Retour à l'océan
Les amis de Mélodie durent prendre congé et rentrer chez eux au crépuscule.
La jeune sirène venait de passer un sympathique moment en leur compagnie, aussi court fut-il. Elle espéra pouvoir remettre ça, un jour ou l'autre. Peut-être quand elle sera autorisée à sortir.
Avant de se quitter Morgane lui avait suggéré :
— Quand tu ne seras plus punie, je pensais que peut-être... On pourrait explorer les fonds marins ensemble, si ça te fait envie.
— Alors ça, ce serait super ! avait répondu Mélodie excitée. Est-ce que Pour et Isabella seront du voyage ?
— Oh, ça dépend, s'ils n'y voient pas d'inconvénients !
Les deux jeunes sirènes avaient un léger gloussement avant de se dire au revoir et de se quitter.
Mélodie avait hâte que sa punition soit levé pour qu'elle pût enfin vivre des aventures sous-marines avec ses amis.
Le reste de la soirée se passa sans accroc.
Toute la famille, excepté le Roi Triton qui était toujours cloué au lit, dinèrent en compagnie de Sébastien dans la bonne humeur Les sept princesses parlèrent principalement du défilé qui devrait avoir lieu le lendemain en l'honneur du Poisson Lune, non sans féliciter le magnifique travail de leur nièce sur les calèches prêtes à sortir et être utiliser, et trinquèrent au défilé pour lequel elle s'était préparées ses derniers jours.
Ariel, Mélodie ainsi qu'Alana qui était dans la confidence durent néanmoins garder sous silence la visite surprise des amis de Mélodie.
Puis ce fut l'heure du coucher.
— Au fait, ma chérie, tu t'es bien amusée avec tes nouveaux amis ? demanda Ariel à sa fille au moment de la border.
— Ah, c'était super ! lui répondit Mélodie. Et on a été très sage !
— C'est bien !
— J'aurais seulement aimé que ce soit un peu plus long.
— Ça viendra, quand ta punition sera levée, tu auras tout le loisir de jouer avec eux aussi longtemps que ça te chante, lui dit sa mère en lui caressant le visage et les cheveux. Il te faut juste être patiente.
— Je serais patiente, alors. Plus que deux jours à tenir.
Ariel contempla sa fille pendant un long moment, lâchant un long et profond soupir de mélancolie.
— Ça va, maman ? lui demanda Mélodie inquiète.
– Ce n'est rien ! lui répondit sa mère. C'est juste que... ça me fait plaisir de voir que t'aies réussi à te faire des amis qui se soucient de toi et viennent te rendre visite, après tout ce qui s'est passé ses derniers temps. Moi qui voulais que tu sois heureuse et que tu puisses t'intégrer...
— Je m'en sors pas si mal, maman, clama Mélodie. Et puis je vais bientôt avoir douze ans. Je pense que je peux me débrouiller, maintenant.
— Ah ça, je demande à voir !
— Au fait, maman, il s'est passé quelque chose de bizarre avec le médaillon.
— Le médaillon ?
— Oui, le cadeau de grand-père ! J'ai voulu le montrer à mes amis mais quand je l'ai ouvert...
Ne trouvant pas les mots, Mélodie ouvrit le médaillon, montrant ainsi à sa mère la chose inhabituelle dont elle avait témoin plus tôt dans la journée.
La bulle était toujours aussi lumineuse, mais ce n'était plus le château d'Atlantica qu'elle représentait.
C'était le château du regretté prince Éric.
Ariel fut stupéfaite, comme s'il venait de voir un fantôme.
— Ce... Ça date de quand ce changement ? demanda-t-elle.
— Ben... Je ne sais pas, répondit Mélodie. Je ne l'ai pas ré-ouvert depuis que nous nous sommes installé ici. Maman... Tu crois que ça veut dire quelque chose ?
— Je ne sais pas, lui répondit sa mère en prenant le médaillon d'un air grave. Il faut que j'en parle à ton grand-père...
— Tu crois que ça veut dire qu'il faut qu'on rentre chez nous ? Je veux dire... Au château de papa ? À la surface ?
Ce fut exactement ce qu'Ariel redoutait. Que sa fille en évoquât l'éventualité.
C'était évidemment impossible. Le château appartenait désormais au cousin Ulrich et les deux sirènes n'étaient plus les bienvenues, pour des raisons qui restaient en travers de la gorge d'Ariel.
Mais elle ne l'avait toujours pas dit la vraie raison de leur déménagement. À la base elle ne voulait faire subir à sa fille d'avantage d'émotions après le décès et l'enterrement de son père. Et le temps qu'elles furent installée, Ariel s'était davantage préoccupée de l'intégration de sa fille, espérant que de cette manière, Mélodie ne songerait plus à retourner à la surface.
À présent, elle n'osait lui dire la vérité, redoutant trop sa réaction. Surtout en sachant qu'elle faisait des progrès concernant son intégration. Et puis, elle ne voulait pas revivre le moment où elle avait dû lui annoncer le décès d'Éric, qui avait été déjà suffisamment difficile.
— Mélodie, chérie, je ne sais comment te le dire mais... Je crois qu'il vaut mieux... Qu'on tire un trait tomber le château de ton père, dit-elle finalement.
— Comment ça ? Tu veux qu'on l'oublie ?
— Oui... Enfin non, pas complétement, je veux dire... Qu'on tourne la page et qu'on passe à autre chose.
— Mais enfin, maman, on ne va pas le rater de notre vie comme ça ! Non pas que je ne me plais pas ici mais... Ça reste un peu notre chez nous, non ? J'y ai passé toute mon enfance ! Et toi même, toutes ces années passées avec papa, tu ne vas quand même pas... ?
— Je n'ai pas envie de parler de ça ce soir, Mélodie ! rétorqua Ariel d'un ton ferme et un poil agacée. Maintenant dors !
Tandis qu'Ariel quitta la chambre avec le médaillon à coup de nageoires décidé, Mélodie demi emmitouflée sous draps faits d'algues, fut surprise de l'attitude de sa mère. Ce n'était pas souvent qu'elle l'a voyait aussi autoritaire et surtout aussi tendue, elle qui d'habitude était plus du genre conciliante et facile à vivre, même face aux bêtises et aux négligences de sa fille.
Mais Mélodie savait d'expérience que quand sa mère était dans cette état, c'était bien que quelque chose de sérieux l'importunait, la chagrinait ou l'avait contrarié. Et elle était sûre d'une chose : cela avait un rapport avec le médaillon. Ou plutôt ce que le médaillon montrait.
Il lui fallait en avoir le cœur net.
Sur le chemin qui la menait à la chambre du Roi Triton, Ariel tomba sur Sébastien et Aquata discutant des derniers préparatifs pour le défilé de demain. Sa présence eut tôt fait de surprendre sa sœur aînée et le crabe.
— Je voudrais m'entretenir avec père ! leur demanda-t-elle avec fermeté.
— Il se repose, Ariel ! lui rétorqua Aquata. Attends plutôt demain.
— Demain sera une journée chargée avec le défilé ! lui répondit avec Ariel. Je dois lui parler tout de suite !
— Il est en plein examen médical ! l'informa Sébastien. Ce n'est vraiment pas le moment de l'importuner.
— S'il est en plein examen, c'est qu'il est encore éveillé, n'est-ce pas ? fit remarquer la sirène rousse.
Aquata lança un regard assassin au crabe qui se mordait les lèvres honteux d'avoir involontairement vendu la mèche.
Faisant fi des protestations de sa sœurs ainée, attirant de ce fait l'attention des autres sœurs sur le point de se mettre au lit, Ariel fit irruption dans la chambre de son père.
Celui était en pleine auscultation, aux soins d'un médecin poulpe, un tentacule posé sur poitrine du roi des océans et un autre plaqué contre ce qui lui faisait office d'oreille.
— Oh, Ariel ! s'exclama Triton d'une voix toujours aussi faible. J'ai bien peur que tu ne débarques au plus mauvais moment.
— Ce n'est rien, votre majesté ! tenta de relativiser le poulpe. J'avais fini de toute façon. Et sans vouloir être pessimiste, je dois dire que...
Le poulpe s'étrangla quand Triton se racla la gorge et lui lança un regard sévère qui n'échappa pas à l'attention d'Ariel. Elle connaissait que trop bien ce regard, chaque fois que quelque chose déplaisait au roi des océans.
— Que votre état est en train de se stabiliser ! dit le poulpe en tentant de se rattraper. Il n'y a plus qu’à croiser les nageoires pour que ça s'améliore d'ici peu. Bon ! Et bien je vais prendre congé ! Bonne nuit, Roi Triton ! Bonne nuit, mes princesse !... Et bonne nuit à vous aussi, Sébastien ! À la semaine prochaine !
Le poulpe quitta précipitamment la chambre en passant devant les filles du Roi Triton, comme s'il fut soudain pressé de quitter les lieux.
— Qu'est ce qu'il s'apprêtait à dire, au juste ! questionna Ariel qui n'était pas dupe et avait senti le ton pessimiste du poulpe juste au moment de partir.
— Ne t'occupe pas de ça, petite sœur ! vint la rassurer Andrina. Le docteur Octavius a toujours tendance à dramatiser quand il fait ses diagnostic !
— Elle a raison, Ariel ! s'empressa de confirmer le Roi Triton. Il n'y a pas de quoi en faire une montagne ! J'ai une santé de fer ! J'ai dois juste... Me reposer ! Mais que voulais-tu au juste, ma fille ?
Ariel se sentit soudain honteuse d'avoir débarqué de cette façon dans la chambre de son père pour le déranger. Avec tout ce qui venait de se passer ses derniers temps, elle avait oublié la raison pour laquelle le Roi Triton était cloué au lit. Et son état n'avait pas l'air de s'arranger, malgré ce qu'il tentait de faire croire.
Mais il était trop tard pour la sirène rousse de faire machine arrière. D'autant qu'elle n'avait que trop besoin d'explications.
— Et bien... J'aimerais que vous m'éclairez sur ce médaillon, dit-elle enfin en déposant ledit médaillon sur le lit de son père.
— Attends... Serait-ce... Mon cadeau de naissance pour Mélodie ? s'exclama Triton tandis qu'il prenait le pendentif avec délicatesse, les larmes aux yeux. Celui que j'ai confectionné... Pour ma première petite-fille ? Par Neptune ! Cela remonte à si loin... Ça ne le rajeunit pas !
Voyant son père se perdre dans ses souvenirs tandis qu'il contemplait le médaillon avec mélancolie, Ariel s'impatienta et se sentit forcée de le rappeler à la réalité :
— Je ne voudrais pas vous priver de vos bons souvenirs mais... Il y a quelque chose d'étrange avec ce médaillon... Ouvrez-le et voyez par vous-même !
Triton s'exécuta. De nouveau la bulle lumineuse apparut depuis le pendentif ouvert et montrait derechef le château du regretté prince Éric.
— Hé ! Mais je la reconnais, cette bâtisse ! s'exclama Sébastien. C'est celui avec ce chef cuisinier fou !
— Je... Ne vois toujours pas où est le problème, dit Triton perplexe.
— Lors du baptême de Mélodie, vous lui en avez fait cadeau afin qu'elle se rappelle de son héritage de sirène, lui rappela Ariel. D'où l'image d'Atlantica que ce pendentif est censé montrer... Jusqu'à ce que nous elle eménagions ici.
— Oh ! Ça y est ça le revient ! s'exclama Triton pris d'une soudaine illumination. C'est vrai ! Je l'avais enchanté de manière à ce que Mélodie garde toujours un souvenir de ses vrais origines où qu'elle soit. J'ignorais cependant que l'enchantement prenait en compte ses origines humaines et changerait en fonction de son habitat.
— Des fois, vous vous épatez vous même, votre majesté ! commenta Sébastien obséquieux.
— C'est malin ! pesta Ariel. À l'heure qu'il est, Mélodie doit penser que ça signifie qu'elle doit retourner à la surface.
— En quoi est-ce un problème ? demanda Arista indiscrète. Toi qui a toujours eu une obsession pour la surface et qui y a vécu pendant douze ans, ça devrait te plaire non ?
— Mais vous ne comprenez pas ! s'impatienta Ariel. C'est impossible !
— Comment ça ? lui demanda innocemment Arista.
— Nous ne sommes plus les bienvenues dans notre ancienne demeure !... On nous y a chassé...
Devant les regards incrédules et interdits de ses sœurs, son père et de Sébastien, elle se rappela qu'elle ne les avait toujours pas informé de son retour à l'océan. Pour sa défense, personne ne lui avait posé de question à ce sujet.
— Je... Je crains que... J'ai peut-être omis de vous expliquer la raison pour laquelle... J'ai décidé de nous installer ici, Mélodie et moi. La vérité, c'est que nous n'avions pas eu le choix.
Elle leur expliqua alors son entrevue avec le cousin Ulrich et le notaire, le testament d'Éric elle ne savait où et elle ne savait comment ainsi que la stupide loi empêcher elle et sa fille d'être bénéficiaire des possessions de son défunt mari sans document pour le certifier. Et enfin comment elles durent quitter les lieux à la demande du cousin.
— Mais c'est horrible ! s'indigna Arista.
— C'est injuste ! s'indigna également Andrina.
— Comment peuvent ils de faire ça ! s'indigna à son tour Adela.
— Ah mais je l'ai toujours dit ! intervint Sébastien toujours aussi moralisateur. Le monde humain, c'est la pagaille ! Sous l'océan, jamais in ne se permettrait ce genre de...
— Sébastien, ce n'est pas le moment ! l'interrompit Alana.
— Alors c'est là la vraie raison de ton retour parmi nous ! dit soudain Aquata avec un ton accusateur visant sa benjamine. Et nous qui croyons que c'était parce que tu avais le mal du pays. Que nous te manquions. Nous, ta famille, que tu as laisse tomber pour...
— Aquata ! Ne commence pas... S'il te plaît ! l'interrompit le Roi Triton.
— Je me doutais que cette explication vous déplairait, confessa Ariel honteuse.
— Hé, attend petite sœur ! intervint Alana. Tu n'as pas à te justifier. Personne ne t'en veut d'être partie vivre à la surface... Mis à part quelques rabat-joies. Et encore moins d'être rentrée parce que t'y était obligée.
— Et puis nous sommes ta famille, ajouta Andrina. Il est normal que nous vous hébergeons toi et Mélodie parce que vous n'avez nulle part où aller. Cela nous fait très plaisir, crois moi. D'ailleurs, on est toute contente que tu sois rentrée.
— Il n'empêche que nous demander l'asile après t'être enfuie de la maison et nous avoir snobé pendant dix ans, c'est un peu léger, intervint Attina qui s'était rangée du côté de sa sœur aînée.
— Oh, lâche-la un peu ! lui rétorqua Alana. Tu sais que ce n'est pas sa faute !
— C'est vrai ! la soutint Andrina. C'est cet oiseau de malheur qui s'est perdu en chemin.
— Et je vous jure que je n'ai jamais eu l'intention de vous "snober", tenta de se défendre Ariel. Jamais je n'aurais pu me permettre ! Vous êtes ma famille !
— Cela ne te pas empêcher de t'enfuir de la maison ! lui rétorqua Aquata avec amertume. Ni de pactiser avec cette...
— ASSEZ ! SILENCE ! s'écria le Roi Triton.
Ses sept filles se turent aussitôt, toute surprises par le ton fort et énervé que le roi des océans venait d'employer malgré son état.
— Majesté, vous ne devriez pas vous époumoner de la sorte ! tenta de le calmer Sébastien. Il faut vous reposer.
— Je ne vous... ai pas confié... les rênes du royaume... pour que vous vous querelles... comme des requins se disputant une carcasse ! les gronda le Roi Triton qui avait visiblement perdu de son souffle. Le jour où je me retirerai de ce monde, j'attends de vous sept que vous assurez la gouvernance de ce royaume dans la paix et l'harmonie.
— Oui, père, répondirent ses sept filles à l'unisson. Excusez-nous, père !
— Surtout toi Aquata, s'empressa d'ajouter Triton avec une certaine insistance. Je sais que la couronne te pèse mais tu te dois de montrer l'exemple. Pour tes sœurs et tes sujets.
— Mais je... Entendue, père, répondit Aquata.
— Maintenant, veuillez me laisser je vous prie ! leur ordonna le roi des océans. J'ai besoin de repos.
Les princesses sirènes ne se le firent pas dire deux fois, se retirèrent et retournèrent à leur appartements après avoir souhaité bonne nuit à leur père.
Seule Ariel resta un moment dans la chambre du roi, confuse d'avoir été à l'origine d'autant de grabuge malgré la condition de son père et s'empressa de s'excuser auprès de lui :
— Père, je suis désolée de vous causez autant de soucis. C'est juste que...
— Tu t'inquiètes pour ta fille, l'interrompit Triton d'un ton calme et reposé. Je sais ce que tu ressens. D'autant que cette petite... Je l'ai vu dans son regard, elle te ressemble plus que tu ne peux l'imaginer.
— Je sais, lui répondit Ariel. Et c'est bien ce qui m'inquiète.
— Allons, mon enfant, la rassura son père. C'est bien à ça que servent les parents...
Malgré la demande de sa mère de rester au lit, Mélodie avait tenu à comprendre ce qui l'a tracassait tant avec le médaillon. Mais elle n'avait pu se permettre de la suivre en filature, elle se serait faite trop facilement et bêtement repéré.
Elle s'était néanmoins que sous l'eau, elle n'avait plus à s'en faire de la gravité et avait eut donc l'idée de sortir par le trou qui faisait office de fenêtre dans la chambre.
Elle avait pris soin de raser les murs pour éviter d'attirer l'attention des gardes et avait fini par atteindre les "fenêtres" de la chambre du Roi Triton d'où elle pouvait tout entendre.
Elle était arrivé au moment où sa mère expliquait à ses sœurs les vraie raisons pour lesquelles elles avaient dû emménager sous l'océan. Et elle en fut estomaqué.
C'était pire que le soir où sa mère avait dû lui expliquer qu'elle ne reverrait plus jamais son père. Pour le coup, elle lui avait caché le fait qu'on leur avait privé du château de son enfance pour des raisons qui dépassaient son entendement.
Et le cousin Ulrich. Lui qu'elle avait toujours vu comme un ami proche de son regretté père, elle n'aurait jamais cru ça de lui. Comment avait-il pu se permettre d'agir de la sorte envers Mélodie et sa mère ? Leur ordonner de quitter les lieux ? Les chasser du château qui fut autant leur maison à elles qu'il ne sera jamais la sienne à lui ? Cela ne pouvait être un homme et encore un noble. Cela ne pouvait être qu'un monstre ! songea Mélodie sous le choc.
Seul l'appel au calme de son grand-père avait su arracher la jeune sirène de ses pensées. Et quand le roi des océans ordonna à ses filles de prendre congé, elle comprit qui lui fallait au plus vite rejoindre sa chambre avant que sa mère ne remarque son absence à son retour. Elle s'y rendit donc prestement, oubliant toute discrétion mais retrouva son lit sans incident. Ariel n'était pas encore rentrée.
Elle en profita pour s'emmitoufler sous sa couverture, comme si elle n'avait jamais quitté le lit. Toujours sous troublée par ce qu'elle venait d'entendre, elle étouffa son visage dans son oreiller-éponge. Perdre en aussi peu de temps son père, leur château familial et avec eux tant de joyeux souvenirs, c'en était trop pour elle.
Elle dût se taire quand elle entendit sa mère revenir dans la chambre dans le plus grand des calmes. Elle fit semblant de dormir quand la mère reposa finalement le médaillon sur sa table de chevet et lui laissa un baiser sur la joue avant d'aller au lit à son tour.
Tandis qu'Ariel s'abandonnait au sommeil, Mélodie passa la nuit à ruminer sa colère et sa peine. Elle ne put s'empêcher d'en vouloir à sa mère de lui avoir cacher la vérité. Elle était pourtant consciente qu'elle n'était pas la plus à blâmer dans l'histoire, qu'elle ne pouvait pas y faire grand chose même si elle l'aurait voulu et elle se doutait qu'elle devait avoir ses raisons. Mais elle aurait tout de même préféré que sa mère fut plus honnête avec elle, qu'elle n'eût pas à apprendre la vérité dans de tels circonstances.