La Dixième
Leur course les mena dans la trouée du Rohan.
-Ils sont à moins d’une journée de marche. Vite !
-Courage, Gimli ! Nous les rattrapons !
Et le nain grogna de plus belle.
-Quatre jours et quatre nuits de marche sans boire, ni manger...
Sphinx (qui gardait pourtant rancune au nain pour l'avoir traité de créature démoniaque) le prit sur son dos.
-Accrochez-vous, Maître Nain ! lança Alzifelen.
Ils coururent jusqu’au coucher du soleil puis s’arrêtèrent pour la nuit. La fatigue se faisait sentir. De plus que les quatre compagnons forçaient l'allure.
Malgré les quatre jours qu'ils avaient passé ensemble, Alzifelen sentait de la méfiance envers elle.
-Je ne suis pas votre ennemie, dit-elle en allumant un petit feu rien que par la pensée.
-Vous êtes un peu magicienne. N'en veuillez pas à un nain. Nous sommes las et nous dormons peu.
Alzifelen resta de garde toute la nuit. Legolas la rejoignit un peu plus tard mais ils n'échangèrent pas un mot.
Le lendemain ce fut une aube rouge qui se leva.
-Beaucoup de sang a dû couler cette nuit, dit Legolas.
-Pas le sang des vôtres, cette fois, répliqua Alzifelen.
Aragorn eut un regard intrigué.
-Vous ne leur avez pas raconté comment la lâcheté du grand Thranduil a conduit mon peuple à l'extinction ?
-Ne tenez pas Legolas pour responsable. Le roi Thranduil ne change pas d'avis à ce que l'on dit.
-Stupide sindar borné.
Malgré le sommeil agité que le nain et l'homme avaient eu, ils eurent un large sourire.
Plus tard dans la journée, ils aperçurent une troupe de cavaliers. Ce fut Aragorn qui les aborda :
-Cavaliers du Rohan, quelles nouvelles des Hommes de la Marche ?
Les quatre compagnons eurent une certaine appréhension en voyant les cavaliers les encercler.
-Que font deux elfes, un homme et un nain dans le Riddermark ? demanda celui qui semblait être leur chef. Répondez !
-Donnez-moi votre nom, dresseur de chevaux, je vous donnerais le mien, répliqua Gimli.
Cette remarque ne parut pas plaire au chevalier. Il descendit de sa monture en disant d’un ton menaçant :
-Je vous trancherais volontiers la tête, nain, si elle dépassait un peu plus du sol.
-Vous seriez mort au moindre geste ! lança Legolas sur la défensive.
Alzifelen eut peine à croire qu'un elfe -qui plus est de la forêt noire- pouvait défendre un nain. Legolas était-il vraiment différent ?
Aragorn calma les esprits.
-Je suis Aragorn fils d’Arathorn, voici Gimli fils de Gloïn, Legolas de la forêt noire et Alzifelen d'Ithilien du sud. Nous sommes des amis du Roi Théoden.
-Théoden ne reconnait plus ses amis de ses ennemis, pas même les siens, répondit l’autre en enlevant son heaume, il s’agissait d’Eomer proche du roi. Saroumane a empoisonné l’esprit du Roi et a revendiqué la suzeraineté de ses terres. Mes cavaliers sont loyaux au Rohan et pour cela nous avons été bannis. Le Magicien Blanc est rusé. Il va et vient à ce que l’on dit. Un vieillard enveloppé d’un manteau à capuchon. Et ses espions se faufilent partout à travers nos filets.
-Nous ne sommes pas des espions. Nous poursuivons une horde d’Uruks-Hais en direction de l’ouest. Ils ont emmené captifs deux de nos amis.
-Les Uruks ont été détruits. Nous les avons massacrés pendant la nuit.
-Mais il y avait deux Hobbits ! Avez-vous vu deux hobbits avec eux ?
-Il n’y a pas de survivant.
-Morts ?
-Je suis désolé. Nous avons empilé les carcasses et les avons brûlées. Hasufel ! Arrod !
Deux chevaux avancèrent vers eux.
-Puissent ces chevaux vous prêter meilleure fortune qu’à leurs premiers propriétaires.
Allez voir mais n’ayez pas trop d’espoir. C’est peine perdue sur ces terres.
Et les Rohirrims repartirent vers le nord.
Les compagnons se dirigèrent vers la mince colonne de fumée qui s’élevait à l’horizon. Gimli et Aragorn fouillèrent les carcasses.
-C’est une de leurs ceintures, fit le nain en levant un morceau de cuir calciné.
Le descendant d’Isildur eut un cri de rage et Legolas prononçait déjà des paroles visant à sauver l’âme de leurs amis.
-Un des hobbits se tenait là. Et l'autre ici… les traces s'éloignent du combat…
Les traces les menèrent dans la forêt de Fangorn. Ils avancèrent dans la sombre forêt osant à peine murmurer. Les arbres étaient vivants et mugissaient sur leur passage.
Soudain, ils perçurent une présence.
-Il est tout près...
-Ne le laissons pas s’échapper.
Ils saisirent leurs armes mais elles leur échappèrent. Une forte lumière blanche les éblouit.
-Qui êtes-vous ?
-Vous êtes à la recherche de deux de vos amis. Ils sont passés par ici, avant-hier. Ils ont fait une rencontre à laquelle ils ne s’attendaient pas. Est-ce que cela vous rassure ?
-Qui êtes-vous ? Montrez-vous !
La lumière s’abaissa et ils reconnurent...
-Gandalf.
-Cela ne se peut... Vous êtes tombé...
-A travers le feu et l’eau.
Il leur raconta comment il avait survécu au Balrog.
-Mais dites-moi maintenant où est le reste de la compagnie. Je n'ai eu que de brèves nouvelles.
Aragorn conta comment ils avaient perdu Boromir fils du Gondor, Frodon et Sam étaient partis pour le Mordor tandis que les deux autres hobbits étaient perdus devant eux et comment Alzifelen s'était joint à eux.
-Alzifelen bien sûr… Elle nous suit depuis que nous avons quitté Fondcombe. Un membre de plus, surtout lorsqu'il vient d'Ithilien du sud, n'est jamais de trop, dit Gandalf en regardant la princesse d'un air malicieux. Nos amis ont rencontré les Ents et sont en sécurité à présent. Il nous faut rejoindre le royaume de Théoden pour l'instant.
Et ils marchèrent jusqu'à l'orée des bois.
-Je vous parlerais bien des hobbits, Alzifelen, mais il vaut mieux que vous les voyez par vous-même.
-Le voyage va être long sans chevaux, dit Aragorn.
-En effet. C'est pourquoi je vais rappeler nos destriers.
Le magicien siffla longuement d'une note claire. Un faible hennissement se fit entendre puis il se rapprocha. Un grand cheval à la robe d'argent galopait vers eux suivit des deux chevaux Hasufel et Arrod, donnés par les Hommes de la Marche. Sphinx revint d'un autre coté.
-Nous voici prêts à rencontrer Théoden.
Deux jours plus tard, ils étaient arrivés à Edoras. La demeure du Rohan trônait au sommet d'une colline, entourée d'un village de maisons en bois.
-Prenez garde à ce que vous dites, nous ne sommes pas les bienvenus.
-Eh bien, c’est plus gai dans un cimetière, fit Gimli une fois qu’ils furent rentrés.
Ils montèrent la pente jusqu’au palais. Des gardes s’avancèrent vers eux.
-Aucun étranger ne peut entrer armé ainsi. Ordre de Grima-Langue de Serpent.
Ils donnèrent leurs armes sans rechigner.
-Votre bâton.
-Vous n’allez pas priver un vieillard de son appui ? demanda Gandalf avec une moue, après quoi il fit un clin d'œil à Alzifelen. Elle fit mine de le soutenir.
Et les gardes les laissèrent entrer.
Le Roi paraissait malade et fatigué, il semblait aussi vivre depuis des centaines d’années.
-L’accueil de votre royaume a quelque peu diminué ces temps-ci, Roi Theoden.
-Pourquoi vous ferais-je bon accueil, Gandalf Corbeau de Tempête ? fit le Roi du Rohan d’une voix lasse.
-L’heure est un peu tardive pour ce magicien qui choisit de réapparaître, dit Langue de Serpent. Je le nomme mauvaises nouvelles car elles font mauvais hôte.
-Fais silence ! Je ne suis pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent !
-Son bâton... Je vous avais ordonné de prendre son bâton !
Des gardes s’approchèrent, bien décidés à les faire sortir du château par la force. Alzifelen tordit quelques poignets et déboita quelques épaules tandis que ses compagnons mâles infligeaient des dégâts plus graves.
-Je vous libère !
Il y eut un rire sinistre. Celui de Saroumane.
-Si je sors, Théoden meurt.
-Vous ne m’avez pas tué, moi, alors vous ne le tuerez pas.
Quelques grimaces plus tard, Théoden menaça de s’effondrer sur le sol. Sa nièce Eowyn le retint. Puis le Roi fit de nouveau face à ses amis et à ses sujets. Il reprenait peu à peu des couleurs et son regard devenait plus vif. Il empoigna son épée et s’apprêtait à exécuter Langue de Serpent quand Aragorn le retint.
-Non, Monseigneur ! Trop de sang a déjà coulé par lui.
L’autre en profita pour prendre la fuite.
On informa le roi de la mort de son fils unique. Peu après les funérailles du prince, deux enfants arrivèrent sur un cheval.
-Ils ont été surpris. Ils étaient effrayés, dit Eowyn.
-Ce n’est qu’un échantillon de ce que Saroumane manigance. Il vous faut protéger votre royaume, trouver refuge au Gouffre de Helm. Vous avez cette chance de vous protéger quand de hauts peuples elfiques ont péri… Ne la gâchez pas.
Après quelques conseils, Gandalf s’en alla sans dire où. Mais comme on avait besoin de lui, il s’en allait.
La cité fut évacuée dès l’aube et l’exode commença, Legolas et Alzifelen en tête.
-Vous avez tort de m'en vouloir. Si j'avais été roi, je vous aurais aidé à combattre les Nazgûls. C'est pour ça que je suis ici. Je ne veux plus de massacre comme celui que vous avez vécu.
-C’est tout à votre honneur mais c’est trop tard, pour mon peuple.
Le reste de la journée se passa en silence ou presque.
-Que voient vos yeux d'elfes ? demanda Aragorn.
-Pas âme qui vive, répondit Alzifelen.
Le lendemain, ils perçurent une présence. Ils prirent un peu d’avance.
-Des Loups !
Ils en tuèrent quelques-uns puis allèrent prévenir les gardes de Théoden. Un combat féroce et rapide s’engagea. On déplora beaucoup de pertes. Alzifelen rejoignit Legolas et Gimli qui scrutaient la rivière. Aragorn y était tombé. L'elfe sylvestre priait pour qu'il soit en vie.
-Ne soyez pas stupide. Il est en vie ! dit-elle en langue elfique.
-Venez, leur dit Théoden.
Ils se remirent en route et ne tardèrent pas à atteindre le Gouffre de Helm. Eowyn y avait déjà conduit les femmes et les enfants d’Edoras.
-Si peu... si peu d’entre vous sont de retour.
-Notre peuple est sauf, répondit le Roi. Nous avons payé cela par de nombreuses vies.
La demoiselle protectrice du Rohan apprit la perte d’Aragorn et elle en parut affectée.
Alzifelen enleva le harnachement de Sphinx qui soupira de contentement en voyant la paille et l'eau qui l'attendaient dans la stalle.
-C'était un long voyage mais la route n'est pas finie, Sphinx. Repose-toi.
-Je peux vous être utile ? demanda Eowyn.
-Non, j'ai fini.
-Je me sens honteuse, je ne pensais pas que vous parliez la langue des Hommes.
-Peu d'elfes le peuvent. Mais mon peuple la parlait fréquemment. Vous paraissiez triste quand Théoden a annoncé la disparition d'Aragorn.
-Oui…
-Je suis persuadée qu'il n'est pas mort et que nous le reverrons dans quelques heures.
Près d’une journée s’écoula avant que l’héritier du trône du Gondor ne réapparaisse.
-Vous arrivez tard, lui dit Legolas. Vous avez une mine affreuse.
Aragorn lui répondit avec un large sourire.
-Comme je le disais : pas mort, dit Alzifelen en arrivant.
-Vous êtes l'homme le plus chanceux et le plus robuste que j'ai jamais rencontré ! dit Gimli. Soyez béni !
Les quatre compagnons entrèrent dans la salle où le roi s’entretenait avec ses soldats.
-Une grande armée, vous dites.
-Oui, Isengard s’est vidé, confirma Aragorn.
-Combien sont-ils ?
-Au moins dix mille.
-Dix mille ??
Le chiffre résonna dans la salle. Gimli manqua de s’étouffer avec sa miche de pain.
-C’est une armée constituée dans un seul but : détruire le monde des hommes. Ils seront là à la tombée de la nuit.
-Eh bien qu’ils viennent !
Ils firent le tour de la forteresse, Théoden donnant des ordres à ses sujets.
-Il ne s’agit pas de ces abrutis d’Orques, rappela Gimli. Il s’agit d’Uruks hais. Leur armure est épaisse, et large est leur bouclier...
-J’ai déjà connu maintes guerres, Maitre Nain, je sais comment défendre ma citadelle.
Ils poursuivirent leur chemin. Alzifelen, elle, n'avait jamais connu de bataille sauf celle où son peuple avait été anéanti. Haldir l'avait entrainée au combat pendant plusieurs mois, elle s'en sortirait.
-Ils se briseront sur les murs comme l’eau sur les rochers, continua Theoden. Les hordes de Saroumane peuvent piller et brûler mais cela nous avons déjà vu. Les récoltes peuvent être ressemées, les maisons reconstruites. A l’intérieur de ces murs, nous leur survivrons.
-Ils ne viennent pas détruire les récoltes ou les villages du Rohan, lui rappela Aragorn. Ils viennent anéantir son peuple. Tous. Jusqu’au dernier enfant.
-Que voulez-vous que je fasse ? Regardez mes hommes. Leur moral ne tient qu’à un fil.
-Vous avez besoin d’aide, Monseigneur. Envoyez des hommes en quérir.
-Et qui viendra ? Des elfes ? Des nains ? Nous n’avons pas la chance d’avoir autant d’amis que vous, Aragorn.
-Le Gondor se joindra à vous.
-Le Gondor ! Où était le Gondor lorsque nos ennemis nous ont encerclés ? Où était le... Non, seigneur Aragorn, nous sommes seuls.
Sur ordre du Roi, les femmes et les enfants furent évacués dans les cavernes, derrière le fort. Eowyn rejoignit Alzifelen.
-Vous devriez nous rejoindre.
-Je ne peux m’y résoudre, répliqua l’elfe. Mon devoir est de me battre. J’y manquerai en vous rejoignant, mais faites bien le vôtre, Eowyn.
Et Alzifelen alla à l’armurerie. Ses compagnons de route y étaient déjà et y tenaient une petite conversation :
-Fermier, forgeron, garçon d’écurie... énumérait Aragorn. Aucun n’est un soldat.
-La plupart ont déjà vu passé trop d’hivers, ajouta Gimli.
-Ou trop peu, cracha Legolas. Regardez-les, ils sont terrifiés : ça se lit dans leurs yeux.
Un silence de plomb s’installa. Tous étaient surpris (il n'y avait pourtant pas de quoi). Le pessimisme habituel des elfes de la Forêt Noire était revenu.
-Il y a de quoi, poursuivit l’elfe dans sa langue. A cinq cent contre dix mille ?
-Ils se défendront mieux ici qu’à Edoras.
-Aragorn, c’est une bataille qu’ils ne peuvent gagner. Ils mourront tous !
-Alors je mourrais comme l’un d’entre eux !
Sur ces paroles en langage des hommes, Aragorn s’en alla. Alzifelen le suivit. Le soleil déclinait, le ciel s'assombrissait.
-Vous devriez faire la paix avec Legolas, dit Aragorn en s'approchant d'Alzifelen qui contemplait les nuages recouvrant peu à peu le ciel. Vous êtes tous deux des elfes et dans le même camp.
-Nous verrons cela lors de la bataille…
-Legolas s'est joint à la compagnie spontanément.
-Pour redorer le blason du royaume de la forêt noire.
-Ils étaient aussi en guerre avant le conseil d'Elrond. Nous souffrons tous des mêmes maux. Venez.
Ils retournèrent à l'armurerie où l'elfe sylvestre et le nain finissaient de se préparer.
-Aragorn, pardonnez-moi j'ai eu tort de désespérer.
-Si on avait le temps je ferais ajuster cette cotte, grogna Gimli en s'approchant d'eux, elle est un peu trop serrée à la poitrine.
Les trois compagnons partirent d'un petit rire, rapidement rejoints par le nain.
Quelques instants plus tard, le cor des elfes retentit. Les quatre compagnons se précipitèrent. Haldir de Lorien était arrivé avec une armée.
-Haldir de Lorien, vous êtes plus que bienvenus, lui dit Aragorn.
-J’apporte la parole d’Elrond de Fondcombe : autrefois une alliance existait entre les elfes et les hommes. A cette époque nous avons combattu et péri ensemble. Nous sommes venus honorer cette allégeance.
-C'est un honneur pour moi de me battre à vos côtés, Haldir.
-C'est réciproque, Alzifelen, fille d'Azen, dit-il en la saluant.
Chacun se mit en position. Les archers étaient sur le rempart faisant face à l'armée de Sauron. Les quatre compagnons et Haldir étaient alignés.
La nuit tomba et une pluie diluvienne s’abattit sur Fort le Cor. Les Uruks hais étaient arrivés.
-Qu'est-ce qui se passe là-bas ? demanda Gimli en sautillant surplace.
-Dois-je tout vous décrire ? répondit Legolas avec un sourire amusé. Ou vous trouvez un marchepied ?
Le nain eut un petit rire.
Les Uruks commencèrent à s'impatienter et frappèrent le sol de leurs longues lances. Les archers hommes bandèrent leurs arcs. L'un d'eux tira trop tôt et fit une première victime chez les uruks-hais.
-Attendez ! cria Aragorn.
Un cri semblable à celui d'un assaut répondit à cet ordre et l'armée du Mordor se rapprocha. Les archers elfes bandèrent leurs arcs.
-Ils ont des fentes en dessous des bras et au cou, observa Legolas.
Deux volées de flèches firent un premier tri parmi les esclaves de Sauron. Mais elles n'empêchèrent pas ceux-ci d'arriver par des échelles. Alzifelen aurait pu les brûler mais la pluie éteindrait la moindre étincelle.
-Les épées ! ordonna Aragorn en véritable chef de guerre. Les épées !
La bataille fut ponctuée des comptes que tenaient Legolas et Gimli, à présent amis. Alzifelen eut un petit sourire à les entendre puis se concentra sur ses cibles. Les armes de son peuple avaient la faculté de se dédoubler à l'infini pour tuer un maximum d'ennemis ce qui permettait une grande économie de flèches.
-Pour un peuple qui ne s'est pas battu depuis des siècles, vous vous en tirez bien, lui dit Legolas alors qu'ils étaient dos à dos.
-Restez concentré sur vos propres problèmes.
-Il y en d'autres qui arrivent sur le côté ! s'exclama Aragorn.
Alzifelen rejoignit la vingtaine d'archers de la Lorien qui les visait.
-LEGOLAS ! tonna la voix d'Aragorn dans le vacarme qui les entourait. TUEZ-LE !
Un uruk allait en trottinant vers le mur où tous les archers étaient avec une torche apparemment explosive. Alzifelen tira une flèche qui atteignit sa cible mais l'uruk s'engouffra dans la faille du mur. Une grande détonation retentit et le mur s'effondra entrainant nombre de victimes.
Alzifelen manqua de tomber au milieu de la foule d'orques qui envahissaient à présent le fort, mais une main la rattrapa de justesse.
-Ne nous quittez pas déjà, princesse, dit Legolas.
-… Je n'en avais pas l'intention. Mais merci.
Ils reprirent le combat.
-Où est Aragorn ?
-Plus sur le mur. Sans doute en bas.
Les Uruks entraient dans le fort. Alzifelen descendit aider les hommes. Legolas l'y rejoignit.
Deux jours s’écoulèrent sous les nuages gris et la marée noire des Uruks. Combattre de nuit était un exercice particulièrement difficile même pour des elfes à la vue perçante. Alzifelen dut ruser pour avoir un peu de lumière et fit devenir le feu des torches du fort permanent.
Aragorn donna l'ordre de se retrancher à l'intérieur. Ses compagnons et les proches du roi Théoden entrèrent. Legolas barricada les portes. Les chevaux et Sphinx étaient dans la salle. Les Uruks essayaient de faire céder les portes.
-Chargez ! s'exclama le roi lorsqu'elles furent détruites.
Ils sortirent et s'aperçurent que c'était l’aube du cinquième jour, Gandalf arrivait avec les Rohirrims et c’est en plein jour que cette guerre se termina. Les victimes étaient nombreuses et de tous les peuples. Alzifelen rejoignit Aragorn qui était agenouillé près d’un elfe blond. Haldir. C'était le premier visage qu'elle avait vu quand elle avait trouvé refuge en Lothlorien. Il était mort. Elle ne put retenir des larmes. Une grande main lui soutint l’épaule et le serra contre lui. Gandalf.
-Ceci est la fin d’Haldir de Lorien, messager et soldat. Ce n’est cependant pas la fin de la bataille de la Terre du Milieu. Nos amis devraient être en Isengard avec les ents. Je dois m'entretenir avec Saroumane au plus vite, avant qu'il ne soit trop tard.
Après une bonne journée de repos, ils se mirent en route vers l'Isengard.
Mais la nuit venue, Alzifelen eut un sommeil particulièrement agité. Elle voyait son oncle et quelques-uns des siens se faire encercler et tuer par des Orques. Elle se réveilla en sursaut. Autour d'elle, les autres semblaient dormir plus ou moins profondément. Elle se redressa et veilla le reste de la nuit.