt sa nouvelle apparence, le Grand Ours, subjugué par la beauté de la jeune fille et la majesté du jeune homme, se changea en un être humain, auréolé de la bénédiction des Esprits Sylvains.
Il ouvrit l’âme de ses jeunes protégés et leur enseigna les oghams et le langage des signes. Il leur apprit qu’à l’ouest, auprès des Puissants, résidaient les Hauts-Elfes, maîtres des sciences et dispensateurs du savoir. Baran, séduit par la perspective d’élever son peuple vers la lumière des elfes d’occident, conçut de les rejoindre avec son peuple. Barwen pour sa part, s’émerveillait du métissage intime qui animait Arduin, entre la nature sauvage et les enfants des Hommes.
Ainsi les jumeaux s’éloignèrent-ils l’un de l’autre sans espoir de retour. À l’automne, Barwen portait en elle l’héritier d’Arduin, alors que Baran rêvait de voyages et de lumière.
Lorsque les jeunes gens finirent par rejoindre leur peuple, ils le trouvèrent durement éprouvé par l’hiver précédent. Le père des jumeaux lui-même avait succombé. Arduin accueillit leur peuple et leur enseigna les arts forestiers, l’élevage des animaux, l’alliance des abeilles et la culture des baies.
Vint alors la douloureuse séparation des jumeaux : Baran suivit sa résolution et Barwen choisit de demeurer auprès de son époux avec son enfant. La tribu de Baran avait grandi mais le jeune seigneur subissait une perte irréparable. Ravalant son chagrin, il fit vœu de conduire son peuple en Beleriand vers les Elfes de Lumière, déclarant que le destin des hommes ne saurait s’accommoder de la sauvagerie des bêtes, mais devait s’élever grâce au savoir des premiers-nés.
Barwen demeura en Rhovanion avec son époux et son fils Eochaïd, qui fut d’une beauté, d’une vivacité et d’une force peu communes. Les quelques fidèles qui demeurèrent avec Barwen se mêlèrent aux hommes des bois.
Mais au fil du temps, Arduin ne sut conserver sa forme humaine en permanence : irrésistiblement attiré par les forêts profondes et les hautes montagnes, il finit par quitter la communauté qui commençait à se former autour de lui. Peu après le départ définitif d’Arduin, Barwen donna naissance à une petite fille, Ardia. Seule et en pleurs, Barwen fit vœu de ne plus s’unir à aucun être vivant.
Mais un malheur survint : la communauté affaiblie fut attaquée par une bande d’orques des Monts Brumeux, qui enleva Barwen et son bébé. Eochaïd fut saisi d’une fureur indescriptible, qui le mua en un Ours gigantesque : il poursuivit les ravisseurs jusqu’à leur caverne, anéantit la tribu orque et détruisit leur antre. Mais il ne put sauver que la petite Ardia.
Sa petite sœur, perturbée par le départ prématuré de son père, traumatisée par son enlèvement et son deuil, restait silencieuse et triste. En grandissant, elle s’isola de plus en plus et seul Eochaïd qui l’adorait parvenait à la dérider. Le temps passant, il sut que personne ne souhaiterait s’unir avec Ardia. Eochaïd instaura la tradition que le premier-né de la lignée, ne prendrait pas d’épouse, tant que ses sœurs ne seraient pas mariées.
Après quelques années de célibat de l’un et de l’autre, Eochaid et Ardia furent contraints de se prendre l’un l’autre pour époux, ne trouvant pas d’autre moyen de rester fidèles à l’honneur et à leurs vœux.
Leurs descendants, qui tous possédaient la faculté de se changer en ours, maintinrent la tradition du mariage premier de leur sœur. Souvent, frère et sœur repoussaient patiemment les avances de leurs élues ou prétendants, pour se marier en même temps. Et il n’arriva plus qu’un chef de notre peuple dût épouser sa sœur. Pourtant aujourd’hui, la sœur de notre seigneur Bearn n’a toujours pas trouvé de consort… En sera-t-il pour Bearn et Bera, suivant la tradition de notre peuple ? »
Gandalf tâchait de traduire à mesure, mais il dut s’interrompre lorsque l’assemblée se leva pour psalmodier une étrange litanie, gutturale et lente, qui semblait marquer l’acceptation par la tribu, des paroles oraculaires de leur conteur.
Lorsque le chant se termina, toute l’assemblée parut se tourner vers les visiteurs. Bearn regagnait les fourrures de son siège, les mamans asseyaient leurs bambins sur leurs genoux, les guerriers prenaient fièrement appui sur leur cognée, les grand-mères tendaient l’oreille, Bera n’avait d’yeux que pour Arathorn, dans la pénombre embrumée de la maison commune. Tous les regards, attentifs, convergeaient vers les invités.
Arathorn, fort réticent à l’idée de prendre la parole, après ces considérations désuètes et insistantes sur le mariage, appela Gandalf du regard. Le vieillard se leva en clignant de l’œil :
– Une soirée de veille comme celle-ci est l’occasion de rapporter les contes d’autrefois ! En voici justement un qui pourrait élever le jugement de nos hôtes !
Le magicien prit alors la parole dans la langue des Bearnides :
– « Peuple de Bearn ! Je vais vous conter ce qu’il advint de votre ancêtre, qui partit vers les immensités occidentales. Le peuple qui suivit Baran, affrontant maints périls, traversa les Montagnes de Brume, puis encore plus loin, les Montagnes Bleues et parvint en Beleriand après de nombreuses années d’errances. Balan, le fils de Baran, installa son peuple en un lieu des bois d’Ossiriand, en l’année trois cent et dix du Premier Âge. Là, le seigneur elfe Finrod Felagund les aperçut. Pendant toute une journée, il les observa se reposer des rigueurs de leur voyage, écoutant le peuple partager ses espoirs et ses craintes.
A la nuit tombée, il s’introduisit dans le campement endormi et, s’accompagnant de sa harpe, il entonna un chant. La grâce généreuse des accords de Finrod et la douce plénitude de sa voix séduisirent les hommes, les femmes et les enfants, et les tint en admiration. Ils échangèrent des chants et, au petit matin, le seigneur elfe avait compris les principes de la langue de ce peuple. Finrod eut une longue conversation avec Balan et ils se lièrent d’amitié.
Sur le conseil du prince elfe, Balan conduisit son peuple dans la plaine d’Estolad, en Beleriand oriental. C’est là que Balan entra au service de Finrod, et il fut alors nommé Beör, qui signifie tout à la fois ours et guerrier dans votre langue, et vassal dans celle Finrod.
Confiant la seigneurie de son peuple à son fils ainé, Balan-Beör se rendit à Nargothrond où il demeura jusqu’à la fin de ses jours, contribuant aux guerres contre les orques. À sa mort, les Elfes furent surpris et tristes, confrontés, pour la première fois, à la faiblesse des Humains et à ce destin qui leur fait quitter ce monde. »
Gandalf observait avec attention les réactions de l’auditoire, à ce conte qui leur était inconnu, bien qu’il touchât leur histoire d’aussi près. Mais le chaman reprit bien vite l’ascendant, et conclut les paroles du magicien en ajoutant :
– C’est ainsi que la lignée des rois de l’Ouest est apparentée à celle des seigneurs des Bearnides ! N’est-ce pas un signe des Esprits, que ces deux familles soient réunies sous ce toit en ce jour ?
Bera leva des yeux en larmes, mais qui brillaient d’un espoir vaguement renouvelé. Le magicien se mordit les lèvres. Il avait cherché à éduquer le clan mais son imprévoyance se retournait contre lui. Il prévint Arathorn qu’il était malencontreusement à nouveau question de son mariage avec la princesse de la tribu.
Alors le dúnadan se leva, gagna le centre de la salle et, avec l’aide de Gandalf, déclara à l’assemblée :
– Mon clan vit au-delà des montagnes. Il y a maints étés, j’ai rencontré ma bien-aimée. Elle m’a donné un fils, qui est à présent en âge de combattre nos ennemis et fait la fierté de son père. Lui-même a enfanté un fils, que sa grand-mère élève au-delà des montagnes, car sa mère est morte en couches. J’espère dépasser nos épreuves pour les rejoindre et leur donner ce que mon peuple n’a pu retrouver depuis maintes générations : la paix.
Un long silence accueillit cet aveu. Gandalf avait craint une réaction de colère, de déception, mais c’est avec résignation que Bera et Bearn acceptèrent la vérité. Cette déclaration pleine de sobriété allait droit au cœur des Bearnides. Elle soulignait la fidélité dans l’amour et la poursuite d’un idéal de paix, à travers les vertus guerrières.
Le chef des Dunedain avait gagné les sympathies, pourtant la tribu se sentait de reste. Une dette de vie devait être payée. Elle le devait d’autant plus, envers ce si lointain parent, dont le code d’honneur leur était si proche.
.oOo.
Le chaman éleva à nouveau sa voix mélodieuse : ses mots montèrent en une sourde mélopée d’encouragement, puis les accents belliqueux fleurirent en un chant de guerre, pour exploser en un hymne à la gloire et au courage des Bearnides. Au fil du chant, quelques guerriers s’étaient avancés, en transe, porteurs de la résistance et de l’honneur de tout un peuple. En dernier s’avança Bearn, possédé par la fureur aventurière de ses ancêtres. Le chant s’arrêta.
Gandalf confia à Arathorn : le clan désigne ses champions pour payer sa dette d’honneur…
Bera vit comme dans un songe les quatre guerriers Bearnides et leur chef étendre les bras sur les épaules les uns des autres. Ils reprirent en chœur le dernier passage du chant, comme un serment de se surpasser et de tout risquer les uns pour les autres dans l’épreuve qui s’annonçait. Tous étaient chefs de village, parmi les plus respectés et les plus puissants champions du peuple de l’ours. Leur compagnie abattrait des hordes entières d’ennemis pour protéger Arathorn, pensa Bera. Elle s’avança vers eux d’un air décidé et lança d’une voix forte :
– Non !
La maison commune retint son souffle. Bearn dégrisa instantanément, regardant sa sœur d’un air incrédule et peiné.
– Je refuse que quiconque s’engage à ma place pour le prix de mon sang ! J’ai une dette à payer et un homme à trouver ! Les villages ne resteront pas sans défense. J’irai seule ! J’ai dit !
Le visage de Bearn se radoucit. Sa sœur prenait son destin en main.
Arathorn pensa bien un instant refuser, mais le regard impérieux de Gandalf le dissuada d’une telle folie, démarche injurieuse, périlleuse et inutile. Le dúnadan s’avança donc et salua Bera avec cérémonie, aussitôt imité par Thráin.
Les festivités se prolongèrent tard dans la nuit. L’hydromel coula à flot, si bien que nombre de nains n’en conservèrent pas une mémoire très nette. Le clan fêtait la gloire de ses chefs et le début d’une nouvelle saga.
.oOo.
La puissante jeune fille avait durci son cœur et paraissait maîtresse d’elle-même. Elle avait souvent rendu visite aux Hommes des Bois et tenu les gués avec eux contre les incursions d’orques. Elle y avait appris le langage commun et se montrait souvent plus sociable que les chefs Bearnides. Mais elle n’avait jamais quitté son village plus d’une semaine, aussi la perspective d’un long voyage, seule avec des étrangers, si nobles et courageux, lui paraissait l’aventure de sa vie.
La compagnie l’accueillit aussi chaleureusement que le pouvaient des hommes et des nains en guerre. Bera reporta rapidement son besoin d’affection déçu sur le petit Gerry, qui devint vite son confident.
Le lendemain fut consacré à de nouveaux échanges, aux soins des blessés et aux préparatifs de Bera. La compagnie quitta le village le matin suivant, dans le clair-obscur des aubes forestières.
Alors que Bera guidait le groupe en compagnie d’Ingold, Arathorn s’attardait à l’arrière-garde. Thráin ralentit son poney pour parvenir à sa hauteur. En camarade, le nain se moqua un peu d’Arathorn :
– Je suis surpris qu’un chef de guerre comme vous ait dû se résoudre à accepter une femme dans ses rangs ! Auriez-vous découvert votre faiblesse ?
Arathorn était fort contrarié de cette situation, qu’il n’avait pas voulue. Il trouvait le ton badin du nain maladroit et inapproprié. Il répondit d’un ton acerbe :
– Vous vous rendez certainement compte que cette femme pourrait vous arracher la tête d’un seul coup de massue ? C’est une excellente recrue, noble et fiable. Son sacrifice pour dette de sang est digne des plus grands. Elle considère n’avoir tout simplement pas le choix ! J’imagine que vous comprenez le poids insupportable d’une dette de sang, vous qui avez déclenché une guerre pour cette raison !
Thráin, dont la seule intention était d’établir une certaine complicité dans une conversation entre garçons, se renfrogna et ne fit plus aucune tentative en ce sens…
.oOo.
NOTES
1 La perche du Roi de France valait 18 pieds, soit plus de 5,8 mètres.
2 Il s’agit du Vala Oromë.