Sienna

Chapitre 25

2386 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/02/2020 18:08

L’alarme du bâtiment hurlait toujours et Newt avait l’impression que ses tympans allaient imploser. Ils courraient toujours à travers les couloirs, empruntant ceux que Crawford leur indiquait. Thomas la tenait fermement par le bras et l’entrainai à sa suite. Ils parvinrent à un croisement et Fry, qui était devant le groupe, s’arrêta brusquement. Newt glissa en voulant l’imiter et se rattrapa de justesse. Il entendit avant de le voir le garde – armé – qui déboucha au bout du couloir. Son arme braquée sur eux, il hurla :

- Restez où vous êtes !

Sans même attendre leur réaction, il fit feu. Deux fois. Des petits grappins électriques fusèrent. Le Docteur Crawford poussa un cri de peur tandis que le groupe se repliaient au coin du couloir. Newt attira Julian et Camille à lui pour les mettre à l'abri.

- Demi-tour ! Lâcha Thomas avec urgence. 

Ils remontèrent le couloir en sens inverse. Newt se retourna pour vérifier que tout le monde suivait et s’aperçut que ce n’était pas le cas. 

- Minho, qu’est ce que tu fous ? Lança t-il.

Son ami s’était arrêté au milieu du couloir et leur tournait le dos. Avant que quiconque n’ait le temps de l’en empêcher, Minho se mit à courir en direction du garde avec un cri de rage. 

- Minho ! Hurla Thomas.

Minho et le garde parvinrent au coin du couloir en même temps. Minho sauta juste à temps, un genou en avant, qu’il enfonça brutalement dans le thorax de l’homme. Ce dernier s’effondra, glissant contre le mur carrelé.

Newt, qui avait immédiatement rejoint son ami, n’en crut pas ses yeux. Minho était officiellement énervé. 

- Putain, Minho…, souffla t-il. 

Minho sembla aussi étonné que lui. Thomas, quant à lui, ne prit pas davantage le temps de réfléchir. Il s’empara de l’arme que le garde avait lâché. Il l’examina une seconde avant de renoncer. Thomas ne s’y connaissait pas plus en armes que ses amis.

- Ok…, souffla t-il. On y va. 

Il reprit le bras de Crawford, qui affichait une expression apeurée, et reprit le chemin du bâtiment médical où il espérait retrouver Teresa. Le Docteur les conduisit jusqu’à une haute porte aveugle. Elle passa un badge devant le lecteur et la porte coulissa. Elle passa la tête dans l’embrasure mais Thomas la poussa brusquement à l’intérieur de la pièce, l’arme braquée sur elle. 

- Docteur Crawford ? S’éleva une voix surprise et décontenancée. 

Un petit homme bedonnant en blouse blanche observait le groupe avec surprise et angoisse. Il s’était levé de sa chaise mais stoppa net à la vue de l’arme. Thomas poussa Crawford près du scientifique.

- Où elle est ? Demanda t-il avec nervosité. 

Personne ne répondit. 

- Je vous ai demandé où elle est ! Répéta Thomas en haussant le ton. 

Crawford et son collègue, les mains levées, paraissaient tétanisés. Les yeux de Crawford se posèrent brièvement sur le rideau blanc à leur droite. Thomas passa rapidement l’arme à Minho et se précipita vers le rideau. Il l’écarta brusquement et son cœur se serra. Teresa était allongée dans un lit, perfusée. Elle paraissait inconsciente et avait la peau blafarde. Thomas se pencha vers elle et prit son visage entre ses mains. 

- Teresa ? Tu m’entends ?

Elle revint rapidement à elle et ouvrit de grands yeux. 

- Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Souffla Thomas, presque pour lui-même.

- Thomas…, balbutia Teresa avec une petite voix. 

Il s’appliqua à arracher les fils qui la retenaient tandis que Newt, Minho et les autres se chargeaient de neutraliser Crawford et son collègue. Newt attacha leurs mains avec ce qui lui tomba sous la main – en l’occurrence, des bandages médicaux – pendant que Minho les tenaient en joue. 

- Vous n’avez aucune chance de sortir d’ici, lâcha Crawford, paraissant avoir repris un peu d’assurance.

« C’est ce qu’on verra », pensa Newt, affairé à nouer les liens le mieux possible. 

Thomas arracha la dernière perfusion.

- Qu’est ce qui se passe ? S’enquit Teresa en se redressant difficilement. 

- Il faut qu’on parte d’ici. Tout de suite. Viens avec moi.

A ce moment, Fry passa la tête derrière le rideau. 

- Faut s’arracher là ! Ça devient chaud ! 

Newt perçut des bruits de pas précipités dans le couloir. Il aperçut une table en inox. Il la renversa au sol et la poussa derrière la porte. C’était un mince soutien mais ils avaient besoin de chaque petites secondes qu’ils pourraient s’offrir. Quand Jensen et ses hommes se jetèrent sur la porte, la table tint bon. 

- Derrière moi ! Ordonna Minho, qui était le seul armé.

Newt entraina Camille et le petit Julian derrière Minho tandis que les hommes de Jensen s’échinaient à ouvrir la porte. La panique commença à gagner le groupe. 

- Y a un moyen de se tirer d’ici ? Vociféra Minho, l’arme levée. 



Je fouillai un à un les tiroirs du bureau de Crawford, à la recherche du second badge que j’avais aperçu depuis les canalisations. Mais impossible de mettre la main dessus. C’était bien ma veine. Je retournai chaque recoin du bureau avant de me rendre à l’évidence. Je ne trouverai pas de badge ici. Il fallait que je trouve une solution rapidement ; les autres avaient peut-être déjà atteint la sortie. Et avec la sirène que j’entendais hurler, ils avaient peut-être tout le bâtiment à leurs trousses. 

Je ressortis rapidement du bureau et décidai de laisser tomber la discrétion. Le plan B, c’était de trouver un employé ou un garde pour lui subtiliser son badge. Je parcourus quelques couloirs au pas de course, maudissant cette sirène. Je jouai de malchance et ne rencontrai personne pendant plusieurs minutes. Puis au détour d’un couloir, je percutai quelqu’un. M’apercevant qu’il s’agissait d’un des hommes de Jensen, mon sang ne fit qu’un tour. Je lui assenai un coup de coude dans le visage puis un coup de pied dans les parties. Il poussa une exclamation étouffée avant de poser le genou au sol. Mon genou percuta violemment sa tête et il s’affaissa. Je fouillai précipitamment ses poches et en sortit le badge tant convoité. Puis je pris la direction de la sortie aussi vite que mes jambes le permettaient. 



Newt regarda autour de lui. Ils étaient séparés de la pièce voisine par une baie vitrée. Croisant le regard de Thomas, il acquiesça. Puis ils s’emparèrent chacun d’un tabouret et frappèrent la vitre de toutes leurs forces. Elle céda au second coup avec un vacarme de verre brisé. Newt eut à peine le temps de se protéger le visage des éclats. 

- Allez, on se tire ! Déclara Thomas en aidant Teresa à passer la vitre brisée. 

Ils se précipitèrent dans la pièce voisine.

- Thomas ! Cria Minho.

Ce dernier se retourna et il lui lança l’arme, avant de sauter à son tour au dessus des débris de verre. Thomas reprit les devants du groupe et ouvrit brutalement la première porte qu’il trouva. Ils se retrouva nez à nez avec un autre garde, qui parut aussi surpris que lui. Instinctivement, Thomas appuya sur la gâchette. L’arme se mit a vibrer en émettant un son métallique. Puis la décharge fusa, frappant l’homme en pleine poitrine. Il fut propulsé à quelques mètres, avant de retomber brusquement sur le sol. Les mains tremblantes, Thomas jeta un œil dégouté à l’arme puis se ressaisit. Il penserait à tout ça plus tard. Ses compagnons semblaient aussi choqués que lui mais il les secoua.

- Venez.

Ils passèrent en courant à côté de l’homme dont le corps était toujours parcouru de décharges électriques. Reprenant leur course, ils traversèrent encore quelques couloirs avant qu’Aris ne s’écrit : 

- La sortie ! Au bout de ce couloir !

Le groupe accéléra. Newt se sentit ralentir malgré lui.

- Je pars pas sans Sienna, déclara t-il. 

- Elle va arriver, j’en suis sur, tenta de le rassurer Aris. 

Ils atteignirent la porte qui donnait sur le hangar par lequel ils étaient arrivés. Sans badge, ils étaient bloqués. 

- Thomas !

La voix de Jensen, glaçante, résonna dans le long couloir aseptisé. Thomas et les autres se retournèrent brusquement pour voir Jensen et ses hommes remonter le corridor. Newt regarda Thomas charger à nouveau son arme, la pointer sur Jensen et s’avancer vers eux. Jensen leva les mains en signe de paix, toujours son sourire nauséabond plaqué sur ses fines lèvres. 

- Ouvrez cette porte, Jensen ! 

- Je crois pas que ce soit une très bonne idée. 

- Ouvrez cette putain de porte ! Répéta Thomas sans cesser d’avancer vers eux. 

Newt entendit Camille gémir de peur et Julian se rapprocha d’elle, les yeux écarquillés. 

- Thomas ! Cria à nouveau Jensen pour tenter d’obtenir son attention. J’essaie de te sauver la vie. Vous avez pu vous évader du labyrinthe mais vous ne tiendrez pas une seule journée sur la Terre Brûlée. Les fondus vous tueront si les éléments ne le font pas. 

Jensen et ses hommes se rapprochaient inexorablement du groupe. 

- Thomas, reprit-il, tu dois me faire confiance. Je ne veux que votre bien, et rien d’autre. 

- Ah ouais ? Parce que « WICKED est bon », c’est ça ? Lâcha ironiquement Thomas.

Le sourire de Jensen fondit et il baissa les mains. 

- Tu ne franchiras pas cette porte, répondit-il froidement. 




Alors que je me rapprochai de la sortie, je perçus la voix de Thomas, déformée par la colère.

- Ah ouais ? Parce que « WICKED est bon », c’est ça ? 

- Tu ne franchiras pas cette porte, entendis-je Jensen répondre.

Le cœur battant, j’atteignis enfin le croisement des deux couloirs et freinai ma course de justesse. Je venais de débarquer en plein affrontement. A ma gauche, à quelques mètres, Jensen et ses hommes. A ma droite, tout près de moi, Thomas, une arme braquée sur Jensen, le visage rouge de colère. Je croisai son regard et il se décala immédiatement pour que je puisse passer et rejoindre les autres. Levant la tête, mon regard tomba sur le visage de Newt, terrifié de me voir si proche de Jensen mais soulagé de me retrouver. Sans prêter attention au venin qui sortait de la bouche de Jensen, je me remis à courir vers les autres – vers la sortie- le badge serré dans ma main. Newt fit quelques pas pour me rejoindre plus vite mais – au vue de l’urgence de la situation – se contenta de frôler ma main de la sienne. Rapidement, je vérifiai que Camille, Julian et Aris étaient bien présents. Ils avaient l’air secoués. 

Les mains tremblantes, je du m’y prendre à deux fois pour passer le badge dans le lecteur. Enfin, un bruit de décompression se fit entendre et la porte blindée coulissa. Tout le monde se précipita à l’extérieur. Newt resta sur le pas de la porte.

- Thomas ! Tu fais quoi ? Cria t-il.

Je me retournai pour voir Thomas faire feu sur Jensen. Il n’avait pas le choix. Il était trop proche d’eux et s’il voulait avoir le temps de sortir, il devait les retarder. Les hommes de Jensen, équipés de boucliers, se mirent devant lui. Thomas tenta de tirer une nouvelle fois mais l’arme ne semblait plus chargée. Il la jeta à terre et se mit à courir vers la sortie. Sur ses talons, Jensen hurlait dans un talkie :

- Verrouillez la porte principale! VERROUILLEZ LA PORTE PRINCIPALE !

La porte électronique commença à se refermer, de haut en bas. Thomas accéléra sous les cris d’encouragements des autres. Je crus qu’il n’y arriverait pas mais il glissa sur le sol et franchit la porte juste à temps. Le volet métallique se ferma avec un bruit de ferraille. A peine fut-il debout qu’une jeune fille brune que je ne connaissais pas l’attrapa par le bras. S'agissait-il de son amie Teresa ?

- Que se passe t-il, Thomas ? Demanda t-elle, paniquée. 

Je vis Aris s’emparer d’une énorme clé à molette qu’il abattit avec force sur la commande de la porte. Cette dernière fut inutilisable en quelques secondes. Newt s’approcha de moi, parut vérifier que je n’avais rien et me serra discrètement dans ses bras. Je n’eus pas le temps de savourer cette étreinte. Le visage déformé par la haine de Jensen apparut au carreau de la porte. Il fulminai. Thomas planta son regard dans le sien et leva son majeur avec un air presque moqueur. Du coin de l’œil, je vis Minho dépouiller le corps d’un homme qui se trouvait là de son pistolet. 

- Allez, on bouge ! S’écria t-il. 

Nous nous remîmes à courir, traversant à toutes jambes l’immense hangar. Nous arrivâmes devant l’énorme double porte qui donnait sur l’extérieur. Newt souleva le mécanisme et elle s’ouvrit dans un grincement sinistre. A peine fut elle entrouverte que des rafales de vent nous cinglèrent le visage. Il faisait nuit, le sable piquait les yeux et la peau. Mais nous étions dehors. Je respirai enfin à l’air libre. 



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