Frozen : La Légende du Roi-Liche

Chapitre 2 : Le couronnement

3902 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 12/10/2021 14:25

Après avoir guéri leur fille Anna par les trolls et changé ses souvenirs, le roi Agnarr d'Arendelle et son épouse la reine Iduna prirent des mesures pour le moins radicales mais nécessaires pour protéger leur fille ainée Elsa de ses propres pouvoirs. Pour limiter à tout prix les risques, les portes du château furent fermées, le personnel fut réduit, et surtout, Elsa devait limiter tout contact avec qui que ce soit. Personne ne devait savoir qu'elle avait des pouvoirs, pas même sa petite sœur.

Ne se doutant de rien et n'ayant en tête que les souvenirs heureux, Anna ne comprenait pas ce qui se passait, voyant sa grande sœur qu'elle aimait tant s'éloigner d'elle, s'isolant seule dans sa chambre et refusant tout contact avec elle. Anna vécut cela avec une grande souffrance, une souffrance qu'elle ne pouvait même pas comprendre.

L'hiver arriva, et un jour Anna put voir avec beaucoup d'enthousiasme les flocons de neige tomber à l'extérieur. Très heureuse, elle s'empressa d'aller frapper à la porte de la chambre d'Elsa.

_ "Elsa ? Tu veux faire un bonhomme de neige ? Allez, viens jouer avec moi..." demanda Anna avec une once d'espoir, mais ne reçut aucune réponse.

Anna ne se découragea pas et insista, essayant même de regarder sous la porte.

_ "Tu te caches, on ne se voit même plus ... Elsa, que fais-tu? ... Tu n'es plus vraiment toi ... Nous étions soeurs et amies, mais c'est fini. J'aimerais savoir pourquoi ..."

_ "Va-t'en, Anna…" répondit enfin la voix morose d'Elsa, ne montrant aucune colère, mais un profond désir de rester seule.

_ "D'accord ..." Anna, déçue, finit par abandonner et se retourna, non sans un dernier regard vers la porte d'Elsa.

Dans sa chambre, isolée du reste du monde, Elsa passait le plus clair de son temps à contempler à travers la grande fenêtre, offrant une vue splendide sur le fjord et ses montagnes, mais aussi, plus près, sur les jardins du château, où se tenait le de belles haies taillées et l'herbe devenue d'un blanc cristallin à cause du gel. De sa fenêtre, Elsa pouvait aussi voir, debout au milieu de ce jardin, le grand et majestueux arbre blanc, un très vieil arbre au tronc blanc comme de la craie et aux feuilles rouge sang, qui réussissait à résister au froid et à garder ses feuilles contrairement aux autres arbres . Selon les légendes, cet arbre était là bien avant que le château et la ville ne soient construits tout autour. La légende dit que, il y a des millénaires, existait un royaume nommé Lordaeron, qui existait ici des siècles avant la naissance d'Arendelle. Les habitants, sur ordre de leur roi, plantèrent ces arbres géants et magnifiques, grands et blancs, sur cette terre comme symboles de leur pouvoir. Les monarques d'Arendelle ayant un profond respect pour ces croyances de leurs ancêtres, avaient décidé de laisser cet arbre ici, comme vestige d'un passé lointain. La légende disait également qu'un jour, le fils de ce roi, un prince nommé Arthas Menethil, avait un jour trahi et tué son père, formentant un coup d'état afin de s'emparer de la couronne et détruisit la plupart de ces arbres symboliques. Pour le punir de ce méfait, les dieux auraient alors lancé sur le prince une terrible malédiction, le forçant à s'enfuir loin dans les terres du grand nord où il disparut à tout jamais. Malheureusement, aucun écrit ne fut retrouvé pour être capable de prouver ces faits et peu à peu, l'histoire devint une légende, et la légende devint un mythe.

Derrière sa fenêtre, Elsa regardait le vieil arbre blanc de Lordaeron, parfois avec le sentiment qu'il la fixait. Elsa, cependant, baissa sa garde une seconde puis vit, haletant, une fine couche de glace sortir de ses paumes et venir recouvrir le bord de sa fenêtre.

A cela, le roi trouva une autre solution et fit venir sa fille dans le grand salon du château, près de la chaleur réconfortante de la cheminée : il mit une paire de gants blancs à Elsa, qu'elle devrait garder à tout instant.

_ "Ce sera plus simple avec des gants..." dit le roi en posant le deuxième gant à sa fille et en la tenant par la main "... voilà, tout est caché."

_ "Cache tes pouvoirs, n'en parle pas..." dit alors Elsa, répétant ses paroles avec son père comme une leçon à apprendre et à retenir par cœur.

Les saisons et les années passèrent, Anna et Elsa grandirent. Lorsqu'elle est devenue adolescente, Anna, après une nouvelle tentative pour faire sortir sa sœur de sa chambre et qui s'est soldée par un nouvel échec, a dû recommencer à jouer seule.

Mais pour Elsa, plus les années passaient, et plus la peur s'intensifiait. Malgré ses gants, ses pouvoirs parvenaient à se manifester, de façon encore plus violente, comme s'ils exprimaient leur colère de se voir retenir cachés contre leur volonté. Marchant de long en large, effrayée près d'un mur qu'elle avait accidentellement gelé et à moitié fissuré, Elsa avait peur.

_ "J'ai peur ! Ils sont encore plus fort!!"

_ "Allons, tu ne fais qu'aggraver les choses. Garde ton calme..." lui dit le roi, essayant de s'approcher d'elle pour la rassurer, mais qu'Elsa recula encore plus.

_ "Non ! Ne me touchez pas ! Je vous en prie, je ne veux pas vous faire de mal." Elsa supplia, blottie contre le mur, devant ses parents, se sentant complètement dépassés par les événements et triste de voir leur fille dans cet état d'esprit.

Les pouvoirs d'Elsa n'étaient pas sa seule crainte : au fil des années, ses rêves, cauchemars ou visions, sur le Roi-Liche s'étaient intensifiés... Une nuit, elle crut même voir le souverain démoniaque des glaces surgir dans l'obscurité de sa chambre pour venir la saisir à la gorge.

Quelques années passèrent. Un jour, le roi et la reine d'Arendelle durent partir en voyage pour rencontrer les dirigeants d'un royaume allié de l'autre côté de l'océan. Âgée maintenant de 15 ans, Anna vint les voir dans leurs appartements royaux, les étreignant fort contre elle.

_ "Vous allez me manquer..." soupira Anna, ne voulant pas que ses parents partent si longtemps.

Elsa, elle aussi, était venue dire au revoir à ses parents, mais se privant de pouvoir les serrer dans ses bras et se contenta de les saluer d'une légère mais gracieuse révérence.

_ "Deux semaines sans vous... ?" demanda-t-elle, l'air inquiète.

_ "Tout se passera bien, rassure toi." répondit le roi d'un sourire pour la réconforter un peu.

Comme convenu, les souverains d'Arendelle embarquèrent le jour prévu sur leur navire et entamèrent le long voyage. Malheureusement, tout ne se passa pas comme prévu et c'est lors d'une terrible tempête que le couple royal périt, eux, l'équipage et tout le navire ayant été engloutis par la colère impitoyable des éléments.

La mort du roi et de la reine fut une tragédie pour tout le royaume. Ce fut à la jeune princesse Anna qu'incomba la lourde et douloureuse tâche d'assister aux funérailles de ses parents, en présence des habitants de la ville, par un jour brumeux et grisonnant, comme si le temps lui-même était en deuil. Debout entre les deux grandes pierres tombales érigées à la mémoire des souverains décédés, Anna resta silencieuse, vêtue de noir, l'air abattu. Des petits seigneurs et autres vassaux de la famille royale, étaient venus payer leur tribut aux souverains morts.

Elsa, forcée de rester dans sa chambre, avait du laisser sa petite sœur affronter seule cette épreuve terrible, et les remords la rongeaient encore plus. Assise contre la porte de sa chambre, silencieuse, Elsa entendit alors de petits coups timides derrière la porte....

_ "Elsa?..." fit Anna de l'autre côté de la porte, d'une voix triste "... S'il te plait, je sais que tu es là-dedans, alors peut-tu ouvrir cette porte? ... Les gens se demandent où tu étais. On me dit, "soit forte, le temps arrange tout", mais j'ai besoin de nous pour oublier ... Que nous n'avons plus personne, plus aucune famille... Quel avenir pour nous? Qu'allons-nous faire? " Anna dit tout ça, brisée, et se laissant glisser doucement contre la porte, assise dans le couloir.

_ "Je voulais juste... construire un bonhomme de neige..." fut tout ce qu'elle put ajouter, avant d'être submergée par le chagrin.

Entendant tout derrière la porte, Elsa ne répondit pas, mais fondit en larmes, la douleur étant trop puissante, au milieu de sa chambre complètement froide et glacée.


***********


Trois ans plus tard...


Loin des montagnes rudes et froides du grand nord, une nouvelle et belle journée ensoleillée venait de se lever sur la ville d'Arendelle. De nombreux grands navires, arborant les drapeaux distingués des royaumes alliés et des partenaires commerciaux du pays, arrivèrent les uns après les autres dans le grand port. Dans les rues de la ville, tous les habitants avaient revêtu leurs plus beaux habits et se pressaient devant les grilles du château. Aujourd'hui était un jour très spécial car la jeune princesse Elsa était enfin devenue assea grande et allait être couronnée nouvelle reine du royaume d'Arendelle.

_ "Bienvenue à Arendelle, messieurs et dames... s'il vous plaît, dirigez vous vers le château, les portes vont bientôt s'ouvrir..." dit le capitaine de port aux convives débarquant sur les quais.

Sur la place principale devant le petit pont menant au château, des guirlandes colorées avaient été installées, donnant un air joyeux à la scène, tandis que les habitants s'empressaient de traverser le pont pour obtenir les meilleures places lorsque les portes seraient ouvertes. En sortant de son navire et marchant sur la place marchande, un petit homme frêle et aux moustaches grisonnantes, vêtu d'une riche tenue ornée de médailles et autres récompenses, escorté de ses deux gardes du corps, jeta un regard très intéressé vers le château.

_"Ah, Arendelle... Notre partenaire commercial le plus mystérieux..." dit-il en se frottant les mains "...Ouvrez donc ces portes pour que je puisse percer ses secrets et exploiter ses richesses... Euh, ai-je parler à haute voix?"


************


Bien que la fin de la matinée approche, Anna dormait toujours dans son lit, sous sa couverture, ses énormes cheveux roux complètement dénoués et un petit filet de salive coulant dans sa bouche. Des coups à la porte la firent soudainement sortir de son sommeil et elle s'assit, les yeux toujours endormis.

_ "Oui?" soupira-t-elle d'une voix encore fatiguée.

_ "Princesse Anna ?" dit la voix du serviteur derrière la porte "... je suis désolé de vous réveiller...."

_ "Non, non, non, non ..." le coupa Anna, bien qu'incapable d'ouvrir les yeux "... Je suis debout depuis longtemps..." dit-elle, avant de retomber soudain dans une sorte de mini sommeil, assis dans son lit, juste avant de réagir à nouveau.

_ "Qui est-là?"

_ "C'est toujours moi, princesse... Les portes vont bientôt s'ouvrir, il est temps de vous préparer..."

_ "Bien sûr..." dit Anna en se frottant les yeux et essayant de sortir de sa torpeur "... Me péparer à quoi ?"

_ "Le couronnement de votre sœur, madame..." dit le serviteur Kai. Anna ouvrit lentement les yeux, puis fixa l'élégante et magnifique robe verte dans son corset noir qui se tenait là dans la pièce, attendant d'être revêtue pour la fête.

La vue de sa robe de cérémonie tira Anna de sa torpeur d'un seul coup, son visage rayonnant d'une joie sans pareille.

_ "C'est le jour du couronnement !!" haleta-t-elle en sautant du lit.

Anna se coiffa en hâte et s'habilla très rapidement de sa robe, sortant en courant de sa chambre en finissant d'ajuster ses cheveux, et incapable de contenir l'immense joie qu'elle contenait depuis si longtemps. Voyant les domestiques ouvrir les volets et ouvrir les fenêtres pour laisser entrer l'air pur, Anna bondit de joie et se précipita vers l'une des fenêtres, voyant derrière les murs du château, les grandes voiles des navires arrivant au port.

_ "Wow.... Enfin, ils ouvrent les portes ! Je suis prêt pour ce renouveau! J'ai hâte de rencontrer tout le monde à la cérémonie... et... et si je rencontrais... l'homme de ma vie?!" elle haletait, rêveuse, à l'idée de pouvoir rencontrer parmi la foule des convives, un homme qui pourrait faire battre son cœur.

Pendant ce temps, étant réveillée depuis plus longtemps que sa sœur et ayant passée une très mauvaise et courte nuit à cause du stress, Elsa s'approcha timidement de la grande fenêtre de sa chambre, les cheveux coiffés en un chignon, vêtue également d'une grande robe de cérémonie et portant derrière elle une grande cape violette. Voyant la foule de gens se rassembler devant les portes, elle soupira lourdement, sans sourire. Pour elle, ce n'était pas un jour de réjouissance.

En s'éloignant de la fenêtre, elle s'arrêta devant une table en bois scuplté, et sur le mur d'en face se tenait un grand portrait de son père, feu le roi, le jour de son couronnement, tenant dans ses mains les objets sacrés en or que chaque monarque avait à tenir comme symboles de son couronnement.

_ "Cache tes pouvoirs ... N'en parles pas... Fait attention et le secret survivra " répéta-t-elle, doucement, les mots qu'elle avait appris par cœur de son père pour se garder du moindre faux pas "... Sereine, sans peine, tu régneras... Un seul faux pas, et tout le monde saura..."

Tout en répétant ses paroles, elle regarda ses mains gantées, tout en restant aussi calme que possible.

_ "Père, s'il vous plaît... donnez-moi la force..." soupira-t-elle tristement, avant de respirer bruyamment.

Le moment était venu. Elsa alla jusqu'à sa porte et l'ouvrit devant les serviteurs qui se tenaient debout dans le grand couloir en rangées parfaites et attendaient le prochain ordre de la future souveraine.

_ "Dites aux gardes d'ouvrir les portes!" ordonna-t-elle, le cœur battant. Elle l'avait dit, désormais, plus moyen de revenir en arrière.


**********


Alors qu'Elsa arrivait sur le grand balcon du château pour avoir une vue d'ensemble sur la foule d'invités, Anna se tenait dans la cour, juste devant les portes qui s'ouvraient enfin. Les premiers convives commencèrent à entrer dans le calme et l'ordre, tandis qu'Anna se précipitait, excitée, hors des murs, pour saluer toutes les personnes qu'elle voyait et les accueillir.

Se sentant enfin libérée de sa prison dorée et admirant toutes les décorations qui avaient été installées pour le jour du couronnement, Anna était toujours aussi excitée, courant partout sans vraiment faire attention à sa propre sécurité. Alors qu'elle courait le long d'un des quais, se sentant libre comme l'air, elle fut soudainement bousculée par un cheval. Projetée par le choc, Anna tomba à la renverse dans une barque au bord du quai, qui, sous le poids de la jeune femme, a commencé à tomber en arrière vers l'eau. Immédiatement, le sabot du cheval s'apposa, retenant la barque en équilibre. Anna reprit ses esprits pour voir qui l'avait bousculée ainsi.

_ "Oh, pardonnez-moi ! Êtes-vous blessée ?" demanda le cavalier, qui se révéla être un jeune homme aux cheveux bruns courts et richement vêtu d'un uniforme militaire blanc-gris.

Anna ne put répondre tout de suite, elle était tellement captivée par le visage de l'inconnu. Jamais auparavant elle n'avait vu un si bel homme, se dit-elle.

_ "Hmm... oui, non, enfin oui, tout va très bien..." répondit enfin la princesse en parvenant à articuler ses mots et en voulant se lever comme si de rien n'était.

_ "En êtes-vous sûre ? Laissez-moi vous aider." dit le jeune homme concerné qui descendait de son cheval et tendant sa main pour elle. La jeune princesse parut flattée de cette galanterie, et le regardant dans les yeux sans dire un mot, mais souriant, lui prit la main et se leva.

_ "Oh, euh.... Prince Hans, des îles du Sud." dit le jeune homme en se présentant dans une révérence des plus formelles, la main sur la poitrine.

_ "Princesse Anna d'Arendelle." elle lui rendit la révérence comme il se devait.

_ "Princesse ? ... Ma dame !" le jeune prince hoqueta et s'agenouilla aussitôt, tête baissée, devant Anna, un peu gênée.

Le cheval a réagi comme son maître et a accidentellement déplacé la barque, ce qui a ensuite fait tomber Anna sur Hans, par accident. Les deux se regardèrent, un peu gênés par la situation avec de petits rires.

_"Eh bien, euh, c'est bizarre. Enfin, ce n'est pas vous qui êtes bizarre, c'est nous, enfin c'est moi... Vous, vous êtes beau... J'ai dit quoi là?"

Anna mélangea ses mots, ne sachant que dire et réalisant ses derniers mots. Hans parut amusé et l'aida à se remettre sur pied.

_ "Je tiens à m'excuser formellement d'avoir bousculé la princesse d'Arendelle avec mon cheval et pour les désagréments occasionnés." le prince s'excusa très poliment.

_"Oh, non, non, non, il n'y a pas de quoi. Je ne suis pas ce genre de princesse. Par contre, si vous aviez bousculer ma soeur Elsa, là oui, mais heureusement pour vous, ce n'est que moi." encore une fois, Anna parla un peu trop vite et se perdit dans ses propos en retournant au quai et souriant à Hans, très timide.

_ "Ce n'est que vous?" demanda Hans en haussant un sourcil.

Anna hocha simplement la tête, incapable de détourner le regard du jeune homme qu'elle trouvait si galant et beau. Hans, lui aussi, ne semblait pas insensible au charme de la jeune femme. Mais soudain, les cloches du château ont commencé à résonner à travers la ville, tirant Anna hors de ses pensées rêveuses.

_ " Les cloches ? Le couronnement ! Je.... je ferais mieux d'y aller, il le faut vraiment... je euh, au revoir... " balbutia-t-elle et après un signe d'au revoir à Hans, fit demi-tour et courut vers le château, laissant Hans, un peu perplexe, mais adressant un petit sourire et dit également au revoir à la jeune princesse.


***********


Peu de temps avant le début de la cérémonie du couronnement et qui allait la désigner comme la nouvelle souveraine du royaume, Elsa s'était isolée quelques instants dans les jardins royaux, et plus précisément au pied du grand arbre de Lordaeron, dont le tronc vieux et noueux s'élevait à plus de dix mètres de haut. Elsa regardait les nombreuses feuilles rouges bercées par la calme et douce brise du sud, qu'elle sentait aussi sur son visage et dans ses cheveux.

Les symboles anciens gravés et quelque peu intimidants sur la surface de l'arbre lui faisaient face. Chaque fois qu'elle le regardait, Elsa avait un frisson désagréable. Elle pouvait sentir une puissante magie émaner de cet arbre, comme la magie qui coulait dans ses veines.

Après avoir regardé autour d'elle pour s'assurer qu'elle était seule, Elsa ôta soigneusement un de ses gants et, après un moment d'hésitation et sa main légèrement tremblante, plaça doucement sa paume contre l'écorce de l'arbre, juste à côté des symboles.

Immédiatement, une série d'images terrifiantes et rapides lui apparurent dans son esprit... Arendelle, ensevelie sous la neige et la glace, dans une nuit plus sombre que les autres... Arendelle déserté de tout signe de vie et réduit à l'état de ruines gelées .... Une sorte de forteresse sombre et rocheuse au milieu des montagnes ... Un blizzard interminable d'une extrême violence faisant rage, et une armée d'ombres aux yeux bleus commençant à apparaître de la nuit, marchant vers un Arendelle gelée... Et dans le ciel tempetueux, une immense ombre bestiale et ailée, chassant les nuages par sa simple présence et laissant entendre un rugissement assourdissant qui déchirait les cieux...

"Un pouvoir bien plus sombre apparaîtra un jour, venant pour vous... quand la glace et la mort se rencontrent, l'équilibre du monde pourrait en dépendre..."

La voix sage de Pabbie résonna comme un écho du passé. Elsa se souvint de cette nuit. Voyant là l'accident avec Anna, ses parents lorsqu'ils étaient partis dans ce voyage qui allait voir leur mort, sa relation détruite avec sa petite soeur...

Puis, Elsa vit le paysage défiler sous ses yeux, comme portée par une force invisible et absolue, passant au-delà des forêts et des collines du fjord, passant les montagnes du grand nord et flottant maintenant au-dessus des terres légendaires et gelée d'au-delà des frontières du royaume... Elle volait maintenant au milieu d'une tempête de neige... Puis, son attention se tourna vers d'innombrables formes se déplaçant lentement au milieu de ce blizzard sans fin... une armée imposante et apparemment infinie était en marche... une armée d'humanoïdes aux yeux bleus et vêtus d'armures glaçiales et usées semblant provenir d’une époque plus ancienne... ils ressemblaient à des morts-vivants, à la peau pourrie et gelée... Et, debout au sommet d'une colline rocheuse et surplombant l'armée, se tenait une silhouette particulière, montée sur un destrier cadavérique... Ses yeux bleus inhumains, sa massive et effrayante armure, son casque et sa cape noire flottant au vent.... Elsa le reconnut comme la créature terrifiante des cauchemars de nombreux enfants du royaume, dont elle... c'était lui, elle en était sûre... le Roi-Liche...

Soudain, le Roi-Liche tourna la tête et leva les yeux vers le ciel, fixant directement Elsa, comme s'il avait senti sa présence.

La magie se coupa à ce moment-là et Elsa se recula rapidement de l'arbre, haletante et tremblante de peur. Sa main avait involontairement recouvert l'écorce de l'arbre d'une fine couche de glace. Le cœur battant comme s'il allait bondir hors de sa poitrine et toujours hantée par ce regard terrifiant sur elle, Elsa fit tout pour essayer de retrouver son calme, fermant les yeux et respirant normalement, vidant son esprit et remettant son gant... Elle était là, en toute sécurité, dans les jardins d'Arendelle, et rien ne pouvait lui arriver ...

_ "Madame ?"

Elsa sursauta à cette voix, ce qui la surprit, mais reprit son calme en remarquant qu'il s'agissait du serviteur Kai.

_"Oui?" dit-elle debout et formelle.

_"C'est l'heure." répondit le serviteur en l'invitant à le suivre, tandis que les cloches se mettaient à sonner, annonçant le début de la cérémonie et l'ascension de la future monarque d'Arendelle.

Faisant semblant de rien, Elsa acquiesça et suivit son serviteur en silence. Mais alors qu’elle s’éloignait, la jeune femme ne put retenir un dernier coup d’oeil inquiet en direction du vieil arbre.


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