Elanor

Chapitre 6 : CHAPITRE 5 – Une journée chargée en émotions !

6513 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 08:16

- Tauriel -

La propreté laissait à désirer dans cet endroit. Je me trouvais dans la cuisine et je ne pouvais m’empêcher d’observer les épluchures de pommes de terre à mes pieds et la montagne de vaisselle sale dans l’évier…

A priori j’étais arrivée au mauvais moment car ces nains venaient tout juste de manger ! Il était pourtant assez tard, à moins qu’ils ne se soient autorisés un petit en cas ?

Serra m’avait appelée en urgence. La jeune femme avait exigé que je passe à leur maison car elle avait promis au prince de Durin une entrevue avec moi après avoir sauvé une vache ! Je n’aurais jamais imaginé que sa vie puisse être aussi… démente.

J’avais accepté mais à contre cœur, lui demandant de n’en parler à personne.

J’étais assise en face de ce nain aux yeux bruns.

Depuis le jardin, je pouvais apercevoir une dizaine de ses amis en train de nous observer et ragoter à notre sujet… Et à l’étage du-dessus, Serra se disputait activement avec Thorin. Mes oreilles fines pouvaient entendre le bruit d’une brindille depuis l’extérieur ! Elle lançait toutes sortes d’injures à celui-ci d’abord parce qu’il s’était permis de se débarrasser de ses affaires et ensuite parce qu’il aurait mangé tous ses gâteaux.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de m’arranger un rendez-vous avec ce nain ? Qu’attendait-elle de moi exactement ?

Ce rencard n’était autre que Kili, l’un des neveux du Roi de sous la Montagne. Prince ou non, cela ne changerait rien. C’était un nain… Je devais allégeance à mon souverain et même si j’avais été consentante pour une telle union, Thranduil s’y serait opposé formellement, sous peine de me faire exiler, ou pire… emprisonner !

Elle avait de son mieux essayé de me persuader qu’il ne s’agissait que d’une simple rencontre et que je devais juste être présente pour écouter ce qu’il avait à me dire.

C’était ce que je faisais, je l’écoutais mais je me refusais catégoriquement à lui faire la conversation.

Si j’avais su que cette jeune femme pouvait me créer autant de soucis, je n’aurais jamais perdu mon temps à apprendre à la connaître davantage ! Elle ne valait pas mieux que son amie Margaux qui harcelait ce pauvre Legolas… Il fuyait tant bien que mal les avances répétées qu’elle pouvait lui faire.

Thranduil m’avait recueillie à la mort de mes parents il y avait un peu plus de cinq cents ans et m’avait éduquée comme sa propre fille me permettant ainsi de revêtir l’uniforme des gardes des elfes sylvestres et d’en devenir le chef. Tant de privilèges et de bonnes opportunités s’étaient offerts à moi… Et Serra arrivait avec ses gros souliers pour diminuer mes chances de succès !

Une telle rencontre avec le prince nain pourrait s’avérer fâcheuse pour mon avenir. La rancœur entre nos deux peuples perdurait encore après de nombreux siècles et je ne pouvais m’empêcher d’imaginer le mécontentement de mon souverain en apprenant une telle chose !

Tauriel,  chef et garde personnel du grand roi Thranduil… avait un rencard avec un nain ! Personne ne devait l’apprendre…

Et puis, je n’étais âgée que de six cents cinquante neuf ans ! Etant une elfe en bas âge, je n’avais aucune envie d’être éprise de quelqu’un et encore moins d’un mortel !

― Vous savez, votre amie m’a dit beaucoup de bien de vous !

Alors comme ça, Serra me considérait comme une amie ? Ce qui expliquerait donc les quelques libertés qu’elle s’était permises à mon égard… Je ne pensais pas qu’elle pouvait autant m’apprécier.

Je n’avais jamais essayé d’avoir des amis, j’étais très prise par mon commandement et j’ignorais même si ma relation avec Legolas pouvait être qualifiée d’une amitié.

J’étais en train de reconsidérer son cas lorsqu’il me coupa de nouveau dans mes pensées…

― Et vous ? me demanda-t-il gêné parce que je ne participais pas à la conversation.

― Je vous demande pardon ?

― Qu’est-ce que vous aimez ?

― J’aime la liberté, la nature et les animaux. J’aime bien les vaches, lui répondis-je sans gaieté de cœur.

― Vous savez, nous ne l’aurions jamais fait ! Nous savions tous que Serra allait venir, c’était juste pour lui faire une petite frayeur ! D’un certain côté, c’est une bonne chose ou nous ne nous saurions jamais rencontrés…

Oui, en effet comme si cela allait changer le cours des choses… Cependant, je devais bien admettre qu’il avait l’air d’être gentil comme me l’avait dit mon… amie.   

Thranduil m’avait élevée et appris à haïr les nains. Cette haine qu’il éprouvait pour cette race avait considérablement augmenté durant le règne prématuré et court du roi Thror, l’arrière grand-père de Kili, il y avait de cela un peu moins de deux cents ans. Celui-ci avait refusé de partager ses gemmes blanches.

L’anneau de Durin que portait Thror n’avait fait qu’augmenter sa convoitise pour la richesse. Les grands seigneurs de notre monde avaient commencé à lui tourner le dos le laissant seul avec tout son or, ses pierres précieuses et son Arkenstone. Il en était devenu fou et avait sombré lentement dans la démence…

D’après mon Roi, cette famille était sujette à la folie. Pourtant, Kili n’avait pas l’air d’être aliéné, le jeune nain semblait avoir les deux pieds sur terre bien qu’il veuille vivre une histoire d’amour avec une elfe.

Personne ne lui avait donc expliqué qu’il perdait son temps ?

― Qu’avez-vous dans les mains ?

― Oh, ce n’est qu’un talisman. Ma mère me l’a donné, pour qu’il puisse me protéger… Il est ensorcelé… Et quiconque autre qu’un nain voit ces runes… sera maudit à jamais !

Il me le montra, c’était une petite pierre bleue avec des runes naines dont je ne connaissais pas la signification. Ma vue d’elfe m’autorisait à observer les détails de ce talisman…

Furieuse, je me levai d’un bond pour rejoindre Serra et participer à sa dispute enfantine avec Thorin... A cause d’elle, voilà que j’étais maudite ! J’avais été stupide d’avoir pu imaginer que ce nain pouvait être sympathique, il m’avait tendu un piège…

― Ou pas !

Quoi ? Se jouerait-il de moi ?

Je m’étais retournée et il avait un sourire en coin. Elle m’avait prévenue que c’était un charmeur !

― Ce n’est qu’une pierre runique… Vous y croyez, vous ?

Le jeune prince me faisait de l’humour. Elle avait raison, mais quel séducteur ! Il était en train de lancer la petite pierre bleue dans les airs tout en me disant :

― En réalité, ma mère Dis me l’a donné pour que je puisse me rappeler de la promesse que je lui avais faite.

― Quelle promesse ? ne pus-je m’empêcher de lui demander soudainement plus intéressée.

― Rester en vie. Elle s’inquiète, d’après elle je serais imprudent !

― Et l’êtes-vous ?

― Et si nous allions ailleurs ? me demanda-t-il tout en observant ses semblables à travers la vitre.

Il se retourna vers moi et me tendit sa main. Je devais bien admettre que pour un nain, il était plutôt amical et beau garçon.

M’ayant envoyé ici pour récupérer les provisions, je doutais très sérieusement que Thranduil ou son fils pourraient me surprendre en sa compagnie…

J’acceptai volontiers sa main et nous quittâmes la maison.

- Le lendemain -

Serra

J’appréhendais cette journée.

Fili et Kili avaient prévu de venir me voir à mon travail et avec un peu de chance,  ils ne seraient que tous les deux, sans la petite troupe… Et sans Thorin !

J’aimais beaucoup cette race, mais il fallait bien admettre qu’aucun ne passait inaperçu et je n’avais pas franchement envie de me faire mal voir auprès de ma patronne…

Juste après sa petite escapade avec Kili, Tauriel était passée me voir… Ce petit tête-à-tête avec le nain l’avait complètement métamorphosée. C’était étrange car j’avais l’impression que nous nous étions rapprochées toutes les deux…

En tout cas, mes deux amis avaient l’air de s’entendre à merveille malgré le fait que l’elfe puisse paraître distante… Je pensais que celle-ci devait avoir peur du regard de ses congénères et qu’elle avait besoin d’un peu de temps pour y réfléchir.

Je déballais énergiquement les commandes avec Mélodie, la stagiaire de sixième année de pharma.

C’était une très belle femme aux yeux bleus, grande et mince, les cheveux blonds frisés. Sa peau était bien plus blanche que la mienne.

La jeune femme s’était réjouie à l’idée de rencontrer quelques personnes venant de l’autre monde… Cette fille avait l’habitude de faire la fête, je songeais en ce moment même à l’inviter la prochaine fois que mes amis nains sortiraient la bière de leur placard.

Tout en éparpillant les commandes sur la table, je ne pouvais m’empêcher de penser à la journée d’hier, aucun d’entre eux n’avait mangé de viande… De vrais Caliméro ! J’allais devoir les emmener faire des courses car ils passaient le plus clair de leur temps à m’appeler à mon travail pour me demander la permission d’aller chercher une vache dans le pré voisin !

Je sortis ensuite des bacs de notre grossiste un assortiment de plusieurs plantes. Sur l’étiquette, on pouvait constater la présence du label certifiant que ces produits provenaient d’une agriculture biologique. Elles étaient toutes destinées au père d’Arwen, Elrond.

J’avais discuté avec celui-ci durant le gala organisé par les elfes… Notre air étant pollué, il s’était plaint de n’avoir pu trouver des végétaux "non toxiques" dans nos forêts… Je lui avais donc proposé de lui en commander en le rassurant sur la qualité des produits que je pouvais obtenir (en espérant que cela puisse satisfaire un elfe !).  

D’après les dires de sa fille, son père était le meilleur guérisseur de la Terre du Milieu. On racontait  aussi que son pouvoir serait dû à l’anneau Vilya qu’il portait.

Comment un anneau pouvait-il engendrer de tels pouvoirs ? Elrond et Galadriel, qui appartenaient tous deux à la même famille, possédaient ce genre d’anneaux… Alors que Thranduil, qui était roi n’en possédait aucun.

Il faudrait que j’en demande la raison à son fils, ou pourquoi pas Arwen si celle-ci passait à la pharmacie avec son père.

Je rangeai soigneusement sa commande et fis un ticket de caisse avec une remise généreuse pour ce nouveau client. Il y avait un tel bazar dans cette pharmacie que je ne savais où mettre mon carton ! Dans la réserve, tous les coins et recoins étaient déjà pris par des toiles d’araignées, ou par d’encombrants bacs contenant une marchandise qui n’attendait plus qu’à être positionnée sur les étagères de l’espace client.

Je finis par me décider à le laisser dans mon casier, le moment venu, je penserais à aller le chercher là-bas.

Ma collègue Sandrine arriva alors et déploya ses grands bras pour pouvoir transporter le maximum de médicaments afin d’éviter des allers-retours inutiles. Toutes les trois nous étions en train de ranger les commandes lorsque j’entendis des rires provenant de la rue.

Mon sang s’était glacé aussitôt. Un bref instant, j’avais été persuadée qu’il s’agissait de mes nains, alors qu’en réalité ce n’était qu’une colonie… L’un de leurs moniteurs venait d’entrer, accompagné de plusieurs jeunes recrues pour nous acheter des brumisateurs afin d’éviter que des enfants ne fassent un malaise durant leur sortie en mer.

Je me remis aussitôt au travail mais à nous trois, la corvée fut finie rapidement. Mélodie se chargea de la réception de commande, quant à moi, je m’occupai des produits que nous devions au client en les conditionnant dans des sachets...

C’est alors que j’entendis cette voix grave :

― Bonjour, est-ce que Serra est là, s’il vous plaît ?

C’était la voix de Fili. Le jeune nain avait été très poli en me demandant et je ne l’avais pas entendu entrer… Avec un peu de chance, lui et son frère resteraient discrets.

Je traversai le rideau de perles avant même que ma collègue ne m’appelle.

Fili, Kili et Ori étaient venus jusqu’ici pour me voir. Même si j’appréhendais ce moment, je devais bien admettre que cela me faisait plaisir qu’ils aient pris la peine de se déplacer jusqu’ici pour venir voir où je travaillais.

Ori agita sa main me signalant leur présence comme si je n’avais pas pu les voir ! A par eux, il n’y avait pas un chat dans la pharmacie.

― Salut ! leur lançai-je en leur faisant la bise rapidement.

Je regardai nerveusement les caméras, mes collègues étaient très probablement en train de nous observer sur les écrans dans la réserve… Mais toute mon attention se reporta de nouveau sur le blondinet.

― Tu m’exaspères ! Ne me dis pas que tu as fais ça !

Je plongeai aussitôt ma main dans la capuche bleue de mon ami et en sortis un poignard que je remis avec empressement dans sa cachette pour éviter que quelques yeux curieux ne puissent apercevoir l’arme…

Mes collègues craignaient ces gens, elles n’avaient donc pas besoin de savoir que l’un d’entre eux était armé jusqu’aux dents.

― Fili n’a pas voulu m’écouter ! s’exclama Ori d’un ton consterné.

― Tu sais que je les aime ! J’en ai caché plein d’autres sur moi… Plus profondément si tu veux me fouiller ! me lança-t-il sur un ton grivois.

Mon côté timide refit surface et je redevins rouge écarlate comme à notre première rencontre. J’allais vraiment devoir m’occuper de son cas, cela n’était plus possible !

Exaspéré, le nain à la coupe au bol pouffa un bon coup avant de reporter toute son attention sur une boîte située à sa hauteur.

― Je suis venu ici pour me cultiver, alors ne me fait pas perdre mon temps, lança-t-il au blond. A quoi ça sert ça ? me demanda-t-il en désignant un produit pharmaceutique.

― Il s’agit d’un spray qu’on utilise en prévention des mycoses.

― C’est quoi ça, des mycoses ?

Oh la la ! Si je devais lui expliquer tous les produits qu’on avait ici, j’étais mal barrée !

― C’est un champignon qui peut pousser sur la peau ou sur les ongles…  On se sert de ce spray pour les chaussures, mais on peut aussi l’appliquer directement sur les pieds. Sur la peau, les mycoses sont moins visibles que sur les ongles. Lorsque tu en attrapes une, cela ronge ton ongle, il devient jaune et fini par tomber s’il n’est pas traité rapidement…

― Tu devrais examiner les pieds de Gloïn ! Je suis sûre qu’il en a ! s’écria Ori.

Mélodie venait de nous rejoindre avec un carton dans les bras. Elle avait bien choisi son moment pour faire du remplissage de rayon ! Mais je ne pouvais lui en vouloir car il fallait bien admettre que nous n’avions aucun vrai client à cet instant.

― Je… oui pourquoi pas…

― Et ça qu’est-ce que c’est ?

Ori agitait dans tous les sens une petite boîte bleue pendant que les deux frères s’impatientaient… Bras croisés, je m’apercevais que ces deux-là n’avaient aucune envie d’en savoir plus sur ces produits qui fascinaient tant Ori…

― Ouais, ouais plus tard, ok ? venait d’intervenir Fili. Serra, demain c’est l’anniversaire de notre oncle. Ce serait bien que tu sois là, il va avoir 194 ans.

Cent quatre vingt quatorze ans… C’était impossible ! A cet âge-là, un humain serait déjà six pieds sous terre depuis bien longtemps…

― Euh… C’est ton oncle qui m’invite ?

Non, pas Thorin. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit son anniversaire ? Je n’avais aucune envie de voir ce sale égoïste. Et puis quoi encore ? J’allais devoir lui faire un cadeau aussi tant qu’on y était ?

― Non mais ce serait bien que tu fasses la paix avec lui… On ne sait jamais, si un jour tu venais à faire partie de notre famille… Ce serait bien que vous vous entendiez…

Oh mon Dieu… je commençais à ressentir un malaise au fond de moi, Mélodie avait tout entendu et je ne voulais pas qu’elle aille s’imaginer des choses. Mais qu’est-ce qui lui prenait à Kili ? Ce n’était pas parce que je lui avais trouvé une elfe que cela lui donnait le droit de dire tout haut que plus tard je ferai partie de leur famille…

― Alors, qu’est-ce que c’est ? Ça ressemble à une grosse spatule !

Par bonheur, je revins à Ori, laissant Kili avec ses sous-entendus.  

― C’est un test de grossesse.

― Un test ? s’intéressa-t-il.

― Oui, il mesure le taux d’hormones dans l’urine. En fait, la femme utilise ce test le matin lorsque les hormones sont les plus concentrées dans les urines et elle trempe la bandelette dedans… Au bout de quelques secondes, le test lui signale par un symbole si elle est enceinte ou non…

Ils avaient tous les trois de véritables têtes d’ahuris ! J’avais pourtant essayé de parler le plus simplement possible avec le moins de termes scientifiques.

― Cette chose est fiable ? s’intéressa Fili.

― Oui mais il se peut que le test soit faussé… Mais c’est très rare. Pour les femmes que je sers au comptoir et qui craignent d’être enceinte je leur conseille toujours de faire un deuxième test pour les rassurer…

― Pourquoi est-ce que des femmes craindraient d’avoir un bébé ? C’est un événement heureux ! commença à s’emporter Ori.

― Et bien, disons que dans notre monde, les femmes ne souhaitent pas forcément avoir des enfants lorsqu’elles sont jeunes…

― C’est ton cas ?

Non, c’en était trop ! Ce soir après le travail, j’allais sérieusement devoir parler à Fili. Margaux avait raison depuis le début. Maintenant c’était flagrant, il avait le béguin pour moi… Mais je n’avais aucune envie d’être avec un nain.

― Autre chose ? demandais-je à Ori pour ne pas à avoir à répondre à cette question.

J’aurais mieux fait de me taire. Le nain venait de saisir une boîte de préservatifs et tout les trois observaient méticuleusement l’objet sous toutes les coutures.

Je me retins de rire, c’était nerveux...

Ne rigole pas, reste sérieuse.  

― Ce sont bien des bananes et des fraises de dessiné ?

― Ça doit avoir un goût… proposa Fili.

― Ça se mange ? Des bonbons peut-être… renchérit son frère.

― Oui, mais pour les grands enfants ! leur répondit Mélodie tout en rigolant.  

Non, la coupe était pleine ! Il était hors de question que je leur fasse un cours d’éducation sexuelle.

Mais la chance me souriait. Elrond rentra au même moment dans la pharmacie.

Une expression désolée sur la figure, je me dirigeai vers la stagiaire.

― Tu peux les reprendre, s’il te plaît ? Je dois m’occuper d’Elrond… Merci, je te revaudrai ça !

Je lui donnai une petite claque amicale dans le dos et je partis avant même qu’elle ne puisse me répondre la laissant seule avec ce lourd fardeau…

Même si c’était une fêtarde, elle était assez réservée et j’étais à peu près sûre qu’à l’heure actuelle, son teint n’était plus aussi blanc qu’une hermine.

J’avais échappé à une conversation gênante et gaiement, je rapportai au comptoir le carton rempli de plantes en tout genre !

― Tout y est ! J’espère que vous serez conquis…

― Je vous fais confiance.

Au loin, je pouvais apercevoir Mélodie en train de me foudroyer du regard. La boule au ventre, je tendis la facture au seigneur elfe, tout en lui demandant :

― Je suppose que vous allez fabriquer des médicaments ?

― C’est exact, mais dans notre monde nous appelons cela des potions médicinales.

― Comme vous avez pu le remarquer, je travaille en pharmacie et nous disposons de "nos médicaments". Mais vous avez des pratiques plus naturelles et je pense que je pourrais en apprendre beaucoup à vos côtés, je suis assez curieuse… De plus, j’aimerais beaucoup découvrir votre culture…

― Ce serait avec plaisir, mais quand seriez-vous disponible ?

― Disons… mercredi ?

― Parfait ! Vous n’avez qu’à passer tôt dans la matinée et je vous apprendrai à préparer plusieurs potions médicinales ainsi que les rudiments de notre culture ! Et vous resterez pour le diner. Le roi Thranduil sera présent avec son fils.

Génial, en voilà un qui allait encore me taxer des carottes !… Les elfes étaient comme les nains, il fallait prendre le lot entier pour pouvoir les approcher !   

Après m’avoir payé, le seigneur Elrond repartit avec son carton, satisfait de son affaire et de la remise que je lui avais faite.

C’est alors que Mélodie revint vers moi.

― Ne me refais plus jamais ça ! J’ai dû tout leur expliquer dans les moindres détails !

Elle s’apprêta à partir mais fit aussitôt demi-tour avant d’ajouter :

― Ah oui, pour info, je crois qu’ils comptent faire des réserves avant de rentrer dans leur monde !

Et elle me rendit ma tape dans le dos avant de s’éloigner pour de bon, rejoindre le reste de l’équipe et leur raconter sa mésaventure.

Kili et Ori étaient sortis me laissant ainsi avec le dernier nain. À ce moment là, je ne pus m’empêcher de me souvenir à quel point ma vie était facile avant leur venue.

Est-ce que je commençais à regretter de les avoir rencontrés ? Fili était gentil avec moi… C’était quoi mon problème, au juste ?

― Samedi soir, cela te dirait d’aller au cinéma ? Je n’y suis jamais allé et j’ai vu ça à la télévision ce matin… Ça doit être sympa !

Dis non.

― Ok !

Petite sotte !

― Super ! J’organise tout, ne prends pas ta voiture, attend-moi là-bas, je m’arrangerai pour le retour… De toute de manière on en reparlera demain à l’anniversaire de Thorin !

Il voulut me faire la bise mais je l’avais évité… Vexé il partit bredouille, me laissant seule…

Je sortis un papier et je commençai à noter cet afflux d’information que je venais d’avoir en moins d’une heure pour ne rien oublier…

Demain : Anniversaire de Thorin (cadeau)

Mercredi : Elrond tôt le matin.

Samedi soir : Fili ciné (lequel ?) pas de voiture, il s’occupe du retour.

Bah ! Il était gentil, lui ! Je faisais comment au juste, moi, pour aller de Mizillac à Brest sachant qu’il n’y avait pas de bus… Je n’allais quand même pas y aller à pieds ?

 

- Plusieurs heures plus tard -

Serra

 

Après cette journée exténuante haute en émotion, j’avais trouvé une idée de cadeau pour Thorin et qui ne me coûterait pas un sou ! En revanche, j’allais devoir me séparer d’un objet que j’aimais… Mais bon, on ne pouvait avoir le beurre et l’argent du beurre !

Je sortis de mon placard un vieux coffret en bois auquel je tenais… J’aimais beaucoup son aspect ancien, le genre de coffre en bois que l’on ne trouverait plus jamais dans le commerce…

Mais pas le temps pour un autre cadeau… C’était demain, et comme je ne souhaitais pas aller à cette petite fête d’anniversaire, je comptais lui offrir très tôt le matin, histoire de le réveiller pour continuer à entretenir de bonnes relations !

Mon grenier était étroit, lugubre et sombre… L’ampoule était morte depuis bien longtemps et je n’avais jamais réussi à trouver le courage d’aller la changer, car mon grenier était peuplé par de nombreuses Delphines poilues avec d’innombrables yeux, un corps énorme… Ouais, j’exagérais car elles ne ressemblaient pas non plus à Aragog*.

Armée de ma lampe de poche, j’entrai prudemment dans l’antre des Delphines. La mission : récupérer l’appareil de pyrogravure qui était caché quelque part…

Je m’étais fait du souci pour rien ! Car l’appareil était en évidence en face de l’entrée !

Une fois quitté cet endroit qui me flanquait la chair de poule, je commençai à dessiner les portraits sur mon coffret en bois favori. 

Ces nains avaient tous une qualité en commun (même Thorin) que j’admirais… Ils accordaient tous une importance vitale à la famille (bien que je n’aie encore rencontré aucune femme naine). Fili et Kili considéraient Thorin comme leur propre père… Celui-ci devait donc les considérer en retour comme ses fils.

J’entrepris alors de dessiner le portrait de ses deux neveux. À chaque fois que la pointe du pyrograveur frôlait le bois, une odeur désagréable de brûlé venait me chatouiller les narines.

J’étais satisfaite de moi, malgré la fatigue, j’avais tracé de beaux portraits sur le bois. Mais ce n’était pas tout, je devais finir par Thraín, le père de Thorin…

Fili me l’avait montré une fois sur une esquisse… J’espérais être capable de refaire correctement le portrait de son défunt père… Je ne portais pas Thorin dans mon cœur, mais malgré tout, je ne voulais pas le faire souffrir en faisant une caricature de l’homme qui l’avait élevé…

Je m’étais appliquée toute la nuit et j’étais à peu près sûre que le portrait de Thraín était identique au croquis que j’avais pu voir.

Soigneusement, j’emballai le petit coffret dans un papier rose en espérant que le nain me fasse une réflexion sur la couleur que j’avais choisie, puis je me traînai péniblement jusqu’à mon lit…

Demain, réveil de bonne heure !

 

- Le lendemain matin -

 

Mon cadeau sous le bras et heureuse à l’idée de réveiller Thorin dans son sommeil, j’étais partie à grandes enjambées vers la maison des treize nains.

Pas la peine d’avoir une clef, il suffisait de passer par la porte de derrière… Aucun d’entre eux n’avait voulu m’écouter et verrouiller cette fichue porte, n’importe qui pouvait entrer… Dont moi !

Retirant mes claquettes pour ne pas faire de bruit et je montai les marches d’escalier. Même si les portes étaient toutes fermées, je pouvais entendre une symphonie de ronflements provenant de chaque chambre.

Encore un étage…

Sa porte était fermée, pas de lumière…

Mouaaahaaaa ! Toi mon coco, prépare-toi à être réveillé !

Je ne faisais rien de mal après tout… Ce n’était pas comme si j’allais lui jeter un seau d’eau ! Je frappai sa porte à coups de pied pour le réveiller, mais rien.

Je l’ouvris donc et je pus constater que le lit était fait…

Mince, il avait dû dormir ailleurs...

Déçue, je posai mon cadeau rose sur sa table de nuit et j’aperçus sa collection d’armes… Non, ses armes car je doutais très sérieusement qu’il puisse les collectionner, il avait dû plutôt s’en servir pour tuer.

Je ne pus m’empêcher d’y toucher. Tant d’armes… Elles étaient toutes magnifiques. Des masses, des haches, des poignards… mais il y avait une épée qui se démarquait de toutes les autres…

Elle semblait elfique. Assez surprenant pour un nain qui détestait les elfes !

Sur une chaise dans un coin de la chambre étaient disposés ses vêtements. Assez curieuse, je pris sa côte de maille car je m’étais toujours demandé quel poids cela pouvait bien faire… Elle était lourde, je l’enfilai rapidement pour me rendre compte de l’effet que cela pouvait produire.

Et bien, je pense que j’aurais été incapable de nager avec une telle chose sur le dos ! J’aurais coulé au fond de la mer !

Et à mes pieds, les bottes de Thorin. Elles étaient assez solides et encombrantes comme celles de ses congénères… Je chaussai un pied, puis l’autre. Elles étaient bien trop larges pour moi, mes petits petons nageaient tant ils étaient fins !

Je retirai ses affaires avant de me diriger vers une grosse harpe située au centre de la pièce sur un tapis de peau. Je n’en avais vu que dans les films, jamais en vrai.

Elle  me parut énorme, majestueuse. L’instrument en bois était impressionnant.  Du bout des doigts, j’effleurai les cordes leur faisant jouer à chacune un son lorsque je fus interrompue…

― Qu’est-ce que tu fous dans ma chambre !

C’était Thorin ! Je me suis mise à rigoler comme une bécasse. Je n’avais pas pu le réveiller, mais j’avais tout de même réussi à l’énerver ! Quel bonheur !

― Ça te pose un problème ? lui demandais-je en me retournant…

Mais quelle horreur ! Je portai aussitôt les mains à mes yeux… Thorin était nu comme un ver, car il sortait de sa douche. Je n’avais jamais vu une pilosité aussi importante…

Mes pauvres yeux ! J’allais devoir vivre toute ma vie avec cette effroyable image de Thorin les fesses à l’air…

― C’est ignoble ! Tu devrais aller voir une esthéti…

― Fiche le camp d’ici !

Et une fois de plus, je partis à la hâte quittant la maison avant que les autres occupants ne se réveillent…

 

 

*Harry Potter et la chambre des secrets 

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