La Dixième
Chapitre 2 : La Communauté de l'Anneau
3566 mots, Catégorie: G
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Alzifelen se retira dans une chambre de la demeure d'Elrond et décida qu'elle assisterait au conseil. Elle mieux que quiconque savait ce que les habitants de la Terre du Milieu encouraient.
Le jour venu, elle s'installa sur une chaise. Autour d'elle se tenaient des représentants de chaque espèce : homme, magicien, nain, elfe et hobbit. Mithrandir était venu. Elle reconnut les armoiries du Gondor sur l'un des hommes et supposa qu'il était prince du Gondor. L'autre homme portait des vêtements sales et usés, pourtant elle lui trouvait un port altier. Legolas de la forêt noire avait pris place à côté de lui, en dépit du conflit qui faisait rage dans le royaume sindar.
Le seigneur Elrond arriva, jeta à chacun un bref regard et le silence se fit.
-Etrangers venus de terres lointaines, amis de toujours, vous vous êtes rassemblés ici pour répondre à la menace du Mordor. La Terre du Milieu est au bord de la destruction, nul ne peut y échapper. Vous vous unirez ou vous serez vaincus. Chaque race est liée à ce destin, à ce sort commun. Montrez-leur l’Anneau, Frodon.
Le hobbit s’avança vers la table de pierre au centre du conseil et y déposa l’Anneau Unique. Il y eut aussitôt des murmures et des remarques. Un des hommes se leva et prit la parole.
-Lors d’un rêve, j’ai vu à l’est le ciel s’assombrir mais à l’ouest une pâle lueur persistait et une voix s’écriait : "votre fin est proche". Le fléau d’Isildur a été retrouvé. Le fléau d’Isildur...
Gandalf et Elrond échangèrent un regard équivoque. Il tenta de s’en emparer.
-BOROMIR !!!!
Gandalf lança un enchantement dans la langue du Mordor. Le ciel s’assombrit des orages retentirent. Tout le monde parut se crisper. Puis le soleil revint.
-Jamais de mots n’ont été prononcés dans cette langue ici, à Imladris ! protesta Elrond.
-Je n’implore pas votre pardon, Maître Elrond, dit Gandalf, car le parler noir du Mordor peut déjà être entendu dans toutes les régions ouest. L’Anneau est totalement maléfique.
-J'ai déjà entendu cette langue, dit Alzifelen. Les Nazgûls et les serviteurs de Sauron la parlaient quand ils sont venus massacrer mon peuple. Je ne sais pas grand-chose de ce qu'il se passe plus au nord, mais je sais que l'Anneau n'inspire que la destruction à ceux qui s'en approchent.
-Cet anneau est un don, lança Boromir après un moment de silence. Un don fait aux ennemis du Mordor... Pourquoi ne pas s’en servir ? Depuis longtemps mon père, l’Intendant du Gondor, a tenu à distance les forces du Mordor. C’est grâce au sort de notre peuple que vos terres sont encore en sécurité !
L’elfe brune souffla de dépit. Les Hommes du Gondor croyaient que tout l'Ithilien était sous la domination de Sauron. Il n'en était rien.
-Donnez au Gondor l’arme de notre ennemi et laissez-nous l’utiliser contre lui.
-On ne peut le contrôler, intervint Aragorn, aucun d’entre nous ne le peut. L’Anneau Unique ne répond qu’à Sauron, il n’a pas d’autre maître.
-Et qu’est-ce qu’un Rôdeur connait à ces choses-là ?
-Ce n’est pas un simple rôdeur ! lança vivement Legolas en se levant. C’est Aragorn, fils d’Arathorn.
-Aragorn ? Le descendant d’Isildur ?
-Et l’héritier du trône du Gondor. Vous lui devez serment d’allégeance.
-Asseyez-vous, Legolas, lança celui-ci en elfique.
-Le Gondor n’a pas de roi, cracha Boromir. Il n’en a pas besoin.
Gandalf prit la parole.
-Aragorn a raison : nous ne pouvons l’utiliser.
-Vous n’avez pas le choix, rappela Elrond. L’anneau doit être détruit.
-Qu’attendons-nous pour le faire ? lança un des nains.
Il s’avança vers la table avec sa hache et frappa mais ne parvint qu’à se rendre ridicule.
-L’Anneau ne peut être détruit, Gimli fils de Gloin, par aucun moyen en notre possession. L’Anneau a été forgé dans les flammes de la Montagne du Destin, il n’y a que là qu’il puisse être détruit. Il faut l’emporter dans les profondeurs et le jeter dans l’abîme flamboyant d’où il est apparu autrefois. L’un de vous doit le faire.
Il y eut un moment de silence.
-On n’entre pas si facilement en Mordor, prévint Boromir. Ses portes noires ne sont pas gardées que par des Orques. En ces lieux il y a un mal qui ne dort jamais. Et le Grand Œil est toujours attentif. C’est une terre dévastée et stérile, recouverte de braises, de cendres et de poussière. L’air que l’on y respire n’est que vapeur empoisonnée. Même dix mille hommes n’en viendraient pas à bout. C’est de la folie…
-N’avez-vous pas entendu ce que le Seigneur Elrond a dit ? reprit Legolas. L’Anneau doit être détruit !
-Et je suppose que vous croyez à toutes ces bêtises ? grommela Gimli.
-Si nous échouons, qu’arrivera t-il ? demanda Boromir. Que se passera t-il lorsque Sauron récupèrera son anneau ?
-J’aime mieux mourir que de voir cet anneau dans les mains d’un elfe !
Une dispute éclata entre les représentants pour savoir qui allait détruire l’anneau. Alzifelen n'y prit pas part. Quel serait son rôle dans cette histoire ? Elle l'ignorait.
-JE VAIS LE FAIRE ! s’exclama soudain le hobbit en se levant. Bien que... Je ne connaisse pas le moyen.
-Je vous aiderais à porter ce fardeau, Frodon Sacquet, aussi longtemps que vous aurez à le porter.
Gandalf alla se placer derrière le Hobbit.
-Si par ma vie ou ma mort je peux vous protéger, je le ferai, dit Aragorn. Mon épée est vôtre.
-Et mon arc est vôtre, dit Legolas.
-Et ma hache ! lança Gimli
Boromir s’approcha et dit :
-Vous avez notre destin à tous entre vos mains, petit homme. Et si telle est la volonté du conseil, le Gondor se joindra à vous.
Un deuxième hobbit surgit de derrière les buissons et lança :
-Monsieur Frodon n’ira nulle part sans moi.
-Non, en effet, il n’est guère possible de vous séparer et cela même lorsqu’il est convoqué à un conseil secret et vous non.
-Hey ! Nous venons aussi !
Un troisième et quatrième hobbits apparurent.
-Il faudrait nous renvoyer chez nous attachés dans un sac pour nous en empêcher !
-Quoi qu’il en soit, il vous faut des gens intelligents pour ce genre de mission... Quête ? Chose ?
-Voilà qui t’exclut, Pippin, dit l’autre.
-Neuf compagnons, déclara Elrond. Qu’il en soit ainsi. Vous formerez la Communauté de l’Anneau !
-Chouette ! Où est-ce qu’on va ?
Personne ne prit la peine de lui répondre.
Devant tant de volonté à changer les choses, Alzifelen se dit qu'elle devait y participer, dut-elle y laisser la vie.
Le lendemain matin, beaucoup des compagnons se levèrent avant que le soleil ne se montre. Alzifelen prépara également Sphinx, hors de vue de la communauté.
Le seigneur Elrond salua chaque membre de la communauté. Alzifelen attendit un peu puis se dirigea vers les portes de Fondcombe. Elrond l'arrêta.
-Je vous autorise à les suivre car je sais que vous ne voulez que la sauvegarde de la Terre du Milieu. Ils auront besoin d'aide, et je compte sur vous pour la leur fournir.
-Entendu, seigneur.
Ils se mirent enfin en route vers les Monts Brumeux. Il se passa une bonne semaine avant que quelque chose ne trouble leur quiétude. Ils s’arrêtèrent sur une colline rocheuse mais de belle altitude au pied des Monts Brumeux.
Aragorn regardait Pippin et Merry se battre contre Boromir en fumant sa pipe. Gandalf hésitait quant à la direction à prendre.
-Si on me demandait mon avis, fit Gimli, bien que ce ne soit pas le cas, je dirais que nous empruntons le chemin le plus long. Gandalf, nous pourrions passer par les Mines de la Moria. Mon cousin Balin nous y accueillerait royalement.
-Non, Gimli, répondit le magicien. Je ne passerai par les Mines de la Moria que si je n’avais pas d’autre choix.
Alzifelen était assez d’accord sur ce point. Son regard se porta sur Legolas qui observait quelque chose dans le ciel. Elle s'assurait également d'être hors de sa vue.
-Qu’est-ce que c’est ? demanda un des hobbits.
-C’est rien, c’est juste un petit nuage.
-Qui avance vite et contre le vent.
-Des Crébains du pays de Dun !
-A couvert vite !
En quelques secondes, Alzifelen se mit à l’abri et coucha Sphinx sous les buissons. Quand les Crébains eurent disparu, tous se relevèrent.
-Des espions de Saroumane. Le passage par le sud est surveillé. Il nous faut passer par le col de Caradhras.
Ils y montèrent non sans mal. Boromir essaya une nouvelle fois de s’emparer de l’anneau.
Une fois là-haut, la tempête les surprit. Une avalanche arrivait sur eux. Ils se mirent à l’abri comme ils le pouvaient. Le morceau de glace les ensevelit. Ils se dégagèrent le plus rapidement possible. Alzifelen volait au-dessus d'eux et fit atterrir Sphinx sur un rocher plus bas.
-Passons par la trouée du Rohan ! lança Boromir. Faisons un détour par ma cité !
-Puisqu’on ne peut pas passer par-dessus la montagne alors passons par en dessous. Passons par les Mines de la Moria.
-Laissons le Porteur de l’Anneau décider, trancha Gandalf avec sagesse.
Les huit paires d’yeux se braquèrent sur Frodon.
-Nous passerons par les Mines.
-Qu’il en soit ainsi.
Ils redescendirent vers les mines. Les hobbits mettaient un peu de gaieté dans le groupe. L'un d'eux, Pippin, ne pouvait s'empêcher de parler.
Ils finirent par atteindre les murs de la Moria. La nuit tombait, la lune fit scintiller les portes en mithrill. Le défi était de les ouvrir. Ils décidèrent de s'asseoir et de manger en attendant de trouver la solution.
-C’est une énigme, fit Frodon au bout d’un moment. « Parlez ami et entrez » quel est le mot elfique pour ami ?
-Melha, répondit Gandalf.
Les portes s’ouvrirent aussitôt. Ils entrèrent.
Alzifelen ne trouvait l'endroit guère engageant. Elle décida de les attendre à la sortie des mines, à quelques miles des bois de la Lothlorien.
Elle les attendit quatre jours. Quand elle les vit, elle remarqua l'absence du magicien et la tristesse sur les huit visages. Aragorn les sommait de presser le pas.
-Accordez-leur un moment, par pitié ! disait Boromir.
-Dès la tombée de la nuit, les collines grouillent d'Orques ! Legolas. Gimli ! Relevons-les !
Alzifelen était déjà en Lorien quand les compagnons y arrivèrent. Legolas et Aragorn les obligèrent à courir jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'ombre des arbres.
La princesse d'Ithilien aperçut Haldir et lui fit signe d'approcher.
-La compagnie du seigneur Elrond arrive. Je les précède d'une dizaine de pas.
-Bien, j'ai eu le message que tu les suivrais. Va te reposer.
Les compagnons se firent encerclés par des elfes.
-Le nain respire si fort que nous aurions pu le tuer dans le noir, fit l’un d’eux.
-Haldir de Lorien, reconnut Aragorn. Nous venons chercher protection et aide.
-Venez, elle vous attend.
Ils marchèrent encore un peu jusqu’à atteindre les plus grands arbres de la forêt et montèrent à celui qui abritait le palais de Galadriel. Ils s’arrêtèrent sur le signal d’Haldir, puis le roi et la reine descendirent vers eux.
-Huit sont ici alors que neuf ont quitté Fondcombe. Dites-moi où est Gandalf le Gris car j’aimerais vivement m’entretenir avec lui.
Galadriel scruta les huit visages défaits.
-Il a basculé dans l’ombre... Votre quête ne tient malheureusement qu’à un fil. Ecartez-vous-en un temps soit peu et ce sera l’échec. Mais l’espoir perdure tant que la compagnie existe. Maintenant allez prendre du repos car vous êtes accablés par le labeur et le chagrin. Cette nuit, vous dormirez en paix.
Les compagnons se retirèrent avec les paroles de Galadriel flottant dans leur esprit.
Un peu plus loin, Alzifelen enlevait le harnachement de Sphinx en le caressant.
-Tu es un bon compagnon. Un brave. Tant de choses nous avons vécu ensemble et ce voyage n’est pas terminé. Repose-toi, Sphinx. Nos amis veillent.
Il s'étendit de tout son long sur le sol. Alzifelen entendit la voix de Legolas :
-Une complainte pour Gandalf.
-Que dit-elle ? demanda un des hobbits.
-Je n’ai pas le cœur à vous la traduire. Ma peine est encore trop récente.
Il pouvait sentir sa présence, presque la voir.
Les deux elfes échangèrent un regard. Il y avait un lien entre eux depuis qu'ils s'étaient rencontrés, ce lien existerait toujours.
Le lendemain, il fallut partir. Les elfes leur offrirent quelques présents utiles pour leur voyage.
-Nous vous donnons trois barques et ces présents.
-Soyez prudents.
Et ils partirent.
Alzifelen les suivait depuis la berge, toujours hors de vue. Quelque chose grandissait sous les arbres. Elle pouvait percevoir des bruits de pas, particulièrement lourds. Des Uruk-hais. Soudain, l'un d'eux l'aperçut et commença à courir vers elle.
-Transforme-toi, Sphinx.
Le cheval se transforma en hippogriffe et ils s'envolèrent au-dessus des trois barques du reste de la compagnie.
-Qu'est-ce donc cette créature ? demanda Pippin.
-C'est un hippogriffe, lui répondit Legolas. Le seul spécimen restant sur la Terre du Milieu.
Deux jours plus tard, alors qu'Alzifelen progressait au petit galop, elle entendit des bruits de pas lourds d'Uruks Hais. Ils étaient une centaine et se dirigeaient droit sur le camp de la Communauté.
Elle en tua un maximum afin que les huit puissent progresser tranquillement. Plus elle en tuait, plus elle se mêlait aux compagnons.
Quand ce fut fini, la communauté avait perdu un deuxième compagnon et les quatre hobbits avaient disparu.
De loin, Alzifelen les observa de loin; ils préparaient une barque pour Boromir fils du Gondor et la mirent à flot.
-Qu'est-ce que c'est ? Qui êtes-vous ? demanda Aragorn en approchant. Montrez-vous !
-C'est la princesse Alzifelen des Hauts Plateaux d'Ithilien du Sud, dit Legolas, elle nous suit depuis Fondcombe.
Devant eux se tenait une elfe aux traits typiques des gens du sud mais ses habits et ses armes brouillaient les pistes. Alzifelen portait ses cheveux sombres et crépus hautement attachés, des plumes et des feuilles semblaient orner sa coiffure. Ses traits étaient grossiers mais empreints de l'élégance et de la beauté des elfes malgré sa peau mate. On reconnaissait les différents clans des elfes à travers ses habits et ses armes. Une longue épée lui avait été donnée en Lothorien. Sa cape venait du sud à en juger par le tissu et la manière dont elle la portait.
-Nous n'avons pas besoin d'aide et encore moins d'une princesse ! grogna Gimli.
-Excusez-nous. Nous ne nous attendions pas à avoir des alliés.
-Vous en avez. Mais je comprends que mon apparence vous fasse penser que je suis du côté de Sauron. Il n’en est rien en vérité : je suis envoyée par le seigneur Elrond d'Imladris. Vous avez perdu Gandalf maison grise, Boromir fils du Gondor et les quatre hobbits. Je vous ai suivis jusqu'ici et je vous suivrais jusqu'en Mordor.
-Soit. Vous ne serez pas de trop.
-Jamais vu de créature plus démoniaque que celle-ci.
-C'est un hippogriffe, mi-aigle mi-cheval et bien plus rapide que n'importe quel animal.
-Vous venez d'Ithilien…
-Mon peuple était très respecté et domptait chaque race avec sagesse. Il y a quelques mois nous avons été attaqués par les Nazgûls… Je suis la seule survivante de mon espèce. J'ai longuement discuté avec le seigneur Elrond. Il a éteint toute vengeance en moi… Je veux seulement sauver la Terre du Milieu et éviter un massacre similaire à celui que j'ai vécu.
-Je vous fais confiance puisque vous êtes une amie du Seigneur Elrond. Et nos alliés sont trop rares pour que nous les refusions.
-Pourquoi lui faire confiance ? Elle a vu nos amis disparaître, elle n'est pas intervenue !
-J'étais moi-même occupée à combattre des Orques.
-Nous pouvons lui faire confiance, elle dit la vérité, dit Legolas.
-Pourquoi ne pas nous avoir suivi dans la Moria ?
-Vous y étiez nombreux déjà. Et j'ai préféré surveiller les environs au cas où vous ressortiriez. Je ne vous aurais pas été d'un grand secours.
-Dépêchez-vous Frodon et Sam vont atteindre la rive orientale, fit Legolas.
Les autres restèrent immobiles.
-Vous n’avez pas l’intention de les suivre.
-Le destin de Frodon n’est plus entre nos mains désormais, lâcha Aragorn.
-Alors tout aura été fait en vain, la Communauté a failli, fit Gimli.
-Pas si nous restons loyaux les uns envers les autres. Nous n’abandonnerons pas Merry et Pippin à une mort atroce, pas tant qu’il nous restera des forces. Voyageons léger, allons chasser de l’orque.
Et ils se mirent en route vers le sud.