Elanor

Chapitre 2 : CHAPITRE 1 - Une étrange rencontre...

3842 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:09

CHAPITRE 1 – Une étrange rencontre

 

Une boulette en papier...

Une deuxième boulette en papier... Agacée, je finis par me retourner et me rendis compte que ce n'était que Bastien et sa bande de copains qui s'amusaient à m'embêter ! J'aurais dû m'en douter... Moi, et même pas ma voisine Margaux ! Ils étaient tous assis au fond de la classe, aucun d'entre eux n'avait ses livres ouverts, et certains n'avaient même pas de stylo. J’étais très loin d'être la première de la classe, j'avais même des résultats médiocres pour être franche. Mais malgré tout j’étais une personne sérieuse, très discrète et polie envers ses professeurs, et certains élèves en profitaient pour me charrier... Dont Bastien !

Je les ai regardés, un peu pour leur demander d'arrêter, mais ils ne semblaient pas vouloir stopper leurs pitreries, au contraire. Bastien était grand, il faisait une tête de plus que moi, la peau mate, les cheveux noirs de jais... Il avait de grosses lèvres et une espèce de duvet noir au-dessus... L’imaginer en train de se raser les quelques poils qu’il avait me fit sourire bêtement.

Juste à côté de lui, Théo. Il était bien plus petit et n'arrivait même pas à ma hauteur. Des cheveux châtain foncé, les sourcils épais et la peau très blanche... Je n'arrivais pas à comprendre comment mon amie Margaux, avec son un mètre quatre-vingt avait pu vouloir sortir avec un garçon aussi minuscule. En me remémorant les nombreuses conquêtes de ma partenaire de travaux pratiques, j’en déduisais qu’elle devait avoir une préférence pour les garçons de petite taille.

Mon amie était très fine (voire maigre), elle avait des cheveux raides mi-longs châtain clair, les yeux marron, et des lèvres rouges...  J'ai toujours trouvé qu'elle avait un beau visage, comme celui d'une poupée russe. Elle était en train de gommer énergiquement sur sa feuille, pour éviter que le professeur de mathématiques ne s'aperçoive qu'elle était en train de dessiner.

— Ignore-les ! Ce ne sont que des bouffons, il ne faut donc ne pas s'étonner s'ils se comportent comme ça, me dit-elle en me souriant, sans relever la tête.

Madame Karst continuait son algorithme au tableau, mais il semblait qu'elle avait perdu toute sa classe, aucun de ses élèves ne l'écoutait.

Comme j’étais en rattrapage, il me fallait revoir tout le programme de mathématiques car je n’avais pas validé mon semestre. Cela n’avait rien de bien compliqué, mais je n’aimais pas travailler… J’avais donc cumulé beaucoup de retard, et avec l’examen qui approchait à grands pas, je n’avais pas d’autre choix que de m’y remettre.

Margaux et moi étions apprenties. Chaque mardi et jeudi de la semaine, nous les passions en cours, où nous étions mises à l’écart des lycéens et suivions une formation bien spécifique. Pour ma part, je travaillais dans une pharmacie le lundi et le vendredi… Ce qui me permettait de gagner un peu d’argent et d’avoir un long weekend.  

— Oh la vache ! s'écria soudainement Adeline.

Toutes les personnes présentes arrêtèrent net leurs activités et se tournèrent vers l'étudiante, dont madame Karst... Son regard sérieux et dur ne présageait rien de bon pour la jeune fille...

— J'espère pour elle qu'elle a une bonne raison de l'interrompre pendant son cours... chuchotai-je à Margaux.

— Je suis désolée Madame, mais il s'est passé quelque chose à Brest... La police et les CRS sont intervenus dans les rues, ils ont arrêté des milliers de personnes, tous armés jusqu'aux dents...

— Peu importe Adeline, donne-moi ton portable ! J'avais pourtant été claire : pas de téléphone allumé dans ma classe !

« Intéressant, le peuple aurait-il sortit les fourches contre François Hollande ? Mais qu'est-ce qu'elle ne dirait pas celle-là pour se rendre intéressante ! Et puis quoi ? Après, Ramsès II va sortir de son sarcophage et venir nous hanter ? »

 

- Quelques heures plus tard –

 

Avec Margaux, nous venions de monter dans le tramway qui allait nous mener jusqu’à Brest. Cela nous avait valu une vingtaine de minutes de trajet, et plus d’un euro chacune pour pouvoir y accéder.

Brest était une grande ville fortifiée devenue plusieurs siècles auparavant, l’un des plus grands ports de guerre français. La ville se trouvait à la pointe de la péninsule armoricaine… Le temps y était plutôt humide et très venteux, mais cet été, nous venions d’atteindre des températures exceptionnellement hautes !

Sur le smartphone de mon amie, on pouvait constater qu'il y avait des rumeurs, comme quoi cela se serait produit un peu partout dans le monde... C’était inimaginable ! Les gens parlaient d'orques et d'elfes ! A mon avis, cela ne devait être qu'une bande de groupies qui s‘étaient déguisées à la Skyrim et qui venaient de sortir en cosplay simultanément dans plusieurs grandes villes !

Une fois arrivées sur place, nous nous regardâmes une dernière fois avant d'entrer dans le hall du commissariat, pour nous assurer que nous étions bien prêtes psychologiquement toutes les deux... Nous nous étions déplacées juste par curiosité pour voir si Adeline disait vrai, ou si, une fois de plus, elle avait voulu faire la maligne !

Le hall grouillait de personnes étranges, qui n'avaient pas l'air d'être humaines... Bouches bées, nous regardions les innombrables individus qui se débattaient et hurlaient de mécontentement.

— Regarde celui-là ! cria Margaux en le pointant du doigt.

— Arrête, on ne montre pas les gens du doigt, lui répondis-je tout en lui baissant la main... D'où viennent tous ces gens ? Regarde-les, la plupart ne sont pas humains ! Tu penses à ce que je pense ?

— Oh non ne recommence pas avec ça, ce ne sont pas des aliens ! se moqua-t-elle.

Je fis une petite grimace à mon amie. Je la détestais lorsqu'elle ne me prenait pas au sérieux ! J’espère qu’un jour ils t’enlèveront et qu’ils t’ouvriront le ventre pour te… 

— Bon qu’est-ce que tu attends ? Avance !

Oui Madame la comtesse !

Et nous continuâmes de marcher dans le grand hall. La police devait sérieusement manquer de place, car plusieurs individus étaient menottés en plein milieu du couloir ! Ils devaient être aussi très occupés, car aucun d'entre eux n'était venu nous mettre à la porte... Nous étions en train de nous promener tranquillement dans le plus grand commissariat de notre département !

Une personne, ou une créature plutôt, nous regardait avec dégoût. Elle avait des yeux noirs, sa peau brune semblait être aussi épaisse que du cuir. Il y avait une empreinte sur son visage, une main ensanglantée qui devait probablement être une peinture de guerre... 

— Regarde, regarde celui-là, là-bas ! Il est grave mignon ! s’écria Margaux tout en me secouant le bras de toutes ses forces.

Mon regard se détourna de cette créature ignoble pour le reporter sur deux hommes de petite taille qui nous fixaient eux aussi. Je songeai alors qu’ils devaient plutôt regarder Margaux et la prendre pour une folle tellement elle me secouait le bras. L'un d'eux avait les cheveux bruns mi-longs, il était mal rasé, et il semblait sourire à mon amie. L'autre, plus petit, était blond aux yeux bleus... Oh mon dieu j'adore les yeux bleus ! Mais il avait un look un peu particulier... au lieu d'une moustache traditionnelle, il avait une petite tresse à chaque extrémité de la bouche !

— Le brun est pour moi ! Viens, on va leur parler !

— Ça ne va pas la tête ! On ne les connait même pas, ils ont l'air d'être bizarres, et si tu veux un gars, on n’a qu’à aller t’en chercher dans un bar…

— Tu ne veux jamais m’accompagner, alors pourquoi maintenant ? s’étonna-t-elle.

— Tu as tellement de touches que je ne préfère pas assister à ça…

— Oh ça suffit ! Allez, viens !

Elle me traîna de force vers ces deux hommes qui lui souriraient... très mal à l'aise. Je me mis à rougir stupidement à l'idée de devoir tenir la chandelle...

 

- Fili -

Je l’observais attentivement, cette humaine qui semblait être si réservée et si discrète. Elle était en train de se mordre nerveusement les lèvres tout en se débattant pour échapper à une femme qui l’agrippait vigoureusement.

— Regarde la petite brune là-bas...

— Oh mon Dieu, je n’avais jamais vu de femme aussi maigre, elle n'a aucune forme, ce n'est qu'un tas d'os et de peau... et...

— Mais non, pas elle, sa copine, rigolais-je. Elle est plutôt mignonne dans sa petite robe noire !

— Ah oui... ah oui, elle est jolie ! Ses oreilles ne sont pas pointues mais elle est mignonne, répondit Kili en lançant un de ses plus beaux sourires à la jeune femme.

Mon frère ne changerait jamais ! Il passait le plus clair de son temps à courir après les filles !

— Arrête voir un peu ça, je l'ai vue en premier ! 

— Et tu comptes aller lui parler peut-être ? A part mère, tu n’as jamais adressé la parole à une femme, gloussa-t-il. Ouais, bon, je dois avouer que c'est plutôt rare que tu t'intéresses à une demoiselle... C'est vraiment parce que tu es mon frère que je vais te la laisser ! Regarde, elles viennent nous voir... me montra Kili.

En effet, les deux femmes se dirigeaient vers nous. La maigrichonne traînait énergiquement son amie. Je me faisais peut-être des idées, mais j'avais l'impression qu'elle ne voulait pas nous adresser la  parole...

Ma préférée était la belle brune aux longs cheveux frisés et aux yeux verts. Elle portait une robe noire qui mettait ses formes en valeur, bien qu'elle soit trop courte à mon goût... Son amie était habillée comme un homme, elle portait un pantalon, comme la plupart des femmes que nous avions croisées mon frère et moi... Ces dames, ou ces demoiselles aurais-je dû dire, avaient vraiment une drôle de façon de s'habiller par ici... Comment son père pouvait-il la laisser revêtir un vêtement aussi court ? 

Elles étaient à même pas un mètre de nous, et je pouvais voir d’un peu plus près ma brunette qui nous souriait, l'air gêné. Elle était devenue rouge écarlate avant même que nous lui adressions la parole... Pour une humaine, elle était plutôt petite... Ses mains et ses poignets étaient si minuscules que n'importe quel nain aurait pu les lui briser aisément ! 

— Salut vous deux ! Je m'appelle Margaux, et elle c'est Serra. Et vous, c'est quoi vos p'tits noms ? demanda-t-elle en faisant les yeux doux à mon frère.

Il me lança ce regard qui me suppliait de lui venir en aide... Ce n'était pas du tout son genre de femme. Mais je ne savais pas quoi dire car j'étais préoccupé par cette brunette, et aucun mot ne sortit de ma bouche. Nerveux, je me mis à trifouiller une de mes petites tresses avec ma main libre qui n’était pas menottée...

— Dégonflé, me lança-t-il. Qu'est-ce que vous faites ici, vous êtes venus voir les bêtes de foire ?

— Non, non, ne le prenez pas mal. C'est juste qu'on a entendu ce qui s'était passé, et on avait un peu de mal à y croire, alors on est venues pour savoir si c’était vrai... Je m’appelle Serra…

— Oui, j’avais compris ! rétorqua mon frère en haussant le ton.

Qu’est-ce qui lui prenait d’être aussi agressif ? D’habitude, il était doux comme un agneau avec les femmes !

— Vous avez un drôle d'accent... Vous êtes d'où ? demanda maladroitement cette Margaux.

— On vient d'apprendre votre langue, lui répondit sèchement mon frère.

Il était contrarié, il ne disait plus un mot. Je le voyais en train de serrer les dents pour ne pas en dire d’avantage.

— Depuis hier ? s’intéressa Serra.

— Oui, pourquoi, cela pose-t-il un problème ?

Ce fut à mon tour de secouer le bras de mon frère pour qu'il arrête de répondre à ses questions aussi sèchement... C'est cette Margaux qui était bizarre, pas ma brunette...

— Non, c'est juste que vous devez être intelligents pour avoir pu apprendre notre langue en même pas une journée... lui répondit-elle ne sachant que dire de plus pour sauver cette conversation.

C’était vraiment la brunette de mon coeur ! Elle me trouvait, ouais, bon, elle nous trouvait intelligents... Mais elle paraissait être une jeune fille très réservée... Peut-être était-elle comme moi ? Elle ne s’était peut-être pas intéressée au sexe opposé… Une véritable aubaine pour moi ! Allez, il fallait que je me lance...

— Fili, me présentais-je en lui adressant mon plus beau sourire.

— Et Kili, enchaîna aussitôt mon frère.

Nous nous inclinâmes avant d’ajouter "Pour vous servir". Elles nous regardaient toutes les deux perplexes, comme si ces deux femmes n'avaient jamais vu personne s'incliner... C'était peut-être le cas après tout. En tout cas, son amie paraissait vraiment vexée que mon frère ne lui témoigne pas le moindre intérêt.

— Serra, la fille de… ?

— C’est important ? répliqua-t-elle en haussant un de ses sourcils.

Elle avait l’air d’être offensée. Peut-être n’avait-elle plus de père, tout comme moi, et mon frère….

— Pourquoi êtes-vous tous enchaînés ? Mais d'où venez-vous ? s’impatienta la maigrichonne.

— Eh vous là-bas ! cria un policier qui les fit fuir.

— Et attend, où est-ce que tu vis ? appelai-je.

Mais elle était déjà loin.

Je ne la reverrais probablement jamais. Dans cette contrée, ça aurait été comme chercher une aiguille dans une meule de foin.

 

- Quelques heures plus tard –

Serra

Avec Margaux, nous avions échappé de justesse à ce policier aujourd'hui. Un peu plus, et il nous rattrapait ! Mais je doutais sérieusement qu’il nous aurait mis en cellule, car il leur manquait tant de place.

De retour sur le parking de notre école, je grimpai dans ma petite voiture et quittai les lieux.

Je vivais dans une petite ville du nom de Mizilac contrairement à ma camarade de classe qui résidait à Brest. En Bretagne, il y avait très peu de transports en commun, et aucun d’entre eux ne pouvant me ramener chez moi, j’avais donc investi dans une petite voiture, mais attention, rien d’extravagant ! Elle me correspondait à merveille.  

Ce soir là, j'avais beaucoup de devoirs, mais cela pouvait bien attendre, je venais de passer plus d'une trentaine de minutes au volant.

A peine arrivée chez moi, je sautai sur ma banquette avant d’avoir allumé la télévision, repensant par la même occasion à ces Fili et Kili… « Ils avaient l'air d'être de chics types ! » m’entendis-je dire à voie haute. Mais ils étaient un peu bizarres tout de même… Pourquoi voulaient-ils offrir leurs services ?

J'attendais les informations, en espérant en apprendre d'avantage sur tous ces gens... Pendant les publicités, j'écrivis quelques lignes dans mon journal, pour garder une trace de toutes ces rencontres : celle avec l'être répugnant qui nous regardait comme si Margaux et moi étions des steaks hachés odorants, et celle des deux nains... 

A ce moment là, je me suis demandé si c’était bien correct d’employer ce mot, qui me sembla soudainement… xénophobe. C’était ce qu’ils étaient après tout, mais est-ce qu’ils l’auraient bien pris ?  

Sur l’écran, Claire Chazal venait d’apparaître pour présenter un bulletin spécial d’information destiné à répondre aux nombreuses questions que se posaient les citoyens français – comme ceux des autres pays. Après que notre mode de vie leur avait été expliqué, la plupart des individus avaient été remis en liberté sous conditions : d’abord ne pas sortir leurs armes, ensuite bien entendu n’agresser personne. L’Etat comptait les reloger dans des habitations vacantes et leur fournir le gîte et le couvert gratuitement… le tout payé sur les impôts des citoyens qui devaient s’attendre à leur augmentation prochaine !

Une minorité (orques et gobelins) allait être incarcérée dans des établissements pénitentiaires car ils s’étaient montrés hostiles envers plusieurs policiers.

Ces gens venaient d’un autre monde. Un monde parallèle au nôtre à ce qu’il semblait. Les scientifiques essayaient de comprendre comment cela avait pu se produire. Ils essayaient aussi de trouver une solution à ce problème… car il y avait des millions de personnes supplémentaires sur notre planète, des elfes, des nains, des orques mais également des humains qui se retrouvaient piégés dans notre monde… et nous avec eux, obligés de subvenir à leurs besoins et à les aider à s’intégrer à notre société.

Après cette révélation, elle indiqua l’adresse d’un site internet avec les nouveaux lieux, pour la plupart des logements sociaux, où ces êtres allaient résider…

Je m’empressai de l‘écrire sur un papier, décidée à aller y jeter un petit coup d’œil plus tard dans la soirée. Par la même occasion, je m’aperçus que les journalistes avaient interrogé de nombreuses personnes à ce sujet… et la plupart d’entre elles ne voulaient pas de ces ‘’monstres‘’ à proximité de leur maison, de leur famille.

C’est à ce moment-là que je compris que les choses ne se passeraient pas aussi bien que les dirigeants de notre pays l’escomptaient… Ma race était capable de beaucoup d’atrocités, et sans le moindre regret… 

Je n’osais même pas penser aux quelques malheureux qui avaient pu se retrouver pris au piège au beau milieu d’une guerre civile… Au mieux, ils recevraient un accueil très chaleureux et dans le pire des cas, la mort les attendait.

 

 

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