Sienna
Le lendemain matin, je me réveillai, les nerfs et les muscles en pelote. J’étais tellement impatiente de revoir Newt que je tournai un long moment en rond, jusqu’à ce que les filles se réveillent à leur tour. Si j’avais pu, j’aurais défoncé cette maudite porte. Heureusement pour ma santé mentale, on ne tarda pas à ouvrir la porte et à annoncer le petit déjeuner. Je me précipitai dans le couloir, dans lequel se déversait déjà le flot de mes camarades. Je me fondis dans la masse, cherchant Newt du regard. J’aperçus sa tignasse acajou loin devant. Il avait été dans les premiers à sortir.
Je pris donc mon mal en patience et fus rejointe par Camille, Julian et Aris. Nous arrivâmes enfin dans le réfectoire. M’assurant que ni Jensen ni les deux cowboys d’hier ne se trouvaient dans les parages, je me dirigeai directement vers la table à laquelle s’était installé le groupe de Newt. Il me vit arriver et son regard plongea dans le mien. Mon cœur bondit de joie et de frustration de ne pas pouvoir lui sauter dans les bras.
- Bonjour, les saluai-je.
Ils levèrent tous la tête vers moi tandis que je m’asseyais à leurs côtés. Je ne fis pas attention à leurs regards sur moi car je croisai celui de Newt et m'y perdis un instant. Puis, reprenant conscience de la présence des autres, Newt me désigna un jeune homme noir et bien en chair situé à sa gauche.
- Je te présente Fry, Winston – un jeune homme au teint mat et aux cheveux noirs – Minho – l’asiatique – et Thomas.
Mon regard se posa sur Thomas, assis en face de moi.
- Merci pour le couvre feu à 17h hier, lâchai-je avec un petit sourire.
Il piqua presque un fard et je sentis Newt sourire.
- Désolé, répondit Thomas.
Je lui fis signe de ne pas s’inquiéter.
- Alors ? Relançai-je. A quoi ce badge t-a-t-il servi ?
Ils me regardèrent avec étonnement.
- Tu étais au courant ? Dit Thomas.
- Bien sur que oui, répondis-je en haussant les épaules. Sinon, je n’aurais pas laissé Jensen m’emmener aussi facilement.
- Ah…ok, commenta platement Thomas.
Newt m’observa avec amusement. Il me donnait l’impression de n’avoir rien oublié et de me connaître toujours par cœur. C’était enivrant et rassurant à la fois.
- Tu avais raison, me dit-il en échangeant un regard avec Thomas. On n’est pas en sécurité ici.
Thomas me raconta rapidement ce qu’il avait découvert cette nuit. Son récit me glaça le sang. Des corps perfusés qui pendaient du plafond ? Avec un frisson d’horreur, je songeai qu’il s’agissait probablement de tous ceux qui avaient pensé partir vers cette fameuse ferme sécurisée.
Lorsque Thomas eut terminé, nous gardâmes le silence quelques secondes, chacun semblant ressasser de sombres pensées.
- Alors on fait quoi, maintenant ? S’enquit Minho avec calme.
- Il faut qu’on parte d’ici, intervins-je en me tournant vers Newt.
Newt m’observa un instant, hésitant.
- On ne sait pas ce qui nous attend dehors, souleva t-il.
- Peu importe. Je préfère risquer ma vie en liberté qu’être en sécurité mais enfermée. Et Jensen me file la nausée.
- Elle a raison, ajouta Thomas. On peut pas rester ici plus longtemps.
Je vis Minho chercher le regard de Newt et ils semblèrent communiquer en silence. Ils se connaissaient bien. Puis Newt secoua la tête.
- Ok, accepta t-il. Mais il va falloir un plan en béton. Cet endroit est une vraie forteresse. Et – Newt coula un regard vers Minho, comme s’il s’attendait à des protestations – il faut qu’on en parle aux autres.
- Quoi ? Releva effectivement́ Minho. Tu déconnes ? C’est beaucoup trop risqué.
- On ne peut pas les laisser dans l’ignorance. Ils risquent autant leur peau que nous. Qu’ils ne nous suivent pas est une chose, mais ils doivent être mis au courant.
Je souris intérieurement et ressentis un élan d’amour pour lui. Il était comme je m’en souvenais : honnête, droit et bon.
- Je suis d’accord, ajouta Thomas à l’intention de Minho.
Ce dernier se mordit l’intérieur de la joue, l’air mécontent.
- Comme vous voulez, lâcha t-il finalement. Mais vous viendrez pas vous plaindre si on se fait balancer.
- Il n’y a qu’a en parler qu’au groupe de Sienna, proposa Thomas. Ils se chargeront de passer le message ensuite.
Il se tourna vers moi.
- Ils sont dignes de confiance ?
- Je crois, répondis-je prudemment.
- Le plus difficile, c’est de trouver l’endroit et le moment pour leur parler, intervint Newt.
- Les dortoirs communiquent entre eux par les conduites d’air, dis-je. Il suffit de leur donner discrètement rendez-vous.
Newt acquiesça.
- Ok, alors on fait ça ce soir, à 22 heures, dans notre dortoir.
- Je m’en occupe, déclarai-je en me levant sous le regard inquiet mais déterminé de Newt.
- Sois prudente.
Je le rassurai d’un regard et rejoignis la table où était installée une partie de mon groupe, dont Gary, Stan et Bastien. Lorsque je m’assis à leurs côtés, je sentis le regard de Newt sur moi.
- Salut chef, comment va ? S’enquit Bastien en croquant dans une tartine.
- Ça va. Et vous ?
- J’ai jamais été aussi détendu, répondit Stan en baillant.
- Vivement qu’on puisse prendre l’air, ajouta Bastien. Je commence à étouffer ici.
- Je suis bien d’accord avec toi, acquiesçai-je.
- C’est qui, ces mecs ? Enchaina t-il en désignant Newt et ses amis.
Je me tortillai sur ma chaise, mal à l’aise. Comment étais-je sensée amener les choses ?
- Ils étaient dans le troisième labyrinthe, répondis-je maladroitement.
- Ça, on l’avait deviné. Mais on dirait que tu les connais.
Leurs regards inquisiteurs se posèrent sur moi.
- J’en connais un, oui. Ça va sûrement vous paraître dingue…mais je me souviens de lui. Je m’en suis toujours souvenu. Nous étions ensemble avant…tout ça.
Bastien, Stan et Gary m’observèrent avec des yeux ronds et je levai les yeux au ciel, agacée.
- Bon, c’est pas le sujet de toute façon, enchainai-je. Est-ce que Julian vous a parlé de ce qu’Aris et moi avons vu dans les couloirs ?
L’intérêt des trois garçons sembla diminuer instantanément.
- Ouais, dit Gary, mais ça veut pas dire grand-chose.
- Ce n’est peut-être pas probant mais ça soulève des questions, non ?
- Il peut y avoir plein d’explications possibles, dit Bastien.
- Dont une explication qui feraient de nous des pantins à moitié morts pendus au bout d’une perfusion, déclarai-je sèchement́.
Bastien, Stan et Gary retrouvèrent leur sérieux.
- C’est quoi cette histoire ? Releva Gary.
Je leur racontai la découverte nocturne de Thomas. Les trois garçons se tournèrent sans aucune discrétion pour observer Thomas. Leur nonchalance commençait à me taper sur les nerfs.
- A ça aussi, il peut y avoir une explication, n’en démordit pas Stan.
- Bon, écoutez, résumai-je, je vous dis simplement qu’il faut qu’on en parle et qu’on fasse le point, d’accord ? Tous ensemble.
- Et comment on fait ça ? Demanda Bastien.
- Les dortoirs communiquent entre eux par les conduites. Rendez-vous ce soir à 22h dans le premier dortoir de droite, Ok ?
Ils acquiescèrent à contrecœur et je pris congé pour passer à la table d’à côté.
Un peu plus tard dans la journée, Newt et moi avions réussi à nous retrouver dans la petite buanderie. Il avait fallu déjouer la surveillance de cow-boy numéro 1 et cow-boy numéro 2. Le petit Julian nous avait offert une occasion en or quand il avait fait tomber l’intégralité de son déjeuner sur les chaussures de cow-boy numéro 1. Il m’avait adressé un clin d’œil des moins discrets.
Newt et moi étions donc enlacés depuis un long moment, assis à même le sol, ma tête posée sur son épaule. Sa main, passée derrière ma nuque, caressait tendrement mes cheveux. J’aurais tellement voulu que nous nous retrouvions ailleurs et dans d’autres circonstances. Des circonstances moins tragiques. Le bonheur de le retrouver était entaché par l’angoisse de ce que nous allions devenir.
- Tu penses que ton groupe nous suivra ? Demanda t-il.
Je devinai que, comme moi, ses pensées étaient tournées vers les événements de ce soir. Je levai les yeux vers lui en réfléchissant.
- Je n’en suis pas certaine. Les filles choisiront de rester ici. Elles n’ont jamais été tentées par l’inconnu, surtout Fiona et Gaby. Bastien devrait venir avec nous et Stan le suivra. Et Gary, je n’en ai aucun idée.
- Vous ne vous entendiez pas ? S’intéressa Newt.
- Si. Enfin, oui et non. On ne se côtoyait pas vraiment en fait. Mais il est toujours allé dans mon sens jusque là.
- Et les deux autres ? Stan et Bastien ? Tu as l’air de bien les connaître.
Je sentis une pointe d’amertume dans sa voix. Avec un sourire, je lui donnai un petit coup d’épaule.
- C’est de la jalousie que j’entends dans ta voix ?
Il fit la grimace.
- Oui, c’est de la jalousie, avoua t-il. Je crois que ce sont de vieux réflexes, ajouta t-il avec un clin d’œil.
Je lâchai un petit rire et reposai ma tête sur son épaule.
- Alors, Stan et Bastien, reprit-il. Dis m’en plus sur eux.
- Je les connais bien. Ils étaient sprinteurs, comme moi.
- Sprinteur ? Releva Newt avec une étincelle d’angoisse dans les yeux que je ne compris pas.
- Oui, c’était comme ça qu’on appelait ceux qui explorait le labyrinthe.
- Tu…, commença t-il avant de s’arrêter en secouant la tête. Tu explorais le labyrinthe ? Répéta t-il.
Je devinai ce qui le mettait dans un tel état et tentai de dédramatiser la chose.
- Oui, il fallait bien que quelque uns s’en chargent.
Newt ferma les yeux, une ride d’inquiétude lui barrant le front et resta silencieux. N’y tenant plus, je me redressai et le secouai doucement.
- Hé, l’appelai-je.
Il rouvrit les yeux et les planta dans le mien.
- Chez nous, on les appelait les coureurs, dit-il finalement. J’en ai fait partie. Je sais à quels risques tu as été exposée.
- Je m’en suis toujours sortie, avec quelques égratignures tout au plus, lui assurai-je.
Il me dévisagea un instant avec douceur. Puis il se pencha en avant, releva le bas de son pantalon côté droit. Je me penchai pour voir ce qu’il voulait me montrer et découvris une cicatrice d’une quinzaine de centimètres qui débutait sur le côté de son pied et remontait jusqu’au milieu de son tibia. Mon cœur se serra et je repoussai une par une les hypothèses atroces que mon esprit inventait.
- Qu’est ce qui s’est passé ? Soufflai-je.
- Un Cerbère. J’ai pas été assez rapide ce jour là.
- Un Cerbère…, répétai-je en haussant un sourcil. Une horrible créature avec des pinces et des griffes acérées ?
Newt acquiesça avec gravité.
- Je vois qu’on a eu droit aux mêmes réjouissances, soufflai-je.
Mes yeux se posèrent à nouveau sur sa cicatrice, songeuse. Puis, avec inquiétude, je lui demandai :
- Tu peux toujours courir ?
Je savais par expérience que c’était vital.
- Oui. Mais pas aussi longtemps et aussi vite qu’avant.
Newt m’attira à lui et je posai ma tête sur son épaule. Nous gardâmes le silence un moment, chacun plongés dans nos souvenirs des instants passés dans nos labyrinthes respectifs.
- Parle moi de Thomas, repris-je. Pourquoi tu dis qu’il n’est pas comme les autres ?
- C’est une longue histoire. Même si, finalement, on ne se connait que depuis une semaine.
- Il est arrivé le dernier ? M’enquis-je.
- Non. Teresa est arrivée après. Thomas avait à peine mis un pied dans la zone qu’il voulait devenir coureur, commença Newt. Alors qu’on fuyait tous le labyrinthe comme la peste, il ne pensait qu’a y entrer. Il est curieux. Mais je ne sais pas encore s’il est courageux ou complètement taré, ajouta t-il avec un sourire.
- On est tous un peu fou et courageux pour être sortis du labyrinthe, commentai-je.
- Sûrement, dit Newt avec une grimace amusée. Mais Thomas en sait aussi plus que nous.
- C’est-à-dire ?
Newt me dévisagea un instant, réfléchissant. Il me donna l’impression d’appréhender ma réaction et je me sentis alors plus inquiète.
- Il s’est souvenu de certaines choses. Qui nous concernent tous.
J’attendis impatiemment qu’il continue. Newt planta son regard dans le mien.
- Thomas travaillait pour WICKED. Teresa aussi.
J’en restai bouche bée, des pensées contradictoires tourbillonnant dans mon esprit.
- Ok…, lâchai-je. C’est drôle, il me semble moins sympathique maintenant.
- Ne le juge pas trop vite, tempéra Newt. Il s’est démené plus que quiconque pour nous sortir de là.
J’observai son visage un instant. Je voyais dans ses yeux qu’il estimait Thomas. Si Newt lui avait accordé sa confiance, je ferai de même.
- D’accord. Et que sait-il, alors ?
- WICKED a kidnappé des dizaines de jeunes pour leur faire passer des tests. Et chaque mois, il y en avait un qui disparaissait.
- Envoyé dans le labyrinthe ? Devinai-je.
Il acquiesça.
- Le labyrinthe était une épreuve. Thomas se souvient nous avoir observé. Il se rappelle d’un laboratoire aussi. Et Teresa a les mêmes souvenirs.
Je tentai de mettre de l’ordre dans mes pensées.
- Ils se souviennent l’un de l’autre ? Voulus-je savoir
- Ils ont compris qu’ils se connaissaient. Et qu’ils travaillaient ensemble dans les labos de WICKED. Rien de plus. Thomas ne se souvient pas de Teresa comme je me souviens de toi. Teresa non plus.
Je gardai le silence quelques secondes, l’esprit en ébullition.
- S’ils travaillaient pour WICKED, pourquoi ont-ils été envoyés dans le labyrinthe ?
- On n’en sait rien, répondit Newt en haussant les épaules. Comme beaucoup d’autres choses.
Il m’attira à lui et tourna doucement mon visage vers lui.
- Si, il y a une chose que je sais, sourit-il.
- Dis-moi, dis-je en observant la lueur taquine dans ses yeux.
- C’est que je veux pouvoir t’embrasser jusqu’à demain matin.
Ave un petit rire, je posai mes lèvres sur les siennes.
Il était à peine 22h et le dortoir de Newt et ses amis était bondé. Mon groupe avait répondu à l’appel et s’était installé de part et d’autre de la pièce. Assise près de la fenêtre, Camille à mes côtés, je les observai tandis qu’ils terminaient de prendre place. Bastien, comme à son habitude, était adossé contre le mur avec nonchalance ; il paraissait presque s’ennuyer. Stan attendait calmement en observant la pièce autour de lui. Gaby et Fiona s’étaient lancées dans une discussion sur je ne sais quelle fille du groupe 3 alors que la jeune Rebecca restait assise dans un coin en silence. Et Gary avait les yeux rivés sur Newt et ses amis, une expression pas franchement engageante sur le visage. Je m’en étonnai un court instant ; il était pourtant plutôt avenant en temps normal. Je vis Aris sortir du conduit à son tour et pénétrer dans le dortoir. Julian le suivi ; il m’adressa un grand sourire et vint s’asseoir près de Camille et moi.
Newt s’approcha de moi.
- On est au complet ? Demanda t-il.
J’acquiesçai et Newt fit signe à Thomas qu’il pouvait commencer. Je comprenais ce que Newt avait voulu dire à son propos. Thomas dégageait une assurance naturelle et une détermination à toute épreuve. Il avait tout d’un leader.
Il observa l’assemblée et s’éclaircit la gorge.
- Salut, commença t-il. Je m’appelle Thomas. On a voulu se regrouper ici pour rester discrets alors merci d’être venus.
- Pourquoi rester discrets ? S’éleva la voix de Gaby.
- Nous avons de bonnes raisons de penser que Jensen et ses hommes ne nous veulent pas que du bien, répondit Thomas.
- Ah bon ? Releva Fiona. Ils nous ont fourni tout ce dont nous avions besoin, pourtant.
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? S’intéressa Gaby.
- Sienna nous a brièvement expliqué ce que tu as vu dans ce labo, intervint calmement Bastien en s’adressant directement à Thomas.
- Le problème, c’est qu’il est le seul à l’avoir vu, ajouta Gary.
J’échangeai un regard avec Newt.
- Tu peux toujours aller y faire un tour, répondit Thomas.
- De quoi vous parlez ? S’enquit Gaby. Qu’est ce qu’il y avait dans ce labo ?
- Des gens à moitié morts pendus au plafond, il paraît, reprit Gary avec une expression presque moqueuse.
Un silence tendu flotta quelques secondes. Les filles ouvrirent de grands yeux et Rebecca lâcha un petit cri apeuré.
- A moitié morts ? Répéta Fiona d’une petite voix.
- Pendus au plafond ? Enchaina Gaby avec scepticisme.
Newt prit la parole sans relever le sarcasme de Gary.
- Et il est fort possible qu’il s’agisse de ceux que Jensen appelle chaque jour, déclara t-il.
- Il peut y avoir une explication plausible à tout ça, dit Bastien. Peut-être que ces gens sont malades ? Que Jensen et sa troupe cherche un remède.
- Peut-être, s’éleva la voix de Minho, qui était resté silencieux jusque là. Mais, personnellement, j’ai pas envie de l’apprendre à mes dépens.
- On ne cherche pas à vous convaincre, enchaina Thomas. Le but de cette réunion, c’est simplement de vous tenir au courant. Et de passer le message à l’autre groupe. Vous êtes libres de croire ce que vous voudrez.
- Et dans le cas ou tout ça serait vrai, intervint Stan, qu’est ce que tu proposes ?
Thomas chercha furtivement le regard de Newt. Il lui fit un discret signe de tête.
- On va essayer de sortir d’ici. Dès que possible, dit-il. Ceux qui voudront nous suivre sont les bienvenus.
- Qui ça, « on » ? Releva Gaby.
Puis elle tourna la tête vers moi :
- Tu les suis, Sienna ?
- Oui, acquiesçai-je. Camille, Julian et Aris aussi.
- C’est n’importe quoi, siffla Gary. Sérieusement, Sienna, pourquoi on devrait l’écouter ?
- Parce qu’il dit des choses sensées ? Rétorquai-je avec une pointe d’agacement.
- Ou plutôt parce que c’est ton mec, continua t-il en désignant Newt du menton.
La moutarde me monta au nez tandis que Newt poussait un soupir agacé. Je me redressai et plantai mon regard dans celui de Gary. Je m’apprêtai à lui répondre quand Gaby reprit la parole :
- Ton mec ? Releva t-elle avec un petit sourire.
- C’est pas le sujet, répliquai-je sèchement en lui faisant comprendre d’un regard de ne pas poser de question.
Gaby comprit le message et resta silencieuse. Je reportai mon attention sur Gary.
- C’est quoi le problème, Gary ?
- On n’a aucune idée précise de ce qu’il se passe dehors et, personnellement, je ne connais pas tes copains. Tu ne peux pas nous demander de les suivre sans réfléchir.
- C’est pas ce que je demande, rétorquai-je. Vous avez le choix de nous suivre ou pas. On a juste souhaité vous tenir au courant.
Gary afficha une expression sceptique.
- C’est comme dans le labyrinthe, Gary, intervint Bastien. Maintenant que t’as les infos, tu fais ce que tu veux. Sienna nous a toujours laissé le choix. Kart et Ben aussi.
- Ouais, et il y en a deux de morts sur trois, lâcha Gary.
Une sensation glaciale me parcourut à l’évocation de la mort de Ben. Je sentis Camille se figer. Un silence tendu s’installa et je sentis le regard désolé de Newt sur moi.
- Gary, si ça te convient pas, dis-je sur un ton ferme, tu fais comme tes petits copains qui sont restés là bas et tu nous fais pas perdre notre temps. On te retiens pas, ajoutai-je en désignant du menton la conduite d’aération.
Il m’adressa un regard noir et se remit debout. En silence, il fit tomber la grille d’un coup de pied et disparut dans la conduite.
- S’il y en a d’autres, c’est le moment, enchainai-je en jetant un œil aux membres de mon groupe.
- Heu…, balbutia Fiona, je n’ai pas très envie de sortir d’ici. Ça a l’air vraiment dangereux dehors.
- C’est pareil pour moi, avoua Chloé d’une petite voix.
J’acquiesçai en silence, guère étonnée. Elles se levèrent et se glissèrent à leur tour dans la conduite. Irina, Rebecca et Gaby les imitèrent. Cette dernière me jeta un regard gêné avant de disparaître. Ne restèrent plus que Stan et Bastien.
- Elles sont bêtes, lâcha Julian.
- Elles ont peur, c’est tout, tempérai-je.
Bastien s’approcha de moi.
- Je ne suis pas certain d’avoir envie de repartir à l’aventure, déclara t-il. Mais si c’était le cas, ajouta t-il en s’adressant à Thomas, c’est quoi le plan ?
Les réfractaires étant partis, l’atmosphère se détendit. Thomas échangea un regard avec Minho.
- Repartir par là où on est arrivés, répondit-il simplement.
Bastien haussa un sourcil avec un sourire.
- Ça paraît simple, commenta t-il.
A ce moment, du bruit se fit entendre dans le couloir et des pas se rapprochèrent. Nous échangeâmes des regards paniqués.
- J’espère que c’est pas ton copain Gary qui nous a balancé, lâcha Minho.
Je me levai précipitamment. Je pris la main de Newt dans la mienne brièvement et croisai son regard.
- Partez, dépêchez vous, nous pressa t-il.
Stan, Bastien, Aris, Julian, Camille et moi nous précipitâmes dans la conduite. Thomas la referma derrière nous. Le plus silencieusement possible, nous progressâmes dans les canalisations. Je tendis l’oreille, angoissée que Jensen puisse débarquer dans le dortoir de Newt. Je n’entendis rien. Nous parvînmes à une intersection. Les garçons prirent à droite pour rejoindre leur dortoir tandis que Camille et moi continuâmes tout droit.