L'étrange anneau du Roi Isildur

Chapitre 2 : L'homme de la situation

1642 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/02/2025 13:21

Minas Tirith

Quartier nord de la ville basse.


Dans un minuscule logis semblable à une cage à lapin, un petit bonhomme rondouillard confectionne d'étranges babioles. Son état de concentration est maximal. Soudain, il est dérangé par des cris provenant de l'extérieur.


- Bureeek ! Bureeek !



Avant de comprendre qui ça pouvait être, un homme ouvre grand la porte et s’invite à l’intérieur.



- Burek il faut que je te montre quelque chose !



C'est notre homme à la tunique noire qui venait d'entrer, le front plein de sueur, il a carapaté dans toute la ville. Son nom à lui, c'est Anarin


- Et beh cousin, t'en fais une tête ! T'as volé la culotte d'une elfe ?

- L'exécution.. J'étais à l'exécution tout à l'heure et j'ai trouvé..



Il déglutit en essayant de reprendre son souffle, plutôt que de lui expliquer, il lui tend directement le parchemin. Le cousin, intrigué, prend le document. Il fronce les sourcils et se met à le parcourir. Anarin attend impatiemment une réaction. Mais celle-ci tarde à venir.


- Alors ?



Le cousin Burek lit toujours en fronçant les sourcils, qu'il implémente de quelques “humhum…” Suivi de plusieurs hochements de tête.



- Et bien ? C'est tout l'effet que ça te fait ?


Soudain il se rappelle

- Ah que je suis bête, mais tu ne sais pas lire ! fiente de crapaud !


Il lui arrache le parchemin des mains.


- Si je sais lire ! J’ai l’iris atrophié c’est tout. Dis moi plutôt ce qu'il y a marqué dessus, on gagnera du temps.

- Ça dit qu'il y a une prime de 10 000 pièces d'or à celui qui volera l'anneau doré du Roi Isildur. Et c'est signé le rôdeur du Harad.


Si le premier n'a pas inventé l'eau chaude, l'autre n'a pas la lumière à tous les étages. Burek, son cousin germain du côté de son père, vit de larcins et de petites magouilles. Sa seule qualité indéniable, c'est qu'il connaît comme sa poche tous les endroits mal famés de la cité. Et les gens peu recomandables qui les fréquentent.


- 10 000 pièces d'or !? Burek, abassourdi, se frotte la tête,

nom d’une couille de gobelin, c’est une fortune…


- Je te le fais pas dire ! C’est pour ça que je suis venu te voir, toi qui connais du monde, tu crois que...



Avant même qu’il puisse finir sa phrase, Burek lance d’un ton très confiant.



- Je connais la personne idéale !


- Ah oui ? La réponse paraissait trop rapide.


- Oh que oui! C’est le meilleur voleur de tout Minas Tirith, l’as des as.


- Tu es sûr ?


- Pas qu’un peu, je l’ai vu à l’oeuvre, personne ne lui arrive à la cheville.



Anarin, boit soudainement ses paroles. Ses yeux se mettraient presque à briller.



- C’est quoi son domaine d’activité ?



Il vole les roues des chariots vers la porte ouest.


- Hein !? Anarin crut défaillir.


- Oui, il attend que les marchands s’éloignent de leurs chariots pour aller payer le droit de passage et en deux temps trois mouvements, il leur décroche une roue et disparait. Ça a pas l’air comme ça, mais c’est très technique. Ça se revend très bien au marché noir figure toi. À ce jour il ne s’est jamais fait attraper.



Le visage tout entier d’Anarin devint rouge, on aurait dit qu’il était prêt à commettre un meurtre.



- Morbleu de couillon de purin ! On parle de voler le bijou du Roi ! Tu as entendu ce que j’ai dit ? Du Roi ! Et tu me parles d’un blaireau qui vole des roues de chariots !?



Burek était habitué à ce que les gens s’énervent contre lui. Les mots “idiot”, “crétin”, “gobelin consanguin” revenaient souvent. Il connaissait au fond de lui la vraie raison. Sa façon de penser était originale, avant-gardiste. Les gens étaient jaloux, tout simplement. Il ne s’en offusquait plus depuis longtemps.



- Bon très bien, oublie, tu n’y connais rien. Sinon il y aurait peut être le Capitaine balafré…


- Le Capitaine balafré ? Qui c’est ?


- Il est connu dans le milieu, en autre, pour avoir volé la couronne d’un roi nain. Ils étaient partis en guerre combattre les orcs du Mordor à nos côtés. L’histoire dit que le Capitaine a eu vent des trésors qui dormaient dans leur montagne sans grande surveillance. Il aurait déserté l’amée pour aller subtiliser leurs joyaux dont une magnifique couronne en or.


- Et cette histoire est vraie ? Anarin semblait reprendre des couleurs


- Ça en a tout l’air, j’ai dejà croisé l’individu, sa cape, à elle seule, vaut plus que toutes les maisons du quartier. Mais bon, je ne sais pas si ça convient à notre affaire…


- Qu’est-ce que tu racontes ? C’est parfait oui !


- Ah bon ? Pourtant comme son nom l’indique il a une grosse balafre afreuse sur le visage.


- Et alors ?


- Et beh… un anneau doré, un roi, une balafre. Ça ne va pas très bien ensemble tout ça. Elle est vraiment hideuse tu sais, ça dégoute les gens.



Cette fois Anarin ne s’énerva pas. On ne peut pas reprocher à un crétin d’être ce qu’il est. Il avait enfin une information utile. Sa cervelle se mit à bouillir. Depuis qu’il avait ouvert ce parchemin il sentait comme une boule de feu qui lui dévorait les tripes. C’était sa chance, il en était persuadé.


Jamais un voleur de sa trempe n'acceptera de s'associer avec deux poids plume comme nous...

Il se mit à faire les cent pas. Il réfléchit à son plan de bataille à haute voix.



- Il faut d'abord que j'en apprenne plus sur ce fameux anneau doré. Existe-t-il vraiment ? Est-il rangé dans un coffre du palais ou le roi le porte-t-il en permanence sur lui ? Qui est ce rôdeur du Harad ? Combien de gens sont au courant de ce contrat ? Si tous les rôdeurs du Gondor sont déjà sur l'affaire je n'ai aucune chance. Nom d'un Balrog ! C'est trop de paramètres…



Sa tête allait exploser. Burek, voyant l'état d'embarras de son pauvre cousin, prit la parole.



- Tu sais cousin, quand on dépouille un mendiant qui dort, il y a une règle primordiale à respecter. D'abord la bourse, ensuite les bagues et après seulement les chaussures.



Anarin fut surpris, d'apparence stupide, la chose ne lui parut pas si bête que ça. Il se concentra quelques secondes.


Qu'essaie de me dire ce rustre primate ? Bien sûr ! Il a raison ! Je dois prendre les choses dans le bon ordre.

Par où commencer ? Par l'anneau évidemment, sans lui le reste n'a aucune importance. Je dois en savoir plus...


- Burek, connais-tu quelqu'un qui aurait vu le Roi de près récemment ?


Burek fronça les sourcils, il mit en marche sa formidable machine intellectuelle.



- Écoute, l'autre jour j'ai croisé un type qui avait joué aux dés avec un gars qui a entendu parler d'un homme…


Anarin arrêta aussitôt d'écouter, cette fois il en est convaincu, quelque soit la chute de cette histoire, elle sera stupide. Il se tourna vers la fenêtre. Ou plutôt l'espèce de trou grossier dans le mur qui faisait office de fenêtre. Dehors le jour tirait sa révérence, le jaune du soleil virait à l'orange.


- Dagorlad !!



Anarin venait d'éructer de toutes ses forces.


- Hein ? Burek le regarda l'air ahuri.

- Le condamné de tout à l'heure, il a attaqué le Roi alors qu'il rendait visite aux vétérans de Dagorlad. Eux c'est sûr, ils l'ont vu de près. S'il portait un anneau doré, quelqu'un a dû le remarquer. Il n'y a qu'à leur demander.


Burek éclata de rire.


- Bien vu cousin ! Mais il y a un petit obstacle à ton plan. L'hospice des vétérans est dans la ville haute ahah. Et un gueux comme toi n'a pas le droit d'y entrer.



La ville haute était en effet réservée aux nobles et aux soldats. Comme la plupart de ses semblables, Il n’y avait jamais mis les pieds.



- Pas de temps à perdre, j’irai dès ce soir.


- J’aimerais bien voir ça tiens ! Pouffa Burek


- Ton souhait est exaucé puisque tu viens avec moi.


- Ah bon ? Qu’est que j’irai faire dans cette galère moi ?


- Et bien, tu auras droit à ta part sur la récompense.


- Tes 10 000 pièces d’or imaginaires ? Mais tu plaisantes ! Je prends les paiements comptants uniquement. Comme tu es mon cousin je te fais un prix d’ami. C’est 20 pièces d’or la journée pour louer mes services.



Anarin fit l’inventaire de tous les objets sans valeur qui croupissaient chez lui dans le fond de son armoire.



- Je te donne une paire de bottes que j’ai fabriqué moi même, une canne à pêche et un gros jambon. Et je jure de raconter à personne la fois où tu as bu de l’urine d’orc en pensant que ça ferait grossir tes parties…


- Hum… t’es dûr en affaire cousin. Vendu ! J’ai toujours voulu voir la ville haute de toute façon. Mais tout ça nous dit pas comment on passera la porte.


Anarin posa sa main sur l’épaule de son cousin et le fixa du regard. Avec l'assurance d'un elfe de Valinor, il déclama d'une voix solennel:


- Si c'est l'obstacle qui se dresse entre moi et 10 000 pièces d'or, je trouverai un moyen... 

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