Jeux de Nains

Chapitre 20 : Dragon

Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/03/2013 07:07

Lenka marchait doucement aux côtés du groupe. Equipée fraîchement d'une cotte de maille et d'une nouvelle arme - une jolie hache gravée, qui pesait lourd mais qui ferait d'énormes dégâts aux ennemis si elle touchait - la naine se sentait à la fois lourde et invincible. Les autres avaient eux aussi été équipés pour un combat : qui savait si le dragon ne se réveillerait pas ? Personne ne savait si il était mort ou vivant. Thorin espérait la première solution, mais s'était préparé pour la seconde. La naine tourna son regard vers son roi et maugréa tout bas ; elle était toujours en colère qu'il l'ait présentée comme une reine. Elle soupira et se tourna vers Bilbo qui observait autour d'eux.

« Et tu es sensé entrer là-bas et te faufiler pour récupérer la pierre, c'est ça ? »

« Exactement. Apparemment, les Hobbits ont les pieds sûrs et agiles. Mais je ne suis pas sûr d'être assez agile pour survivre à un jet de flamme » fit-il en grimaçant.

La naine eut un sourire. Elle le sentait anxieux, mais elle avait vu de quoi il était capable. Il se battrait fièrement à leur côté si cela devait être. Ils se mirent en route, marchant tranquillement dans les plaines. La montagne était gigantesque, juste devant eux. La matinée était déjà bien avancée, et ils atteindraient la montagne et la porte cachée dans la soirée. Thorin leur avait expliqué le plan : atteindre la porte cachée, l'ouvrir avec la clé, et pénétrer dans la montagne. Envoyer Bilbo récupérer la pierre si le dragon était mort. Si il était vivant, ils aviseraient.

Dwalin s'entraînait à jeter sa nouvelle hache de jet. Elle fendait les arbres des alentours en deux. Les troncs secs étaient comme du beurre pour sa lame étincelante et très aiguisée. Le nain et Balin se taquinaient tandis que Gandalf et Thorin étaient en pleine conversation. Lenka vit Kili et Fili s'approcher, avec Bofur.

« Alors, ma reine ? » fit Kili avec un large sourire montrant qu'il se moquait d'elle.

« Notre reine va bien ? » surenchérit Kili avec le même sourire.

Ils faisaient peur tous les deux, et Lenka brandit son poing devant eux en grognant.

« Lenka, ne te fâche pas. Nous sommes heureux que ce soit toi. »

Les paroles de Bofur étaient douces, mais Lenka n'appréciait toujours pas l'idée d'avoir été désignée comme Reine. C'était comme si on l'avait poussé du haut d'une falaise. Les hurlements en moins. Elle se tourna vers Bilbo, cherchant de l'aide, mais il était en pleine conversation avec Bombur.

« Je ne serais pas reine » tonna la naine vers ses trois amis.

« Et pourquoi ça ? » s'enquit Bofur avec politesse, en lui jetant un petit regard affectueux et amusé.

« Parce que je ne veux pas. Je n'ai pas les épaules assez fortes. »

« Thorin les a pour deux. »

« Si on t'as pour reine, on va s'amuser » s'esclaffa Kili - qui s'arrêta de rire quand Lenka lui tira les cheveux, les joues rouges, l'air furibond.

« Arrêtez de vous marrer comme des phoques, les deux là ! Je ne serais pas reine. »

« Thorin désire vraiment faire de toi sa reine. Cela n'implique pas simplement ce que tu désires. Tu es tombée amoureuse d'un homme qui, dès sa naissance, était condamné à devoir prendre la tête de son peuple. Oui, condamné. Il aurait peut-être choisit autre chose si il était libre, un métier, une famille. Mais il a des responsabilités que nous ne pouvons qu'appréhender.  Ton soutien lui sera précieux. »

Lenka détourna le regard ; il avait touché un point faible. Thorin avait besoin d'elle, non ? Pouvait-elle lui faire faux-bond, comme ça, en refusant d'être sa reine juste parce qu'elle ne le voulait pas ?

« Mais je ferais une piètre reine » fit-elle en essayant de ne pas gémir.

« Tu es une bonne amie. Tu feras une bonne reine. Tu es compatissante, mais tu ne te laisses pas marcher sur les pieds. Tu devras peut-être apprendre quelques trucs, mais les nains ne sont pas connus pour leur étiquette » fit Bofur avec un petit rire.

Lenka hocha la tête, mais ne dit plus rien ; elle avait besoin de réfléchir. Les responsabilités, elle connaissait un peu, mais être reine, c'était gouverner un peuple. Être là pour lui. Elle soupira et ils continuèrent de marcher. Ils s'arrêtèrent un peu vers midi, mais ils n'eurent pas beaucoup de temps. Elle n'eut pas l'occasion de parler - engueuler - Thorin.

La journée passa, et lorsque la nuit tomba, elle les trouva sur la corniche de la montagne, cherchant l'entrée cachée. Elle ne pouvait s'ouvrir que le jour de Durin. Ils étaient ce jour même. A la lumière de la lune pâle rayonnait doucement une rune, marquée dans la pierre, presque invisible, mais que Gandalf montra de son bâton. Alors, Thorin sortit sa clé et ouvrit la porte. Un pan entier de la montagne se mit à bouger, révélant un étroit passage sombre et humide.

« Pourquoi on ne trouve jamais de passage chaleureux, large, acceuillant, hm ? » soupira Bilbo en frissonnant.

« Ce ne serait pas drôle, sinon » remarqua Thorin et il sourit.

Ils touchaient au but, et son humeur était à la fois impatiente, morose, angoissée. Avant qu'ils pénètrent dans la montagne, elle s'approcha de lui et lui effleura la main. Il lui lança un regard affectueux, reconnaissant qu'elle soit là pour lui. Il avait besoin de chacun des nains présent, ainsi que du magicien et du hobbit.

« Ce chemin mène à la salle de Smaug, directement. Allons-y, mais prudemment et en silence. »

Ils pénétrèrent donc dans la montagne. L'endroit était terriblement austère, les parois de la grotte étaient nus. La lumière était faible, pâle, mais constante - sans qu'ils voient l'origine de ladite lumière. Thorin était le premier, aux côté de Bilbo. Ils marchèrent un long moment, jusqu'à ce qu'un grondement immense fasse osciller la roche.

« Smaug ... » murmura Thorin.

Alors il était vivant. Il devait arrêter de supposer que ses ennemis étaient morts. Tout d'abord Aozg, puis Smaug ... Il retint Bilbo et hésita.

« Bilbo, veux-tu essayer de voir ce qu'il en est ? Je ne sais pas si Smaug peut déjà sentir notre odeur ... »

Le hobbit hocha la tête, et se faufila dans l'étroit passage, devenu presque une fissure dans la montagne. Le coeur battant, le petit être toucha dans sa poche l'anneau de la créature qu'il avait vu. Il avait peur. Il aurait préféré être chez lui, en cet instant. Il voulait boire du thé, et manger des gâteaux. La viande salée et séchée, il commençait à en avoir marre. Il ne pouvait pas mourir ici. Il marchait, sans bruits, jusqu'à ce qu'une lumière d'or apparaisse. Et alors, il atterit dans la salle gigantesque.

Le dragon était là. Debout, il était en train de se prélasser sur son or. Ses grands yeux verts aux pupilles verticales étaient posés sur le plafond, et ne virent pas Bilbo quand il se cacha derrière un rocher. L'odeur était insupportable, une odeur de lézard, de charogne. Il eut envie de vomir, mais son coeur battait trop fort pour le laisser penser à sa nausée. Il était vivant, et réveillé ! Il ne pourrait jamais récupérer l'Arkenstone !

Le souffle du dragon était une fournaise, et le pauvre Hobbit, même derrière son rocher, en ressentait les effets. Il se mit à suer, et l'odeur attira le dragon. Bilbo retint son souffle, et s'empara de l'anneau dans sa poche. Il avait peur, et l'envie de pleurer. Quand il vit l'ombre du dragon s'approcher, il ne résista pas. Sa main gauche s'empara de l'anneau et le mit. Alors, il devint invisible.

Le monde était différent. Bilbo hésita, ne bougea pas, mais l'ombre s'approcha encore et il fit un pas de côté. Il se retrouva face à face au dragon. Ses yeux plongeaient dans ceux, trois fois plus grands que lui, du dragon d'or. Sa peau était d'un jaune fané, et ses écailles étaient fripées, mais sa gueule aux babines écarlates était encore garnie de longs crocs d'ivoire, capable de déchiqueter des montagnes. Bilbo écarquilla les yeux, paralysé de peur. Le Dragon allait-il le sentir ?

Mais la longue tête d'or se détourna, et Bilbo put s'approcher du tas d'or. Ce qui avait été rassemblé était plus qu'impressionnant. Bilbo n'avait jamais été avare, mais à cet instant même, l'envie de l'or s'empara de lui. Il toucha les pièces, discrètement, mais ce qui l'attira fut la pierre, l'Arkenstone, posée sur le trône plus loin, autour duquel le corps du dragon se lovait tel un serpent grand comme le monde. Bilbo s'approcha délicatement, mais ses pieds faisaient teinter les pièces. Smaug semblait se douter de quelque chose car il resserra ses membres autour du trône de pierre.

Bilbo sauta au dessus de la longue queue hérissée de piques du dragon et s'empara de la couronne. La pierre était magnifique, luisante de sa propre lueur. Les yeux de Bilbo la dévoraient. De quoi aurait-il l'air si il la mettait ? Il comprenait pourquoi Thorin la désirait. Il secoua la tête, et se demanda si la couronne flottait dans l'air ou avait disparu avec lui. Il tourna la tête vers le dragon.

Apparemment, elle flottait dans l'air. Flûte.

« AU SECOURS ! »  hurla Bilbo en se lançant sur le côté pour échapper aux flammes dévorantes jaillissant de la gueule du monstre écailleux.

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