Elanor

Chapitre 7 : CHAPITRE 6 - Un Sex on the Beach s'il vous plait !

7250 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:33

 - Dìs -

J’étais en train d’observer distraitement mon frère qui se préparait pour la fête. Il était occupé à peigner son bouc – qui n’en avait guère besoin, vu qu’il était aujourd’hui très court… Autrefois, notre frère aîné Frérin et lui s’étaient lancés un défi : à qui aurait la barbe la plus impressionnante…

Durant quelques années, ils les avaient donc laissé pousser, et elles avaient fini par devenir presque aussi épaisses que celle de notre père, ce qui n’était pas rien ! Je me souvenais avec amusement des côtés malcommodes de ce défi futile : sa barbe gênait tellement Thorin pour manger qu’il avait dû en faire une tresse. Il ne l’avait coupée qu’à la mort de Frérin et depuis, il la portait courte, sans doute pour passer à autre chose et éviter de repenser trop à ce frère que nous avions perdu.

 

Il était mort à la même bataille que mon mari… Je sentis quelques larmes qui commençaient à perler mes yeux bruns.

—Je vais enfin pouvoir rencontrer la petite copine de Fili ! dis-je en essayant de penser à autre chose.

—Non, elle ne vient pas.

—Et pourquoi donc ?

—Parce que je ne l’ai pas invitée ! s’emporta-t-il.

Mais pourquoi diable ne pouvait-il pas l’apprécier ? D’après mes deux jeunes garçons elle était adorable !

 

Celui-ci faisait les cent pas dans la pièce, irrité par ma remarque.

La chambre de mon frère était toujours aussi bien ordonnée : le lit était fait, ses armes étaient toutes accrochées ou posées soigneusement sur ses meubles mais sa harpe, quant à elle, était toujours en plein milieu du passage ! Et puis… Tiens, un nouvel objet ! Plus loin j’aperçus un petit coffret que je n’avais encore jamais vu. Le visage de mes deux fils ainsi que celui de notre père étaient gravés sur le bois. Le travail avait été minutieux et incroyablement bien réussi.

—C’est magnifique ! Qui te l’a offert ?

Je me rapprochai de l’objet afin de pouvoir l’examiner d’un peu plus près, mais Thorin s’énerva de nouveau. Il me poussa et partit le cacher dans sa commode.

 

Agacée par son comportement je quittai sa chambre et rejoignit Belren au rez-de-chaussée. C’était l’épouse de Bofur. Elle était affalée sur une banquette, un verre d’eau à la main. Le plus grand de ses enfants portait son petit frère pour que celui-ci puisse attacher les cheveux noirs de sa jeune mère en queue de cheval… L’air était lourd et suffocant ce qui ne l’aidait pas à retrouver son souffle étant donné qu’elle attendait son troisième enfant.

La venue du petit nouveau arrivait à grand pas !

Bofur avait essayé de convaincre les autres nains pour que sa femme puisse rester ici auprès de lui, mais tous avaient refusé. Les nains ne vivaient pas avec les épouses des autres. Les familles étaient donc séparées depuis que nous étions arrivés dans ce monde et chaque jour, Bofur traversait la ville à pied pour voir sa femme… Mais il ne pouvait pas non plus rester avec nous, car les autres maris n’auraient pas apprécié de savoir qu’un nain rôdait autour de leur épouse…

C’était ainsi. L’aménagement imposé par les humains nous avait posé quelques problèmes sur le plan culturel, nous avions donc décidé de séparer les femmes des hommes… A vrai dire, en y repensant, cela ne changeait pas tellement de notre ancien monde, car seules les naines célibataires pouvaient se mélanger aux autres nains, mariés ou non.

J’ignorais encore comment Fili envisageait de vivre sa relation avec cette jeune femme. Ils étaient si différents ! Et à l’heure actuelle, il n’avait pas l’air de s’en rendre compte.

 

Un beau jour, j’étais sortie dans la rue pour apprendre à mieux connaître ces gens… Ce que je préférais, c’était me rendre au marché et discuter avec les autres femmes. J’avais appris que dans leur monde, après un combat acharné de plusieurs siècles, elles avaient enfin réussi à devenir les égales de l’homme. Je ne pouvais donc qu’espérer secrètement que cette relation puisse marcher et qu’elle accepterait de vivre selon nos coutumes… Je voulais des petits enfants, et vite !

 

Mais aujourd’hui était une journée particulière, car les nains qui se trouvaient à proximité s’étaient déplacés jusqu’ici pour fêter l’anniversaire de leur roi. D’après mon Fili, elle n’avait pas souhaité venir à cette soirée jusqu’à ce qu’elle apprenne que je serais présente, ce qui l’avait fait changer d’avis !

 

—Mes pauvres pieds me font souffrir ! se plaignait Belren.

La naine retira ses bottes. Cela n’avait rien d’étonnant car elle avait dû marcher plusieurs kilomètres pour pouvoir arriver jusqu’ici. Ce n’était pas du tout raisonnable avec sa grossesse, elle aurait mieux fait de rester à "notre" maison avec ses enfants. Surtout que la jeune mère avait déjà fait une fausse couche il y avait de cela plusieurs années. 

 

Dorala, une de nos amies, s’approcha de nous avec une assiette remplie de pâtes et de purée de pommes de terre. Nous avions découvert depuis peu le beurre de cacahuète dont certains humains raffolaient… Personnellement, l’odeur me donnait des haut-le-cœur et je n’arrivais pas à comprendre comme elle pouvait en manger autant !

Dorala portait une armure de fer et de fourrure, mais rares étaient les naines qui avaient appris à se battre. Ses cheveux roux étaient retenus par plusieurs tresses, elle avait de beaux yeux verts en amande et un visage aussi blanc que la neige mais parsemé de tâches de rousseur. Et tout comme nous autres, elle avait une barbe !

 

Mais pourquoi diable mes fils n’avaient-ils pas voulu épouser une naine ? Ils n’étaient pourtant pas habitués à voir des femmes au visage nu… Que pouvaient-ils bien leur trouver ?

D’après Thorin, Serra et Tauriel n’étaient que deux maigrichonnes ne possédant pas la moindre qualité … Quelle mauvaise langue ! Il n’avait jamais rencontré l’amourette de son plus jeune neveu !

Tout bien considéré, les hommes restant de ma famille partaient à la dérive ! Fili voulait une humaine, Kili ne parlait que de sa belle elfe et Thorin critiquait à longueur de journée ces deux femmes ! Il en attrapait des cheveux blancs en pensant qu’il n’aurait aucun héritier de sang pur pour lui succéder.

 

—Ton frère est vraiment radin ! Il n’a même pas prévu de viande pour le buffet ! Et tu as vu la bière qu’il y a ? Ça va partir en un rien de temps ! pesta la guerrière.

Elle se pencha vers moi pour murmurer à mon oreille :

—J’ai caché quelques canettes dans mon armure si tu en veux, Dìs !

Et avec une grosse cuillère elle attaqua son plat de pâtes au beurre de cacahuète.

—Tu es comme les autres ! Tu ne pouvais pas attendre leur arrivée ?

—Leur ? Il en a trouvé combien ton fils ? rigola-t-elle.

—Qu’une seule, voyons ! Mais elle vient avec une de ses amies. Les autres ne l’apprécient pas beaucoup… Sauf lorsqu’elle est saoule, paraît-il.

—Si tu le dis… Mais le temps qu’elles arrivent, il n’y aura plus rien boire à part de l’eau ! Sans vouloir te vexer, Belren…

 

Dorala reporta son attention sur une personne qui discutait avec mon frère. La belle rousse avait tenté plus d’une fois d’approcher Dwalin, mais celui-ci n’était pas du tout intéressé par ses avances.

Ce n’était qu’un idiot, car Dorala était une naine exceptionnelle au fort caractère : elle connaissait l’art du combat à mains nues.

Elle voyait en Dwalin la naine qu’elle était. Ils avaient tous les deux le corps crépis de cicatrices après plusieurs mois d’assaut, de mêlées et d’attaques dans le seul but de récupérer nos terres… Mais contrairement à lui, elle n’était pas tatouée.

 

A cet instant, je touchai nerveusement le tatouage sur mon épaule que Dwalik m’avait fait… Chez les nains, tatouer une femme était un geste affectueux.

Il me manquait tant que je pleurais chaque soir sa mort avant de m’endormir… Je me souvenais du jour où Thorin était venu m’annoncer la nouvelle, de retour du champ de bataille. Mon Kili n’était alors qu’un petit bambin qui n’avait pas encore prononcé son premier mot. Son père était mort si jeune… Mon pauvre Fili, âgé de plusieurs années de plus que son frère, ne se souvenait même pas de son père !

 

Ces gens… Ces humains se plaignaient tous à longueur de journée. Ils déploraient le fait de devoir de subvenir à nos besoins depuis notre arrivée… Cette corvée (comme ils l’appelaient tous) n’était rien par rapport à ce que nous avions pu vivre, voire subir en Terre du Milieu... Mis à part mon frère et mes deux fils, ils étaient tous morts. Morts.

 Ils geignaient au moindre petit souci qui venait perturber leur vie confortable ! Mais ils ne rendaient pas compte à quel point ils étaient tous chanceux de vivre dans un monde comme celui-là. Il ne voyait en nous qu’un problème qu’il fallait régler urgemment ! J’espérais que Serra serait différente de ceux de sa race…

 

La sonnette retentit dans la maison ! C’était probablement les deux humaines. Je me levai d’un bond pour me rapprocher de la fenêtre, suivie de très près par mes deux amies, l’une d’elle pieds nus et sa main soutenant son ventre.

—Bah dis donc ! Elles sont plates de partout. Il va falloir les remplumer les deux p’tites ! critiqua Dorala.

—J’espère pour toi que ce n’est pas la grande perche ! s’empressa d’ajouter Belren. Je n’avais encore jamais vu une femme avec autant de maquillage…

 

Fili arriva accompagné des deux demoiselles, il tenait l’une d’entre elle par la taille et je fus aussitôt rassurée de constater qu’il avait choisi la plus jolie et la moins maquillée des deux… Mais elle semblait mal à l’aise que mon fils se tienne aussi près d’elle.

—Ouais… Fili a le droit d’inviter Serra… Mais Tauriel, tu ne veux même pas en entendre parler ! me reprocha Kili.

—Mais non, voyons ! Mais tu sais bien que ton oncle hait les elfes ! Allons, sois gentil et tais-toi !

Je lui fis une petite bise sur son épaule avant de lui frotter affectueusement le dos. Mon Kili avait les mêmes yeux bruns que ma mère Dùs, mais il avait aussi hérité de son comportement ! 

Je contemplai la jeune femme. Elle portait une robe blanche à fleurs bleues avec des sandales noires, contrairement à son amie qui était revêtue de ce qu’ils appelaient un "short", et de chaussures à talons hauts… Avec, elle me dépassait d’au moins trois bonnes têtes !

 

Je reportai de nouveau toute mon attention sur la chérie de mon fils et je devais bien avouer que cette Serra… n’était pas épaisse ! Sa mère ne la nourrissait donc pas ? Au moins, elle n’était pas toute barbouillée de peinture comme son amie. Elle était jolie, mais elle n’avait pas de barbe. Elle avait de beaux yeux, aussi verts que ceux de Dorala ! Mais elle était plate comme une planche à pain ! Ce n’était pas une naine, c’était une humaine. Je me rendis compte que j’étais déçue en la voyant. Fili m’avait tant parlé d’elle que je m’étais attendue à une humaine d’apparence plus admirable !

Désormais, je comprenais mieux le comportement de mon frère et je craignais ma future rencontre avec Tauriel, car tout comme lui, je ne portais pas les elfes dans mon cœur !

 

Cette jeune femme devait probablement être sympathique ! Je n’avais donc aucune raison de faire preuve de méchanceté à son égard comme l’avait fait Thorin. Mais tout de même, qu’est-ce que mon Fili pouvait bien lui trouver ? C’était un beau nain de sang royal ! Il aurait pu choisir n’importe quelle naine comme épouse !  

—Alors Fili, c’est donc elle ? Ne restez pas plantés là vous deux, laissez-nous entre filles ! Du vent !

Je chassai les garçons avec de grands gestes de la main et ils partirent gaiment nous laissant avec les deux jeunes femmes.

—Vous avez de la chance ! Elle aurait pu finir avec votre second fils si elle avait été son genre de femme ! m’avait-elle dit en désignant son amie.

Vexée par sa remarque, l’humaine lui avait donné un coup de coude dans les côtes pour lui demander de se taire.

Oh non, pas mon Kili… Je préfèrerais le voir avec une elfe plutôt qu’avec cette jeune dévergondée aux cuisses nues !

— Mais qu’importe, j’en ai oublié les bonnes manières ! C’est un plaisir de pouvoir enfin vous rencontrer ! Vos fils m’ont beaucoup parlé de vous. Je m’appelle Serra, et elle, c’est Margaux.

Elles nous embrassèrent toutes les deux sur la joue, qu’elle étrange coutume !

—Ah non ! Chez nous on ne se salue pas comme ça ! répliqua Dorala.

—Ah bon ? Vous faites comment ?

—Non arrête ! essayai-je d’intervenir.

Trop tard. La rousse lui avait donné un coup de tête suffisamment fort pour que celle-ci tombe à la renverse. Elle s’apprêtait à faire de même avec Margaux, mais elle était bien trop grande pour elle… Et de toute manière elle avait pris la fuite sur ses talons hauts !

—Regarde ce que tu as fait ! Tu l’as assommée !

—Oh arrête, t’exagères !   

 

Elle l’attrapa par les bras et la traîna jusqu’à la banquette où elle l’allongea après avoir viré les quelques nains envahissants qu’il y avait. Belren s’assit et posa la tête de la jeune femme sur ses genoux, loin de son gros ventre. Une de ses mains massait énergiquement son front car on pouvait voir apparaître une plaque rosâtre… Fili n’allait pas être ravi lorsqu’il s’apercevrait que celle-ci allait avoir un hématome.

—Tu aurais pu faire attention quand même ! Elle a perdu connaissance par ta faute !

—Oh, arrête donc ! Ce sont tes hormones de femme enceinte qui parlent ! Je vais te la réveiller, tu vas voir !

Elle sortit de sa plaque de poitrine une canette de bière qu’elle s’empressa d’ouvrir. A ce moment là, je m’étais attendue au pire, mais non, elle avait juste mis l’alcool sous le nez de l’humaine.

—Regarde, rien de mieux que la bière pour réveiller quelqu’un.

Elle gigotait lentement ses jambes avant d’ouvrir ses yeux. Elle semblait perdue…

—Tu crois qu’elle est en état de choc ? me demanda Belren.

—Mais non ! Pousse-toi !

La rouquine les avait rejointes sur le canapé et avait redressé la jeune femme frêle d’un mouvement brusque avant de lui faire boire un peu d’alcool. Après que celle-ci eut bu plusieurs gorgées, elle la frappa dans le dos avant de lui donner sa canette.

—Enchantée Serra. Moi c’est Dorala. La prochaine fois, salue-moi correctement, ou ne le fait pas… Mais ne m’embrasse plus jamais !

 

Elle partit sans se retourner, vers Dwalin et Thorin qui étaient  pris par un fou rire sans retenue de ce qui c’était passé. Mon frère souriait rarement et cela me fit plaisir de constater qu’il pouvait être heureux par moments, même si j’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances !

Je pris place aux côtés de la jeune humaine, serrant une de ses mains… Un contact physique et chaleureux allait probablement l’aider à retrouver ses esprits !

—Et vous… vous êtes qui ? demanda-t-elle d’une voix tremblante à la future mère.

—Je suis Belren, l’épouse de Bofur.

—A bon ?... Il ne m’avait pas dit qu’il était marié.

Cette réponse avait blessé mon amie. Comment Bofur avait-il pu ne pas mentionner sa femme ?  La jeune mère ne savait pas quoi répondre et commençait à bafouiller. Je décidai donc d’intervenir.

—Ils ont déjà deux très beaux enfants !

—Ah… Est-ce que je peux les voir, s’il vous plait ? demanda-t-elle poliment avec un beau sourire.

Belren acquiesça d’un mouvement de tête et partit chercher ses deux fils. Ils pouvaient être n’importe où, mais très probablement avec leur père.

—Alors comme ça, vous sortez avec mon Fili demain ?

—Euh… Oui. On va au ciné.

—Arrête donc de rougir ! Il n’y a pas de quoi te sentir gênée de sortir avec mon fils ! C’est un beau garçon, aussi beau que son père ! C’est son portrait tout craché ! Tu l’aimes au moins ?

Elle me fixa d’un regard absent et dénué de tout sentiment, puis tourna la tête et finit par me répondre :

—Oui. Comme le frère que je n’ai jamais eu.

Quoi ? Qu’est-ce qu’elle me racontait, cette petite ? Le coup avait dû être trop fort, elle ne savait plus ce qu’elle disait ! Dolara allait entendre parler de moi ! Pas possible !  

Belren revint avec ses deux bambins aux cheveux noirs ébouriffés.

—Ils sont adorables, le plus petit vous ressemble beaucoup ! la complimenta-t-elle.

La jeune mère avait voulu que son cadet reste assis sur les genoux de l’humaine, mais celui-ci refusait et montrait son indignation par des cris avant de s’enfuir en courant, suivi de près par son grand frère.

—Je suis désolée, d’habitude il n’est pas comme ça…

—Ce n’est rien. Il faut se mettre à sa place, il est petit. J’ai dû l’effrayer… Vous imaginez vous ? Voir une femme sans barbe pour la première fois ! plaisanta-telle.

Nous en rîmes si fort que mon frère nous toisa du regard. Juste après, la jeune femme se sentit suffisamment en confiance pour nous avouer  qu’elle n’avait pas eu tellement envie de venir à cette soirée, sachant combien Thorin ne l’appréciait pas. Elle s’expliqua en reconnaissant qu’elle était venue pour moi, parce qu’elle souhaitait me rencontrer, ce qui me fit chaud au cœur !

—Nous ne resterons pas longtemps non plus ! Avec ma grossesse, je suis fatiguée et mes pieds sont en feu. Il nous a fallu une bonne heure pour venir jusqu’ici… Nous vivons dans un autre quartier.

—Mais, pourquoi ne restez-vous pas avec Bofur cette nuit ?

—Trop long à expliquer, intervins-je diplomatiquement.

Il valait mieux pour mon Fili qu’elle reste dans l’ignorance de nos coutumes dans un premier temps. Dolara l’avait déjà suffisamment choquée, je ne voulais pas en rajouter et l’effrayer davantage.  

Elle posa sa canette et ajouta :

—Ok, je suis habituée à me pas boire durant les soirées arrosées pour ramener tout ce petit monde chez eux ! Je vous déposerai en voiture tout à l’heure, comme ça, vous n’aurez pas à marcher.

 

Ce n’était pas une naine, elle ne le serait jamais et je devais me faire une raison. Je la connaissais à peine mais je pouvais m’apercevoir qu’elle avait beaucoup de qualités comme mon fils m’en avait fait part : d’abord elle était altruiste. Et j’étais à peu près sûre qu’elle avait le cœur sur la main… Une des raisons pour laquelle elle pouvait autant lui plaire… Je pensais qu’un jour je pourrais l’accepter en tant que belle-fille.

 

—Elle n’est plus là ?

La voix avait retenti, comme sortie de nulle part, mais la brunette qui l’avait reconnue s’esclaffa de rire.

—Oui, tu peux sortir de ta cachette.

Son amie s’était réfugiée à quatre pattes derrière la banquette. Elle se releva et vint nous rejoindre.

—Non mais tu as vu ton visage ? Et puis, ces femmes devraient prendre de l’Androcur !

—Tais-toi ! lui intima Serra.

De l’Androcur ? Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Je lui demanderai plus tard dans la soirée… Mais pour le moment, nous allions célébrer l’anniversaire de Thorin ! Les cadeaux étaient tous empilés dans un coin de la pièce…

—Vous êtes venues les mains vides ? pesta Dolara de retour avec nous.

—J’ai déjà donné le mien à Thorin, un petit coffret en bois…

—Tu aurais mieux fait de lui offrir une arme, c’est plus utile ! la coupa-t-elle.

Un coffret… C’était donc elle qui avait gravé le visage de Thraìn et de mes fils ! Thorin l’avait gardé. Le connaissant, cela voulait donc dire que dans le fond, il l’appréciait… car s’il l’avait autant détesté comme il le prétendait il n’aurait pas hésité à le jeter.

 

 

Bofur s’approcha de sa femme avec sa flute accompagné de Fili et Kili avec leurs violons. Thorin posa sa harpe au centre de la pièce et se rapprocha de nous.

—Serra, j’ai trouvé un truc étrange sur ma terrasse. Je t’avais demandé de ne pas laisser traîner tes affaires chez moi…

—Quoi ? Mon télescope ? Tu ne l’as pas jeté comme mes affaires la dernière fois j’espère ?  

Elle le bouscula et se précipita à l’étage du haut.

—Tu as jeté ses affaires ? lui demandai-je étonnée.

—Non, pas cette fois-ci. Mais j’ai remarqué qu’elle aimait courir dans les escaliers ! gloussa-t-il. 

Il partit retrouver les autres et commença à jouer de la harpe. Mon frère avait un comportement vraiment étrange avec cette jeune femme…

 

 - Le lendemain soir -

Serra

 

J’avais passé une bonne journée avec Margaux. Nous avions fait les boutiques, mais je n’avais pas dépensé un sou à cause du savon  que ma mère m’avait passé mercredi ! Et pour ne pas être tentée, j’avais même laissé mon portefeuille à la maison :

Margaux m’avait invitée au Colombus Café pour le goûter et m’avait offert un smoothie aux fruits rouges et à la banane ainsi qu’un gros cookie au chocolat noir ! Cela m’avait fait plaisir, nous avions toutes les deux discuté et passé un bon moment.

Je m’étais arrangée avec elle pour passer le début de la soirée chez ses parents avant de rejoindre Fili au cinéma en bus. C’était la solution la plus simple que j’avais pu trouver pour ne pas avoir à prendre ma voiture !

 

J’étais arrivée en avance et je l’attendais dans le hall du cinéma, assise sur un sofa noir. J’espérais qu’il ne tarderait pas à arriver car je n’avais pas eu le réflexe de mettre mon portable en charge chez Margaux…

Je repensai à l’anniversaire de Thorin. J’avais beaucoup aimé sa sœur que j’avais trouvée très aimable contrairement à l’autre nain teigneux qu’était son frère… Et Belren aussi ! Elle avait deux beaux garçons qui avaient  déjà une petite barbe malgré leur jeune âge ! Je les avais trouvés très mignons, ils étaient si minuscules ! J’aurais aimé les avoir dans mes bras…

Quant à Dolara… J’allais me souvenir d’elle jusqu’à la fin de ma vie ! La naine m’avait frappée si fort que mon front en était tout boursouflé, il était passé du rouge vif  au noir depuis la veille…

Heureusement qu’elle ne m’avait pas frappé plus bas ou j’aurais eu un œil au beurre noir. Cette sauvage aurait pu même me casser le nez ! J’avais pris note de ce qu’elle m’avait dit, ne plus lui faire la bise…

 

Hier soir, j’avais été surprise en voyant les naines car personne ne m’avait prévenu qu’elles étaient toutes aussi barbues que leurs hommes ! J’avais trouvé cela vraiment étrange, surtout que je n’aimais déjà pas la pilosité chez un homme, mais alors chez une femme c’était pire !

Elles avaient toutes entremêlé de petites tresses dans leur longue barbe et mis plusieurs perles en argent du même style que celles que Fili portait…

Fili.

Je regardai ma montre et je pus constater que mon ami était en retard ! Je sortis mon portable pour le joindre et là, stupeur ! Plus de batterie !

Mais quelle conne ! 

 

Je commençai à faire les cent pas dans le hall. Plus je regardais ma montre et plus j’étais terrifiée à l’idée de me retrouver seule, en ville et en plein milieu de la nuit. Dans le pire des cas, je pouvais retourner chez mon amie, mais à cette heure-ci, le tramway n’était pas un lieu sûr ! En Bretagne, les gens buvaient beaucoup, et sous l’effet de l’alcool les pulsions les plus sauvages des hommes réapparaissaient. J’avais une bombe lacrymogène dans mon sac à main, mais contre un groupe elle ne me serait d’aucune utilité ! 

Calme-toi, il va arriver !

 

J’attendais le plus patiemment possible mais plusieurs heures s’étaient déjà écoulées et les dernières séances de la soirée avaient commencé il y avait de cela une dizaine de minutes.

Il ne viendra pas.

Et comme une idiote, j’avais accepté son idée farfelue de ne pas venir en voiture ! J’étais  prise au piège dans une ville que je connaissais à peine. Il n’y avait pas de personne plus peureuse que moi sur cette planète !

 

Je pris donc mes jambes à mon cou et je quittai en vitesse le cinéma. Dehors, il faisait nuit, aucune étoile dans le ciel pour me rassurer, c’était une nuit sombre…

Non, je ne voulais pas monter dans ce tramway à vingt trois heures du soir ! Il en était hors de question !

Je fis demi-tour et je rentrai dans le bowling situé juste à côté du cinéma. Je comptais demander à une employée de pouvoir utiliser un de leurs téléphones pour contacter les parents de Margaux…

 

Les boules heurtaient les quilles avec en fond sonore une musique des années soixante. Ce bowling avait un côté rétro américain. Les meubles, le bar et les uniformes des serveuses étaient similaires à l’époque de nos grands-mères ! Cet endroit avait beaucoup de succès pour son architecture haute en couleur !

Je me rapprochai de l’accueil pour leur demander la permission d’emprunter un téléphone  lorsque j’eus la surprise de reconnaître au loin Thorin.

Non, pas ce nain ! Mais que faisait-il ici ? Avec tous les nains que je connaissais, il avait bien fallu que je tombe sur celui là !

Ne fais pas ton asociable, va le voir ! Incruste-toi !

La simple idée d’empiéter sur son territoire et que cela puisse le déranger me convenait parfaitement !

 

                Décidée, je me rapprochai du nain, pris une chaise et je m’installai juste à côté de lui !

—Salut ! Alors, quoi de neuf ? On est tout seul dans son coin ? Tu fais peine à voir…

—Tu ne peux pas aller voir ailleurs si j’y suis ?

—Tu es venu ici comment ?

—En taxi… Pourquoi ?

—Tu as donc de l’argent ?

—Non. Le chauffeur m’a déposé ici parce que j’avais une bonne tête !

Je pouffai de rire nerveusement ! Mais qu’il était bête !

—Serveuse ! appelais-je en secouant la main.

Une brune aux yeux bleus arriva sur ses patins à roulettes avec un calepin à la main. Elle portait un uniforme assez court, couleur bleu pastel. Ses cheveux étaient retenus par deux couettes.

—Je vais prendre du sexe sur la plage !

Ils me fixèrent tous les deux avec de grands yeux ronds se demandant ce qui m’arrivait. Ou la… je n’avais pas encore bu que je commençais déjà à faire des lapsus sexuels.

—Euh… Un Sex on the Beach, je voulais dire…

—Je vous apporte ça tout de suite !

 

Et elle partit aussi vite que l’éclair sur ses roulettes. Thorin faisait à peine attention à moi, il gribouillait sur un vieux cahier… Quelle soirée de rêve ! Je savais bien que je n’aurais pas dû accepter ce rendez-vous galant en donnant en plus de faux espoirs à Fili… Et à sa mère ! Je n’arrivais pas à y croire. Et dire qu’elle s’imaginait que j’étais amoureuse de son fils adoré ! Comment est-ce que je pouvais m’en sortir ? Ils jouaient tous avec mes nerfs. A ce rythme, j’allais très vite devoir prendre des vacances.

—Ce qui vous fera 7€99 s’il vous plait ! me réclama-t-elle en plaçant le cocktail sous mes yeux.

—Ne me regardez pas comme ça ! C’est lui qui m’invite ! lui répondis-je en sirotant mon verre.

A ma plus grande surprise, Thorin ne répliqua pas et paya la jeune femme ! Je pris en note qu’il était capable de me passer quelques caprices…

—Pourquoi deux pailles ?

—C’est une boisson qui se boit à deux ! Tu veux peut-être goûter ?

Il réfléchit un instant à la possibilité de boire dans mon verre, et finit par accepter en arguant qu’il l’avait acheté et qu’il n’avait pas besoin de ma permission pour se servir.

—Non mais arrête ! Tu es en train de tout boire, je n’aurai plus rien !

Je me penchai pour me rapprocher de lui et entrepris de l’imiter… Mais Thorin buvait beaucoup trop vite par rapport à moi qui n’étais qu’une novice ! Sur la table était disposées plusieurs pailles dans un pot, j’en saisis un petit paquet que je plongeai dans l’alcool et j’essayai tant bien que mal d’en avaler autant que lui. Il s’arrêta au moment où la liqueur de melon commençait à me brûler au niveau des tempes…

—Ce n’est qu’une boisson de femme ! cracha-t-il.

Il me fallait beaucoup de patience pour pouvoir supporter un nain pareil ! Je décidai de ne pas prendre un compte sa remarque et fis comme si de rien n’était.

—Tu sais dessiner ? Je peux voir ?

—Non.

Oh la la mais quel sale caractère ! Il ne faisait vraiment aucun effort pour arranger les choses entre nous… Je me penchai de nouveau sur la table mais cette fois-ci je lui arrachai son cahier et son crayon.

—C’est bon ! Ne t’excite pas car je ne vais pas regarder tes gribouillis ! Je vais t’en faire un le temps que tu ailles nous appeler un taxi pour qu’on puisse rentrer ensemble.

—Quoi ? Non mais…

—Relax ! Ce sera le même prix pour deux personnes !

J’ouvris vers le milieu du carnet, là où il n’avait encore rien crayonné. Que pouvais-je bien dessiner ? La matinée d’hier me revint à l’esprit et je fus subitement inspirée ! Je commençai alors à donner vie à des formes. J’aimais dessiner car je trouvais cette activité apaisante…. Mais aussi parce que cela me permettait d’immortaliser certains événements de ma vie.

 

Thorin se leva avec sa bière à la main et partit à l’accueil appeler un taxi…

Je ne pouvais m’empêcher de sourire en voyant mon esquisse prendre forme juste sous mes yeux ! J’écrivis ensuite en haut à gauche une remarque en espérant qu’il en prendrait compte… L’oncle de mes amis ne m’avait pas rejoint, il avait préféré attendre l’arrivée de notre taxi accoudé au bar comme un ivrogne.

 

Curieuse comme j’étais, j’avais envie de voir ses croquis… Mais Thorin était mon unique espoir de rentrer chez moi en un seul morceau. Je ne préférais donc pas lui donner une raison de m’abandonner à Brest.

Je fermai son carnet et bus le restant de mon cocktail lorsqu’il revint vers moi.

—On y va, dépêche toi.

—Ouep ! Tu le regarderas ce soir avant de te coucher ! lui répondis-je en lui rendant son bien.

—Ouais, compte là dessus !

 

Nous quittâmes tous deux le bowling et descendîmes les escaliers qui menaient au parking. Le vent frais faisait virevolter les longs cheveux frisés de Thorin. Ce nain était bien plus grand que son neveu Fili car je ne faisais qu’une demi tête de plus que lui. Il me fixait silencieusement de son insondable regard bleu.

—J’ai un truc de coincé entre les dents ? lui demandai-je.

—Elle ne t’a pas ratée ! rigola-t-il. La prochaine fois, baisse la tête. En temps normal, elle ne t’aurait pas frappée au niveau du front, mais comme tu es plus grande qu’elle… C’est le sommet ton crâne qui aurait dû prendre ! 

Thorin était-il en train de me faire un cours sur la manière de saluer chez les nains ? Etait-il réellement en train de se montrer gentil avec moi ? Ou étais-je en train de rêver ?

Ses beaux yeux ne me lâchaient toujours pas. Comme à mon habitude, embarrassée, je détournai le regard et j’aperçus notre taxi qui arrivait. 

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