Retour à l'océan

Chapitre 5 : Bienvenue à Atlantica

3798 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 21/10/2021 18:55

En compagnie de leur famille ainsi que Max désormais un chien-phoque, Ariel et Mélodie prirent la route pour Atlantica, leur nouvelle maison.

Non sans avoir préalablement retiré leur vieille robe qui les gênait pour nager, les laissant ainsi avec leur corset. Ni sans avoir récupéré le coffre à jouet de Mélodie soigneusement mis à l'eau par les marins avant qu'ils n'abandonnassent les sirènes pour retourner au port. Un coffre contenant quelques jouets que Mélodie voulait garder ainsi que des souvenirs chers à Ariel. Le coffre fut tellement lourd que malgré les protestations d'Ariel qui tenait à le porter elle-même, Aquata insista pour l'amener dans les appartements de sa sœur cadette par deux de ses gardes royaux.

Finalement, tout ce beau monde rentrèrent au royaume d'Atlantica. On aurait dit une antique cité, une de celles avec des bâtiments constitués de plusieurs rangées de colonnes, qui aurait été englouti sous les eaux plusieurs siècles auparavant pour être recouverte d'algues et de coraux en tout genre et peuplée par divers créatures marines.

Nageant maladroitement avec sa queue de poisson toute neuve et se laissant guider par sa mère qui l'a tenait par la main, Mélodie était à la fois émerveillée par ce nouveau monde qui venait de s'ouvrir à elle, comme si elle était en train de rêver tout en restant éveillée, et à la fois stupéfaite et gênée par tous ses nouveaux visages. Notamment celles de ses six tantes, toutes des sirènes d'âge mûr et plus âgées que sa mère, qui l'observait avec attention, clairement enchantée de voir leur nièce grandie et épanouie. Mélodie pouvait même en entendre une chuchoter à sa sœur combien "elle ressemblait à sa mère quand elle avait le même âge mais en brune". Malgré ça, la jeune fille se sentit gênée à l'idée de susciter tant d'attention. Sans compter qu'elle ne parvenait pas à identifier ses tantes ou même à retenir leurs noms. Elle avait seulement retenue qu'elles commençaient et se terminaient toutes en A.

Ariel de son côté se sentit de nouveau à la maison. Une sensation qu'elle ne pensait pas ressentir de sitôt s'il n'y avait pas eu le décès prématuré d'Éric et cette histoire d'héritage qui lui restait en travers de la gorge.

Sur la route du palais, beaucoup voulurent approcher la fille cadette du Roi Triton que personne n'avait vu pendant une dizaine, voire une douzaine d'années, ainsi que Mélodie, la fameuse "fille de la Terre et de la Mer". Mais ce fut finalement la présence de Max qui suscita le plus leur attention. Ce curieux hybride de chien et de phoque qui ne pouvait s'empêcher de batifoler comme il avait l'habitude de faire dans jeunesse. Il semblait même avoir pris un coup de jeune, sachant qu'il avait atteint un âge avancé pour un chien.

Le fait que Max attirait toute l'attention sur lui ne déplaisait pas Ariel pour autant, ayant déjà eu la réception qu'elle espérait avant de redevenir sirène et qui maintenant ne demandait plus qu'à rentrer chez elle. Cela dérangeait encore moins Mélodie, toujours trop timide pour affronter une foule. Cela l'arrangeait même que Max tînt à distance les curieux trop peureux pour approcher un animal que personne n'avait jamais vu.


— Bienvenue à la maison, Ariel ! lui déclara Polochon quand ils arrivèrent au portes du palais du Roi Triton.

— Merci, Polochon, lui répondit la sirène aux cheveux roux.

— Nous avons réaménager ton ancienne chambre de manière à ce que vous soyez logées comme des reines, toi et ta fille, lui dit Attina, la plus organisée de la famille.

— Ah bon ? Mélodie et moi allons dormir dans la même chambre ? demanda Ariel interloquée.

— Oui mais ne t'en fais pas, vous aurez votre propre lit chacune, tenta de la rassurer Andrina, la plus coopérative.

— C'est gentil mais... Je pense que Mélodie préférera avoir sa propre chambre, tenta d'expliquer Ariel. Elle a atteint un âge où elle demande plus d'intimité et...

— Il faudra qu'elle fasse avec, lui rétorqua Attina. Les autres chambres sont réservés aux domestiques et aux invités.

— Et ne t'en fais pas pour l'intimité, on a installé une cloison entre vos lits respectifs, l'assura Alana, la plus compatissante.

— D'accord... Est-ce que Mélodie et moi pouvons rendre visite à père avant de nous installer ? demanda Ariel.

— Bien entendu ! répondit Sébastien. Mais d'abord, la chanson de bienvenue !

"Une chanson de bienvenue ?"

Ariel n'eut pas le temps de demander le pourquoi du comment qu'à peine entrée dans le grand hall du palais, elle se vit accueillir par toute une troupe de poissons-musiciens ainsi que d'une rangée de jeune sirènes ayant le même âge que Mélodie se tenant au toute garde-à-vous... passé l'étonnement à la vue du chien-phoque.

Parmi les enfants sirènes, l'une d'entre elles au centre, blonde et soigneusement coiffée, la queue de poisson couleur bleu cyan, tenait dans ses mains un bouquet de fleurs marines qu'elle tendit respectueusement à la sirène aux cheveux roux.

— Pour vous, princesse Ariel ! dit-elle poliment.

— Calypso ! la présenta Sébastien. Ma meilleure chanteuse de mon cours de musique ! La plus prometteuse ! Elle pourrait devenir ta rivale ! (il fit un clin d'œil complice à la sirène rousse)

— C'est très gentil à vous ! dit Ariel en acceptant poliment le bouquet. Mais il ne faut pas vous donner toute cette peine...

— Tu n'es pas sérieuse ! offusqua le crabe. Ses enfants se sont donné du mal pour répéter la chanson que j'ai composé en ton honneur ! Et tu voudrais refuser leurs efforts ?

— Non-non ! Bien sûr que non ! s'empressa de répondre Ariel prise au dépourvue et voulant rattraper le coup. Je vous en prie, nous vous écoutons !

La troupe se mit en place devant Ariel, ses sœurs et sa fille qui impressionnée par leur nombre resta dissimulée derrière sa mère, timide.

Sébastien se saisit d'une baguette et en bon chef d'orchestre, commença à l'agiter en l'air pour donner le tempo.

— Dîtes, depuis combien de temps ils ont planifié cette chanson ! demanda discrètement Ariel à ses sœurs durant l'introduction.

— Aussitôt qu'il nous a annoncé ton retour, lui répondit Arista.

— Et il a eu le temps de planifier une chanson en si peu de temps ? demanda Mélodie étonnée.

— Tu ne connais pas Sébastien ! lui rétorqua Adella. Il est assez doué pour cela.

Sous la direction du crabe, les enfants sirènes entamèrent leur chant :


Soyez les bienvenues,

Vous qui venez d'au-dessus,

Dans notre royaume sous-marins,

Où nous faisons les malins.


Cadette du roi des mers,

Fille de la mer et de la terre,

Vous nous arrivez à bon port,

Votre présence nous honore.


La chanson finie, Ariel applaudit poliment les musiciens et la chorale avant de demander si elle pouvait enfin voir son père.

Ses sœurs l'escortèrent, elle et Mélodie, jusque dans les appartements royaux, laissant Sébastien seul dans le hall avec Polochon tandis que les musiciens se retirèrent.

— Elle n'a pas aimé, n'est-ce pas ? demanda nerveusement Sébastien au poisson jaune. Je sens qu'elle n'a pas aimé. Elle a dû trouver que c'était moins bon que du temps où elle vivait parmi nous. Je me fais vieux, Polochon.

— Allons, Sébastien ! le rassura Polochon. Ce n'était pas si mal !

— Ça a été préparé en l'honneur de notre chère Ariel et de son retour tant attendu ! se plaignit le crabe. Le témoignage de la joie que son retour nous procure ! Et je l'ai bâclé !

— T'avais à peine deux jours pour tout préparer ! tenta de relativiser le poisson. Je connais peu qui en soit capable ! Et puis au moins, elle est restée jusqu'au bout, cette fois.


— Il faut qu'on te prévienne avant que tu ne le voies ! avertit Arista tandis que les sept sœurs progressaient dans le couloir menant à la chambre du Roi Triton. Il n'est plus très en forme ses derniers temps et il fait un peu peine à voir. Il n'a même plus la force de nager, c'est dire !

— C'est pour cette raison qu'il n'a pu se déplacer pour t'accueillir, ajouta Alana. Pauvre papa, il est cloué au lit.

— Mais c'est horrible ! s'exclama Ariel stupéfaite. Mais qu'est-ce qu'il lui arrivé ?

— On ne sait pas exactement mais on suppose que ça a commencé avec le siège des hommes-requins d'il y a trois ans, expliqua Attina.

— Il y a eu un siège ? Les hommes-requins vous ont attaqué ?

— Et tu as bien fait de ne pas être présente, lui rétorqua amèrement Aquata. Ce n'était pas beau à voir.

— On a dû tous nous retrancher dans le palais tant ils avaient gagné du terrain, expliqua Arista. Père et ses gardes ont su les repousser à tant mais il en est sorti salement blessé.

— On pense que c'est à partir de là que son état s'est aggravé, dit Alana. Vois-tu, comme il a été touché à la queue, il pouvait à peine nager. Alors on a dû le clouer au lit le temps qu'il se rétablisse.

— Sur le moment, on pensait que cela suffisait, intervint Andrina. Le médecin nous avait certifié qu'il avait juste besoin d'un peu de repos et qu'il récupérerait sous peu. Au lieu de ça...

— Il a contacter une maladie que nos médecins n'arrivent toujours pas à identifier, dit Attina. On suppose que sa blessure a dû s'infecter. On sait juste que ça l'affaiblit de jour en jour et tout ce qu'on peut faire c'est atténuer la douleur.

— Et c'est comme ça que j'ai dû prendre le relais en tant que reine d'Atlantica, ajouta finalement Aquata en brandissant le Trident de son père.

— Donc ne sois pas trop surprise s'il te parait... moins en forme que d'habitude, prévint Adella.

Ariel ne sut quoi répondre face à de ce flot de révélations. Jamais elle ne s'était imaginé que sa famille ni son royaume pouvait subir tant de tourments en son absence. D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, le principal fléau qui tourmentait Atlantica c'était Ursula qui, malgré son bannissement, manipulait des âmes en peine, les obligeant à conclure un pacte avec elle avant de les duper et les transformer en polype. Et la jeune sirène rousse en savait quelque chose pour avoir figuré parmi ses dernières victimes et eu un aperçu de celles qui l'avaient précédé. Mais Ursula n'était plus. Elle avait péri embrochée et électrocutée peu de temps avant qu'Ariel ne quittât l'océan pour de bon. Son royaume était libéré de son influence néfaste. Et apparemment, ça ne suffisait pas à lui assurer une paix durable.

Et dire qu'Ariel avait renié les siens en pensant à tort qu'ils avaient renié, alors qu'ils devaient faire face à de nouveau tourments. Comme l'attaque d'ennemis ancestraux aux sirènes ou la maladie incurable du roi des mers.

Ariel en vint à se demander si elle n'aurait pas mieux fait de rester, si sa présence aurait changé quelque chose.


Les huit sirènes (si l'on comptait les sept filles de Triton et sa petite-fille, Mélodie) arrivèrent finalement devant la porte de la chambre du Roi Triton, dont les battants étaient composées de gigantesque coquilles Saint-Jacques.

— Es-tu bien sûre de voir père, petite sœur ? demanda Alana soucieuse.

— Je dois le voir ! répondit Ariel avec fermeté. Après toutes ces années, je me dois lui rendre visite !

— Moi aussi, je veux le voir ! intervint Mélodie. Je veux dire... C'est mon grand-père, n'est-ce pas ? J'aimerais le rencontrer, moi aussi.

"Brave Mélodie !" songea la sirène rousse. Elle ne pensait l'obliger à rencontrer son grand-père avant d'être sûre qu'il était en état de recevoir de la visite.

— Très bien, puisque vous insistez ! dit Aquata qui se tournait vers la porte. Par contre, il serait préférable que... peu importe comment vous appelez cet animal à poil long reste à l'extérieur.

Ariel comprit qu'elle faisait référence à Max et ne vit aucune objection.

Aquata frappa donc à la porte.

— J'ai déjà dit que j'ai eu ma dose de médicaments pour cette semaine ! pouvant entendre de l'autre côté.

C'était bien la voix de Triton, qu'Ariel n'avait pas entendu depuis plus de dix ans. Cette voix habituellement forte et autoritaire qui à présent trahissait l'épuisement rien qu'à l'écoute.

— Ariel est rentrée, père ! annonça Aquata en poussant légèrement le battant de la porte. Elle est avec sa fille et elles voudraient te voir.

— Ariel ?... Ma petite Ariel ? Ici ? Mais qu'on la fasse entrer, par Neptune ! pouvait-on entendre crier l'ancien roi des mers.

Ariel entra donc dans la chambre avec Mélodie et vit son père allongé sur son lit royal. Elle fut stupéfaite de constater qu'il avait considérable maigri, elle qui l'avait toujours connu comme un malabar d'aussi loin qu'elle s'en souvenait. Au moins, il avait toujours sa barbe épaisse, ses longs cheveux blancs avec la raie bien au milieu et ses sourcils broussailleux. Il ne portait plus sa couronne qui coiffait désormais sa fille ainée mais portait toujours ses brassards en or aux avant-bras, malgré le fait qu'elles semblaient désormais trop grandes pour ses bras amaigris.

— Ariel... Est-ce bien toi ? demanda Triton tandis qu'il se relevait péniblement sur ses coudes.

— C'est bien moi, père ! répondit Ariel qui approchait doucement de son paternel. Je suis bel et bien de retour. Et Mélodie est avec moi.

— Grand-père ?

— Approchez... Que je puisse mieux vous voir.

Ariel remarqua que son père avait le regard vitreux. Sa vue avait dû se détériorer avec la maladie. Elle et sa fille s'avancèrent donc jusqu'à son chevet de lit.

Triton s'attarda d'abord sur sa petite fille qu'il contempla de ses yeux vitreux et de ses mains.

— Tu es magnifique ! lui dit l'ancien roi des mers ému. Tu me rappelles ta mère quand elle avait ton âge ! Dire que la dernière fois que je t'ai vu, tu n'étais pas plus grande qu'un poisson globe ! (Il se tourna vers sa fille cadette) Et toi, ma petite Ariel... Comme tu as changé, toi aussi ! Te voilà une grande sirène ! Ah, si seulement ta mère était encore présente pour vous voir tous les deux...

Ariel n'avait pas laissé son père venir au bout de sa phrase qu'elle s'était empressée de l'enlacer, au bord des larmes. Elle fut suivie par Mélodie qui se mêla aux embrassades.

— Oh père ! Si vous saviez comme je suis désolée de ce qui vous arrivé ! se lamenta Ariel. Si j'avais su, je serais rentré plus tôt...

— Allons, ma chérie, ce n'est rien ! la rassura son père. Tu n'as pas en t'en faire pour ça.

— Mes tantes nous ont expliqué que c'était grave, intervint Mélodie.

— Mais non, elle exagèrent ! insista Triton. Vous n'avez pas à vous en faire, je vous dit ! Un bon traitement, un peu de repos et je serais de nouveau sur mes nageoires d'ici peu. Et vous, alors ? Comment vous vous portez ? J'ai appris pour Éric et... Si vous saviez comme je suis désolé.

Il était vrai que malgré l'aversion que Triton nourrissait envers les humains, il avait témoigné un certain respect pour Éric, principalement pour le rôle qu'il avait joué dans la défaite d'Ursula. Lui ainsi que tout l'océan lui devait une fière chandelle pour cet humain, pour son courage et son abnégation. Sa mort prématuré avait dû être un choc autant pour Triton et ses sujets que pour sa femme et sa fille.

— On n'a connu des jours meilleurs, Mélodie et moi, répondit Ariel. Mais on tient le coup. Et puis... c'est ce qu'Éric aurait souhaité.

— C'est bien... C'est une bien pénible épreuve, ce que vous vivez là. J'en sais quelque chose. Et franchement, j'admire le courage dont vous faites preuve, toutes les deux. Je dois dire que je vous envie.

Ariel comprenait que son père faisait référence à la disparition de sa femme, la reine Athéna, lorsqu'il parlait de "pénible épreuve". La sirène rousse était trop jeune pour se rappeler des événements exacts mais elle avait cru comprendre que sa mère avait été capturée par des humains, prise dans un de leur filet de pêche et que plus personne ne l'avait revu depuis. On supposait même que ses ravisseurs l'avait écaillée et faite frire comme un vulgaire poisson — ce dont Ariel en doutait depuis son séjour sur la terre ferme où elle s'était rendu compte que les humains, bien que friands de poissons, de crustacés et autres fruits de mers pour la plupart, considéraient ses semblables comme tout sauf de vulgaire poisson à frire, plus comme des créatures à craindre ou à respecter selon les marins ou des fables pour les plus sceptiques.

Toujours est-il que ce Triton avait très mal digéré les circonstances de la disparition de sa femme, même dix ans après. Non seulement il en était devenu plus strict, disciplinaire et sur-protecteur vis à vis de sa famille et de ses sujets, il avait développé une aversion envers les humains et tout ce qui venait de la surface, au point de virer à l'obsession. La simple mention d'un humain, qu'un de ses enfants soit monté à la surface ou la simple présence d'un objet humain, aussi inoffensif fut-il, suffisait à le faire sortir de ses gonds et à le rendre violent, voire abusif. C'était d'ailleurs ce qui l'avait éloigné d'Ariel, qui à l'époque avait nourri une curiosité et une fascination pour le monde des humains malgré leur implication dans la disparition de sa mère, et l'avait poussé à accepter cet horrible pacte avec Ursula. Et il avait fallu qu'Éric en vînt bravement à bout de la sorcière afin de sauver celle qu'il aimait, la sirène qui l'avait sauvé de la noyade, pour que Triton s'adoucît et reconsidérât son avis sur les humains. Ça et les remords qu'il avait eu suite à la fugue de sa fille cadette.

Et puis la reine Athéna était connue de son vivant pour sa douceur, sa bienveillance, sa clémence et son ouverture d'esprit. Qu'importait les circonstances de sa disparition, elle aussi aurait souhaité que son mari fît son deuil, allât de l'avant et que ses filles fussent heureuses, peu importait avec qui elles refaisaient leur vie.

De plus, ce n'était pas comme si Éric était impliqué dans ce drame. Lui même avait reconnu tout ignorer quant à l'existence des sirènes avant sa rencontre avec Ariel.

En comparaison, Ariel avait effectivement mieux tenu bon face à la mort prématuré d'Éric en une semaine que son père en dix ans. En tout cas, elle tenait bon pour l'instant...


Les portes de la chambre s'ouvrirent de nouveau et ce furent Aquata, Alana et Sébastien qui se tinrent devant le seuil.

— Nous venons vous informer que le banquet de ce soir est bientôt prêt, annonça le crabe.

— À la bonne heure ! s'exclama Triton.

— Un banquet ? Mais en quel honneur ? demanda Ariel incrédule.

— Mais de votre retour, bien entendu ! dit Sébastien. Qu'est-ce que tu crois !

Une chanson et un banquet de bienvenu ! La sirène rousse était de plus en plus touché par l'attention que lui portait ses semblables, après toutes ces années. Elle même ne demandait pas tant.

— J'aurais bien aimé m'y joindre mais... dans mon état actuel, je ne pense que je pourrais en profiter, dit Triton.

— Il faut surtout que vous vous reposez, père ! lui dit Aquata avant de se tourner vers Ariel et sa fille. Quant à vous deux, vous avez juste le temps de vous changer et d'adopter une tenue plus... adéquat.

Il était bon de se rappeler qu'Ariel et Mélodie portait toujours leur corset de quand elle vivait à la surface, ce qui était encore trop extravagant pour des sirènes généralement vêtu de soutien-gorge fait de coquillage ou d'algue. La sirène ne vit aucune objection, elle se ferait même un plaisir de retrouver sa tenue d'autant. Mélodie, cependant...

— Mais je n'ai rien pour me changer ! dit-elle en couvrant son corsage de ses bras, pudibonde.

— Ne t'en fais pas, ma chérie ! la rassura Ariel. Je suis qu'on va te trouver quelque chose. N'est-ce pas ?

— Mais bien sûr ! répondit Alana en entraînant sa nièce. Viens, ma petite Mélodie ! On va te trouver quelque chose.

Ainsi Mélodie quitta la pièce en compagnie de sa plus jeune tante, laissant Ariel culpabilisant à l'idée d'abandonner son père dans son état.

— Vous êtes sûr que ça va aller ? lui demanda-t-elle.

— Bien sûr, que ça va aller ! lui répondit Triton. Va donc te changer et profitez du banquet pour moi !

— Dans ce cas... Prenez soin de vous !

— Ne t'en fais pas pour ça ! Je serais frais comme un gardon, d'ici peu !

Ce fut sur ses mots qu'Ariel quitta la chambre en compagnie de Sébastien qui l'escortait vers ses vieux appartements, laissant ainsi Triton avec sa fille aînée.

— Vous ne lui dîtes pas la vérité ? questionna Aquata d'un ton accusateur une fois sa sœur cadette hors de portée d'oreille.

— À propos de quoi ? demanda Triton feignant l'ignorance.

— La vérité sur votre état de santé actuel ! répondit Aquata dont la voix trahissait l'impatience.

— Pour la remettre dans tous ses états, après ce qu'elle vient de traverser ? s'offusqua Triton. Tu es folle ma parole !

— Père, vous savez la vérité ! la rappela à l'ordre Aquata. Vos médecins et vos six premières filles le savent ! Et pour la dernière, vous préférez la garder dans l'ignorance ?

— Laisse-la d'abord profiter de son retour à la maison et on en reparlera ensuite ! lui rétorqua sévèrement Triton. En attendant, cela doit rester confidentiel ! Autrement dit, pas un mot domestiques et surtout pas Sébastien !

— Il en sera fait selon vos désirs, père ! répondit obséquieusement Aquata.

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