Sienna
Newt sortit de la salle du conseil, l’esprit occupé. Il avait l’impression que tout partait en vrille et qu’il était totalement impuissant. L’état d’Albi empirait et il ne comprenait rien aux évènements de ces derniers jours. Il savait que Thomas ne lui avait pas tout dit à propos de cette fille. Et pour couronner le tout, bien que Thomas et Minho se soient rendus plusieurs fois dans le labyrinthe, il n’y avait rien de nouveau de ce côté là. Alors que Newt traversait le camp, Winston se précipita vers lui.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- La fille, dit Winston, essoufflé.
- Elle s’est réveillée ?
- Carrément, ouais. Vaudrait mieux que tu viennes.
Newt suivit Winston jusqu'à la tour de garde où s’était retranchée la fille. Retranchée, c’était le mot. Elle était perchée là haut et avait trouvé on ne sait où une machette qu’elle brandissait vers le groupe qui s’était formé au bas de la tour. Newt l’entendit hurler : « Foutez moi la paix ! ». Il ne put s’empêcher de sourire. Cette fille avait du caractère. Il s’approcha de la tour.
- Les filles, c’est dément ! S’exclama le jeune Chuck quand il le croisa.
- Ouais, c’est clair, sourit Newt.
Il arriva au bas de la tour où Gally le rejoignit.
- Elle est complètement folle, déclara t-il.
Newt leva la tête et tenta de communiquer avec la jeune fille. Peine perdue, elle n’écoutait rien. Il n’avait pas envie que cette situation s’éternise.
- Allez chercher Thomas, demanda t-il.
Winston partit vers la foret et revint quelques minutes plus tard accompagné de Thomas et Minho. Entre temps, l’inconnue s’était mise à leur lancer des noix qu’elle récupérait dans l’arbre voisin.
- Hé ! Calme toi ! Tenta de l’apaiser Thomas.
- Ouais, on vient en amis ! Ajouta Chuck.
- J’crois qu’elle nous kiffe pas, commenta Minho.
- Arrête ! Insista Thomas. C’est Thomas. C’est Thomas !
Les jets de noix s’arrêtèrent et les cris de la jeune fille se turent. Elle passa doucement la tête par-dessus la rambarde.
- Je vais monter, d’accord ? Ajouta Thomas.
Il échangea un regard avec Newt, qui acquiesça. Thomas monta quatre à quatre les marches de la tour et souleva la trappe qui permettait d’accéder à la plate-forme. Il y trouva la jeune fille, accroupie dans un coin, la machette toujours à la main et dirigée vers lui. Il leva les mains en signe d’apaisement.
- C’est bon. On se calme, dit-il lentement.
Il monta sur la plate-forme sans la lâcher des yeux et referma la trappe.
- Où je suis ? Demanda t-elle. C’est quoi, cet endroit ? Je me rappelle rien !
- C’est tout à fait normal, répondit rapidement Thomas. On a tous vécu ça.
Il la dévisagea un instant. Elle avait paru le connaître. Et lui aussi la connaissait. Il l’avait déjà vu.
- Ton prénom va te revenir, ajouta t-il. C’est la seule chose…
- Teresa.
Thomas en resta bouche bée. Comment se faisait-il qu’elle s’en souvienne déjà ? Il lui avait fallu vingt-quatre heures !
- Pardon ? Dit-il, pas certain d’avoir compris.
- Mon prénom ! C’est Teresa.
- Ok… Moi, je suis Thomas. Mais tu le sais déjà ?
Il s’agissait davantage d’une affirmation que d’une question.
- Enfin, je crois…, continua t-il pour essayer d’engager plus loin la conversation.
- Il paraît que je t’appelais dans mon sommeil, déclara t-elle. Tu es qui ?
Thomas trouva presque absurde qu’elle lui pose cette question.
- Je sais pas.
Teresa ouvrit de grands yeux.
- Je m’en souviens pas, reprit-il. Personne ici, ne se rappelle son passé. On s’est réveillés ici un jour, comme toi. Je te promets…
Voyant qu’elle commençait à baisser sa garde, Thomas s’approcha de la jeune fille et tendit la main vers la machette.
- Je vais la prendre, Ok ?
Elle n’opposa pas de résistance et il posa le couteau.
- Ok…, répéta t-il avec soulagement tandis que Teresa s’adossait à la rambarde, les bras autour de ses genoux.
- Vous faites quoi là haut ? S’éleva la voix sèche de Gally.
Thomas se redressa et jeta un coup d’œil en bas.
- Elle descend ? Lui demanda Newt.
- Laissez lui encore deux minutes, Ok ?
Newt secoua la tête avant de demander au groupe de se disperser.
- Elles sont toutes comme ça ? Demanda Fry, l’uns des cuisiniers.
- Je suis sur que non, répondit Newt avant de s’éloigner à son tour.
Thomas vint se rasseoir auprès de Teresa. Elle semblait s’être détendue. Il lui tendit le bout de papier que Newt avait trouvé dans sa main. Elle le lut rapidement avant de relever la tête.
- « C’est la dernière» ? Cita t-elle. Ça veut dire quoi ?
- Je sais pas trop. Depuis ton arrivée, la boite n’est pas redescendue. Ça stresse un peu les autres. Surtout Gally.
Il le désigna du menton, au loin.
- Il croit que c’est de ma faute, en déduisit Teresa.
Thomas resta un instant silencieux avant de se lancer.
- Tu te rappelles rien d’autre ?
Elle sembla réfléchir un moment.
- Je me souviens de l’eau. Comme si je me noyais. Ces gens qui me dévisageaient. Et la voix de cette femme qui répétait sans cesse…
- « WICKED est bon », termina Thomas à sa place.
Teresa le dévisagea avec surprise.
- Depuis que je suis ici, expliqua t-il, je fais des rêves. Enfin, je croyais que c’était des rêves. Tu…tu es dans ces rêves. Tu y es et tu me dis que les choses vont changer.
- Comment ça ? Souffla t-elle, l’air perdu.
- Je ne sais pas, répondit Thomas en secouant la tête. Je ne perçois que des flashes.
- Les autres n’ont plus de mémoire ?
- Non. Pas que je sache. Pourquoi on est différents ?
La jeune fille secoua la tête en signe d’ignorance. Thomas ne savait plus que penser. Teresa plongea la main dans sa poche et en ressortit deux petits flacons remplis d’un liquide inconnu. Elle le lui tendit.
- J’avais ça quand je suis montée.
Thomas les examina.
- « WICKED », lut-il en caressant du bout du doigt l’inscription sur le flacon. WICKED est bon.
- Et si on était là pour accomplir un truc ? Souffla Teresa.
Il eut soudain une idée.
- Albi…, souffla t-il en se levant précipitamment.