L'étrange anneau du Roi Isildur
Palais Royale
Ville Haute
Minas Tirith est en effervescence. La belle cité blanche s'est mise sur son 31. Toutes les façades, les fenêtres et les portes arborent fièrement le drapeau du Gondor. Les rues pavées ont été recouvertes de pétales de fleurs. Manwë a enjoint la nature à prendre part au spectacle. Le ciel est bleu, le soleil brille, les oiseaux chantent. Quelle magnifique journée !
Aujourd'hui est jour de renaissance pour les hommes de Numénor. La guerre est terminée, Sauron est vaincue. Il est temps de chasser les mauvais souvenirs et panser les plaies. Que revienne l'insouciance, la sérénité et la joie.
C'est à ce dessin, que le roi Isildur tient cérémonie dans la cour du palais. Il va planter un arbre blanc. Ce n’est bien sûr pas n'importe quel arbre blanc. C'est une pousse de Nimloth, l'arbre sacré de Numénor. Par deux fois Sauron l'a détruit et par deux fois il a été replanté. Il symbolise la victoire et la prospérité. Ses feuilles immaculées carresseront à chaque automne les héritiers du Gondor et de l'Arnor pour des générations à venir.
Dans la joyeuse foule massée autour de la grande place, quatre intrus se taillent un chemin tant bien que mal.
Le capitaine balafré mène la marche.
- Suivez moi, il faut se mettre au troisième rang, côté est.
- Pourquoi pas au premier rang ? On verra mieux le roi.
- Non, mes informateurs m'ont dit qu'il ferait un bain de foule là bas, rappelle toi que je dois être derrière lui, comment veux-tu que je fasse si on se met au premier rang.
- Rohéna, tu es prêtes ? Tu dois capter son attention et te jeter à son cou. C'est toi qui a le rôle le plus important, sans ça, l'opération tombe à l'eau.
- Ne t'en fais pas, rien de plus facile. Je sais attirer l'attention d'un homme, qu’il s’agisse d’un gueux ou d’un roi…
La belle Haradrim c'était parée d'une robe blanche presque transparente, la poitrine bien en évidence. Seulement quelques bijoux bien choisis cachaient sa pudeur. rien que sur le chemin, beaucoup s’en sont tordu le cou Quel homme pourrait ne pas la remarquer ?
La petite troupe s’est entrainée les jours précédents. Il ont expérimenté leur tactique sur quelques riches bourgeois. À chaque fois, elle a fonctionné à merveille. Rohéna attirait l'attention, se faisait tactile. Le balafré d'un geste sec et précis, coupait le collier du malheureux par derrière avec sa petite pince aiguisée. Anarin se baissait pour refaire sa chaussure et ramassait le bijou l'air de rien. Burek n'avait plus qu'à tendre la main et disparaître. Le bougre ne se rendait compte de rien.
Mais entre un vulgaire bourgois et le souverain du plan grand royaume des hommes, il y comme qui dirait un gouffre. Anarin avait le coeur qui battait la chamade. Dans sa tête il se refaisait le film des événements. En quelques semaines, il était passé de cordonnier ambulant à cambrioleur, exfiltrateur et comploteur.
Maintenant il s'apprêtait à commettre le vol le plus fou de toute l'histoire récente de la terre du milieu.
Reste concentré, pense au plan... Tout se passera comme prévu.
Autour de lui, ses complices semblaient étonnement serain. Le Balafré était un habitué des gros coups, Rohéna n'avait rien à perdre et Burek était tout simplement inconscient. Ce dernier sentit la fébrilité de son compère.
- T'en fais pas cousin, de toute manière si ça merde, dis toi que les gardes ont des armures et pas nous… on courra plus vite qu’eux.
De toutes les affirmations saugrenues de Burek, celle la était sans aucun doute la plus stupide. La ville était cadrillée par toute l’armée et la garde du Gondor. 10 000, 20 000 et peut être plus encore… Mais aussi surprenant que ça paraisse, il fut tout de même rassuré. La bonne humeur communicative de son cousin lui redonna du courage.
- Voilà ! Juste ici !
La petite troupe s'arrêta et prit place.
Au milieu de la place, tronait le souverain et toute sa cour. Le chambellan, l'intendant, les princes de sang et les grands capitaines. Ils portaient leurs plus belles armures d'apparat. La lignée de Numénor brillait de mille feux, c'était beau à voir. Isildur planta la graine révérée et il y eut un grand silence. Suite à cela, fendant la lourde atmosphère, un chant s'éleva. Une ode envoûtante en langue elfique.
Nimroth, l'arbre sacré, était à l'origine un cadeau des elfes Noldor de Tol Eressa. Sa pousse venait de Valinor et remontait à l'aube des temps. Les chants célébraient cette alliance immuable des elfes et des hommes.
Une fois fini, Isildur se tourna vers la foule.
Il fut acclamé de toutes parts, tout le monde aurait voulu avoir l’honneur de le voir de près et lui sérrer la main, mais c'est vers la partie est du publique qu'il s'avança.
Les quatre malfrats s'echangèrent un regard complice. Les renseignements étaient donc vrais, voilà qui est de bon augure pour la suite.