Recueil de Oneshot

Chapitre 1 : Une farce de plus

2198 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 03/12/2020 00:08

Tout allait bien en cette fin d'automne. Presque l'entièreté de la Terre du Milieu commençait à ressentir les effets de l'hiver qui s'annonçait froid et enneigé. L'Ered Luin ne faisait pas exception. Les montagnes habituellement bleues s'étaient couvertes d'un manteau blanc et glacial. Les Nains y habitant avaient ainsi ralenti leur rythme de vie. Il y avait moins de missions en extérieur. Certes, les missions et patrouilles de protections des lieux continuaient, mais pour ce qui était des marchandages en tout genre, ils s'étaient considérablement ralentis.


C'était dans cette ambiance calme que deux petits Nains décidèrent que c'était le bon moment pour mettre leur plan en action. Fili et Kili, âgés respectivement de onze et six ans n'étaient encore que deux bouts de roche innocents. Ils n'en étaient pas moins considérés comme les terreurs d'Ered Luin, capables de faire hurler n'importe quel Nain ou Naine. Leur mère et leur oncle en premier lieu. Les deux adultes ne le savaient pas encore, mais la facétie et la tendance aux bêtises de la part des deux enfants allait durer des dizaines d'années.

Pour l'heure, les deux galopins profitaient du fait que leur mère et leur oncle soient occupés à gérer les points pratiques de la vie dans la Montagne durant les longs mois d'hiver pour mettre en place leur première farce. Ils avaient décidé – ou plutôt Fili, le plus grand, avait imposé – de commencer tranquillement. Après tout, l'hiver allait être long et commencer par leurs pires bêtises n'était pas une bonne idée. Pour l'instant, ils avaient quelques préparations à faire afin que tout se déroule comme prévu. Kili, avec sa bouille innocente, avait été envoyé chez les couturières. Ces dernières, tout comme les gens de cuisine, ne pouvaient pas résister à sa tête encore ronde et à ses grands yeux curieux. Il pouvait généralement obtenir tout ce qu'il voulait avec un minimum d'effort.

Il trottina jusqu'aux grandes pièces où ces dames étaient installées et s'assit dans un coin, tranquille et discret pour commencer. Il savait qu'il ne faudrait que peu de temps pour que sa présence soit remarquée. Ceci ne manqua pas, puisque après quelques minutes seulement, une des plus vieilles Naines s'exclama.


- Mais voilà notre petit prince préféré !


Kili éclata de rire et se précipita vers elle pour réclamer un câlin. Il passa ainsi de bras en bras, recevant affection, gâteux ou chutes de tissu, ce qui était exactement ce pour quoi il était là. Une jeune Naine à peine majeure eut un petit rire en le voyant peu à peu disparaître sous les tissus qu'il collectait à gauche à droite et prise d'un peu de pitié, elle se mit en tête de lui coudre un grand sac dont il pourrait se servir pour emmener ces bouts de tissus Mahal savait où. Les morceaux d'étoffe n'étaient pas lourds, mais le petit bout de roche ne pouvait pas tous les transporter, à moins de les traîner derrière lui. Tout en lui cousant le sac, elle lui lança, sans quitter des yeux son ouvrage.


- Que vas-tu faire avec tout ça, petit prince ?

- C'est une surprise ! Pour tout le monde ! C'est...


Il allait en dire plus, mais il se plaqua soudainement les deux mains sur la bouche, comme pour s'empêcher d'en dire trop. La Naine lui sourit avant de le rassurer quant au fait qu'il n'avait pas à en dire plus. Si c'était une surprise, cela devait rester secret. Une fois son travail fini, elle aida l'enfant à le remplir de tous ses trésors avant de lui demander.


- Est-ce que tu veux de l'aide pour transporter cela jusque... Là où tu vas ?

- Non, merci. Je suis grand, je peux le faire !


La naine sourit face à tant de conviction dans la voix du Prince. Ce dernier, elle n'en doutait pas une seule seconde, était au début d'une existence où il allait devoir faire ses preuves à chaque instant. Elle espérait que ça ne devienne jamais pesant pour lui et que toujours il garderait cette énergie, ce sourire et cette force qui le caractérisait. Elle attacha cependant deux cordons au sac qu'elle venait de coudre afin qu'il puisse le traîner derrière lui plus facilement. Il la remercia en s'inclinant bien bas avant de quitter les lieux, promettant de revenir au plus vite.


Fili quant à lui se chargeait, pour leur surprise, de parcourir les forges et les ateliers divers. Il ne voulait pas que son cadet approche des forges, cela était bien trop dangereux. Il était encore si petit. Avec son visage moins enfantin que son cadet, Fili attirait moins l'attention. Mais tout aussi mignon, il trouvait lui aussi toujours le moyen de récupérer quelques objets divers. Moins que son frère, cependant sa petite taille, sa discrétion et sa vitesse lui permettait de chaparder quelques petites choses, ce qui compensait largement.


Il commença par les forges, mais il fut mis dehors bien trop vite à son goût par les Nains Forgerons qui ne voulait pas d'un gamin dans leurs pattes, fusse-t-il le neveu de Thorïn. Le garçon avait tout de même réussit à chiper quelques pierres forgées ainsi que des bouts de pierres brillantes. Il dirigea ses pas vers les ateliers de créations de bois et métaux. Cet art était destiné non seulement au peuple Nain, mais également aux autres peuples de la Terre du Milieu. Les Nains n'étaient pas seulement guerriers ou forgerons, ils étaient également de redoutables marchands.


Alors que le jeune Prince allait se glisser dans la réserve, il fut arrêté par une main puissante qui l'attrapa par le haut de sa tunique. Il se débattit de toutes ses forces pour se libérer alors que la voix de Dwalin retentissait au-dessus de lui.


- Où vas-tu comme ça petit démon ?

- Je ne fais pas de bêtises ! Je ne fais pas de bêtises !

- Dwalin, relâche-le, interrompit Balin qui était également présent.


Fili, une fois libre de ses mouvements se retourna pour faire face à ses deux maîtres – Dwalin pour les armes et Balin pour les connaissances des livres – et lança un regard reconnaissant au plus âgé des deux. Cependant, les deux Nains attendaient une réponse et ils n'allaient certainement pas laisser filer l'enfant sans explication. Le petit blond soupira et murmura.


- Je fais une surprise pour tout le monde. Des cadeaux.

- Et tu viens voler des jouets, gronda le Maître d'Armes, je ne te félicite pas !

- Pas des jouets entiers ! Des petites pièces en bois ou en métal pour construire des choses !

- Tu vas construire des cadeaux ? Interrompit le plus vieux, empêchant son frère de répondre.


L'enfant hocha la tête avec conviction. Il ne voulait pas être pris pour un voleur. Il ne récupérait ici que ce que les adultes n'avaient plus besoin. Balin et Dwalin échangèrent un long regard alors que le jeune nain se retenait de laisser couler une larme traître. Il n'était pas faible et pleurer pour si peu était un signe de faiblesse. Balin sembla se rendre compte de ses émotions puisqu'il lui sourit avant de se diriger dans la pièce et de lui remplir un sac de divers objets : des bouts de bois, des perles, des boutons, de tiges métalliques et d'autres encore. Il le lui tendit avec une dernière recommandation.


- J'espère que ça te suffira et que j'aurai droit à un cadeau moi aussi.

- Oui, M'sieur Balin, promis ! Et vous aussi M'sieur Dwalin !

- Je ne veux pas de cadeau, gamin, ronchonna le Nain tatoué, se prenant aussitôt une tape sur le crâne de la part de son aîné.


Fili s'inclina devant eux et s'enfuit aussi vite qu'il était arrivé. Il rejoignit rapidement les appartements attribués à la Famille Royale. Il y passa discrètement la tête afin de vérifier que ni sa mère, ni son oncle, ni aucun autre adulte ne s'y trouvait avant de rentrer silencieusement. Il se dirigea aussitôt vers la chambre qu'il partageait avec Kili. Ce dernier s'y trouvait déjà, ayant étalé partout sur le sol ses bouts de tissu. Fili remarqua également qu'il avait réussi à trouver du matériel de couture et qu'il avait manifestement décidé de s'y essayer. Quand le plus petit entendit son aîné rentrer dans la pièce, il leva vers lui des yeux pleins de larmes en lui tendant la main, où quelques gouttes de sang étaient visibles. En quelques pas, le plus grand était à ses côtés, inquiet.


- Kee ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

- Fee... J'ai essayé de coudre les chaussettes cadeaux mais n'y arrive pas et je me pique les doigts.

- Nadadith, je vais m'occuper de ça, dit le blondinet tout en prenant un bout de tissu propre pour bander la main de son frère, dont les larmes menaçaient de quitter ses yeux à chaque instant.


Fili embrassa la main blessée avant de poser un baiser sur le haut du crâne du plus jeune qui prit une grande inspiration pour ravaler ses larmes et murmurer.


- Mais je veux aider...

- Tu vas aider. Je vais avoir besoin de toi pour les perles et les tresses. Tu es le meilleur pour les tresses !


Il pouvait le lui dire sans mentir puisque c'était son frère qui se chargeait de ses tresses la plus part du temps. Kili sembla rassuré quant au fait que sa participation à la surprise de se cantonnait pas à faire les yeux doux aux couturières pour récupérer un sac de tissu. Il ne voulait pas être un poids pour son aîné, mais il voulait tout de même participer à la confection de cette surprise qui, il n'en doutait pas, allait faire plaisir à tout le monde. Et puis, sans son aide Fili ne s'en sortirait pas seul. Ce dernier semblait s'en rendre compte alors qu'il triait les tissus par taille et par couleurs. Il se tourna vers le plus petit.


- Écoute, commence par trier les tissus selon les couleurs que tu veux pour les chaussettes et je vais commencer à construire quelques petits cadeaux, d'accord ?

- Je fais les couleurs que je veux ?

- Oui, tout comme tu veux, c'est toi qui décide.


Les deux garçons se mirent au travail et durant les jours qui suivirent, chaque instant de libre fut consacré à la confection des chaussettes et aux cadeaux qui allaient s'y trouver. Ici quelques poupées de chiffons, là quelques perles à cheveux et dans d'autres encore des petites représentations des nains à qui allaient recevoir ces cadeaux. Si leur mère ou leur oncle se doutèrent bien qu'ils préparaient quelque surprise, ils n'en dirent pas un mot aux deux enfants. Sans aucun doute que le vieux Balin était passé par là, afin que la surprise soit totale.

Quand enfin vint le jour du solstice d'hiver, tout était prêt. Avant les premières heures du jour, Fili et Kili s'étaient introduit partout où ils le pouvaient pour déposer leurs chaussettes cadeaux à tous leur destinataires. Lorsqu'ils n'avaient pas pu - ou pas voulu - s'introduire dans les appartements personnels des nains, ils avaient placés leurs chaussettes à l'endroit où ils auraient le plus de chance de les trouver. Ainsi, Dwalin eut la surprise de découvrir la sienne dans la Salle d'Armes. Il ronchonna mais l'ouvrit avec curiosité. Il y trouva une représentation de lui-même ainsi qu'une hache miniature qui lui tira un sourire. Pourtant, à l'arrivée de ses guerriers, il rangea sa chaussette. Cela ne les concernait pas. Plus tard dans la journée, lorsque son frère vint lui apporter de la nourriture, il demanda innocemment.


- Tu as reçu ton cadeau des deux Princes ?

- Bien sûr, ils nous l'avaient promis. Toi aussi n'est-ce pas ?


Dwalin gronda une réponse indistincte que Balin prit pour un oui. Il s'assura que son cadet remercierait les deux enfants avant de retourner à ses affaires. Plusieurs nains reçurent ainsi des petits cadeaux. Thorin et Dìs furent les seuls qui les reçurent en main propre, par les deux enfants un peu incertains de comment ils seraient accueillis. Les deux adultes reçurent chacun plusieurs perles à cheveux, de boutons et des rubans pour la naine, deux haches miniatures pour le Nain et deux petites couronnes de fer, agrémentées de perles et de pierres. Les deux eurent exactement le même sourire attendri envers leurs fils et neveux. Ce deux-là, s'ils étaient exceptionnellement doués pour faire des bêtises, mais lorsqu'ils voulaient faire plaisir, ils y arrivaient très bien également. Ces deux-là n'allaient jamais arrêter de les étonner, ils en étaient certains.


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