Le Royaume d'Orodreth

Chapitre 8

2916 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 17:59

Enfin le chapitre 8. Désolée à mes lecteurs, j'ai fais une petite pause (vacances obligent ^^) mais sans wifi c'est dur lol. Maintenant les vacances sont finis, donc je reprends ;) 

Bonne lecture !

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CHAPITRE 8

La nuit tomba rapidement et au dehors les grognements d'avertissement de Beorn s'élevaient depuis la forêt. Ils n'étaient pas faits pour effrayer les nains, mais pour empêcher les créatures du Mordor de s'aventurer plus loin sur ses terres et cela semblait efficace. Pendant ce temps, les nains autour de la table s'offraient un bon repas aux frais de leur hôte. Parlant fort, tout en se goinfrant. Le niveau du fût de bière dans la petite cuisine avait considérablement diminué! L'alcool embrumant l'esprit des voyageurs, ces derniers se mirent à chanter à tue-tête et Gandalf en profita pour s'éclipser. Il rejoignit l'elfe qui campait devant une fenêtre, le regard rivé sur l'extérieur, guettant le moindre mouvement suspect dans la pénombre. Quand il s’approcha, Mina remarqua qu'il tenait une chope dans une main.

— Vous aidez les nains à vider le tonneau de bière, Gandalf ? s’enquit-elle avec un rire.

— Du tout, répondit-il. Je suis bien trop vieux... quoique, je ne dise jamais non à un bon verre de vin, rattrapa-t-il avec un sourire malicieux. 

Elle reconnaissait bien là le magicien et son goût pour les bonnes choses. 

— Ceci est pour vous, annonça-t-il tout en lui tendant la chopine.

— C'est gentil à vous mais je n'aime pas la bière, refusa-t-elle poliment avec un petit signe de la main. 

— Oh non, ce n'est pas de la bière,... Ceci est une potion pour votre épaule, clarifia-t-il en se traitant mentalement d’idiot. 

Touchée par l'attention du magicien, elle prit le bock et le porta à ses narines pour en sentir le parfum. L'odeur du remède concocté par Gandalf n'était pas désagréable. Elle posa des lèvres prudentes sur le rebord pour commencer à boire. Si le parfum était doux, il n'en allait absolument pas de même pour le goût. Bien qu’il s’en doutât, Gandalf comprit que sa potion était spéciale en voyant l’elfe grimacer et cesser de boire au bout de deux gorgées.

— Gandalf, le goût de votre potion est... particulier, déclara-t-elle sans vouloir le vexer. 

— Je ne suis pas vraiment étonné vu son contenu, répondit-il. 

— Et qu'est ce qui... commença-t-elle. Non, en fait ne dites rien ! se reprit-elle. 

La potion était suffisamment écœurante, ce n'était pas une bonne idée d’en connaître la composition : parfois, valait mieux rester dans l'ignorance. Comprenant quelle allait être sa question, le vieil homme pouffa doucement. 

— Ça vous fera du bien, je vous assure !

— Bien ! Je vous fais confiance Mithrandir, acquiesça-t-elle avant de boire le reste cul sec. 

Le verre à peine vidé, elle porta une main sur son ventre et ferma les yeux. Le goût oscillait entre amertume et acidité, mélangé à celui de plusieurs herbes où une pointe de menthe se démarquait tout particulièrement. 

— C'est gentil à vous, dit-elle en rendant la chope vide au magicien. 

Elle porta une main à son épaule et fit jouer l’articulation, surprise de ne plus ressentir la moindre douleur. La potion élaborée par Gandalf n’était pas fameuse mais très efficace.

— Je ne sens plus rien… Merci Mithrandir.

Ravi, le magicien sourit avant d’enchainer.

— Vous êtes sûre de ne pas vouloir vous joindre à nous ?

— Certaine ! Ma présence autour de cette table ne ferait que gâcher l'ambiance, je préfère rester à l'écart. 

Il acquiesça et tourna les talons pour rejoindre ses compagnons.

Les nains poursuivirent leur chant jusqu'à tard dans la nuit. L'un d'eux, prénommé Fili, s'était même endormi sur la table. Les autres avaient tout de même eu la force de marcher jusqu'à leurs couchettes improvisées dans la paille. Mina ne dormit pas non plus cette nuit-là. Elle veillait sur le sommeil de tous. Aussi préférait-elle ne pas prendre le risque qu'un nain, pris d'un accès de folie, décidât de l'égorger pendant son sommeil.

 

Excepté les ronflements des nains, rien ne vint troubler la plénitude de cette nuit. Au petit matin, Gandalf fut le premier réveillé. Il remarqua que Mina était déjà prête à reprendre la route, son cheval sellé attendait sa cavalière près de la grande porte. Postée dans la cuisine, elle observait par la fenêtre Beorn, qui s'affairait dans son jardin. 

— Bonjour reine Mina, salua le magicien en s'approchant.  

— Bonjour Mithrandir, notre hôte a retrouvé une apparence humaine, déclara-t-elle en désignant l'homme par la fenêtre. 

— Je dois le prévenir de notre présence... dit-il sans grand enthousiasme. 

Il anticipait deux types de réactions de la part de Beorn : une compréhension serviable, ou une folie rageuse où la bête reprendrait le dessus.

— Bon courage avec lui. Pour ma part, je poursuis ma route, annonça-t-elle. J'attendais que vous soyez levé pour de partir.

Le vieil homme afficha un air surpris.

— Qu'avez-vous Mithrandir ?  

— Je pensais que nous pourrions poursuivre notre route ensemble, puisque  notre destination est identique.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Les nains n'approuveront pas ce choix.

— Et c'est juste ! confirma une voix grave derrière Gandalf. 

Ce dernier s'écarta pour découvrir Thorin, les sourcils froncés et l'air menaçant.  

— Nous n'avons aucunement besoin de vous ! ajouta le nain sans lâcher l'elfe des yeux.

— Vous voyez Gandalf... 

Le magicien soupira longuement. L'entêtement et la rancune de Thorin étaient son principal défaut dans ses décisions. Mina posa une main réconfortante sur l'épaule du vieil homme, accompagnée d'un sourire bienveillant. Elle ramassa ses armes et empoigna les rênes de sa monture. Gandalf la suivit et lui ouvrit la lourde porte en bois. 

— Soyez prudente.

— De même pour vous Mithrandir et bonne chance avec Beorn. 

— Merci, j'en aurai besoin...

L'elfe sourit puis se mit en selle pour quitter la maison. Le magicien la regarda partir et ferma la porte une fois qu’elle fut hors de sa vue. Il devait maintenant aller discuter avec Beorn et lui annoncer avec tact la présence de treize nains chez lui.

 

Après ce petit interlude avec les nains, Mina reprit sa route là où elle l'avait laissée. C'est au galop qu'elle parcourut les quelques kilomètres qui la séparaient de l'entrée du royaume de Mirkwood. Devant l’accès à Vert-Bois, l’elfe marqua un temps d'arrêt. Une fois cette forêt traversée, elle serait à moins d'une vingtaine de kilomètres de la montagne et donc de Smaug. Elle sauta de cheval et commença à avancer en tirant Fangorn par la bride.

Ce bois était vicieux, il fallait absolument bien suivre le sentier pavé pour ne pas se perdre. Dans le cas contraire, celui qui osait s'y aventurer sans suivre ce chemin, était destiné à errer et à y mourir. Vu la quantité de feuilles mortes qui recouvrait les dalles, il y avait bien longtemps que personne n'était passé par là. Pour ne pas s’égarer et pouvoir progresser, elle devait balayer du pied devant elle pour  être sûre de bien suivre le chemin ; or cela prenait du temps.

Son avancée fut rapide les premiers mètres, mais se compliqua lorsque la végétation s'épaissit. Plus elle s'enfonçait dans la forêt,  plus les arbres semblaient tourmentés et l'atmosphère pesante. Fangorn, de plus en plus agité, devenait difficile à tenir. Mina commençait à se dire qu'elle aurait mieux fait de contourner la forêt par le Nord. Le cheval gardait les oreilles inclinées vers l'arrière et restait attentif à tout ce qui l'entourait : il n'était pas non plus à l'aise ici. A chaque fois que sa maîtresse s'arrêtait pour dégager les feuilles couvrant le chemin, il faisait claquer ses sabots au sol.

Quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’au détour d’un vieux chêne, elle constata que le pont de pierre permettant de traverser la rivière serpentant au milieu de la forêt, s'était effondré ! Abattue, elle laissa échapper un soupir. Fangorn la bouscula d'un coup de tête impatient.

— Nous devons faire demi-tour, lui dit-elle en lui grattant le front. 

La situation était aussi désagréable pour elle que pour lui. Cette forêt était oppressante, elle avait hâte d'en sortir. Elle revint rapidement sur ses pas pour emprunter un autre passage balisé qui lui faisait faire un détour et s'enfoncer encore plus profondément dans la forêt.

Près d'une heure plus tard, ils étaient parvenus à traverser la rivière et avaient rejoint le chemin principal qui les menait droit vers le palais de Thranduil. A plusieurs reprises, elle remarqua la présence d'énormes toiles d'araignées entre des arbres mais tâcha d'en rester éloignée. Car elle n'avait pas du tout envie de rencontrer la bête à l'origine de ceci. Leurs efforts furent récompensés lorsqu'ils aperçurent la lumière du soleil droit devant eux. 

— On a réussi, déclara-t-elle en se tournant vers son cheval. 

Ce dernier avait cessé de remuer et il marchait depuis un moment avec la tête baissée en traînant les sabots. Le ton enjoué de la voix de l'elfe le fit se redresser vivement et il huma l'air qui semblait déjà plus pur.

Alors qu'ils avançaient tous les deux vers le soleil, une protestation lointaine provenant de la forêt les incita à s'arrêter. Mina écouta attentivement. Parmi les cris et les appels au secours, elle reconnaissait parfaitement les voix des nains. Elle hésita, puis finalement sauta sur le dos du cheval pour aller les aider. Guidée par son ouïe fine, elle réussit à les localiser.

 

Ils se trouvaient dans une zone rocheuse et dépourvue d'arbres. Se faisant attaquer par les responsables des énormes toiles qu'elle avait vues plus tôt. Ces araignées étaient monstrueuses et elles encerclaient les nains qu’elles avaient l'intention de dévorer. L'elfe sauta de cheval et monta sur un rocher pour avoir un point de vue surélevé sur la scène. Son arc en main, elle le banda au maximum. Lorsqu'elle lâcha la corde, celle-ci propulsa sa flèche qui se planta profondément derrière les yeux d'une araignée. Qui s'effondra, morte !

Profitant de cette diversion, les nains attaquèrent sur plusieurs fronts, ne laissant aucune chance aux arachnides. D'autres ne tardèrent pas à venir en renfort, essayant de saisir les proies potentielles entre leurs pattes pour les enrouler dans leur soie. Nombre d'entre eux étaient déjà couverts de lambeaux de toiles collantes, signe qu'ils avaient déjà été mis en cocon. Mina descendit de son promontoire pour se mêler au combat. Toujours avec son arc à la main, elle tirait les flèches rapidement les unes après les autres. Malgré leur acharnement, leurs assaillantes à huit pattes étaient toujours aussi nombreuses. Pourtant cette fois, Thorin ne regrettait pas l'intervention de l'elfe, même s’il ne l'avouerait jamais. Une aide inespérée finit par arriver en la personne des elfes de ces bois. Il en arriva de partout, s'attaquant tous aux araignées. Mina perçut un craquement dans son dos, craignant une tisseuse, elle fit volte-face avec son arc armé, prête à décocher sa flèche.Toutefois, elle n'en fit rien et ne bougea plus, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration accélérée par l'effort. En face d'elle, se trouvait un jeune elfe au visage fin, de longs cheveux blond platine et lisses, et aux yeux gris-bleu. Celui-ci la menaçait également de son arc. Ils échangèrent un long regard avant de tout deux baisser leur garde. 

— Reine Mina Lùinwë, salua le jeune elfe en s'inclinant la main sur le cœur.  

— Legolas Vertefeuille, répondit-elle en faisant de même. 

Le fils de Thranduil qu’elle avait connu enfant et vu grandir, s’était de nombreuses fois émerveillé devant ses dragons. Les années l’avaient beaucoup changé, c’était aujourd’hui un véritable jeune homme.

Une fois, les araignées toutes éliminées, les gardes de Mirkwood firent rapidement les nains prisonniers. En commençant par les priver de leurs armes, que ce soit  couteaux, épées ou haches. Mina assistait à la scène aux côtés de Legolas, en constatant que la gratitude ne les étouffait pas.

— C'est une surprise de vous voir Reine Mina, avoua Legolas.  

— Je sais... j'ai été suffisamment absente, déplora-t-elle. 

— Que faites-vous sur nos terres ?

— Je me rendais à Erebor.

— Vous voyagiez avec eux ! s'étonna le prince de Mirkwood en désignant les nains. 

Cette phrase la fit rire.

— Non... Nos routes se sont malencontreusement croisées. 

— Le contraire m'aurait surpris... Ils sont maintenant nos prisonniers et devront rencontrer mon père pour justifier leur présence ici, déclara-t-il. 

Au galop, Fangorn vint rejoindre sa maîtresse, interrompant la conversation quelques secondes.

— Joignez-vous à nous Mina, proposa-t-il. Mon père sera heureux de vous revoir.

La fin de sa phrase illumina le visage de la reine qui ne pouvait s’empêcher de sourire. Le jeune prince savait que son père et elle étaient proches. Lors de la chute d'Orodreth, Thranduil avait été attristé par son état, imaginant que son sommeil serait éternel. La revoir le réjouirait plus que tout, mais avant cela, il devrait s'entretenir avec le seigneur nain. Mina accepta et suivit les nains débarrassés de leurs armes et escortés par les elfes en direction du palais.

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