L'étrange anneau du Roi Isildur
Minas Tirith
Palais Royal
Elrod est nerveux. Annoncer une mauvaise nouvelle au roi n'est pas chôse facile depuis quelque temps. Et malheureusement pour lui, il y en a plus d’une. Il réajuste pour la cinquième fois sa longue cape bleue azure. Malgré l'air frais il sue a grosses goûtes.
Son armure d'apparat est impeccable. Pour ne rien laisser paraître, il serre les dents et décide de planter son regard au plafond. Si on lui fait une remarque il n'aura qu'à pointer un défaut dans la charpente. Ne surtout rien laisser paraitre devant le roi.
Une dernière grande inspiration et l'homme est fin prêt. Un valet frappe le sol avec sa canne et annonce:
- Monseigneur le Chambellan !
Dans la majestueuse salle du palais, le conseil a déjà commencé. La discussion porte principalement sur l'armée et les nominations de tel ou tel Capitaine.
En ce temps Minas Tirith n'est pas la capitale du Gondor, c'est encore Osgiliath. Aux murs, les statues royales rappellent qu'elle fut celle de son frère. Le défunt Anarion, mort au siège de Barad Dur. Les colonnes et les voûtes en marbre montent si haut qu'on aperçoit à peine le plafond. Les vitreaux laissent entrer une lumière brillante qui ricoche sur le sol en pierre blanche et inonde la pièce d'un éclat aveuglant. Entre ces murs, la magnificence du royaume est insolante.
Le chambellan marche d'un pas énergique. L'intendant, qui préside le conseil, prend la parole
-Ah! Elrod, te voilà. Nous avons commencé sans toi, quelles nouvelles apportes tu ?
Les nouvelles, ce gros ventre d'intendant les connaît déjà. Mais il se garde bien de les annoncer lui même. Le chambellan s’assit à sa place en se fendant d'un sourire gêné.
Au bout de la grande table en bois massif, le roi Isildur est avachit sur sa chaise. Son regard est sombre, pensif. Il joue avec son épée. Il n'ést pas pressé d'entendre les doléances du jour.
- Et bien… Monseigneur l'intendant, je crains devoir vous quérir de nouvelles quelque peut déplaisantes...
- Ah oui ?
- Oui...
Il se racla la gorge et prit une grande inspiration.
- Les rentrées d'impôts sont moins bonnes que prévue... Et les nains n'ont pas livré l'argent qu'ils s'étaient engagés à nous prêter. Le tresor est vide. Nous allons devoir faire de fâcheuses économies...
- Fâcheux en effet... et les elfes ? Pourrait-on leur demander de l'aide.
- On pourrait, Sieur intendant, mais c'est qu'on l’a déjà fait l'année dernière... Il serait peut être diplomatiquement mal venu de réclamer à nouveau.
À ces mots, tous les yeux se tournèrent vers le roi. L'assemblée attendit une réaction qui ne vint pas. Isildur n’écoutait pas, il était occupé à faire tournoyer son épée comme une toupie. Après un long silence glacial, le chambellan reprit, l'air de rien.
- Ce n'est pas tout. Aux frontières, les villes détruites par la guerre tardent à se reconstruire. C'est que... Nous manquons de bras. Nous avons du réquisitionner les vieillards et les enfants. Les plaintes commencent à gronder. Beaucoup préfèrent s'exiler dans les grandes villes que rebâtir leur maison.
- C'est tout à fait préoccupant, Monsieur le chambellan. Pourrait-on employer des Dunedains pour prêter main forte?
- Et bien... C'est que, Hum... Nous l'avons déjà fait l'année dernière et nous n'avons pas pu les payer. Alors, bien sûr, ils sont partis.
Cette fois, personne n'osa regarder le roi. Pour le principe, un court silence fut respecté dans l'espoir qu'il intervienne, mais rien. Le souverain du Gondor et de l'Arnor était concentré à se grater le bout des ongles avec son arme.
- Ce n'est pas tout...
Un frisson d’angoisse traversa la table, les visages criaient tous la même chose. Faites que ça finisse.
- L'expédition au sud, en pays Haradrim, piétine. Les soldats supportent mal la chaleur. La fatigue et la soif ont raison de la discipline. Les hommes comprennent mal leur mission. Ils ne voient pas l'intérêt de courir après les débris d'une armée vaincue. En conséquence, les désertions sont hors de controle.
À la gauche du Chambellan, siegait Elendur, le fils ainé d'Isildur. Il partage le malaise des conseillers. Lui non plus ne reconnait plus son père depuis quelques temps.
Afin d'éviter un nouveau moment embarrassant, il décida de changer de sujet.
- Elrod, dis moi, en sait on plus sur l'homme qui s'est jeté sur mon père ? Croyez vous toujours qu'il s'agisse d'un fou. À t-on découvert des complices ?
- À vrai dire oui ! On m'a rapporté des rumeurs. Il se murmure, ici et là, que le fou ne s'est point jeté sur sa Majesté pour la tuer. Mais pour la voler.
- Voler le roi !? En voilà une curieuse rumeur… Mais qu’aurait-il vouluit prendre ? Sa couronne ? Son sceptre ?
Non. Il s'agirait de son...heuu et bien... Son Anneau.
BAANG !!!
Un grand bruit résonna dans la salle. L’épée du roi venait de tomber sur le solide carrelage en pierre taillée du palais.
- QUOI !?
Isildur était debout, les deux poings sur la table, prêt à la enverser. Ses yeux étaient rouges de rages.
- Mon anneau !??
Il empoigna fermement le petit bijoux dorée qui pendait à son cou. D'une voix presque démoniaque, il s'adressa à ses conseillers.
- Par tous les hommes de Nùménor !! celui qui pose, ne serait-ce qu'un œil de travers sur mon anneau... Je lui infligerai un châtiment dont même Morgoth sera jaloux !
Le sang de tous les hommes présent se glaça. Le chambellan et l’intendant étaient figé de peur. Elendur leva la tête au ciel.
- Manwë, qu'avez vous fait de mon père...