La Dixième
Les compagnons et les Rohirrims prirent la route du sud en direction d’Isengard. De la cité de flammes et d’ombres, il ne restait que la tour de pierre Orthanc. Le reste avait été englouti par les eaux. Au milieu de ces ruines, se tenaient nos deux hobbits malicieux : Peregrin Touque et Meriadoc Brandebouc.
-Quelle belle course dans laquelle vous nous avez entrainés ! s’exclama Gimli. Et on vous retrouve là à festoyer et à fumer !
-Nous sommes assis, répondit Pippin, sur le champ de la victoire et savourons quelques mets bien mérités.
-Le porc salé est particulièrement savoureux, renchérit Merry.
-Le porc salé !...
-Nous sommes sous les ordres de Sylvebarbe qui vient tout juste de reprendre les rênes de l’Isengard.
Les compagnons s’approchèrent du vieil ent.
-Le feu et le métal, le bois et le feu, je peux en venir à bout, dit lentement celui-ci. Mais il y a un magicien à mater là-haut, enfermé dans sa tour.
-Et Saroumane doit y rester, dit Gandalf en regardant en hauteur.
Les autres l'imitèrent. Saroumane était en haut de la tour, les observant avec attention.
-Allez-vous me supplier, Gandalf ?
-Vous étiez dans les secrets de l'ennemi, vous devez nous dire ce qu'il prépare. Vous n'êtes pas obligé de continuer.
-Quels mots avez-vous susurré au semi-homme avant de l'envoyer à la mort, Gandalf?
-Coupons-lui la tête ! Il est temps qu’on en finisse ! lança Gimli.
-Non, il n’a plus aucun pouvoir.
Une autre silhouette, noire cette fois, se détachait derrière Saroumane.
-Grima, vous pouvez descendre, lança Theoden. Libérez-vous de lui.
-Libre ? A terre, chien!
Saroumane le frappa au visage. Grima le poignarda. Legolas tira une flèche sur le serviteur de Saroumane.
Le corps de Saroumane tomba sur le moulin à eau non loin de nos amis et s'empala sur un morceau de bois.
-Les arbres vont revenir habiter par ici. De jeunes arbres…
Peregrin et Meriadoc montèrent derrière Aragorn et Gandalf. Mais Touque remarqua une sphère qui flamboyait de l’intérieur et la ramassa.
-Peregrin Touque, donnez cela mon garçon, lui demanda Gandalf.
Et le hobbit lui donna l’objet maléfique, un peu honteux.
-Qui êtes-vous ? demanda Pippin à la princesse d'Ithilien du sud.
-Alzifelen fille d'Azen, roi d'Ithilien du sud.
-Vous étiez au conseil d'Elrond à Fondcombe.
-C'est exact. Je vous suivais jusqu'à ce que vous vous trouviez séparés.
-Elle nous a rejoint au moment critique.
-Où est-ce l'Ithilien du sud ?
-Pas très loin du Gondor.
-Avez-vous été envoyée par les vôtres comme le seigneur Legolas ?
-Peregrin, n'allez pas fatiguer l'âme vaillante d'Alzifelen. Elle est venue de son plein gré et son aide nous est précieuse.
Ils rentrèrent à Edoras où une grande fête eut lieu pour célébrer leur victoire. Aragorn et Alzifelen eurent un peu de temps pour discuter malgré le vacarme ambiant.
-Joli collier, dit l'elfe.
-Vous aussi, vous avez remarqué.
-Difficile de ne pas le voir quand on est un elfe et que c'est un travail d'elfe. L'étoile du soir. Un cadeau d'Arwen Undomiel.
-Oui, vous savez beaucoup de choses.
-Je vous ai aperçus.
-J'ai vu aussi comment Legolas vous regardait. Il veillera sur vous jusqu'à la fin. Ce soir, évidemment, nous n'avons pas ce sentiment.
De là où ils étaient, ils pouvaient voir Legolas et Gimli boire jusqu'à tomber ivre et, étrangement, ce fut l'elfe qui gagna.
-Cela ne vous parait pas normal ?
-Peu de choses le sont en vérité.
-Si comme vous le pensez, vous êtes seule, prendrez-vous le vaisseau vers les Terres Immortelles ?
-Ou resterais-je en Terre du Milieu ? Je ne le sais pas.
-Je ne ressens qu'un léger fourmillement au bout des doigts…
Le visage d'Aragorn se fendit en un large sourire tandis que les hobbits dansaient sur les tables.
-C'est le moment où vous devriez aller prendre l'air, dit Alzifelen en s'approchant de l'elfe sylvestre.
Les deux elfes restèrent dehors une partie de la nuit. Petit à petit, la demeure de Theoden devint silencieuse.
-Alzifelen, il y a de l’espoir pour que vos semblables subsistent.
-S’ils subsistent, ce doit être sur les lointains rivages...
L'elfe sylvestre n'insista pas. Le seigneur Elrond avait dit à Alzifelen que la fin des elfes approchait. Comment fallait-il interpréter ce message ? Devait-elle se réfugier dans un clan ? Ou partir ? N'y avait-il pas d'autre choix ? Que ferait Legolas ?
-On parle de la fin des elfes depuis quelques temps déjà…
-C'est ce qui vous rend sceptique ?
-Oui…
-Il y a quelques décennies, c'était déjà le cas. Mon père a interprété cela comme la nécessité pour les elfes d'arrêter les combats. Et finalement l'Ennemi s'en est pris à la Forêt Noire…
-Vous voulez dire que vous êtes parti en pleine bataille ?
-Pour rejoindre la compagnie, il le fallait.
Cela changeait la vision qu'elle avait des elfes sylvestres. Finalement le grand Thranduil avait envoyé son propre fils, sans savoir s'il le reverrait, finalement le roi des elfes avait un cœur.
Ils restèrent un moment silencieux. Puis Aragorn arriva.
-Alzifelen, je prends votre tour de garde.
-Très bien. Je rentre.
Elle rentra au palais. Les hobbits, les hommes et le nain dormaient pour un instant seulement car Pippin toucha le Palentir.
-Peregrin !
Il hurla de douleur ce qui réveilla ses compagnons. Après quelques efforts, Alzifelen parvint à lui enlever la sphère maléfique des mains sans pour autant le toucher. Gandalf interrogea le hobbit sur ce qu’il avait vu.
-Il y avait un arbre blanc... mort... Et des flammes... La cité était en flammes...
-Minas Tirith.
Alzifelen resta un moment appuyée contre un mur.
-Que se passe t-il ?
L'image de ses proches pris au piège entre Minas Tirith et le Mordor hantait son esprit.
-Ne croyez pas tout ce que vous voyez à travers le Palentir. L'ennemi veut nous faire croire des choses, ça ne veut pas dire qu'elles sont vraies.
Dès le lendemain, ils informèrent Théoden de la possible prise de la cité blanche.
-Il n’y avait pas de mensonge dans les yeux de Pippin. C’est un crétin... Mais un crétin honnête au moins. Sauron s’apprête à attaquer la cité de Minas Tirith. Si les feux d’alarme sont allumés, le Rohan doit se tenir prêt.
-Dites-moi, fit lentement le Roi, pourquoi devons-nous aller au secours de ceux qui ne sont pas venus au nôtre ?
-Moi, j’irais, lança Aragorn.
-Non ! répliqua fermement Gandalf.
-Ils doivent être prévenus !
-Ils le seront.
Le magicien se pencha à son oreille et lui souffla quelques mots avant de reprendre à voix haute.
-Comprenez ceci : je vais aller à Minas Tirith et je ne vais pas y aller seul.
Il regardait fixement Pippin. Ils le suivirent aux écuries, les trois autres compagnons sur leurs talons. Les deux hobbits avaient une petite dispute comme à l'accoutumée.
-Alzifelen, nous accompagnez-vous ?
L'elfe eut un moment d'hésitation.
-Vous pouvez réellement sauver un peuple cette fois.
-Les hommes du Gondor ne croyaient pas en l'existence de mon peuple. Ils n'y croiront pas plus si je suis la seule représentante sur la Terre du Milieu.
-Si vous prenez la route sous la montagne, j'ai peur que vous ne soyez tentée de rentrer chez vous.
-Vous me pensez lâche ?
-Je vous sais en détresse.
-… C'est vrai, je suis tentée. Mais une guerre est à mener.
-Et elle aura lieu à Minas Tirith.
Ils se dirigèrent vers les écuries, leurs compagnons les suivaient.
-En cheval, murmura Alzifelen à Sphinx qui prit aussitôt cette forme.
Elle monta en selle.
-Faites attention, mit-elle en garde ses compagnons. La route sous la Montagne est dangereuse.
-Je ne compte pas y aller seul, dit Aragorn. Les Dunedains doivent me rejoindre.
-Bien. Alors nous nous reverrons à Minas Tirith.
-Cours, Gripoil, montre-nous ce que célérité veut dire.
Le seigneur des chevaux s'élança. Le voyage dura plus de quatre jours, mais jamais l'allure des chevaux ne faiblit.
Enfin, ils arrivèrent à la Tour Blanche.
-Ne parlez ni de Boromir ni d'Aragorn et encore moins de l'Anneau. En fait, il vaut mieux que vous ne disiez rien du tout, Peregrin.
-Et que dirais-je à un roi qui ne croit pas en l'existence du peuple voisin ?
-Dites-lui la vérité.
Ils avancèrent.
-Salut à vous, Denethor, fils d'Echtelion !
-Peut-être êtes-vous venu m'expliquer cela, dit le vieux roi en montrant le cor de Boromir fendu en deux. Comment mon fils est mort.
-Je…
-Boromir est mort au combat, répondit Pippin en s'agenouillant, en nous protégeant mon cousin et moi. Il nous a sauvés de maints dangers.
Il proposa son service en tant que valet. Denethor le lui accorda.
-Et vous qui êtes-vous ?
-Je suis Alzifelen fille d'Azen, roi des elfes d'Ithilien du sud. Je suis venue vous mettre en garde. Le Mordor s'est réveillé depuis plusieurs mois, mon peuple connu pour sa bravoure et ses connaissances a été le premier à en faire les frais. Nous ne nous attendions pas une attaque et les Nazgûls sont arrivés. Notre royaume n'est que ruines et les miens sont morts. Battez-vous ou subissez le même sort.
-Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'une femelle elfe au peuple éteint !
-Alzifelen voulait seulement vous donner un conseil. Et je vous donnerais le même.
Ils obtinrent des quartiers. Et Peregrin eut le droit à sa tenue de gardien de la citadelle. Gandalf s'absentait longtemps pour s'entretenir avec Denethor. La nuit tombait et Alzifelen regardait le jour décroître depuis un long moment au balcon.
-Est-ce loin d'ici l'Ithilien du sud ? demanda Pippin en la rejoignant.
-Pas très. A l'ouest du Mordor. Mon peuple vivait sur les hauts plateaux.
-Ils doivent beaucoup vous manquer… Surtout s'ils sont tous morts, mais Gandalf vous dirait de garder espoir.
-C'est ce qu'ils s'efforcent tous de faire.
-Si il ne reste vraiment aucun elfe de votre clan, où irez-vous ?
-Je ne sais pas encore, je m'accroche à l'espoir.
-Si j'étais dans votre situation, je m'accrocherais à ce qui ressemble le plus à mes semblables.
-Les Hobbits sont des êtres pacifiques, les Elfes non. Notre histoire est longue et obscure.
-Pardonnez-moi, je dis des sottises.
-Vous n'avez pas à vous faire pardonner. Vous dites ce que vous pensez.
-Je dois prononcer mon serment demain devant le roi Denethor, je suis un peu nerveux… Pourriez-vous me le faire répéter ?
Le lendemain, dans la salle du trône, se présenta également Faramir, le frère cadet de Boromir.
-Ils ont pris Osgiliath. Nous ne sommes plus assez nombreux pour la défendre.
-Il n'y a donc rien à faire. Minas Tirith va tomber.
-Non, répliqua Gandalf, vous devez vous battre !
-Ecoute ce que dit ce magicien, retourne donc. Tu lui obéiras mieux qu'à moi.
-Auriez-vous préféré que nos places fussent échangées ? Que je sois mort et Boromir en vie ?
-Oui.
Et Faramir quitta la salle du trône.
Alzifelen le suivit.
-Capitaine Faramir !
-Qui êtes-vous ?
-Alzifelen, princesse des elfes d'Ithilien du sud. Votre père ne pensait pas ce qu'il vous a dit.
-Vous l'avez entendu ? Il a toujours préféré Boromir.
-Je n'ai pas la prétention de connaitre votre frère mais je l'ai vu agir. Il aurait pris l'Anneau et aurait crû s'en servir.
-Je dois repartir à Osgiliath.
-Je vous accompagne.
-Vous êtes-vous déjà battue ?
-Plus que vous ne le croyez.
Alors, Alzifelen accompagna la garnison de Faramir jusqu'à Osgiliath où malgré leurs efforts, la cité ne se releva pas. Le capitaine lui-même fit une mauvais chute qui le garda dans un état statique.
-On se replie ! ordonna Alzifelen.
Ils retournèrent à Minas Tirith. Faramir ne se réveillait pas. Apprenant cela, Denethor ordonna qu'on prépare un bûcher.
-Non ! Il est vivant ! s'écria l'elfe. Laissez-moi le soigner !
-Je ne permettrais pas qu'une elfe le touche.
-Vous allez le tuer ! renchérit Pippin en s'adressant au roi.
Pendant ce temps-là, l'armée du Mordor était aux portes de la cité blanche.
-Il faut qu'on trouve Gandalf, dit le hobbit.
-Il doit être sur un rempart, en train de commander. Là !
Pippin courut vers le magicien, suivi d'Alzifelen.
-Gandalf ! Denethor va brûler vif Faramir !
-Alzifelen, remplacez-moi ici ! Je reviens dès que possible.
Ils durent batailler durant plusieurs jours. A l'aube du deuxième, des Oliphants arrivèrent. Et personne ne savait par où Aragorn, Legolas, Gimli et les Dunedains étaient censés arriver. Alzifelen espérait que ce ne serait plus long.
Les hommes se distinguaient en deux couleurs : noir et argent pour le Gondor, vert et or pour le Rohan.
Les deux elfes repérèrent très vite que le plus gros soucis après les catapultes des orques allaient être la douzaine d'Oliphants qui se dirigeaient vers Minas Tirith. Après un regard furtif mais complice, ils s'élancèrent et montèrent sur le dos de deux spécimens.
Alzifelen délogea les six partisans de Sauron d'une seule flèche puis fit galoper l'oliphant jusqu'à une catapulte. Blessé par des armes amies, la créature s'affaissa du côté de la machine ce qui donna un bel effet domino. L'elfe du sud sauta sur le rempart blanc.
-Alzifelen ! lança Gandalf. Je suis content de vous voir.
-Moi aussi, Mithrandir.
Elle mit le feu aux échelles du Mordor et envoya quelques orques aux enfers.
Alzifelen vit Eowyn se battre contre le Roi sorcier d'Angmar, elle alla aussitôt la rejoindre.
-Battez-vous contre un adversaire à votre taille ! lança t-elle en guise de diversion le temps qu'Eowyn respire un peu.
-Aucun homme ne peut me tuer. Vous allez tous mourir.
-Nous ne sommes pas des hommes !
Eowyn planta son épée dans l'espace vide de son heaume. Le Roi-Sorcier poussa un hurlement et se recroquevilla sur lui-même. La force maléfique projeta les deux femmes à quelques mètres de leur forfait.
Alzifelen sentit quelque chose lui perforer le flanc et perdit connaissance.
La bataille se termina rapidement après la chute du roi D'Angmar. Aragorn dut tenir sa promesse envers l'armée des fantômes.
-Nous avons tenu notre parole. Vous devez nous libérer.
-Pas question, dit Gimli. Très pratiques, ces aides de camp, même s'ils sont morts.
-Vous nous aviez donnés votre parole.
-Je considère votre serment comme accompli. Allez maintenant, partez en paix.
Et l'armée fantôme s'évapora.
-Où est Alzifelen ?
Les trois compagnons partirent à la recherche de leur alliée et amie. Il leur fallut plusieurs minutes pour la trouver, près de ce qui restait du roi sorcier et du corps mutilé de sa monture volante. Sphinx l'hippogriffe eut une plainte.
-Est-ce qu'elle est en vie ? demanda Gimli.
-Oui, mais pas pour longtemps si elle reste ici.
-On va la soigner.
Quand Alzifelen se réveilla, elle était dans une chambre au palais du roi du Gondor. Gandalf le magicien la veillait.
-Alzifelen, vous voilà réveillée.
-Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Une lance d'orque vous a traversé l'abdomen. Vous avez eu de la chance que le seigneur Legolas ait été là.
-… Ce n’est pas fini, n’est-ce pas ?
-Non, en effet. Nous avons été surpris que vous guérissiez si vite, les vôtres doivent subsister. Reposez-vous. Nous tiendrons un conseil de guerre ensuite.
Le magicien sortit.
Quelques heures après, Alzifelen quitta la chambre. Legolas se leva en la voyant, il l'avait manifestement veillée depuis la bataille.
-Avez-vous recouvré suffisamment vos forces ? Attaquer le roi-sorcier, quelle folie !
-Je n'étais pas seule. Comment va Dame Eowyn ?
-Elle se remet, comme Faramir. Leurs lignées sont fortes.
Ils rejoignirent les autres. Les deux hobbits étaient fatigués, légèrement blessés mais prêts à en découdre une bonne fois pour toutes. Alzifelen admirait la détermination de ce petit peuple, à l'ordinaire pacifiste.
-Où en est-on ? demanda t-elle en s’asseyant.
-Le roi Théoden est mort, Eomer va prendre sa succession. Frodon et Sam sont en Mordor, dit Gandalf. Notre ennemi regroupe ses forces derrière ses murs.
-Qu’il y reste et qu'il y pourrisse ! fit Gimli. Pourquoi s’en soucier ?
-Parce que dix mille Orques se tiennent entre Frodon et la Montagne du Destin, répondit Gandalf. Je l’ai envoyé à la mort...
-Non ! Attirons l’Ennemi ici. Braquons l’œil sur la cité. Rendons-le aveugle à tout autre chose en mouvement.
-Une diversion.
-Sauron soupçonnera un piège, dit Gandalf. Il ne mordra pas à l’appât.
-Une mort certaine, une faible chance de succès... fit Gimli. Mais qu’attendons-nous ?
Mais ils s'accordèrent le reste de la journée pour se reposer et pleurer leurs morts. Alzifelen se rendit sur le champ de bataille, jonché de cadavres humains et d'orques.
Dans le méli-mélo qui l'environnait, l'elfe d'Ithilien du sud reconnut des armes de son peuple. Elle se demanda si Sauron n'avait pas enrôlé les siens dans son armée…
-Tout ce que j'ai pu imaginer en termes d'horreur, notre ennemi l'a fait, dit Gandalf.
-… C'était la dague de mon oncle... Gandalf, pensez-vous que les miens subsistent ? Parlez franchement.
-Vous devez garder espoir, et faire confiance aux vôtres, au sens large.
Le lendemain, ils étaient de nouveau prêts pour l’ultime bataille. La Montagne du Destin se dressait un peu plus loin devant eux. Frodon et Sam devaient certainement être en train de la gravir.
Les compagnons avancèrent vers les murs du Mordor.
-Que le Seigneur de la Terre Noire s’avance ! Justice lui sera faite !
Les portes s’ouvrirent et l’armée du Mordor apparut.
-On se replie ! On se replie !
Ils revinrent vers l’armée. Aragorn eut un discours digne d’un grand roi puis il brandit son épée et dit :
-Pour Frodon.
Il s’élança, puis toute l’armée le suivit. Après plusieurs heures de combat interminables, la terre trembla. Alzifelen regarda Barad-Dur. La tour noire s’effondrait. La Montagne du Destin crachait des flammes. L’anneau avait été détruit. Pippin et Merry se mirent à crier victoire mais ils perdirent rapidement leur gaieté. Frodon et Sam étaient pris au piège là-haut.
-Sphinx ! Va les chercher !
Le destrier prit sa forme d’aigle et s’envola.
Le peuple des aigles se joignit à lui et ils ramenèrent les hobbits sains et saufs à Minas Tirith. Au réveil de Frodon, les neuf compagnons entrèrent dans la chambre. Il y eut des rires et des larmes mais pas de paroles. Il n’y avait rien à dire. La plupart des membres de la Compagnie étaient sains et saufs et c'était ce qui importait.
Le lendemain fut célébré le couronnement d’Aragorn et tous les peuples furent réunis à Minas Tirith. Le fils d’Arathorn entonna un chant elfique en progressant vers ses compagnons qui s’inclinaient sur son passage.
-Princesse Alzifelen, je souhaite que les vôtres sachent que vous avez combattu avec courage et dignité. Puissiez-vous pardonner aux elfes sylvestres.
Alzifelen regarda en face d'elle et vit Legolas. Ils échangèrent un regard entendu.
Il continua d’avancer vers les hobbits qui s’inclinèrent.
-Mes amis, ce n’est pas à vous de vous incliner.
Tous s’inclinèrent devant les quatre hobbits.