Recueil de Oneshot

Chapitre 2 : Souvenirs dans le froid

4230 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 03/12/2020 22:59

La montagne avait été reprise au dragon depuis des longs mois et la vie à l'intérieur commençait seulement à retrouver une certaine normalité. Thorin avait été sacré Roi Sous la Montagne dès que tous les blessés avaient été soignés, dont lui. Il était encore un peu faible lors de son couronnement, mais il avait assuré à tous les soigneurs qu'il pouvait survivre à la cérémonie, mais également prendre les rênes du royaume. Il avait assuré en effet, même si son visage grave était trop pâle pour qu'il paraisse vraiment en pleine forme. Bilbo, qui était resté juste le temps du couronnement, avait été inquiet de voir son ami si faible. Mais il était plus inquiet encore pour le jeune Kili, qui avait reçu une mauvais blessure à l'épaule et qui risquait de ne plus pouvoir manier l'arc, son arme favorite. Il en résultait une mauvaise humeur ambiante que même son frère n'arrivait pas à endiguer. Pourtant, les deux princes étaient présents et souriants - même si ce n'était qu'en façade - pour le jour de leur oncle et de leur roi.


Les mois avaient passés ensuite et tous se remettaient lentement de leurs blessures. Thorin menait son peuple d'une main douce mais ferme et il était bien parti pour redonner à la race naine son faste et sa richesse d'autrefois. Les nains des Montagnes Bleues venaient petit à petit pour remplir Erebor, et même des nains des Monts de Fer arrivaient, que ce soit pour le commerce ou pour rejoindre leur famille. Dans la montagne, proche su roi, l'équipe était soudée et les nains de la compagnie se serraient les coudes. Ils avaient tous un poste important ou qu'ils avaient choisi et restaient tous à disposition du Roi ou de sa famille.


Balin s'occupait des bibliothèques et de l'enseignement des jeunes nains. Il avait combattu lors de la Bataille des Cinq Armées, mais il se disait qu'il commençait à être assez vieux pour ne plus avoir à combattre, du moins pas quand ce n'était pas nécessaire. L'enseignement des plus jeunes lui convenait très bien.


Dwalin, son frère cadet, guerrier dans l'âme, était redevenu le maître d'arme de la montagne. C'était lui qui traînait tous ceux qui le voulaient - ou ne le voulaient pas- à l'entrainement chaque matin. Il entraînait les simples soldats comme les guerriers et veillait à ce que chacun soit toujours au meilleur de sa forme. Il exerçait même le roi lui-même, bien que ce dernier grogne souvent qu'il n'en avait pas le temps. Ce à quoi le tatoué lui répondait que s'ils subissaient une attaque quelconque, il se devait d'être plus prêt que n'importe qui d'autre. Le roi se devait de mener les armées et se reposer sur ses lauriers ne faisait vraiment pas sérieux. Évidemment Thorin n'avait pas le loisir de s'entraîner tous les jours, mais Dwalin exigeait qu'il soit présent au minimum une fois par semaine.


Oin et Gloin, les deux frères, avaient rejoint les rangs de l'armée en tant que généraux. Combattre était leur vie et ils ne comptait pas abandonner cela de si tôt. Oin pensait sérieusement à partir s'installer dans les Montagnes Grises, mais ce ne serait pas avant plusieurs années. Il voulait s'assurer qu'Erebor soit forte et puissante avant de la quitter. Après tout il avait encore une longue vie devant lui. Il avait le temps de voir venir la vie et les projets. Pour l'heure, rester dans l'armée de défense et dans l'aide à la reconstruction d'Erebor lui convenait tout à fait.


Bofur reprit un commerce de jouets avec son frère Bombur - qui passait plus de temps a manger qu'à s'occuper du commerce - et leur cousin Bifur qui se spécialisait dans la construction de ces mêmes jouets. Leur commerce promettait d'être florissant, que ce soit dans la montagne même, auprès des autres nains de la Terre du Milieu ou même pour le commerce avec les autres peuples. Le savoir faire des nains, que ce soit dans les armes, les bijoux ou les jouets était reconnu et souhaité dans le monde entier. C'était une bonne entreprise qui leur assurerait la richesse et la prospérité.


Dori se pencha sur le travail des instruments de musique. Les nains, malgré leur apparence rude et brute étaient souvent de grands joueurs d'instruments de musique et il y avait une idée là-dessous. Le nain sentait qu'il pouvait se lancer là-dedans sans risquer de se planter. Il se fit aider par son frère Nori pendant un temps avant que ce dernier ne retourne vers ce qu'il aimait vraiment : les pierres et les bijoux. C'était après tout ce qui faisait une des richesse de la montagne par le passé et il n'y avait aucune raison que ce ne soit plus le cas à présent. Les deux frères tentèrent de convaincre leur jeune cousin de les rejoindre, l'un ou l'autre, sans succès. Le plus jeune passait tout son temps libre dans les immenses bibliothèque d'Erebor, à fouiller parmi les livres et grimoires ancestraux. Il n'aspirait qu'a devenir scribe et était bien parti pour le devenir. Régulièrement, Dwalin le tirait de sous une pile de livres pour le traîner aux entraînements que le plus jeune essayait tant bien que mal d'éviter. Mais le maître d'armes n'allait pas le laisser en paix, jusqu'à ce qu'il soit capable de se défendre autrement qu'avec un lance-pierre, arme valable pour les enfants, mais pas du tout pour les guerriers. Ori ne se voyait pas comme un guerrier mais si Dwalin voulait passer du temps avec lui, qui serait-il pour le lui refuser ?


Fili, premier héritier de Thorin était prit entre ses leçons pour prendre un jour la tête de la montagne et ses leçons avec Dwalin. Ses matinées étaient occupées aux entraînements ou à l'art de la guerre tandis que ses après-midi et ses soirées étaient consacrées aux lois, à la gestion et au savoir être d'un futur roi. Chaque semaine il participait au Conseil, pour son plus grand malheur. Il était également présent aux scéances de doléances, organisées deux fois par semaine. Il n'avait donc pas beaucoup de temps pour lui même… Ou pour son frère.

Kili, second hériter, devait également suivre les même leçons que son frère, mais on lui demandait moins d'assiduité. Après tout, il y avait peu de chance qu'il soit roi un jour, sauf si Fili trouvait la mort sans héritier. Le jeune brun détestait ses leçons plus encore parce qu'il ne pouvait pas se vider la tête lors des entraînements, qu'il ne suivait pas encore, sa blessure ne voulait pas guérir aussi bien que celles des autres nains. Cela le mettait dans une rage folle. Et sa mauvaise humeur induite par sa blessure se transmettait à tout le monde dans son entourage. Thorin et sa mère essayait de le convaincre d'accepter de se faire soigner par les elfes - ce qui pourrait sauver l'usage de son bras - mais jusqu'ici le plus jeune, plus têtu qu'une mule s'y refusait. Au point que son oncle avait supplié son aîné de le convaincre car Kili devenait parfaitement invivable au point que Thorin pense à l'envoyer ailleurs pendant quelques temps - dans les Montagnes Grises ou dans la Comté, auprès de Bilbo. Il n'en avait encore parlé à personne d'autre qu'à sa sœur, mais si la situation n'évoluait pas il serait forcé de prendre de cette décision douloureuse pour tout me monde.


Il venait justement d'appeler son plus jeune neveu pour discuter de l'ensemble de la situation avec lui, mais ce dernier comme à son habitude ne s'était pas pointé à la convocation du roi. Le dit roi soupira en se passant une main sur le visage. Kili refusait de plus en plus les ordres ou des obligations. Il devait absolument en discuter avec lui avant que la situation ne devienne intenable. Kili redevenait peu à peu le jeune nain farouche qu'il était avant l'expédition d'Erebor et ce n'était pas possible que ça continue ainsi. Le roi se promit de trouver le temps de lui parler et de voir était le fond du problème. Car Thorin n'était pas idiot, il se doutait bien que ça allait bien au delà de sa blessure. Il espérait toutefois que son plus jeune neveu accepte de lui parler, ce qui n'était pas certain du tout. Il secoua la tête et revint a des préoccupations plus royales.


Kili quant à lui était bien conscient que de ne pas venir auprès de son oncle alors que ce dernier le lui avait demandé expressément serait un soucis. Mais il savait pourquoi Thorin voulait le voir et il ne voulait pas en discuter avec lui. Il ne voulait en discuter avec personne. Il parcourait actuellement les couloirs sombres de la montagne, à la recherche de silence et d'absence de compagnie. Il se savait exécrable et avait encore assez de bon sens pour ne pas vouloir imposer son humeur à qui que ce soit. Il se dit qu'aller marcher sur les hauteurs de la montagne serait une bonne chose. L'hiver était encore bien présent en ces lieux et le froid et la neige était assez piquant pour que personne ne s'aventure dehors. Kili serait seul et ce serait bien ainsi. Lui qui avait été si sociable encore quelques mois auparavant se renfermait de plus en plus. Il ne se l'expliquait pas lui même, et n'avait pas forcément envie d'y réfléchir. Il voulait juste qu'on lui foute la paix.


Sur son chemin, il évita habillement deux naines gloussantes - qui n'auraient pas manqué de lui faire les yeux doux et qui était une des choses qui le mettait de plus en plus en colère - en se cachant dans une alcôve dissimulée. Lorsque le silence reprit sa place dans les couloirs, il reprit sa route d'un pas vif et attentif. Heureusement, il ne croisa personne d'autre et lorsqu'il pointa son nez à l'extérieur, il resserra les pans de sa cape autour de lui. Il avait bien fait de la prendre car le froid était réellement vif et piquant ce matin là. La neige tombait à gros flocons silencieux et comme il le pensait, pas un nain n'avait l'air d'être présent. Il soupira de soulagement et s'éloigna de la porte dissimulée. Il se trouvait exactement à l'endroit par lequel Biblo était rentrée seul dans Erebor, alors que le Dragon était encore en vie.

Le jeune nain prit les escaliers dissimulés pour rejoindre un plateau un peu au dessus de la porte. Il eu la surprise d'y découvrir une silhouette qu'il connaissait mieux que la sienne. Il s'approcha en silence mais cela n'empêcha pas son frère de le saluer d'une voix douce.


- Salut Kee ! Ne devais-tu pas voir notre oncle ?


Le plus jeune se contenta d'un grognement en réponse. Fili sourit et se décala quelque peu sur la roche sur laquelle il était assis afin de laisser son petit frère s'installer. Petit frère qui remarqua assez vite que si Fili portait une grosse écharpe autour de cou - présent de leur cher hobbit - n'avait sur lui qu'une tunique de lin fort peu épaisse et certainement pas assez chaude pour le temps qu'il faisait. Il détacha donc sa cape afin de pouvoir envelopper son frère et lui-même dedans. Il gronda


- C'est toi le grand frère, c'est toi qui est sensé prendre soin de moi.

- Tu ne me laisses pas prendre soin de toi ces derniers temps.

- Ce n'est pas une raison pour courir au devant de la maladie. Il y a assez avec un nains blessé plus que raison ici.

- Ton épaule te fait toujours aussi mal ?

- Pas dans la vie de tout les jours, grogna le brun, mais dès que j'essaye de me battre c'est impossible.


Son aîné glissa un bras autour de ses épaules pour le serrer contre lui. Il comprenait à quel point cela pouvait être difficile pour le plus jeune. Se sentir impuissant comme cela, incapable de se battre alors qu'il a avait prouvé à maintes reprises qu'il était un grand guerrier. Cela devait être vraiment difficile. Mais pour autant le bond savait que ce n'était pas sans espoir Si seulement son jeune frère acceptait d'être soigné correctement. Certes, accepter de se faire assister par des elfes n'était pas le plus glorieux pour un nain mais entre ça et rester infirme le choix aurait dû être vite fait. Que la peste soit de la fierté de Kili. Soudain pensif, le blond mit quelques minutes à reprendre la parole. Et lorsqu'il le fit, chaque mot avait été soigneusement pesé. S'il la jouait finement, peut-être qu'enfin son frère accepterait l'aide des Sylvains.


- Tu te souviens lorsqu'on était enfants, tu ne devais pas avoir plus de huit ans, je me suis cassé le bras.


Kili grogna mais hocha la tête. Il s'en souvenait effectivement et cela avait été un peu sa faute. Il voulait une fois de plus faire ses preuves - cela n'avait jamais cessé d'être son combat, depuis sa naissance jusqu'à ces jours-ci, et il avait voulu prouver que oui il était capable d'escalader un pan de montagne aussi bien que les autres. Il était resté coincé en hauteur, terrifié par l'altitude et son grand frère était venu le chercher. C'est en redescendant que Fili avait chuté et qu'il s'était brisé le bras. Encore aujourd'hui Kili s'en voulait, d'où le fait qu'il ne réponde pas à son frère. Fili en étant bien conscient posa un baiser sur la pommette de son cadet.


- Ne t'en veux pas pour ça, ça fait des années et ce n'était pas ta faute.

- Bien sûr que ca l'était. Si je n'avais pas…

- Kili. Je ne t'en voudrais jamais pour ça ou pour quoique ce soit d'autre. Avec notre statut on a toujours dû faire nos preuves face à tout le peuple nain et cela a eu pour conséquence ce genre d'action sans doute fort peu réfléchie, mais tu n'étais encore qu'un tout petit bout de roche. Ni moi ni mère ni même Thorin ne t'en voulons pour ça. Rentre toi ça dans le crâne une bonne fois pour toute.


Kili expira lourdement mais hocha la tête. C'était déjà une petite victoire pour le plus âgé. Peut-être la seule aujourd'hui mais ce serait toujours ça de pris. Il reprit cependant la parole.


- On pensait tous que cette fracture allait me coûter la pratique des armes - ce qui aurait été dommage puisque je suis réellement à tomber lorsque je me bats…


Il se prit un coup de coude dans les côtes de son frère à sa dernière remarque mais ce dernier ne contredit pas, ce qui fit sourire tendrement Fili. Il reprit un peu de son sérieux en continuant.


- Et puis, quelques jours plus tard, il y a eut ces elfes qui passaient non loin des montagnes. Ils allaient aux Havres ou en revenaient, je ne sais plus…


Il s'interrompit pour jeter un œil au plus jeune mais ce dernier ne releva pas. S'il savait où son frère voulait en venir il ne le montra pas. Fili se sentit donc libre de continuer sur sa lancée.


- S'ils ne m'avait pas prodigué leurs soins, je ne pense pas que je serais à présent capable de manier mes doubles lames. Ce qui serait une grande perte, n'est-ce pas ?


Il se prit un nouveau coup dans les côtes auquel il répondit par un petit rire, mais il remarqua qu'un sourire avait l'air de fleurir sur les lèvres de son frère. C'était bon signe. Il voulut continuer mais le brun perdit soudainement son début de sourire et grogna sombrement.


- Si je vais voir les elfes, j'apparaîtrai comme faible.

- Pas du tout, au contraire. Tu aura eu la force de combattre ta douleur et tes préjugés. Personne ne te verras comme faible, et si quelqu'un ose dire cela, il devra se confronter à moi. Et à Thorin et Dwalin sans doute. Personne ne veut subir Dwalin en colère.


C'était tout à fait vrai. Mais Kili, borné, ne voulait pas accepter l'idée de demander de l'aide aux Sylvains. Aide pourtant maintes et maintes fois proposée. C'était tout à fait concevable pour son grand frère qui réfléchit de longues minutes avant de proposer.


- On pourrait écrire aux elfes ou à Bard pour qu'il leur demande de venir à Dale pour te soigner. Le peuple nain n'a pas besoin d'en être conscient. Même Thorin n'a pas besoin de savoir. On peut faire ça juste à deux.


L'idée fit son chemin dans la tête de Kili qui finalement hocha la tête, marquant son accord pour le plan de son frère. Fili se retint de hurler de joie. Enfin Kili acceptait de se faire soigner correctement et le blond n'avait aucun doute quant au fait qu'avec le travail des elfes, son petit frère retrouverait tout la mobilité de son bras. C'était une des choses qui permettrait à ce dernier de retrouver sa bonne humeur mais Fili sentait que ce n'était pas tout. D'autres choses étaient problématiques dans la vie du plus jeune pour qu'il soit à se point de mauvais poil tout le temps. Alors que le blond se demandait comme aborder le sujet, ce fut finalement Kili qui reprit la voix.


- J'en ai marre des naines…

- Mère y comprit ? Sourit le plus âgé

- Non tu comprends ce que je veux dire. Toutes ces naines, et même certains nains qui nous tournent autour pour avoir nos faveurs. Tout cas parce que nous sommes Princes. Elles ne sont pas le moins du monde intéressées par notre personne. Tout ce qui les intéressent c'est le statut et la richesse.


Fili hocha la tête. Il était vrai que plus encore depuis la reprise d'Erebor, en tant que Princes ils étaient la cible de pas mal de naines et de nains qui espéraient les marier. Mais il pensait bien que Thorin, des membres de la Compagnie et même leur propre mère - pourtant veuve - subissait ce genre de proposition. Il n'en faisait pas grand cas, mais il pouvait comprendre que ça ennuie son petit frère. Lui s'en amusait plutôt et il n'était pas indifférent au fait de susciter autant de passions. Mais Kili n'avait pas la même vision des choses. Pourtant le blond ne put s'empêcher de le taquiner un peu.


- Ne trouve tu pas agréable d'être convoité ? Prends cette naine par exemple, Mia, elle est très jolie !

- Peut-être mais elle n'en a rien à faire de moi, elle veut juste le titre a la richesse qu'un mariage lui procurerait. Je ne veux pas me marier.

- Du tout ? S'étonna le plus âgé.

- Non. Je ne veux pas me marier parce que je sais qu'on attends de moi… De nous… Qu'on se marie pour la raison. Avec une naine d'ici ou d'ailleurs mais ce sera un mariage politique. Et je refuse.

- Thorin ne nous obligera jamais à…

- Le penses-tu vraiment ? Pourquoi penses-tu que nous sommes ses héritiers ?

- Parce qu'il nous aime, parce que nous sommes ses neveux !

- Parce qu'il ne compte pas se marier et que du coup sans héritier direct il a été forcé de choisir d'autres personnes et que nous sommes ses seuls liens familiaux encore en vie, à part Mère bien sûr.


Cela avait un certain sens, mais Fili ne pouvait pas croire que leur oncle les avait choisi comme héritiers uniquement pour des raisons politiques. Il allait reprendre la parole, mais le plus jeune reprit, manifestement de plus en plus énervé.


- Plus encore maintenant il ne se mariera pas, du coup toi tu devras te marier pour assurer la succession d'Erebor. Et si tu ne le fais pas, ce sera à moi de le faire. Et je refuse.

- Plus encore maintenant ? Je ne comprends pas… Mais Kili, si tu ne veux absolument pas te marier, soit assuré que je peux faire cela pour t'éviter de…


Il ne put continuer plus que son frère gronda.


- Non ! Pas question. Je refuse que tu le fasses !


Fili était perdu. Il revint sur les premiers mots de son frère pour éviter de réfléchir à la raison pour laquelle Kili ne voulait pas d'un mariage pour aucun des deux.


- Thorin pourrait se marier maintenant qu'on a reprit la montagne.

- Il ne le fera pas.

- Pourquoi pas ?

- N'as-tu pas conscience de son affection pour Bilbo ?

- Bilbo ? Mais…


De fait, Thorin s'était considérablement rapproché du Hobbit surtout après la reprise de la montagne mais ce dernier était reparti dans la Comté et rien n'indiquait qu'il allait revenir un jour. Portant si il y réfléchissait un peu sérieusement il pouvait effectivement se rendre compte que sans doute son oncle nourrissait envers le Hobbit des sentiments plus qu'amicaux. Il se tut un long moment et Kili ne brisa le silence qu'après un long moment lui aussi, d'une voix plus clame.


- Je ne veux pas que tu te marie parce que ça t'arracherait à moi. Et je ne veux pas me marier parce que je t'aime.


Ses paroles firent un lent chemin dans le cerveau de Fili qui mit quelques secondes avant de se rendre compte de ce que ça impliquait. Chez les nains, l'amour était différent de chez les autres peuples, du moins il le pensait. Il n'avait pas réellement conscience de comment ça se passait chez les humains, les elfes ou les Hobbits. Mais chez les nains, si l'on ne comptait pas les mariages arrangés, il était connu que chaque membre de ce peuple ne pouvait aimer qu'une fois réellement. Une Unique Personne. Le plus souvent un nain également, et du sexe opposé, mais parfois cela arrivait que l'on trouve son Unique parmi le même sexe que soi. Plus rare encore, il arrivait que les membres d'une même famille soit liés ainsi. Cela était accepté parce que c'était la volonté de Mahal et que personne ne décidait qui était son âme sœur. Personne n'avait le choix. Et si Fili y réfléchissait les paroles de son frère étaient pleines de sens. Personne à part son frère ne le connaissait réellement et il ne pouvait pas non plus imaginer sa vie intime avec quelqu'un d'autre. S'il parcourait leur vie commune, les signes étaient clairs comme de l'eau de roche. Depuis leur plus tendre enfance ils étaient collés l'un à l'autre. Ils connaissaient tout de l'autre, avaient un langage bien a eux que personne d'autre ne comprenait - bien qu'ils l'utilisaient assez peu depuis plusieurs années - depuis leur plus tendre enfance ils dormaient dans le même lit, même si leur mère avait tenté de les séparer dès que Kili eut sept ans. Mais quoi qu'elle ait pu faire, les deux frères se retrouvaient toujours. Ils pouvaient pratiquement lire dans les pensées de l'autre et pouvaient difficilement se séparer plus de quelques jours. Les quelques fois ou ils avaient du le faire, tous les deux avaient eu l'impression qu'on leur arrachait le cœur ou une partie d'eux même. Oui, cela avait du sens qu'ils soient destinés l'un à l'autre.

Fili resserra sa prise autour de son cadet et soupira avant de répondre.


- Je t'aime aussi Kee. Je suis désolé de ne pas m'en être rendu compte avant. Tu as toujours été et tu resteras la personne la plus importe de ma vie et il est bien entendu hors de question que l'on m'arrache à toi. Je ne me marierai pas, je t'en fais le serment.


Il ne savait pas encore comment il allait tenir cette promesse mais il n'était pas question pour lui de faillir. Dusse-t-il affronter des armées d'Orcs entières, jamais il n'abandonnerait Kili. Celui-ci resta silencieux un long moment, se contentant d'hocher la tête, avant de se relever tout en laissant sa cape sur les épaules de de son frère.


- Nous devrions rentrer, le froid est trop piquant.



Le blond eut un sourire tendre en se relevant et en échange de la cape, il enroula son écharpe autour du cou du brun. Il le prit par la main pour rentrer dans la Montagne, plus proche de lui que jamais auparavant.


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