Jeux de Nains

Chapitre 16 : Destin

Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:20

Thorin se mit à se débattre pour détacher ses liens, mais un Morragol s'approcha et le frappa au visage, faisant éclater la peau tendue de sa joue. Il dût même cracher du sang et sentit une dent bouger dans sa bouche. Le nain se crispa, cela ne pouvait pas se finir ainsi. Deux nains furent choisis, et amenés jusqu'aux énormes chaudrons d'os qui bouillaient sur un feu gigantesque. Les rythmes des tambours résonnaient en fond, comme une musique lugubre et dansante à la fois, faite de rythmes étranges, aux consonances carnassières. C'était comme si cette musique était vivante. Le nain chercha le regard de Gandalf ; le magicien était toujours attaché à son poteau et tentait de faire quelque chose. Leurs regards se croisèrent, puis Gandalf hocha la tête.

Il marmonna quelque chose et la terre se mit alors à trembler. Des éperons de roches sortirent de terre et les Morragols se mirent à crier. Les femelles rugirent, et la terre semblait trembler sous leurs cris. L'une d'elle - peut-être la reine - se jeta sur le magicien, comprenant que c'était l'origine de tout cela. Elle le souleva de son poteau, arrachant sans problème les liens pourtant serrés, et le claqua au sol dans un bruit écoeurant d'os brisés. Thorin sentit son coeur arrêter de battre.

« Grandes mères, veuillez accepter ceci comme cadeaux. »

La voix de la servante interrompit les gesticulations de la femelle, qui cessa de frapper le sol avec le magicien. Ce dernier semblait tordu, le visage crispé de douleur. La femelle posa sur la petite femme ses grands yeux sombres, s'approcha et observa les présents.

« Idra, tu nous fait des cadeaux, maintenant ? » siffla la reine en s'approchant elle aussi, curieuse.

« Je pensais que vous seriez heureuse de goûter cette spécialité. J'ai retrouvé tout à l'heure quelques herbes qu'utilisait mon peuple. Goûtez. »

Les Morragols plissèrent les paupières, et l'une d'elle prit entre ses mains griffues un bol délicatement ouvragé dans un crâne. Elle renifla, puis trempa ses lèvres dans le breuvage. Elle sembla apprécier.

« J'y ai mis du pied-de-blanc, de l'herbe morte, de l'anis, de la menthe. Ha, et aussi de la feuille de pin rouge. »

Les femelles cessèrent de boire. Thorin eut l'impression que l'air se chargeait en électricité. Il regarda ses amis, et remarqua que Gandalf avait réussi à ramper jusqu'à eux ; il semblait avoir une jambe cassée. Il marmonna quelque chose, et les liens de Dwalin se retirèrent. Mais les Morragols mâles semblaient avoir compris que quelque chose clochait. Thorin remarqua qu'ils s'étaient tenu à l'écart, cette cérémonie étant réservé aux mères, mais à présent, ils arrivaient en courant, couinant un charabia incompréhensible.

Les mères ne bougeaient plus. Elles étaient comme figées. La Brahal se retourna en direction des autres créatures puis entrouvrant ses mains, se jeta sur l'un d'eux. Elle planta ses ongles dans son visage, et bondit sur un autre. Thorin l'observa, médusé. Elle était comme un fauve, non pas gracieuse mais lourde, puissante. Elle rugit et bondit pour s'éloigner de ses anciens maîtres. Quelques nains libérés vinrent l'aider, laissant Lenka tout juste libre s'occuper de la jeune femme. Elle avait quelques égratignures. La naine alla aussi aider Gandalf.

« Comment allons-nous partir d'ici ? »

« Je vais chercher Bilbo » geignit la demoiselle à cornes, et elle bondit de nouveau, grimpa l'arbre en y plantant ses pieds griffus. Elle coupa de ses ongles les cordes qui retenaient le hobbit et il tomba lourdement sur le sol. Thorin fut enfin libéré et lança un cri de rage pure. Il se jeta dans la mêlée, qui soulevait une poussière de terre et d'os, de cendre et de sang. Lenka, la Brahla, Gandalf et Bilbo restèrent là, pendant que le magicien essayait de guérir sa jambe en marmonnant dans sa barbe.

Finalement, le combat se finit par trois Morragols qui s'enfuirent en couinant, laissant les nains crier de joie. Bombur & Kili avaient été blessés, mais personne ne l'était aussi gravement que le magicien.

« Vous nous avez aidé » déclara le roi nain en s'approchant du petit groupe.

« Perspicace » rétorqua t-elle en fronçant son nez, ce qui rida son front et fit bouger ses cornes sombres.

« Quel est ton nom ? »

« Idra » dit-elle à contre coeur. Elle grattait ses bas, y laissant des traces rouges.

« Je suis content que mes paroles t'aient convaincue. »

« Vous faites erreur. C'est le petit homme qui m'a convaincue. Pas vous. »

Bilbo eut un petit sourire amer. Il se frottait les joues, tout rouge à force d'être resté tête en bas. Il se tourna vers Lenka, puis vers Gandalf et remarqua que sa jambe, faute d'être remise en état de marche, n'était plus aussi moche. L'os ne ressortait plus ; la chair semblait encore ouverte mais plus sainement. Si une blessure pouvait être saine.

« Il m'a convaincue que votre destin n'était pas d'être dévorés. Il m'a parlé de paysages verdoyants, de gens à connaitre. Je ne saurais pas vous dire ce qu'il m'a dit, mais cela m'a touché. Alors, je vous le demande, laissez-moi vous accompagner, s'il vous plaît. »

Elle lança un regard à Thorin, et ce dernier haussa les épaules ; pourquoi pas ? Elle les avait aidé, après tout. Il ne remarqua pas le regard que lui jeta Lenka. La naine avait été attachée avec les autres, et elle avait eu l'impression de tout louper. En cet instant son sentiment de rejet fut à son apogée. Elle soupira et décida de chasser le roi de son esprit. Ce qu'ils avaient vécu n'était plus. Il ne lui avait pas parlé depuis des jours ; c'était aussi bien comme ça. Elle s'éloigna avec Gandalg, laissant Bilbo, la Cornue et le roi ensemble, à parler des plans qu'ils allaient faire.

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