En Passant - partie 2

Chapitre 11

7122 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:39

Hi everyone ! Me revoici, pour votre plus grand plaisir bien sûr ( ^3^ ) Nous en sommes déjà au chapitre 11, truc de dingue ! Je suis un peu en retard je suis désolééee ! Mais du coup, et au cas où vous ne l'avez pas remarqué, ce chapitre est plus loonng ! )

Je remercie tous les followers, favorites et reviewers *-* Vous êtes au top !

En fait la musique ça me donne vachement d'inspi, mais ça me distrait aussi pas mal, du coup je mets des heures à écrire un pauvre chapitre… Faut que je me concentre plus là

Tite réponse à review :

Miminette972 : Merci pour tes commentaires ça me fait bien chaud au coeur :3 Leur relation évolue avec la lenteur d'un escargot mais ça paraît plus profond comme ça XD ! Pour ce qui est de la première partie, En Passant, je suis sincèrement désolée je l'avais remis à jour sur mon autre site de publication mais j'ai oublié de le faire sur celui-ci... Il faut en fait remplacer Erwin et Petra par Farlan et Isabelle... J'avais fait une grosse bourde complètement stupide et - Bref, tu as compris ! >< Maintenant j'ai bien remis à jour ces deux personnages ! J'espère ainsi avoir éclairé ta lanterne ... Tu m'étonnes que tu devais être perdue O.O

baba-chan : Merci de commenter ma génialissime attitude power :3 Ouais ils ont déjà le cerveau en compote tous les deux je dirai… Sur ce… bababa, babababibel, bababa, bababa-chan ! ( *^*)/ Yes je me tais ! A très bientôt ~

MAc : Ouais il lui en veut vraiment à c' Dieu, et c'est pas fini XD Eh bien voilà tu l'as ton chapitre ~

Potatoball : Pas encore le bisou… Et qui te dit qu'il y en aura ? :3 (bon je te fais pas désespérer, OUI y aura au moins un bisou !) (T'as noté le « au moins » hein :3)

Heavenly's : Qui te dit qu'il va se souvenir de lui ? :33 huhuhuhuhuuu Tu es allée au concert de Troye ? Waa ~ swagggy #jalousiejalousiejalousie#

GwenTheWhiteTiger : J'ai franchement hésité à ce qu'il lui court après hein ! Mais bon après vu que la fic est bientôt finie je vais pas commencer à créer des embrouilles à chaque coin de rue XD… Merci de tes encouragements ~ beuzouilles

Magalie : Comment vivre confortablement sans internet… ? aahlala, mission impossible XD Tu as eu un fou rire pour quel moment ? :3 Quand il arrête pas de se rétamer dans les chiottes XD ? Le pauvre quand même, je lui en voulais vraiment on dirait… Ou juste que j'aime le mettre dans des situations embarrassantes qui le fichent à bout de nerf ~ M'enfin sincèrement je pense que je vais refaire une scène dans le genre, parce que j'adore décrire ces moments X3 Bon allez je vais pas commencer à te spoiler hein ! Bon chapitre !

TiffAckerman : Ravie que ça t'ait plus ! Et voici la suite, j'espère qu'elle te conviendra :3 Le prochain chapitre ne va pas tarder ! (disons mardi soir ?) A très bientôt ~

« Quelle heure ?

7h. Je passerai te prendre en bas de chez toi.

Pardon ? C'est pas mon jour de congé pour rien !

Discute pas si tu veux m'accompagner microbe. Je retourne bosser, envoie-moi ton adresse. »

Le brun envoya valser son téléphone sur le canapé en poussant un gémissement plaintif. Nous étions mercredi, dix-neuf heures, et il venait de rentrer chez lui après son dur labeur. Demain il accompagnerait Levi pour la journée, et il ne savait même pas où. Ça serait la surprise… Le noiraud paraissait quelqu'un de vraiment sombre, et ce lieu avait l'air de lui tenir à cœur. Quel endroit pouvait-il apprécier autant pour faire un si long trajet ? Pas un restaurant en tout cas. Peut-être un parc ? Un tribunal ? … Un hôpital psychiatrique ? Ben quoi ! Il était dark et il ne connaissait absolument rien de lui ! Pour ce dernier point l'inverse était également correct. Mais Levi en savait tout de même un petit peu plus mine de rien.

Le jeune infirmier lui envoya son adresse grommelant. Ce n'était pas tellement se lever tôt qui l'embêtait, mais surtout le fait de prendre la voiture à sept heures du mat'. Il aurait encore un peu la tête dans le cul, mais ne réussirait pas à s'endormir – il ne dormait jamais dans un véhicule – et l'avocat n'alimenterait sans doute aucune conversation. Il eut alors une brillante idée et téléchargea un max de musiques.

Cela faisait maintenant quatre jours qu'il avait dû cesser de courir, et bien qu'il puisse traîner un peu plus au lit, cela l'énervait de ne pas pouvoir faire de sport. Il faisait bien quelques abdos sur un tapis de yoga dans le salon, mais il sentait que ça n'était pas suffisant. Son côté hyperactif étant malmené, il était par conséquent un peu sur les nerfs et donc assez susceptible. Il espérait que la journée de demain lui fasse le plus grand bien.

.

.

De Levi : Bouge-toi gamin, on n'a pas que ça à faire.

De Eren : Je me dépêche ! Je descends !

De Levi : Tu te dépêches tellement que tu as le temps de me répondre.

De Eren : Je suis dans l'ascenceur c'est pour ça…

De Levi : Pas ponctuel et flemmard. J'ai chopé le gros lot.

Le noiraud voulut effacer cette dernière phrase mais le message était déjà en train de s'envoyer. Merde, il espérait que cet idiot de brun allait pas commencer à se faire trop d'idées. Il avait de quoi s'en faire vu vendredi soir dernier, mais il comptait pas faire une virée entre amoureux ou quoi que ce soit de plus concon. Quand il aperçut le jeune sortir de son immeuble il klaxonna avec impatience, permettant également à Eren de le repérer. Ce dernier fut d'ailleurs un peu étonné de trouver l'avocat dans une petite Clio trois gris clair tout ce qu'il y a de plus banal.

« Qu'est-ce qu'il y a, t'as l'air surpris, l'apostropha le noiraud quand il rentra dans le véhicule.

- Je pensais plutôt te retrouver dans une BMW luxuriante, répondit-il honnêtement.

Levi ricana.

- Quoi, à cause de mon taffe ? T'as des idées bien arrêtées dis-moi.

- Bah ouais je sais pas moi ! riposa-t-il. Surtout vu comment tu t'habilles et ta maniaque attitude…

- Qu'est-ce qu'elle a ma maniaque attitude elle te plaît pas ? Je suis juste propre, moi je me couche pas dans les chiottes dégueues d'un bar.

- Hé ! J'étais tombé pour ta gouverne, et tu le sais très bien !

Il croisa les bras en bougonnant et ajouta pour embarrasser l'avocat :

- Et ta maniaque attitude me convient parfaitement. »

Son regard coula sur son interlocuteur pour guetter sa réaction. Celui-ci lâcha seulement un « pff » et détourna les yeux. Mais au moins ça lui avait cloué le bec. La voiture démarra et un silence confortable s'installa dans l'habitacle. Le brun observa les immeubles défiler devant lui alors qu'une phrase à trous défilait dans sa tête, parlant de personnes irrespectueuses, des « gros porcs », qui salissaient les endroits publics. La voix qui la prononçait appartenait à Levi, il en était certain, bien qu'elle soit un peu moins grave. Il avait bizarrement des sensations plus que familières en compagnie du noiraud, et il commençait vraiment à se poser des questions sur son mental. Lorsqu'ils sortirent de la ville il ouvrit enfin la bouche :

« Je peux savoir où on va ?

Le regard de Levi papillonna dans sa direction.

- Stohess.

- Quoi ?! s'écria-t-il, horrifié. Mais c'est super loin !

- Quatre heures. »

Bon, on se calme. Quatre heures ce n'était pas si long que ça quand on y pensait. Il suffisait de dormir un peu et hop ! Mais lui il ne dormait pas bordel ! Bien entendu le noiraud ne l'avait pas prévenu avant, ça allait de soi. Avec un soupir rageur il mit son sac sur ses genoux et farfouilla dedans. Il en sortit une petite enceinte et brancha son portable dessus. Pas de soucis, il avait prévu le coup. Ça allait l'occuper au moins un moment. Il débuta sa playlist part [Tom Odell : Another Love (Zwette Edit)]. (Vous pouvez la mettre si vous voulez :3)

« On va s'endormir, grimaça Levi au bout d'un moment.

- Qu-T'es sérieux ? s'exclama le brun, puis il se reprit et ajouta : Je dors pas en voiture de toute façon, alors je te réveillerai si je vois que tu es trop dans les vapes.

- Mh, grogna-t-il de mauvaise grâce.

Ils ne dirent rien de plus, et le silence devint petit à petit plus gênant. Levi, qui se posait la question depuis déjà un petit moment, demanda plus par curiosité que pour combler ce vide :

- Qu'est-il arrivé à ta mère ?

Il avait essayé d'employer un ton doux, sans trop savoir s'il y était parvenu. Eren se raidit. La plaie de la perte de Carla s'était refermée, mais elle n'avait jamais complètement cicatrisé. Et parfois la blessure lui semblait à vif. Il répondit tout de même d'une voix indifférente :

- Elle conduisait, et elle rentrée dans la voiture de mon père. Elle est morte sur le coup.

- Merde, fut tout ce que trouva l'avocat à dire.

Parce qu'il n'y avait pas grand-chose d'autre à ajouter non ?

- Ouais.

- Ca s'est passé quand ? le questionna-t-il au bout de deux ou trois minutes.

- J'avais dix ans, fin août.

Pour le coup Levi faillit faire un écart sur la route pour venir rencontrer la bande d'arrêt d'urgence. Si ce qu'Eren disait était exact, alors cela signifiait que sa mère était morte peu après qu'il ait quitté la ville. Le gamin avait dû endurer tout ça à la suite. Pas si étonnant qu'il ait oublié Levi en fin de compte. Il avait dû faire un choix, son cerveau ne pouvant supporter deux pertes à la fois. Cette hypothèse paraissait en effet la plus logique.

- Je suis désolé, murmura-t-il.

- Ce n'est pas ta faute, alors…, marmonna Eren, embarrassé, en se dandinant sur son siège.

Cependant il ne s'était pas excusé exactement pour ça.

- Ma mère est morte d'un cancer du sein quand j'étais gosse, je ne me souviens ni de son visage ni de sa voix. Mon père est décédé un peu avant la tienne, d'un arrêt cardiaque. Et c'est pour cela que j'ai dû rentrer à Stohess, ma ville natale.

- Pourquoi ? souffla le brun, buvant ses paroles.

- Il y avait quelqu'un dont je devais m'occuper. »

Eren comprit qu'il n'en dirait pas plus, alors il se tut et patienta tranquillement jusqu'à la fin du trajet. Ils étaient tous les deux plongés dans les méandres de leur passé, et ne ressentirent pas le besoin de discuter. C'était ça qui était bien aussi. Ce silence presque religieux qu'ils pouvaient parfois maintenir sans se forcer. Leur façon de penser était finalement assez proche, et ça leur facilitait la vie pour bien des choses. Rapidement, le brun ferma les yeux et s'imagina des histoires au son de la musique. L'avocat lui jetait des coups de d'œil de temps à autre, tantôt amusés, tantôt peinés. Souvent même. Et il soupira d'exaspération lorsqu'il s'en rendit compte, ce qui ne l'empêcha pas de continuer. Son inquiétude vis-à-vis d'Eren lui semblait vraiment être un flot intarissable. Il commençait à être habitué à réagir de la sorte, bien qu'il se trouve incroyablement couillon.

Ses pensées ainsi détournées de leur objectif – soit dit en passant la route – il failli louper les sorties plus d'une fois. Quand finalement ils parvinrent à l'entrée de Stohess, il soupira de soulagement. Ça n'était pas trop tôt. La ville était particulièrement enchanteresse, pas spécialement grande mais on pouvait y trouver tout ce qu'on cherchait si l'on savait où aller. De beaux espaces verts dominaient les nombreuses places, on y retrouvait des cerisiers à fleurs, également appelés Royal Burgundy, et des fontaines jaillissaient d'imposantes structures aux formes géométriques généralement triangulaires ou arrondies.

Stohess avait un aspect futuriste, et était considérée comme une des plus actives et éclatantes villes du continent. Levi était on ne peut plus d'accord. Elle était plus propre que la plupart, il devait au moins lui accorder cela. Et puis il s'agissait tout de même de son ancienne maison, et il ressentait toujours un brin de nostalgie quand il y mettait les pieds. Il avait beau l'avoir quittée, cela faisait bientôt deux ans qu'il songeait à y retourner tant elle lui manquait. Cette ville il la connaissait bien, il y avait passé son enfance, et il en connaissait pratiquement les moindres recoins. Il avait ses endroits à lui, ces lieux chaleureux où il se sentait à l'aise, chose qu'il n'avait pas vraiment pu retrouver là où il habitait maintenant. Mais au moins il y avait ses quelques amis. Et Eren.

.

.

Le noiraud mena sa petite Clio jusqu'à une grande bâtisse blanche, et la gara sur l'une des trois places encore libres du parking. Il se tourna vers le brun, qui avait gardé les yeux fermés et avait sa tête adossée contre la vitre, ne remarquant pas qu'ils étaient arrivés. Levi crut qu'il dormait, bien que le jeune lui ait affirmé qu'il n'y parvenait pas en voiture. Alors il détacha sa ceinture et se pencha légèrement vers lui, s'apprêtant à le bousculer en lui jetant un « Bouge-toi le mioche, on est arrivés. » assez fort. A la place de ça il tomba face à son cou à peine bronzé, plus blanc que le reste de son corps. Il contempla son pouls pulser sous sa peau fine, envoûté, et se pencha davantage. S'empêchant d'effleurer de ses lèvres cette partie si captivante du brun, il tendit sa main et la posa sur sa mâchoire, le bout de ses doigts chatouillant le début de son oreille et son pouce caressant sa tempe. L'infirmier ferma ses yeux clos un peu plus, plissant ses paupières, et un petit sourire vint illuminer son visage paisible, adoucissant le regard de Levi. Puis, semblant réaliser que la main de quelqu'un était posée sur sa peau il ouvrit les yeux d'un coup, faisant sursauter l'avocat, qui sous le choc ne bougea pas d'un poil et n'eut qu'un faible mouvement de recul des épaules. Eren, la tête encore appuyée contre la vitre, ne bougea que ses yeux en direction de son chauffeur, ce dernier étant courbé dans sa direction, sa main enserrant délicatement sa joue et sa bouche entrouverte sous l'effet de la surprise. Les joues du brun rosirent considérablement, et il se dit idiotement que s'il avait pu saigner du nez comme dans les mangas ils auraient été noyés dans la voiture.

« Nous sommes arrivés, annonça machinalement l'avocat en ramenant son bras le long de son corps comme si de rien n'était, bien qu'il soit complètement chamboulé derrière sa carapace.

- Cool, croassa l'autre, puis il se racla fortement la gorge, sans parvenir à détacher ses yeux du visage du noiraud.

Puis, dans un même mouvement, comme s'il s'agissait d'un commun accord, ils sortirent de la voiture et claquèrent la portière derrière eux. Eren releva la tête, toujours rougissant, et observa le bâtiment qui lui faisait face.

- Où on est ?

- Je vais te présenter à quelqu'un.

Le brun le zieuta, intrigué. Levi ne semblait pas désirer lui expliquer ce qu'ils faisaient là, peut-être était-ce une sorte de surprise ? En fait non. Le noiraud se vengeait un peu du fait que le jeune ne lui ait pas prévenu qu'ils se rendaient dans un cimetière la dernière fois, et il n'avait pas su où se mettre, alors il avait décidé de lui renvoyer la balle. Mais ce n'était pas là non plus la raison principale car s'il avait annoncé au brun le lieu dans lequel ils allaient il l'aurait pressé de questions, ne pouvant s'empêcher de fermer son adorable petite bouche. Ses yeux s'écarquillèrent imperceptiblement en se rendant compte de sa pensée sur les lèvres du jeune, puis il gonfla ses joues en clignant des paupières, exaspéré de son propre comportement.

- Allons-y, fit-il, et sa voix claqua un peu trop sèchement, chose dont il se rendit bien compte.

- Ah, ou-oui » bredouilla l'infirmier avec un mouvement de recul.

L'avocat croisa les bras et le fixa, ne sachant pas quoi faire de ce jeunot stupide. Finalement, il soupira et le prit par la manche, les pommettes un poil plus roses. Eren se laissa faire, rassuré. Ils longèrent la bâtisse pour venir tourner du côté de la façade principale. Ils s'engouffrèrent immédiatement par la porte de l'accueil, et le brun n'eut pas le temps de déchiffrer ce qui était écrit au-dessus en lettres capitales. Ils dirigèrent vers une jeune femme blonde ayant un peu moins de la trentaine, vêtue de blanc, rappelant au jeune son vêtement d'infirmier. Le nez collé sur l'écran d'un ordinateur, elle redressa la tête au bout de quelques secondes.

« Ah ! Bonjour .

- Bonjour, lui répondit-il, et Eren à sa suite.

- Je vois que vous avez amené quelqu'un, c'est une première. Est-il de votre famille ? demanda-t-elle avec curiosité.

Il venait donc seul d'habitude… Heureux de se sentir privilégié, le brun prit la parole :

- Je serai plutôt un ami, fit-il avec chaleur et en souriant. Eren, enchanté.

- Enchantée de même, dit-il elle avec un soudain intérêt en l'observant un peu mieux, et Levi plissa les yeux. Je suis Betty.

- Nous sommes venus voir Hanji, crut-il bon de lui signaler le noiraud.

- Oh ! Oui oui, bien sûr ! »

Une minute plus tard ils marchaient dans un long couloir assez lumineux, Levi ruminant encore un peu dans son coin et Eren prenant conscience du lieu dans lequel ils se trouvaient.

« C'est un hôpital psychiatrique non ? voulut-il confirmer auprès du noiraud.

- Ouais, grommela celui-ci.

- Qui est Hanji ?

L'avocat fourra ses mains dans ses poches alors qu'ils traversaient une grande salle remplie de quelques patients occupés à faire des jeux.

- Ma petite sœur. » répondit-il.

Eren digéra l'information. En effet il ne connaissait vraiment rien de Levi, et bien que d'un côté ça l'exaspérait, de l'autre ça lui faisait chaud au cœur qu'il se confie à lui. Ils poussèrent une porte à deux battants pour atterrir dehors dans un petit parc. Le noiraud bifurqua à droite et le mena près d'une longue étendue d'herbe. Une personne était allongée là, profitant du soleil qui avait sorti le bout de son nez. Il s'agissait d'une jeune femme brune à lunettes, les bras croisés sous sa tête et affichant un sourire paisible. En les entendant arriver elle ouvrit un œil, puis, reconnaissant Levi, elle se redressa d'un coup et lui sauta dans les bras.

« Grand frèèrre ! s'exclama-t-elle en riant. C'est pas trop tôt !

Elle se détacha rapidement de lui, sous son regard blasé – il devait avoir l'habitude – et se tourna vers le brun, l'étudiant minutieusement de la tête aux pieds sans une once de gêne. Elle s'approcha ensuite de lui et prit sa main, la serrant avec énergie.

- Et tu dois être Eren ! Ravie de te rencontrer ! Je suis Hanji, j'ai vingt-huit ans, et je suis la sœur de Levi ! Quel âge as-tu déjà ?

- Heu… Ravi de même. J'ai vingt ans.

Elle fronça les sourcils avant de lancer :

- Tu fais un peu plus.

L'infirmier jeta un regard triomphant à l'avocat, qui le traitait sans arrêt de « gosse », « microbe » ou autre, mais il l'ignora royalement.

- Vraiment ? insista le brun.

- Moui. Sauf quand tu souris je dirai, ça te rajeuni même un peu.

Ce fut au tour de Levi d'avoir un sourire en coin et de lâcher un petit rire. Hanji se tourna dans sa direction en l'entendant, sourcils un peu plus froncés, puis son visage s'éclaira d'un large sourire et elle posa les mains sur ses hanches.

- Tu fais du bon boulot Eren, je te félicite, le congratula-t-elle.

- Que-comment ça ? fit-il, un peu perdu.

Elle pointa son frère de son pouce.

- Avec mon frangin, précisa-t-elle. Je te tire sincèrement mon chapeau.

- Bref ! les coupa Levi, agacé. Sinon comment vas-tu, stupide sœur ?

- Bof, pas grand-chose… »

Ils s'assirent sur un banc et elle leur raconta quelques anecdotes de sa vie de tous les jours. Elle aurait apparemment une fois de plus battu un certain Moblit aux cartes, et elle se serait tellement moquée de lui que le personnel avait dû l'isoler parce qu'il commençait à perdre les pédales. Hanji, quant à elle, s'était faite sérieusement réprimandée. Le brun apprit ainsi que Levi venait la voir chaque semaine, se faisant donc une journée de huit heures de voiture à chaque fois. Il se rendait en général à l'hôpital psychiatrique le jeudi, ce qui était assez étonnant étant donné qu'Eren rendait visite à sa mère au même moment. Ils avaient ainsi leur petit moment en parallèle, au même instant mais également à des dizaines et des dizaines de kilomètres l'un de l'autre.

« Mh, tu aimerais peut-être savoir pourquoi je suis ici ? demanda subitement la brune, et le jeune haussa vaguement des épaules. Et bien en fait, enchaîna-t-elle, il semblerait que je me sois créée un monde imaginaire dans ma petite tête. Tu vois, en gros c'est comme s'il s'agissait de vieux souvenirs, et bim ! Ils resurgissent parfois d'un coup et ça me fait totalement flipper, je sais plus où je suis etcetera. Et du coup je risque de brusquer un peu mon entourage.

Elle soupira, puis continua en pouffant :

- Ce qu'ils savent pas c'est que la plus effrayée c'est moi. Eux c'est de la gnognotte à côté. Je me rappelle cette sensation… Où je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, je ne reconnais plus personne et plus aucun endroit.

- Et… Selon toi, commença Eren, il existe vraiment ce monde, ou –

- Pff bien sûr que non ! le coupa-t-elle en riant. Mais je peux te dire que lorsque mes souvenirs remontent à la surface on ne peut plus me raisonner !

Le brun pencha la tête, intrigué.

- Et c'est quoi, ce monde ?

- Une histoire de Titans à la con qui bouffent toute la population, grogna Levi qui était resté silencieux jusque-là.

- En gros c'est ça ! s'exclama Hanji.

- Baisse d'un ton tu veux ? grinça le noiraud. Tu me casses les oreilles, folle à lunettes.

Elle lui tira la langue.

- Ouais je suis folle et alors ?

L'avocat se leva et lança en s'éloignant.

- Je vais aux chiottes. Lâchez-vous pas d'une semelle c'est clair bande de gosses ?

Ils ne répondirent pas, et Hanji agita la main. Elle se remit ensuite face au brun.

- Il est comme ça avec toi aussi ?

- Presque à chaque fois, grommela-t-il.

Elle lui ébouriffa les cheveux.

- Alors c'est qu'il t'aime bien.

Elle se leva du banc et vint s'allonger sur l'herbe, la tête pas très loin des pieds d'Eren. Ils se turent, lui la fixant du coin de l'œil, et elle regardant défiler les quelques nuages.

- Tu prendras soin de mon idiot de frangin, hein ? chuchota-t-elle.

Son regard semblait si mélancolique, mais l'instant d'après elle s'était redressée et assise en tailleur face à lui, un large sourire aux lèvres, et le brun crut avoir imaginé sa précédente expression.

- C'est d'accord ?

- Oh heu, oui, bien sûr, bredouilla-t-il. Pourquoi cette demande ?

Hanji tapota sa tempe de son index.

- Je sens que ça dézingue un peu là-dedans, et ça me ferait mal de savoir ce bon à rien qui me sert de frère soit tout seul pour supporter ma prochaine crise.

- Une crise ?

Il fronça les sourcils, inquiet.

- Ouais. J'en ai fait une seule, et c'était y a bientôt dix ans. Je la sentais arriver. Je commençais à m'emporter de plus en plus, juste avant le gros boum. Comme des petites vagues qui préviennent le tsunami quoi. Et mon frangin s'est senti obligé de venir veiller sur moi, du coup il est revenu continuer ses études ici.

- Et pendant ta crise, tu –

- C'est-à-dire qu'elle dure bien plus que quelques heures, rit-elle nerveusement.

Eren déglutit.

- Combien de temps ?

- Celle d'il y a dix ans un an et sept mois. Je peux te dire que je lui en ai fait baver au frérot.

Les yeux du jeune s'écarquillèrent. La brune, qui surprit son expression, soupira :

- Tu m'étonnes qu'il ait voulu changer de ville après…

Elle releva ensuite le menton vers lui, le regard plein d'espoir et suppliant.

- Alors ? Tu t'occuperas de lui ?

- Mais pourquoi me dire ça à moi ?

Les yeux de la patiente s'agrandirent sous l'étonnement.

- Ben parce que tu es la seule personne à qui je peux le demander.

- Ah, je vois, fit le jeune un peu déçu. Tu n'as rencontré que moi alors –

- Ce n'est pas ce que je voulais dire ! s'esclaffa-t-elle. Tu es simplement la personne qui me semble la plus appropriée, étant donné que Levi tient vraiment à toi.

L'infirmier se mit à rougir légèrement, et détourna les yeux.

- Ah oui ? fit-il, attendant qu'elle en dise d'avantage.

Ce qui ne tarda pas. Hanji ressentait comme un besoin constant de parler, comme pour vider un peu ce trop-plein d'énergie que son corps contenait. Et elle avait du mal à tenir sa langue bien longtemps.

- Il m'appelle presque jamais d'habitude, puisqu'il vient ici chaque semaine. Une fois tous les mois j'ai droit à son coup de fil. Cependant j'en ai eu un de lui samedi, alors que son dernier appel remontait à pas même quinze jours.

Eren hocha lentement la tête, concentré, et attendant la suite avec impatience.

- On a papoté je crois sept minutes, alors c'est vraiment court. Mais… Lui qui d'ordinaire n'est pas très bavard a alimenté la conversation entière, et pour parler de toi. Qui plus est pour se plaindre !

Elle se mit à rire, et le brun sourit.

- Je prendrai soin de votre frère, déclara-t-il tout à coup.

Il ne s'attendit pas à ce qu'Hanji lui saute dans les bras.

- T'es le meilleur ! cria-t-elle de joie, et il eut mal à sa pauvre oreille.

- Lâche un peu le gamin idiote de sœur, intervint alors Levi qui venait de surgir à leurs côtés.

La brune se décolla du pauvre infirmier et se mit debout, les bras croisés, tandis que l'autre, un peu déboussolé, se tournait vers le noiraud.

- Je l'aime bien ton Eren, lui signala-t-elle. C'est un bon garçon, il t'ira très bien.

L'avocat expira lentement par le nez.

- Ferme-là un peu.

- Ben quoi ? Je peux bien te donner ma bénédiction ! riposta-t-elle.

Eren se mit à rire tout bas.

- Après tout il est mignon !

Elle commença à sautiller autour de son frère.

- Il est attentionné !

Elle fit deux tours sur elle-même.

- Il a un rire magnifique !

Et elle lui fit un clin d'œil à ces mots. Le brun avait vraiment envie de se moquer du noiraud, qui visiblement était de plus en plus gêné, mais il se retint en remarquant son regard s'assombrir étrangement. Hanji était trop excitée. Elle tournoya en direction d'Eren et tomba à genoux devant lui, lui enserrant les mains.

- Et il est l'Espoir de l'Humanité ! hurla-t-elle presque.

Le jeune, sous le choc, n'esquissa pas le moindre geste. Il ne remarqua pas non plus l'avocat appeler deux internes non loin de là. La brune se releva et serra ses mains un peu plus fort.

- Je compte sur toi Eren ! Fais de ton mieux pour nous sauver !

- Que –

Il se fit alors tirer vers l'avant. Deux hommes venaient d'attraper Hanji par derrière, mais elle ne l'avait toujours pas lâché. Le regard de la brune s'agrandit et devint brumeux, ses pupilles tournoyèrent de gauche à droite. Son front se couvrit de transpiration, et sa lèvre supérieure tressauta en un tic nerveux qu'elle n'avait pas cinq secondes avant. Elle planta alors ses yeux – moitié fous et excités, moitié apeurés et conscients – dans les siens.

- Désolée, murmura-t-elle à son intention avec un sourire triste. C'est l'une des vagues de mise en garde dont je t'ai parlé.

Sur ces mots la folie sembla prendre le contrôle total de son corps et elle se débattit afin d'échapper à l'emprise des deux internes, qui la maintinrent tant bien que mal. Ils la tirèrent d'un coup sec vers l'arrière, séparant ainsi les mains de la patiente de celles du brun, ce dernier tombant en avant sur ses genoux. Affolé, il se tourna vers Levi, qui était dos à lui et ne bougeait pas d'un poil. Pourquoi ne faisait-il rien ? Inquiet, il voulut se relever mais quelqu'un l'y aida. Il s'agissait de Betty, l'interne de l'accueil.

- Tu vas bien ? s'enquit-elle, restant un peu trop proche de lui une fois remit debout.

- Ou-oui ça peut aller, répondit-il, encore déboussolé par ce qu'il venait de se passer.

La jeune femme garda sa paume sur son avant-bras, et le regarda par-dessous ses longs cils noirs avec une moue aguicheuse. Elle choisissait vraiment ses moments celle-là…

- Tu es sûr ? demanda-t-elle.

Ne comprenait-elle donc pas que c'était du frère d'Hanji dont il fallait s'occuper ? Eren ragea intérieurement. Il ne prit pas la peine de lui répondre et vint se planter aux côtés de l'avocat.

- Levi… ? murmura-t-il. Ça va aller ?

- Oui, fit-il, la gorge sèche. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, j'ai l'habitude.

Eren passa une main dans son dos.

- Mais ça fait toujours un peu bizarre, continua le noiraud.

Le brun hocha le menton, et l'avocat tourna la tête vers lui. Ils plongèrent leur regard dans celui de l'autre, l'un inquiet et l'autre torturé.

- On ne peut jamais vraiment s'habituer à ça, fit le brun, et il eut l'impression que sa voix avait crissé comme sur de la glace.

- Oui. » murmura l'autre.

Ils se fixèrent pendant une bonne minute. Levi se noya dans les iris du brun, un lac turquoise dont il ne voulait jamais ressortir. Il ne coulait pas, au contraire il avait l'impression de flotter sur sa surface. Le seul endroit où il pouvait encore se réfugier, et ce si le jeune lui en donnait l'autorisation. Si ce dernier faisait le moindre geste lui prouvant qu'il pouvait compter sur lui, alors l'avocat n'hésiterait, et ne pourrait résister une seule seconde. Eren était ce lac dans lequel il voulait se perdre, mais il était aussi cette bouée qui lui offrait la vision d'un avenir heureux possible. Une pensée le frappa de plein fouet. Il avait besoin de lui.

Alors Eren fit ce geste, cette autorisation, il lui montra qu'il était là pour lui, il ouvrit en grand la porte qui jusque-là était à peine entrouverte. Le jeune infirmier n'arrivait plus à supporter ce regard si douloureux qui s'accrochait désespérément à lui, lui rongeant la poitrine et gelant le moindre de ses os et de ses muscles. Alors il baissa les yeux avec difficulté et tendit la main, attrapant celle du noiraud. Il entremêla ses doigts aux siens avec délicatesse, touchant sa peau avec autant de précaution et de tendresse que s'il s'agissait d'un objet fragile et précieux. Alors Levi comprit. Il comprit que dorénavant il ne pourrait plus rester loin de lui bien longtemps, il comprit que tout ce dont il désirait se retrouvait en la personne qui lui faisait face et pour finir il comprit que tout ça, et bien c'était réciproque. Et cela lui fit un bien fou.

Il vint poser sa paume sur la joue du brun, et un doux sourire étira ses lèvres fines. Il n'y avait plus personne autour d'eux. Tout avait disparu. Plus de patients, plus d'internes, même plus l'herbe fraîchement coupée sous leurs pieds, et plus Betty, qui en réalité s'était sentie étrangement gênée en les voyant aussi proches et s'était éloignée.

« Rentrons. » chuchota le jeune infirmier, la voix rauque.

Le noiraud fit un vague signe de tête en direction de la sortie, et ils se dirigèrent lentement vers le parking sans dire un mot, leurs doigts toujours entrelacés. Ils traversèrent le bâtiment, et une fois de nouveau dehors le longèrent pour parvenir au véhicule. Ils se mirent face à face et séparèrent douloureusement leur main. Voyant la mine déçue du brun, le noiraud ne put se retenir et se rapprocha un peu plus. Il se mit sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres sur son front, lui offrant ainsi un baiser aussi léger qu'une plume. Une décharge électrique remonta alors le long de l'échine du jeune, et l'odeur de Levi embruma ses sens. Levi. LEVI. Ce prénom lui disait vaguement quelque chose au départ, mais là ça lui semblait un peu plus net, bien que toujours flou. Il revit en pensée ces deux yeux gris qui le fixaient, mais ils avaient l'air différents. Moins maussades. Plus innocents. Plus jeunes. Cette image le troubla.

« Levi, je –

Il s'arrêta, ne voulant pas que le noiraud le trouve étrange. Ou du moins davantage. Mais le regard étonné et doux qu'il lui lança l'incita à terminer sa phrase.

- Tu es vraiment certain qu'on s'est pas… déjà rencontrés ?

Il se dandina sur son siège. Il n'obtenu pas de réponse. Mais lorsque cinq minutes plus tard l'avocat gara brusquement la voiture et en sortit, le brun l'imita et lui demanda :

- Qu'est-ce que tu fais ?

Levi lui indiqua le restaurant qui se trouvait face à eux.

- Il est plus que temps de manger. Et nous allons en profiter pour causer un peu.

- D-d'accord. »

Ils rentrèrent dans le bâtiment, un petit resto italien. L'avocat l'invita à s'asseoir à une table près d'une grande baie vitrée. Eren était de plus en plus proche de la vérité. Il se doutait de quelque chose, et le noiraud était maintenant forcé de tout lui avouer. Il ne pouvait pas lui cacher ça éternellement. Une fois leur commande passée et le vin servit, ils étaient enfin tranquilles. Levi croisa ses mains sous son menton.

« Bien. » commença-t-il.

Et voilà je m'arrête là-dessus ! :3 Héhé, vous avez les glandes hein ? Bon ça va j'ai fait un long chapitre là ! Et vous savez que je vous fais pas patienter trop longtemps pour le prochain ( *3* )/ Allez à bientôt ~

Beuzouilles

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