En Passant - partie 2

Chapitre 13

7914 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 10:15

Bonjour à tous ! Et voici le chapitre 13… Qui ici serait le chiffre du bonheur parce que… Bon je vous laisse lire :3 A toute ~

Encore un grand merci à tous ceux qui me suivent ! Et encore désolée pour le chapitre 12, il était moyen à mon goût.

Tites réponses aux reviews :

Magalie : nouveau hobby : mettre Eren dans l’embarras à chaque chapitre. Héhé, merci pour tes encouragements :3 Ca m’étonne pas si tu avais trouvé une partie du scénario XD Je suis parfois choquée par mes certains manques d’imagination !

GwenTheWhiteTiger : C’était donc toi Claire ! O.O choquée… Je garde le nom que tu as choisis, GwenTheWhiteTiger, en respect pour la chanson de Izzy Bizu que j’adore *-* Je vais pas vraiment écrire du cul je l’ai jamais fait et je pense pas être très douée pour ça surtout en ce qui concerne deux mecs XD Donc don’t worry

Eden661 : Argh ça me saoule ! Je reçois jamais tes reviews par mail… Je sais pas… Gmail t’aime pô .-.  Heureusement que je vérifie sur le site de fanfic ! J’ai bien failli te zapper au dernier chapitre XD Bref, sinon. Comme tu dis une petite paire de claque et tout rentre dans l’ordre ! Chuis contente de te faire aussi bien rire :3 Jette-moi encore des fleurs *^*

Guest : Huhu, le bisou arrive attention les yeux !!! Fluff fluff fluff ! Ou pas. XD Non en fait là je vais les faire perdre la mémoire tous les deux et ils vont plus jamais se revoir et si c’est le cas ben ils s’aimeront pas ils trouveront l’autre trop con et – désolée que ça soit tombé sur toi… J’arrête promis ( °3° ) [j’espère que t’as pas commencé à croire ce que j’ai raconté o.o]

Airi-chan787 : Ouuaiiis une fan de mwa ! :33 Lance-moi encore et encore des fleurs s’il-te-plaît, j’adore ça XD !!! Suis contente que mes descriptions de leurs sentiments t’aient conquise, je t’avoue avoir un peu peur de m’emmêler les pinceaux parfois ! Et voici le prochain chapitre ~ Prépare-toi à baver vers la fin… Bon non pas trop, mais bon… Profite ! Et merci pour ta review \( *-* )/

Bonne lecture !

********************

Nous étions un vendredi. Aujourd’hui Eren terminait assez tard, à vingt-heures trente. Cela faisait maintenant huit jours que le brun n’avait pas eus de nouvelles du noiraud. Aucun message, rien. Il faut dire que lui non plus ne lui parlait pas. Il était vrai qu’il avait eu besoin d’espace pour réfléchir, et Levi le lui en avait plus que donné ! Il ne demandait pas tant. En fait il demandait même moins. Après ça devait sans doute être à lui de le contacter afin de lui donner sa réponse, mais… Il s’accouda sur le rebord de la fenêtre en soupirant. Les choses qui nous tiennent à cœur sont parfois vraiment difficiles à gérer. En effet il avait beaucoup trop le trac d’envoyer un message à l’avocat, lui exposant ainsi son avis plus que positif sur le sujet. Ça serait un peu comme une déclaration non ? Il se doutait que ses sentiments étaient un minimum partagés, mais peut-être que Levi n’était pas tout à fait prêt à lui offrir ce qu’il demandait. A moins que ça ne soit lui-même justement, qui n’était pas prêt. A peine empoigna-t-il son portable dans l’objectif d’écrire un sms au noiraud que sa poitrine le serra douloureusement et un frisson remonta le long de ses bras, marquant sa peau d’une jolie chair de poule. Il rangea son téléphone dans sa poche avec énervement, s’en voulant à lui-même. C’était son devoir de faire le premier pas, et il flanchait comme un con. Ça le mettait tellement en rogne.

« Oh Eren ! Nan mais pourquoi je dois sans arrêt te rappeler à l’ordre sérieux ? s’en prit à lui Jean, les bras croisés dans l’entrée. Y a la madame qui attend sa piqûre je te signale.

- Pas de soucis jeune homme, intervint ladite madame, une femme âgée assez menue.

Le brun se dirigea vers eux, furieux de se faire mettre ainsi la honte par cet idiot de blond.

- Il ne faut pas dire ça vous savez, riposta Jean en s’adressant à la petite mamie. Sinon il va recommencer et trop se conforter dans ses idées.

- Eh tais-toi un peu tu veux ? grogna Eren. Et va faire ton travail au lieu de t’occuper de moi.

Puis, se tournant vers la patiente, il ajouta :

- Excusez-moi, je m’occupe de vous tout de suite.

- J’espère que j’aurai plus à te reprendre en train de glander, grommela le blond en s’éloignant.

- C’est ça.

Merde quoi, Levi était un adulte non ? Il devait savoir ce qu’il voulait, sinon cela ferait belle lurette qu’il l’aurait repoussé. Si Eren ne parvenait pas à lui parler c’était en fait parce qu’il ne lui était jamais arrivé de ressentir pareilles émotions en compagnie de quelqu’un. C’était lui qui d’habitude jouait les jolis cœurs, à n’en faire qu’à sa tête lorsqu’il était dans une relation, et ce même si son compagnon ou sa compagne l’aimait vraiment. Ouais il déconnait un peu trop parfois, et il en avait conscience. Mais cette fois-ci, avec le noiraud, il était totalement pris au piège. Pour la première fois il devait affronter la peur de partager ses sentiments, réels, avec une personne – assez compliquée la personne, qui plus est.

- Jeune homme, vous me faites ma piqûre ou non ? rit la mamie.

Il baissa les yeux sur elle sans comprendre, et regarda sa main qui tenait le bras de la mamie, l’autre en l’air tenant la seringue, le geste en suspens.

- Ah zut je suis vraiment désolée ! s’exclama-t-il.

Il s’affaira à sa tâche, non sans s’attirer des coups d’œil amusés de la patiente.

- Vous êtes amoureux ? demanda-t-elle.

Putain, pourquoi les personnes d’un certain âge font ces réflexions à-tout-va ? Et le pire c’est qu’elle avait raison la petite dame.

- J’en sais rien, maugréa-t-il.

- Ah. Et vos sentiments ne sont pas partagés ? s’enquit-elle.

Elle voulait vraiment s’insinuer dans sa vie privée et lui pourrir encore plus sa journée avec ses questions horriblement cruelles ?

- Je pense que si, ils le sont, rétorqua-t-il en détournant les yeux.

Elle fronça les sourcils.

- Alors où est le problème ?

- Que – Enfin je… J’en sais trop rien, admit-il en râlant comme un gosse. Je suppose que j’ai un peu peur d’entrer dans ce genre de truc.

La mamie leva les yeux au ciel en soupirant.

- Ah les jeunes ! Vous compliquez toujours tout.

- M-mais pas du tout ! Et puis la personne en questions a dix ans de plus.

Elle lui glissa un regard coquin.

- Oh je vois que monsieur aime les femmes mûres.

- H-hein ? fit-il bêtement.

- Ce n’est pas un problème, roucoula-t-elle. Mon mari à douze ans de plus que moi et je ne m’en plains jamais !

Ah, elle croyait donc que Levi était une femme… Le brun l’imagina habillé en fille, et du coup bizarrement façon Reine des Neiges et il ricana dans sa barbe. Non décidément, ça ne lui allait pas du tout. Ensuite il ne put s’empêcher d’essayer de le visualiser en train de chanter Let it Go (libérée, délivrée), et il pouffa, postillant un peu sur la vieille dame qui n’avait rien demandé. Heureusement elle ne le remarqua pas, mais Eren, lui, vit une microscopique goutte de bave au coin de son œil, prenant la forme d’une petite larme. Ah zut. Et ça tombait toujours sur lui ce genre de bourde. Il essuya le postillon du bout de son index, sous l’étonnement de la dame.

- V-vous aviez un cil, et ça me stressait. » s’expliqua-t-il.

Ce qui bien entendu était faux. Il du ensuite quitter la patiente, le devoir l’appelant autre part. Ses pensées divaguèrent en direction de l’avocat au moins trois fois toutes les dix minutes. Il était dix-neuf heures. Il n’aurait pas l’occasion de le voir demain, commençant tôt et terminant à vingt-et-une heures. Mais il ne savait pas s’il pouvait tenir jusqu’à dimanche. Si, il y parviendrait. Une trentaine d’heures ce n’était rien, il n’était pas à ça près.

Dix-neuf heures quarante-deux. En fait non, il ne pourrait pas. Il se torturait suffisamment l’esprit comme ça depuis quatre jours, attendre deux de plus lui semblait impossible. Profitant de trois minutes de pause il se précipita dehors, et bidouilla sur son portable à la vitesse lumière, jusqu’à s’arrêter devant le numéro du noiraud. Il n’hésita pas plus et cliqua sur le petit téléphone vert. Dès la première sonnerie l’avocat décrocha.

« Eren ?

Ça lui fit un bien fou d’entendre le son de sa voix, et bien que ça soit par téléphone.

- L-Levi, tu… Je termine le boulot à vingt heures trente, tu es dispo ce soir ?

Petit silence radio, puis l’avocat soupira. De soulagement ?

- Oui.

- Tu penses qu’on pourrait se voir ? marmotta l’infirmier.

- Je t’attendrai devant l’hôpital, s’empressa-t-il de répondre.

- Bon parfait, à tout à l’heure alors.

- Ouais. »

Le brun raccrocha, le cœur battant. Le noiraud ne lui avait pas semblé très emballé. Il était pressé de retrouver la douceur de la peau de l’avocat, sa fraîcheur, son aspect délicat. Et la tendresse de son regard et de son sourire, qu’il n’affichait qu’en sa présence, comme s’ils partageaient un secret les rendant inséparables. En bref Levi lui manquait.

De son côté le noiraud reposa son portable dans l’angle supérieur droit de son bureau, et croisa ses doigts sous son menton, les yeux dans le vague. Il ferma les paupières et s’autorisa un petit sourire. Il en avait mis du temps, ce morveux. Et pour la première fois hier soir l’avocat s’était plongé dans un film à l’eau de rose à la con, qu’il avait coupé juste avant la fin pour ne pas se dire qu’il l’avait regardé en entier et ainsi avoir la conscience plus tranquille. Ça ne tournait vraiment pas rond chez lui. Il perdait totalement la boule. Il secoua la tête et se replongea dans son dossier en maugréant.

.

Vingt heures trente, moment tant attendu. Eren se changea en vitesse dans le vestiaire. Il savait que Levi n’était jamais en retard, et qu’il n’aimait pas particulièrement attendre – comme personne vous me direz. Il se rua dans le couloir, manquant de bousculer deux de ses collègues.

« Où est-ce que tu cours comme ça Sunshine ? lui lança la première alors qu’il était déjà au moins cinq mètres devant.

Il se tourna vers elle, continuant de trottiner, donc en arrière.

- Je m’en vais passer une bonne soirée ! » s’exclama-t-il, et il se remit dos à elles.

Les deux infirmières se regardèrent, puis haussèrent les épaules en souriant. Eren salua la femme de l’accueil, qu’il connaissait bien, et, continuant sur sa lancée, il se dirigea à toute allure vers les portes vitrées. C’est là qu’il le vit. Le noiraud était nonchalamment appuyé sur le petit muret beige en face de l’entrée, le nez enfouit dans l’écharpe bordeaux. Dieu qu’il était beau. Un véritable adonis. L’avocat le remarqua et se redressa, le visage soudainement éclairé. Le brun était toujours perdu dans sa contemplation, un sourire idiot sur les lèvres. Il ouvrit la bouche.

« Lev –

Un gros Boum résonna dans le hall, et le jeune infirmier recula de deux pas, chancelant. Comme un gros con il venait de se prendre la porte vitrée en plein dans la face. Le noiraud s’était figé, abasourdi, hésitant entre l’inquiétude et un air las. Finalement ce ne fut aucun des deux. Eren paraissait si ahuri, avec son rond rouge sur le front, que Levi ne put s’en empêcher et se mit à rire, les larmes aux coins des yeux. Un son grave et doux parvint aux oreilles du jeune, lui donnant envie de se blottir dans une couverture au coin d’un feu. Il se frotta la tête en grimaçant, puis sourit et ouvrit la première porte. Il s’arrêta devant la seconde. Levi était juste là, à pas trois mètres.

- Salut, murmura-t-il, et l’avocat du le lire sur ses lèvres.

Ses lèvres formèrent un « Salut » en réponse au sien, puis le noiraud arqua un sourcil et haussa le ton.

- T’attends pas que je t’ouvre la porte j’espère, on n’est pas encore mariés.

Puis, se rendant compte de la nouvelle signification de ses paroles, il détourna les yeux, et un point rose apparut sur ses joues. Le brun poussa la porte et stoppa face à lui, enfournant ses mains dans ses poches.

- Ça va ?

Bien mieux maintenant, aurait voulu lui dire l’avocat, à la place de quoi il lui répondit un truc vachement constructif :

- Mmh. Toi ?

- Ca peut aller.

Le brun regarda un peu partout, sauf le noiraud, ne sachant pas où poser les yeux.

- B-bon, ajouta-t-il, on va où ?

- Tu as faim ?

- Pas vraiment… Mais si toi tu as faim y a pas de problème hein ! se rattrapa-t-il en agitant les mains. J’ai toujours de la place dans l’estomac pour manger.

Levi cacha son sourire en coin dans l’écharpe.

- Non moi non plus. Tu veux qu’on aille boire un verre ?

- Ouais pourquoi pas.

Le brun paraissait beaucoup trop hésitant au goût de Levi. Etait-ce annonciateur d’une mauvaise nouvelle ?

- Titanesque ? demanda-t-il un peu abruptement.

- Titanesque. » confirma Eren.

Le noiraud se dirigea alors vers la sortie d’un pas raide, l’infirmier sur les talons. Ce dernier fixa le dos de l’avocat, ne sachant quoi dire. Cela lui faisait un bien énorme de le sentir de nouveau près de lui. Il savait qu’il n’arriverait pas, même s’il se forçait, à faire franchir les mots hors de la barrière de ses lèvres. Comment faire ? Il voyait à quel point Levi était crispé, mais il ne parvenait à esquisser aucun geste. Sauf que c’était à lui de faire quelque chose, sinon ils ne pourraient pas avancer. Ils se rendirent, chacun broyant du noir, jusqu’à l’abris-bus qui leur permettrait ensuite de se rendre directement au bar d’Ymir. Ils avaient d’après le panneau d’affichage seulement trois petites minutes à attendre. Et bien ce furent les plus longues de toute leur vie. Eren était un peu en retrait, et toutes les quinze secondes son regard papillonnait en direction de Levi comme par mécanisme. Ils étaient debout, immobiles, et le brun ressentait un besoin irrépressible de bouger les jambes, de croiser les bras, les décroiser, d’inspirer, d’expirer avec intensité. Il s’agitait dans son coin, et l’avocat le voyait faire du coin de l’œil, les lèvres pincées.

L’infirmier, dans un ultime soupir et le cœur galopant à toute allure, vint se poster à la hauteur du noiraud. Celui-ci le regarda faire, suspicieux, puis quand il sentit une main s’infiltrer dans sa poche et rentrer en contact avec la sienne il devint encore plus figé qu’une statut de marbre. Il leva la tête vers Eren, mais celui-ci l’avait détournée et regardait à l’opposé, mine de rien. Le noiraud effleura ses doigts, et l’infirmier les entremêla aux siens. C’était agréable, chaud, lisse. Ils sourirent chacun de leur côté, regardant tous les deux dans l’autre sens. Le plus jeune se sentait en sécurité, et il pressa un peu plus son bras contre l’épaule de l’avocat. Le bus parvint à leur hauteur cinq secondes après ça, et ils durent se décoller l’un de l’autre, mais Eren garda obstinément sa main enroulée autour de celle de Levi. Ils se débrouillèrent pour sortir leur carte sans se détacher, s’attirant un regard agacé du chauffeur car d’autres passagers attendaient derrière. Mais honnêtement ? Ils n’en avaient rien à faire. Ils s’assirent au fond du véhicule, là où les sièges forment un carré. Le brun mit ses pied sur celui d’en face, et Levi était appuyé contre la fenêtre. Ils avaient dû sortir leurs doigts entrelacés de la poche par aspect pratique. Ils avaient six ou sept arrêts devant eux, et le jeune infirmier laissa sa tête se poser sur l’épaule du noiraud puis ferma les yeux.

.

« Eren, c’est notre arrêt, lui murmura Levi en le bousculant un peu.

- Mmh ? marmonna-t-il en relevant la tête, un peu pommé.

Son nez effleura pratiquement celui de l’avocat, qui s’était penché pour lui parler. Le brun rougit fortement jusqu’à la racine des cheveux et s’extirpa rapidement du siège pour venir se mettre sur ses deux pieds. Il avait ressenti comme des électrochocs remonter le long de son échine, et ça lui avait plu. L’avocat ne se rendait pas compte des pulsions qu’il faisait surgir en lui parfois. Et l’inverse était tout aussi véridique. Ils sortirent du bus à la hâte, Levi fixant la main d’Eren avec scepticisme, mais avant qu’il ne puisse formuler la moindre réflexion grognon dans sa tête les doigts brûlants qui lui manquaient tant étaient de nouveau bien accrochés aux siens.

- Tss, ne put-il s’empêcher de faire, un sourire en coin bien caché dans l’écharpe de laine.

Ils se pressèrent vers le Titanesque, car le vent commençait à se faire violent, et la température avait rapidement chuté. Ils s’installèrent au bar comme Eren en avait l’habitude, et passèrent leur commande.

- Tu veux boire quoi ? lui demanda le brun. C’est moi qui invite pour la première tournée.

- Peu importe. Tu prends une bière je suppose, alors commande-moi pareil.

- Ça marche.

Deux minutes après Bertolt leur donnait leur verre. Ils trinquèrent et commencèrent à boire.

- Bon alors, tu as un peu éclairci tes idées ? demanda l’avocat.

Eren ne s’attendait pas à ce qu’il soit si direct, et il faillit s’étouffer, mais se reprit bien vite.

- Toi on peut dire que tu vas droit au but au moins, grimaça-t-il.

- Ecoute, j’ai passé une semaine horrible à attendre que tu me contactes alors maintenant que tu l’as fait je comptes pas tourner autour du pot gamin.

Tiens, il l’appelait comme ça pour la première fois depuis aujourd’hui, réalisa l’infirmier. Etrange.

- Moi aussi ça a été difficile tu sais ! s’exclama-t-il.

- Mouais, ironisa Levi.

- Je te jure ! s’insurgea-t-il.

- Ok ok on se calme, on dirait un vieux couple, on a l’air un peu couillons.

- Heu… Ouais.

- T’as sans doute l’habitude mais pas moi, grogna le noiraud.

Le brun ouvrit de grands yeux.

- C’est moi ou tu me cherches ?

- Qu – Non !

- Mh.

- Pf.

En réalité l’avocat était incroyablement stressé, et il ne savait absolument pas quoi raconter. Et dans ces moments-là il voulait juste emmerder le monde. Le jeune c’était l’inverse, ce dont il avait besoin dans ce cas c’était de parler et parler encore, comme pour tout évacuer de cette frustration.

- Je suis allé voir ma mère jeudi, lui fit Eren.

- Ah oui ?

- Mh. Je crois que j’ai le mauvais œil parce que je me suis pris la flotte, et bien sûr j’avais pensé à prendre un parapluie au cas où. Ça m’a étonné de moi-même d’ailleurs ; habituellement j’y pense jamais. Enfin bon du coup je l’ouvre et reste un peu parler à ma mère, puis je rentre, la moitié des jambes trempée. Bien entendu le cimetière c’est de la terre, et vu qu’il a plu ben… C’était de la boue. Une catastrophe. Je te laisse imaginer ce qui s’est passé.

Il se gratta l’arrière de la tête en riant, but quelques gorgées de bière et repartit sur sa lancée :

- J’ai glissé et je suis tombé sur le cul. Qui du coup était tout terreux. Donc je me relève en mode bien énervé et je shoote dans un caillou… Et retombe parterre. Carrément sur le dos cette fois-ci. Je me dis bon, ok, du calme, tout va bien se passer. Je me redresse en faisant bien attention et me dirige vers les grilles. Bref, si je te dis : coup de vent, parapluie, grille… Eh ben mon parapluie s’est déchiré sur le portillon en ferraille. Je me suis tellement senti vide sur le coup, t’imagines même pas !

Levi le regardait blablater, ahuri. Il aurait bien voulu rire, mais il n’y parvenait même pas. Il ne savait tout simplement pas s’il était étonné, voire choqué, d’entendre sa tirade enchaînée à une vitesse parfaite ou choqué de sa maladresse.

- Et puis attends, continuait le brun, j’ai pas terminé ! J’attendais le bus, mais à cause de la pluie il était en retard ! Vive la campagne… Et il n’y avait même pas d’abris… Du coup je me suis pris carrément toute la flotte. Si je tombe pas malade je suis fier de moi.

- Eren…

- Bon et toi alors ?

- Eren, tu –

- Non mais attends, je t’ai pas raconté le meilleur quand je suis sorti du bus ! Y avait une –

- Eren ! Ta gueule ! Sérieux !

- Mais –

- Juste : tais-toi.

- M-m-mais, bégaya-t-il, mais ne trouvant pas de suite à ses propos.

L’avocat le dévisagea : ses yeux verts brillaient d’embarras, et son visage était complètement rouge. Le noiraud se baissa subitement en avant, la main sur la bouche. Déboussolé, Eren agita les bras.

- L-Levi, ça va ? Tu trembles !

Le plus vieux se redressa aussi subitement qu’il s’était baissé, le visage couleur pivoine et les yeux humides.

- Crétin ! hoqueta-t-il. J’ai failli crever !

Et l’infirmier comprit qu’il venait littéralement de se foutre de sa gueule, alors il gonfla ses joues et s’accouda au bar, empoignant son verre par la même occasion, qu’il but d’une traite.

- T’as une bonne descente, s’étonna l’avocat. Je l’avais déjà remarqué… Mais là on est pas en soirée gamin.

Ledit gamin se mit à rire nerveusement.

- Je venais souvent ici tout seul le soir, pour boire un coup.

Levi fronça les sourcils.

- A ton jeune âge ? Non mais c’est quoi cette génération…

Eren ne répliqua rien, ce qui surprit le noiraud, qui le regarda d’un peu plus près. Ce premier avait détourné les yeux et s’était perdu dans la contemplation des bouteilles colorées du bar. Au bout de quelques secondes il ouvrit la bouche :

- Bof tu sais, dix ans de plus, dix ans de moins, ça change pas grand-chose. »

Ça au moins ça eut le mérite de clouer le bec à l’avocat. Si ça avait été quelqu’un d’autre il aurait riposté sèchement, n’hésitant pas à assener le coup de grâce une seule seconde, puisque cela aurait voulu dire que la personne le traitait de gosse. Mais en l’occurrence il s’agissait d’Eren, et la signification de sa phrase était donc tout autre chose. Il lui communiquait que leur différence d’âge lui importait peu, et que selon lui, et bien… Dix ans ce n’était pas si conséquent finalement.

Alors qu’il cogitait Bertolt déposa un second verre devant lui. Il jeta un coup d’œil interrogatif au brun.

« Tu payes aussi la seconde tournée ?

- Faut croire, rit le jeune en entrechoquant son verre au sien. Alors, comment s’est passée ta semaine ? Pas trop de boulot ?

- Une montagne, s’exaspéra-t-il. Mais ça a au moins le mérite de m’occuper.

- Alors raconte, tu fais quoi de palpitant dans ton métier d’avocat ? » fit Eren en s’appuyant un peu plus sur le comptoir et se penchant légèrement en avant, la mine curieuse.

Levi lui raconta les grandes lignes, en passant par quelques affaires complètement saugrenues auxquelles il avait dû faire face. Finalement il trouva quoi dire, le sujet le passionnant et étant surtout ravi d’avoir pour public un beau brun aux yeux turquoises avides de connaissance. Ils passèrent un excellent moment, chacun se payant la tête de l’autre, et l’avocat le rétamant lamentablement à chaque fois en matière d’insultes.

« Bon, on va danser ? lança l’infirmier quand ils eurent terminé leur seconde bière.

Le noiraud lui jeta un regard du style : Tu te fous de ma gueule c’est ça ?

- Allez Levi steuplait…

Puis il détourna les yeux et les reporta sur lui, avant d’ajouter dans un murmure :

- J’en ai envie…

Ok d’habitude la réponse aurait été : J’en ai rien à battre, va faire joujou tout seul. Bien évidemment ce ne fut pas le cas.

- T’es chiant microbe, grogna-t-il.

- Ouaaiis ! s’exclama le plus jeune en levant les bras. Merci Levi !

Il se leva et retira sa veste de sous ses fesses, pendant que l’avocat descendait de son tabouret avec pessimisme. Le brun s’empara également de son manteau et attira l’attention de Bertolt afin de les lui faire passer. Puis il tira le noiraud par la manche de sa chemise blanche en direction de la petite piste de danse, qui était déjà assez remplie. Ils se faufilèrent entre les corps jusqu’au centre, où ils purent obtenir un espace à eux.

- J’ai horreur de danser dans ce genre de trucs, se plaignit l’avocat en croisant les bras. Trop de monde.

- Mais non on s’en fout, répliqua Eren. Au moins ça tient chaud. Si tu sais pas danser tu peux me le dire. » ajouta-t-il avec un sourire taquin.

Levi secoua la tête d’exaspération en soupirant, puis lui jetant un regard de défi il s’éloigna d’un pas et décroisa les bras. Il ferma les yeux et se mit à bouger au rythme de la musique. Le plus jeune, d’abord surpris, répondit à la provocation en se mettant lui aussi à danser, le sourire agrandi. Il n’y avait pas à dire, l’avocat dansait magnifiquement bien. D’une manière un peu différente des autres personnes. Ses mouvements étaient plus lents, moins amples et plus discrets mais également davantage gracieux, comme si ses gestes suivaient des lignes paraboliques invisibles, que lui seul pouvait voir. Ses superbes cheveux noirs se balançaient doucement, et mon dieu qu’est-ce qu’Eren aurait voulu y passer ses doigts dans l’instant. Ses yeux métalliques étaient à moitié ouverts, en rajoutant à son attitude sexy sans doute inconsciente. Le brun ferma les yeux à son tour, se détournant ainsi de la personne magnifique qui lui faisait face et ressentir des choses inhabituelles : des poids accrochés à ses chevilles le clouant au sol, des picotis s’insinuant dans ses tissus musculaires, des courants électriques parcourant chacune de ses veines à une vitesse inhumaine, beaucoup trop rapide pour que le cerveau ne puisse l’enregistrer. A moins que ça ne soit juste ses neurones qui soient un peu ralentis sous l’effet de ces actions provenant de tous les côtés.

Ce n’était pas comme avec Jean. Avec Jean il était bourré, et il avait envie de s’amuser, de jouer avec son envie. Jean il pouvait avoir un harem qu’il n’en aurait rien à faire. Là, avec le noiraud, il n’était pas bourré. Pas même un peu. Et pourtant il le désirait atrocement, un désir à lui faire mal à la poitrine. Mais ce n’était pas que ça. Il voulait que Levi lui appartiennent, qu’il ne danse que pour lui, qu’il ne soit touché par personne d’autre. Qu’il ne partage aucun de ses sourires si rares, bien que de plus en plus fréquents en sa présence. Il voulait que l’avocat ne dépende que de lui. Mais il voulait aussi en prendre soin, le protéger de tous ces problèmes extérieurs, le réconforter après une dure journée de travail, ou juste simplement l’aimer. Il s’arrêta net dans son mouvement quand ce dernier mot lui traversa l’esprit. Bordel de merde il était carrément amoureux du noiraud. Il se remit à danser, mais de manière mécanique, comme une longue habitude, les pensées totalement déconnectées du corps.

Levi était lui aussi en train de regarder – pour ne pas dire mater – l’infirmier. Eren était énergique, et il se dégageait une telle puissance de lui. L’avocat avait toujours été très sensible à ce genre de choses. Il était irrémédiablement attiré par lui, et plus il le regardait plus son appétit grandissait, lui démangeant la peau et faisant bouillonner son sang dans ses veines. Inconsciemment, et également dû aux quelques bousculades des corps qui se mouvaient, ils s’étaient tous les deux rapprochés. Ils furent bientôt suffisamment proches pour pouvoir danser ensemble, mais alors que le bout de leurs doigts s’effleura la puissance de ce contact leur coupa le souffle. Ils étaient tous les deux bourrés d’envie ; ils s’aimaient et ils se désiraient ardemment. Le noiraud se mit dos à lui, roulant les muscles de ses épaules contre le torse du brun. Ce dernier referma ses mains sur ses hanches délicieuses, et ils se mirent à bouger en rythme, se collant avec sensualité. Le plus jeune laissa ses doigts gambader sur la chemise de l’avocat, au niveau du ventre, passant son index entre l’attache de deux boutons pour effleurer sa peau. Le noiraud frissonna en sentant le souffle d’Eren dans sa nuque, et encore davantage quand ses lèvres vinrent effleurer son épiderme. Ses bras, qu’il avait levé, les descendit sur les cuisses de l’infirmier.

« Levi…, geignit ce dernier.

- Je sais. »

Ils dansèrent encore deux ou trois minutes de la même manière, le cœur battant ; puis, n’en pouvant vraiment mais alors vraiment plus, l’avocat se retourna brusquement et plongea en direction de la bouche du brun. Il plaqua ses mains avides sur son cou, ses pouces effleurant l’axe droit de sa mâchoire, puis enfouit ses doigts dans sa chevelure douce, posant ses lèvres brûlantes sur les siennes avec dureté, et pourtant tellement de tendresse à la fois… Eren eut l’impression que son corps n’était alors qu’un millier de bulles de savon qui explosaient, ne laissant aucune trace de leur passage. Il pressa la taille du noiraud avec compulsion, souhaitant envelopper un maximum de son corps. Leurs lèvres s’éloignèrent pour mieux se retrouver ensuite, se pressant avec démence et égarement, comme s’ils ne réalisaient pas qu’ils avaient enfin ce qu’ils souhaitaient. Ils entrouvrirent la bouche, partageant leur respiration devenue erratique, suffocant sous le désir de vouloir encore et toujours plus. Le bout de leur langue s’effleura en une caresse paresseuse, traînante, presque pénible à supporter tant ils voulaient plus. Les mains du brun remontèrent avec une certaine frénésie le long du dos de l’avocat, couvrant chaque parcelle de ses doigts incandescents, et il le serra davantage contre lui, entrouvrant un peu plus ses lèvres pour laisser entrer sa langue. Le contact se fit plus intense, plus combattif. Ils ne sentaient plus les coups de coude ou d’épaule donnés par les autres danseurs, et la musique n’était maintenant plus qu’un faible bruit de fond. Ils n’avaient même plus conscience du sol qui vibrait sous leurs pieds, car en ce moment-même seuls l’envie et le soulagement les enveloppaient. C’était comme s’ils avaient retenu leur souffle tout ce temps dans les profondeurs d’un gigantesque lac. Ils remontaient tant bien que mal à travers les algues, et parvenaient enfin à la surface, prenant ainsi la bouffée d’air qui les délivrerait. Cela définissait parfaitement leur état d’esprit actuel.

Ils éloignèrent leur visage, mais restèrent enlacés, se fixant avec une affection débordante et palpable, formant comme un petit halo autour de leur corps réunis. Eren se pencha de nouveau, et, attrapant le menton de Levi, ils scellèrent leurs lèvres encore une fois, l’instant de deux petites secondes seulement. Le noiraud pressa ensuite son front contre son torse et le brun enfouit sa tête dans ses cheveux charbon. Ils passèrent leur poids d’un pied sur l’autre, se balançant légèrement, et ignorant totalement le rythme de la musique.

Cependant… Eren commençait à huit-heures trente le lendemain matin, et il savait qu’il devait être en forme. Et puis ce soir-là aucun des deux ne se sentait d’aller plus loin. Après tout un gros cap venait d’être franchi, ça les avait particulièrement épuisés. L’infirmier plaqua sa bouche sur l’oreille du plus vieux :

« Je dois rentrer…

- Mh, grogna-t-il. Oui moi aussi.

Eren le prit par la main et se décolla douloureusement de lui, l’amenant hors de la foule.

- Allons récupérer nos manteaux.

- Ouais. »

Bertolt leur rendit leur veste, et ils sortirent tant bien que mal du bar devenu bondé. Ils s’arrêtèrent quelques mètres devant les portes du Titanesque, et se mirent face à face.

« Tu pars de quel côté ? demanda Eren, un peu gêné.

Levi pointa la direction opposée à la sienne.

- Là-bas.

- Zut. B-bon, et bien…

- A demain ? termina Levi.

Les yeux du brun se mirent à briller.

- Demain ?

- Demain, confirma le noiraud avec un sourire en coin.

Le jeune enfourna ses mains dans ses poches avec un grand sourire.

- Super ! A très vite alors !

Son regard se porta une fraction de seconde sur la bouche du plus vieux, qui ne manqua pas de le remarquer. Ce dernier baissa alors le menton et fit un pas en avant, puis tendit la main et passa délicatement ses doigts sur le ventre du jeune, jusqu’à finalement s’arrêter dans le creux de ses reins. Le brun le regarda faire sans rien dire et dut humecter ses lèvres sèches, son cœur cherchant à sortir de sa poitrine par la même occasion. L’avocat ne relevant toujours pas la tête, il se recula pour mieux voir son visage, caché derrière de longues mèches noires. Il passa sa main dans ses cheveux pour les dégager, et de l’autre souleva son menton, attirant sa bouche à lui. A la place de ça le noiraud ferma les yeux et pressa son front contre le sien. Eren fronça les sourcils.

- Qu’est-ce qu’il y a ? murmura-t-il.

L’avocat entrouvrit les yeux et effleura la lèvre inférieure de l’infirmier de son index, remontant jusqu’à sa commissure. Il s’approcha ensuite tout doucement et y déposa sa bouche le temps d’un battement de cil, sa main tenant fermement la hanche, puis il se recula de deux pas et plissa les paupières, un sourire en coin.

- Bonne nuit.

Il se retourna et s’éloigna. Eren ne comprit pas tout de suite ce qu’il venait de se passer, et il le regarda partir la bouche ouverte, en plein bug.

- C-C’est déloyal ! » s’exclama-t-il.

Il entendit un rire, et le noiraud agita la main. Le brun soupira et se détourna, son corps lui paraissant plus léger qu’une plume.

Il prit le bus pour rentrer, se remémorant sa soirée avec un sourire idiot plaqué sur le visage. Une fois dans son appartement, il se prit un bol de chocapics puis s’en alla le manger dans un bon bain chaud. L’eau lui détendit ses muscles, qui étaient crispés d’excitation. Il avait mis de la musique électronique tranquille, et il ferma les yeux, s’immergeant jusqu’en dessous des narines. Il sortit une trentaine de minutes plus tard, les yeux embués de fatigue. Prendre un bain était une de ses tactiques pour être certain de s’endormir directement, au lieu de patienter une heure à ce que le sommeil vienne le chercher. Il s’enroula dans une épaisse serviette blanche et marcha jusqu’à sa chambre en frissonnant. Alors qu’il allait se faufiler sous sa couette, la sonnerie de son téléphone retentit. Le nom d’Erwin s’afficha, et il décrocha en soupirant :

« Oui ?

- Eren ? C’est Erwin, fit le blond avec une voix légèrement affolée.

Le brun fronça les sourcils.

- Tout va bien ?

- C’est Levi… Il est à l’hôpital, il vient de se faire renverser par une voiture. »

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Coucou ! Bah ouais je suis cruelle >< Donnez-moi votre avis pour ce chapitre :3

/ATTENTION\ Je vous annonce également que je pense finalement m’arrêter à 14 chapitres, celui-ci était donc l’avant-dernier ! MAIS pas certain à 100% !! Vous avez aussi sans doute pu remarquer qu’il était plus long… Tout comme le sera le prochain. C’est pour cela qu’il n’y aura peut-être pas de chapitre 15 :) puisque je peux tout caser avant. On se retrouve ce week-end !

Beuzouilles à tous

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