Sienna

Chapitre 19

2063 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/01/2020 17:13

Le lendemain matin, Gally avait convoqué tout le monde au pied du labyrinthe. Newt avait gardé profil bas ; il ne visait pas la confrontation directe avec Gally. Cela ne mènerai à rien. Il suivit donc les autres et traversa la pelouse. Lorsqu’il atteignit l’attroupement, il aperçut Gally au centre, ses plus fidèles amis près de lui. Près de l’entrée du labyrinthe, ils avaient installés deux poteaux en bois, de la paille dispersée au pied de chacun d’eux. Cela ne lui disait rien qui vaille. Tournant la tête vers la droite, Newt observa quelques zonards amener Thomas et Teresa, les mains entravées par des cordes. Comme convenu, Thomas avait l’air affaibli et se laissait pratiquement traîner. 

Arrivés devant eux, les deux garçons qui soutenaient Thomas le jetèrent brutalement au sol. Un troisième garda Teresa contre lui, maintenant ses mains dans son dos. Gally s’approcha de Thomas, avec l’attitude de celui qui possède le pouvoir. Newt eut envie de vomir. 

- Quel gâchis…, souffla Gally, faussement affecté. 

Newt vérifia du coin de l’œil que Minho se trouvait bien là. Il le repéra à une dizaine de mètres, non loin de Thomas et Gally. 

- Gally…, s’éleva la voix de Winston. C’est pas juste. 

Gally le dévisagea froidement. 

- Et si Thomas avait raison ? Continua t-il. S’il pouvait nous ramener chez nous ? 

- C’est ici, chez nous, répliqua Gally en s’avançant vers lui. Ok ? Je ne veux plus de morts. 

- Tu crois que nous bannir va tout régler ? Répliqua Teresa. 

Gally se tourna vers elle et secoua la tête.

- Non. Ce n’est pas un bannissement. 

Newt sentit ses muscles se tendre. Où voulait-il en venir ? 

- C’est un sacrifice. Une offrande.

Le garçon qui retenait Teresa la plaqua brutalement contre l’un des poteaux et l’y attacha.

- Quoi ? Gally ! Non ! Cria t-elle. Qu’est-ce que tu fais ?

- Thomas n’ira pas dans le labyrinthe ! Rétorqua Gally en perdant son calme. Il a déjà provoqué trop de dégâts ! Il n’y a pas d’autre solution. 

Newt fit discrètement́ signe à Minho, qui se rapprocha. 

- Les Créateurs ont besoin d’une offrande, continua Gally, en plein délire. Notre vie redeviendra comme avant ! 

- Vous entendez ? Dit Teresa en s’adressant à l’assemblée. Pourquoi vous ne réagissez pas ? Il est devenu fou ! 

- Boucle là ! Eructa Gally. 

- Si vous restez ici, vous mourrez jusqu’au dernier.

- Ferme là ! Attachez le, ordonna t-il en désignant Thomas. 

Personne ne bougea. 

- Vous avez entendu ? Hurla Gally. Attachez le !

Les deux garçons se penchèrent pour récupérer Thomas, qui n’avait toujours pas bougé. Ce dernier fit mine de se redresser et décocha soudainement un coup de poing dans le menton d’un des deux garçons. C’était le signal. Newt sortit rapidement sa dague en bois et l’abattit sur Craig, qui appartenait au clan de Gally. Minho s’occupa de Brick et Calahan tandis que Teresa mettait son geôlier à terre d’un coup de pied bien placé. Quelques minutes plus tard, leur camp avait pris le dessus sur l’autre. Minho menaçait Gally de son couteau et ses acolytes avaient baissé les armes. Leurs lances, bâtons et autres levés vers eux, Newt, Minho, Thomas et Teresa se regroupèrent devant l’entrée du labyrinthe. Gally ouvrit les bras avec un sourire rageur. 

- On s’ennuie pas avec toi, dit-il à Thomas. 

- On ne t’oblige à rien, mais nous on s’en va, lui répondit-il. 

- C’est votre dernière chance, intervint Newt en s’adressant aux zonards. 

Il voulait quitter cet endroit à tout prix. Mais il voulait aussi essayer d’en sauver un maximum. 

- Ils essayent de vous faire peur, tenta Gally. 

- C’est faux, rétorqua Thomas. Vous avez déjà peur. Tout comme moi. Mais je préfère risquer ma vie plutôt que de moisir ici. 

Newt aperçut quelques zonards se balancer d’un pied sur l’autre, hésitants. Il décida de laisser Thomas continuer. 

- On n’est pas à notre place ici. La zone, c’est pas chez nous. On nous y a emmené. On nous y a enfermé. Dans le labyrinthe, on n'est pas libres. On va pouvoir s’évader. J’en suis certain. 

Un silence de plomb s’installa. Jusqu’à ce que Winston vienne les rejoindre en silence. Gally le regarda passer devant lui avec dégoût. 

- Désolé, lui souffla Winston. 

Il vint se placer aux côtés de Newt. Il fut bientôt imiter par une dizaine d’autres. Gally regarda autour de lui en secouant la tête, les yeux lançant des éclairs. 

- C’est fini, Gally, dit Newt. Viens avec nous. 

Gally planta son regard dans le sien. Newt ressentit une étrange sensation. Ils avaient vécu et galéré ensemble durant de longs mois. Et il avait l’impression qu’il ne le connaissait pas. Ils étaient étrangers l’un pour l’autre. Si les épreuves qu’ils avaient traversé ensemble ne les avaient pas soudé, qu’est ce qui le pourrait ? Après quelques secondes, Gally lâcha :

- Bonne chance avec les Cerbères. 

Newt hocha la tête et n’insista plus. Il échangea un regard avec Thomas et le groupe pénétra en courant dans le Labyrinthe, Minho ouvrant la marche. 


Newt n’aurait pas été capable de décrire avec précision l’heure qui venait de s’écouler. Ils avaient traversé le labyrinthe, guidés par Minho. Ils n’avaient pas rencontré d’encombres. Après un temps indéfini, ils étaient parvenus à la petite porte que Thomas avait repéré lors de sa dernière sortie. Newt se souvenait l’avoir longuement observé ; il avait passé des heures à parcourir ces couloirs. Comment avait-il pu passer à côté ? 

Il n’obtiendrait probablement jamais la réponse à cette question – comme à tant d’autres. Tout ce qu’il savait, c’est qu’ils avaient franchi l’ouverture et longé un long couloir. Et qu’ils se tenaient maintenant devant une petite porte métallique, surmontée d’un panneau lumineux indiquant « Sortie ». 



Je dormis un peu plus cette nuit là. Juste assez pour rêver. De lui. Il m’avait semblé si proche qu’il m’avait fallu un moment, au réveil, pour me souvenir qu’il n’était pas là. Et qu’il ne le serait peut-être jamais. Le cœur lourd, je me retournai sur le dos et fixai les lattes du lit de Camille. Cette question me revenait sans cesse ; Newt était-il toujours en vie ? Ou avait-il succombé à la Braise ? Avait-il pu s’enfuir ? Des images de son corps transformé par la maladie m’envahirent l’esprit et je les repoussai douloureusement. Durand tout le temps passé au Bloc, j’avais survécu grâce à l’idée qu’il m’attendait peut-être, dehors. Ailleurs. Mais si ce qu’on nous avait raconté était vrai, les chances que Newt ait pu en réchappé étaient minces. Si minces que le découragement et la peur me tordirent soudainement l’estomac. Sans l’espoir de le revoir, je n’étais pas certaine d’avoir la force de continuer. Mes pensées se tournèrent alors vers Ben. J’avais l’impression qu’il était parti depuis des siècles alors qu’il ne s’était écoulé que quelques jours. Qu’aurait-il pensé de notre parcours ? Aurait-il été heureux et soulagé que j’ai amené Camille ici ? Il me manquait affreusement, je me serais sentie plus forte s’il avait été à mes côtés. Je me trouvai soudainement égoïste et faible. Que devait ressentir Camille en comparaison ? Elle avait été admirable, je ne l’avais pas entendu se plaindre depuis que nous étions partis. Ben devait pourtant lui manquer encore plus qu’à moi. 

A ce moment, le bruit de la porte qu’on déverrouille se fit entendre. Comme la veille, l’homme passa la tête par la porte et annonça le petit déjeuner. Avec un soupir, je me dis que les jours se ressemblaient autant ici qu’au Bloc. Les filles se levèrent rapidement et, mises en confiance, elles sortirent du dortoir sans m’attendre. J’aurais voulu rester ici à réfléchir. Mais je doutais que les hommes de Jensen apprécient l’oisiveté. Camille me secoua.

- Hé, tu viens ? 

Je secouai la tête et me redressai. Mes jambes me parurent peser une tonne. Je suivis Camille, qui me dévisageait avec perplexité. Lorsque je sortis du dortoir, les lumières froides et superficielles du couloir m’éblouirent. Je clignai des yeux et mon regard se posa sur Jensen et Crawford qui discutaient un peu plus loin. Lorsqu’ils m’aperçurent, Crawford se dirigea vers moi tandis que Jensen tournai les talons avec un sourire nauséabond. 

- Je vous rejoins, soufflai-je à Camille. 

Elle s’éloigna, sourcils foncés. Crawford parvint à ma hauteur et m’adressa un sourire. Elle me paraissait plus humaine que son responsable. 

- Bonjour Sienna, dit-elle d’une voix douce. As-tu bien dormi ? 

- Pas vraiment. Qu’est ce que vous voulez ? 

Elle fit la grimace. 

- Jensen m’a dit que tu avais quelques…réserves. Je veux simplement m’assurer que tu vas bien.

- Vous avez posé cette question à tous les autres ? 

- Je me soucis du bien être de chacun de mes résidents, répondit-elle. 

Je haussai un sourcil perplexe mais décidai de ne pas aller plus loin. 

- Je vais bien. Merci pour votre sollicitude, docteur Crawford. 

Je pris congé et remontai le couloir rapidement. Je ne comprenais pas ce que me voulait cette femme. J’étais presque parvenue au réfectoire lorsque je remarquai une porte sur ma gauche, semblable à toutes les portes des autres dortoirs. Contrairement à la veille, elle était fermée et était maintenant surmontée d’un panneau indiquant « Groupe 2 ». Y avait-il le même genre d’inscription sur nos dortoirs ? Je n’y avais pas prêté attention. 

Je me dirigeai vers le réfectoire où Camille m’attendait avec inquiétude. Je m’assis à ses côtés.

- Qu’est ce qu’elle te voulait ? S’enquit-elle immédiatement. 

- J’ai pas bien compris. 

- Tu ne trouves pas…qu’ils s’intéressent étrangement à toi ?

- Si. Je ne comprends pas ce qu’ils veulent. 

Camille soupira en secouant la tête tandis que Julian et Aris venaient nous rejoindre.

- Vivement qu’on soit sortis d’ici, reprit Camille. Qu’on puisse essayer de reconstruire un semblant de vie. 

- Je ne suis pas certaine que ce soit aussi simple, répondis-je en échangeant un regard avec Aris. 

- Pourquoi ? S’étonna Julian. 

- Aris et moi avons été témoins d’une scène étonnante hier, expliquai-je. 

Je leur racontai notre petite excursion en vérifiant que je ne pouvais pas être entendue. Camille blanchit.

- Mais…tu as dit que les parois étaient opaques. Tu ne sais pas ce qu’il y avait là dessous. C’est du matériel, si ça se trouve.

- J’ai vu des corps Camille, affirmai-je. Aris en a vu d’autres il y a deux jours. 

- C’est flippant, commenta Julian. 

Je jetai un œil autour de nous. Des hommes étaient toujours postés aux deux sorties. Des allées et venues trop fréquentes entre les tables risquaient d’attirer l’attention. 

- Aris, Julian, parlez en à Gary, Bastien et Stan dès que vous en aurez l’occasion, d’accord ?

Les garçons acquiescèrent. 


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