En Passant - partie 2

Chapitre 10

6075 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 15:51

B’jour ! Chapitre 10 ! Je viens de réaliser que je vais peut-être avoir terminé la fic dans deux semaines…, puisque comme je vous l’avais dit je ne pense pas faire plus de 15 chap. Ça me fiche un coup o.o

Y a un peu plus de blocs de lecture dans celui-ci, mais vous ne le regretterez pas à mon humble avis :3

Tites réponses à reviews ~ (fanfic.net) :

Magalie : Je parlais de couche-tard pour ta précédente review XD Il était quoi… 2h30 ? Enfin bon, pour répondre à ta question sur l’endroit de Levi, je t’avoue que non, ce n’est pas le zoo… (le dis pas XD !) Mais il y a bien un autre endroit, et ça tu vas le découvrir dans ce chapitre !! (Normalement… je crois… Je l’ai pas encore écrit, je m’y mets là :3) à Bon alors en fait non je viens de l’écrire et ça sera donc dans le prochain !

Heavenly’s : Héhé, 2 reviews pour le prix d’une :3 Merci petit lama ~ Je suis à fond pour la suite weeessshhh ! (on est d’accord Troye nique tout !)

Potatoball : Contente de te retrouver ~ Ouais c’est pas le best couple ever pour rien ! :3

GwenTheWhiteTiger : Ouais pour la vanille t’as raison… J’ai demandé autour de moi on m’a dit pareil !! D: Dans ma prochaine fic je la remplacerai par un autre parfum ! Hihi, surprise pour le cimetière hein !! *-* Tant mieux, tu vas encore l’être pour ce chapitre ~

Eden661 : Vive Troye Sivan !!! Je suis trop trop contente que tu aies autant l’air d’aimer ma fic !! Je t’envoie des bezouilles :3 Levi est trop génial… Sinon merci pour ma santé, je me guérie bien oui ! Je suis une battante moi, non mais oh !

Voici donc le chapitre 10, bonne lecture à toutes et à tous !

********************

 « Vous allez donc vous revoir jeudi prochain…, murmura le petit blond, pensif.

Le brun hocha la tête. Il avait rejoint Armin depuis bientôt deux heures, le lendemain de son après-midi avec Levi. Nous étions vendredi soir, vingt-heures, au Titanesque.

- Mais et toi alors ! le brusqua tout à coup Eren. J’étais venu pour avoir de tes nouvelles ! Comment ça se passe avec Erwin ?

Le blond reposa son verre de Perrier calmement, et joua avec la capsule de la bouteille quelques secondes.

- Je savais que tu allais m’en parler, soupira-t-il.

Merde, ce n’était pas bon signe. Il ne rougissait pas, et il n’essayait pas non plus d’éviter le sujet.

-Mais alors qu’est-ce qui…

Sa question mourut sur ses lèvres quand il vit la mine défaite de son ami.

- C’était juste un soir, on a déconné et il m’a embrassé. Il n’y a rien entre nous.

- Que – quoi ?! Mais bien sûr que si enfin ! Je vous ai vu, y a l’alchimie parfaite !

- Eren… On s’entend bien c’est tout.

- Ouais ouais, c’est ça. Arrête ton char.

- Eren…

Le brun prit ses mains dans les siennes.

- Hey, je sais quand tu ne me dis pas la vérité d’accord.

Il remarqua ses yeux rougirent.

- Eren, je t’assure que…

Sa voix se fit chevrotante.

- Armin, on se connaît depuis quoi, quatorze ans ? Ça fait pas mal tu crois pas ?

- M-mais –

- On est un vieux couple maintenant !

Son ami inspira un grand coup. Il savait qu’il ne devait pas céder, mais il était à la limite. C’était déjà assez dur comme ça.

- Vous vous entendez super bien pourtant, insista Eren.

- Oui.

- J’ai vu comment il te regardait.

Ce fut la phrase de trop. Le blond retira avec brusquerie ses mains de celles du brun, qui les enserraient encore.

- On s’est mis d’accord avec Erwin, ok ? haussa-t-il le ton.

- Mais pourqu –

- C’est l’âge, tu comprends pas ?s’exclama-t-il.

L’infirmier ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit ; il n’avait jamais vu son meilleur ami dans un état pareil. Armin passa ses doigts dans ses cheveux, et resta dans cette position.

- C’est facile pour toi, grimaça-t-il. Tu es vraiment insouciant… Tu ne penses pas à l’avenir, aux conséquences. Moi j’ai douze d’écart avec Erwin. Il est déjà adulte, en âge d’être père depuis quelques années. De mon côtés j’ai vingt-et-un ans, je suis dans les études, et je n’ai pas de travail avant un bout de temps.

- Je – je sais tout ça, chuchota le brun. Mais –

- Mais quoi ? le coupa l’autre en riant nerveusement. L’amour est plus fort que tout ? Grandis un peu Eren !

Cette histoire le touchait vraiment. Il ne lui avait jamais parlé ainsi avant.

- Je voulais dire que tu pouvais m’en parler quand même ! riposta le plus jeune. Tu peux te confier à moi.

Armin serra sa mâchoire, puis laissa rouler sa tête dans ses bras comme s’il abandonnait.

- Je suis désolé… grommela-t-il. En vérité je crois que je suis un peu jaloux. J’aimerai bien que tout me paraisse aussi facile qu’à toi.

Le brun pausa sa paume sur son dos, un sourire réconfortant aux lèvres.

- J’ai peut-être l’air de me ficher de beaucoup de choses, mais ne t’inquiète pas que je me torture bien là-dedans ! s’exclama-t-il en tapotant son index sur sa tempe.

Le blond se redressa et leva les yeux vers lui, puis les rebaissa, l’air coupable.

- Si je ne voulais pas t’en parler…, commença-t-il.

Eren lui fit un sourire encourageant.

- C’était par rapport à Levi et toi. Vous… Vous avez l’air de vous construire quelque chose. Je ne comprends pas encore très bien de quoi il s’agit… Mais ce n’est pas rien.

Le sourire du brun se fana.

- Je ne pense pas qu’il se passe quoi que ce soit. Il me traite encore comme un gosse, et –

L’image de l’avocat en train de lui nettoyer les lèvres surgit dans son esprit, le coupant net dans sa phrase. Le moment où il s’était arrêté d’essuyer le sang et où il avait plongé son regard nuageux dans le sien. Il avala sa salive, et sentit ses joues le picoter.

- Tu sais, intervint le blond. Erwin m’a parlé de Levi. Et à moins d’être aveugle ou sourd il me semble que tu peux largement te permettre de tenter ta chance.

- A-à oui ? balbutia le brun. Enfin, je veux dire, qu’est-ce qui te fait croire que je veux tenter ma chance ? Il-il est malpoli, sec, et brutal parfois ! Et puis –

Il se tut quand il vit Armin le fixer avec de grands yeux. Merde, il était tout rouge et il bégayait. Il croisa les bras et s’adossa contre le comptoir du bar.

- Raah vas-y c’est bon !

Le blond se mit à rire. Ils ne dirent rien pendant un moment, sirotant leur boisson.

- Tu sais, reprit le plus vieux, Erwin et moi on a décidé d’attendre que je grandisse un peu. Et puis on reverra à ce moment-là.

- Mouais, marmonna le brun, pas très convaincu.

- Je t’assure ! Et puis mes études me prennent énormément de temps, je ne risque pas d’avoir trop de moments pour penser à ces choses-là.

- Mmh. Si le dis. Quoi qu’il en soit tu m’appelles dès que tu as un instant à m’accorder ! le menaça-t-il presque.

- Promis, loucha-t-il. De toute façon je n’ai pas souv – Zut ! Il est déjà si tard ?!

Il venait de regarder sa montre, les yeux écarquillés. Il se leva précipitamment et mit son manteau.

- Je suis désolé Eren, je dois y aller. Je me lève assez tôt demain.

Le brun lui fit une moue compatissante.

- Ne te surmène pas trop.

Le blond lui répondit par un clin d’œil :

- Jamais ! »

Sur ce il partit, et pressa le pas une fois dehors. Eren plongea dans ses réflexions. Armin s’inquiétait donc autant pour lui… Tout ça pour une stupide question d’âge avec Erwin, question ensuite reliée à Levi. Pourquoi le brun ne parvenait-il pas à le voir comme un simple ami celui-là d’ailleurs ? Avec le noiraud ça semblait être tout… ou rien. Et le rien n’en était tout simplement pas question. C’était trop tard pour ça. En revanche… « J’ai peut-être l’air de me ficher de beaucoup de choses, mais ne t’inquiète pas que je me torture bien là-dedans ! » Ouais, il s’emmerdait déjà bien assez avec lui-même, il n’avait pas besoin que quelqu’un d’autre lui fasse la morale.

En réalité il avait longuement réfléchi sur la question. Levi était plus âgé, de dix ans environ. A cinquante ans ça peut ne paraître pas grand-chose, mais quand on en a vingt c’est une autre paire de manche. Si le noiraud était d’accord avec ça, le jeune, lui, n’était pas certain d’y avoir été préparé. Etait-ce un manque de maturité ? Sans doute. Oh, il pouvait en avoir considérablement quand il s’en donnait la peine bien entendu, mais il s’agissait là d’un sujet auquel il n’avait jamais été confronté, et il semble inutile de préciser qu’il avait peur.

Ça avait été le sérieux et le flegme presque comique de Levi qui avait fait flancher Eren. Il avait littéralement craqué. La bonne blague. Lui qui était habituellement attiré par les blonds ou blondes, plutôt grands, doux et affectifs. Rieurs. Souriants. L’avocat avait détruit un à un chacun de ces murs comme s’il soufflait sur un château de cartes. En fait il chiait carrément sur son normal, chamboulant et ravageant tout sur son passage comme le ferait une tornade. Et putain, le brun détestait ça. Il détestait ne pas comprendre.

De plus le noiraud le traitait comme un sale gamin. Ouais, la différence d’âge était flagrante finalement. Et bordel, en fin de compte qu’est-ce qui lui disait que ses ressentis réciproques, hein ?! Il éloigna de sa mémoire la journée d’hier, et but une autre gorgée de bière avec amertume avant de se rendre compte que son verre était désormais vide. Merde, il ne s’en était pas rendu compte. Il avait la descente un poil trop facile depuis quelques jours. Mais il en commanda tout de même un troisième auprès de Bertolt. Il devrait sans doute faire comme Armin et attendre un peu. Trois ou quatre années de plus ce n’était pas grand-chose comparé à une vie humaine n’est-ce pas ? Et à ce moment-là il penserait sérieusement à l’avocat. Si celui-ci n’était pas parti d’ici-là.

Oui, il ferait ça. Du moins il essayerait. Les décisions paraissent parfois incroyablement inébranlables quand on les prend sur le coup, mais également si fragiles lorsque l’on se trouve face à la personne concernée.

« Eren ?

Cette voix grave, un peu rauque. C’était une blague. Une blague magnifique orchestrée par ce Dieu à la con. Qu’est-ce qu’il avait bien pu foutre pour mériter ça ?! Sous le coup de la surprise il recracha les deux tiers de sa gorgée qu’il était en train d’avaler. Le tout sur son tee-shirt évidemment. Et bien entendu, sinon ça ne serait pas drôle pour le petit Jésus, sa gorgée avait été particulièrement énorme. En même temps il était stressé, alors quoi de plus normal…

- Merde ! » s’écria-t-il.

Il fit comme s’il n’avait pas remarqué l’avocat qui se tenait à deux mètres de lui, se leva du tabouret et s’empara de sa veste en cuir, puis courut se réfugier dans les toilettes. Il posa son blouson au-dessus du sèche-mains et se mit face au miroir, plaquant ses deux mains de chaque côté du lavabo. Son reflet lui renvoya un teint rougeau, et des pupilles légèrement dilatées. Il aurait pas dû s’enfiler ces presque trois pintes – la fin de la dernière ayant fini sur son tee-shirt bleu marine. Fait chier. Il ouvrit le jet d’eau à fond et s’aspergea le visage, de longues gouttes ruisselant le long de son cou. L’alcool lui tournait un peu, mais il avait encore toute sa tête. Il passa sa main trempée dans ses cheveux et soupira profondément, les yeux fermés. Il les rouvrit subitement, prenant conscience de quelque chose… d’étrange.

En réalité ce dont il avait peur était ce qu’il ressentait pour Levi. Lui qui n’étais jamais tombé amoureux, était seulement sorti avec quelques personnes plus par besoin d’affection qu’autre chose. Il ressentait ce vide intense qui lui vrillait la poitrine, la resserrant un peu plus chaque jour. Et il avait essayé de le combler, ou de l’oublier, l’ignorer. Sans succès. Et ce sentiment omniprésent était devenu quotidien, une habitude. Ça faisait partie de lui, de ce qu’il était, de son identité. Le noiraud le faisait devenir quelqu’un d’autre, un nouveau lui-même. Quelqu’un de bon sûrement, mais qu’il était effrayé à l’idée de rencontrer.

Etonnant non ? Il voulait faire disparaître ce vide intense, mais lorsqu’il pouvait enfin y parvenir il craignait la prochaine étape. Ces sentiments qu’il avait envers Levi, il ne les avait jamais eu pour quiconque auparavant. Ou bien pas comme ça, pas de cette manière. Et putain, qu’est-ce qui lui disait qu’il était gay ? L’image d’hier du visage de l’avocat tout proche du sien fit de nouveau surface, mais il la refoula encore.

« Ne pas tirer de conclusions hâtives, ne pas tirer de conclusions hâtives, ne pas tirer…

Il se répéta ces mots en boucle. Puis il enleva son tee-shirt, constatant que mettre quelques gouttes d’eau ne suffirait pas à faire partir la bière, et passa la partie imbibée sous le jet.

- Mikasa m’a dit de ne pas m’emporter trop vite, après je suis déçu. Après je suis déçu. Après je suis déçu.

Il se focalisa sur ces mots, juste avant qu’il n’entende… son portable tomber de la poche intérieure de son blouson et s’écraser sur le sol, qui était assurément trempé.

- Bordel ! s’exclama-t-il, et sous le coup de la colère et de la pression accumulée il mit un joli kick dans la poubelle.

La poubelle en fer attachée au mur. Son pied lui fit un mal de chien pas possible. Ymir avait vraiment tout prévu dans son bar.

- Putain de bordel de merde de Dieu à la con ! Fait chier fait chier fait chier !

Il ramassa son portable et le remit avec rage dans la poche de sa veste en cuir, cette fois-ci en vérifiant qu’elle était bien fermée. Mais, puisque le sort s’acharnait décidément sur lui ce soir, alors qu’il retournait au lavabo pour essorer son tee-shirt son pied gauche le fit pousser un glapissement de douleur et il s’étala sur le sol mouillé et froid.

- Et maintenant le cul trempé, génial.

Puis il pointa son majeur au plafond.

- Fuck you Dieu.

Ce dernier lui en voulait vraiment ce soir… Et pour le coup, soit il chercha à le consoler soit il chercha à se venger. Eren ne le sut jamais. Mais Levi débarqua dans les toilettes, et constata l’ampleur des dégâts. Le brun était étalé sur le sol humide, le visage et les cheveux de devant trempés, tandis que son tee-shirt gisait moitié dans le lavabo, moitié dans le vide, gouttant sur le carrelage. Son regard s’attarda pour son plus grand malheur sur le ventre mince mais musclé du plus jeune. Il paraissait aussi surpris que lui de l’état déplorable dans lequel il s’était mis. Le noiraud s’approcha d’une démarche hésitante d’Eren, et l’aida à se relever en empoignant ses avant-bras.

Une fois debout, ils n’étaient tous les deux plus qu’à quinze centimètres l’un de l’autre. Gêné par le fait que le brun soit à moitié dénudé, Levi détourna les yeux sans montrer son embarras, et voulut reculer d’un pas. Il rentra cependant en contact avec le mur, se cognant la tête. Il n’avait pas prévu ça, et ses yeux s’agrandirent légèrement, avant qu’il ne lâche :

- Aïe.

Et se frotte l’arrière du crâne. Instinctivement, Eren fit un pas en avant pour vérifier qu’il allait bien. Il leva le bras dans un geste incontrôlé d’inquiétude, mais le noiraud se plaqua d’autant plus contre le mur.

- Tu –

- Je vais bien, le coupa l’avocat.

Oh, Eren n’aurait sans doute rien fait si Levi n’avait pas réagis ainsi. La proximité soudaine du brun, qui plus est torse nu et la peau humide luisant sous le faible néon lui donna l’eau à la bouche. Il humidifia ses lèvres sèches sans s’en rendre compte. Si cela n’avait pas été Eren, le petit garçon de dix qu’il avait connu, il n’aurait pas hésité. Mais il s’agissait bel et bien de ce gosse plus si gosse que ça, et il ressentait quelque chose pour lui. Quelque chose d’encore inexploré. Tout comme l’après-midi d’hier, il ne put s’empêcher de se pencher imperceptiblement en avant et respirer l’odeur délicieuse du plus jeune. Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre dans son shampooing pour sentir aussi bon ? Une quelconque drogue non ? Se rendant compte de son geste, bien que passant presque inaperçu, il entrouvrit la bouche pour changer de sujet mais des doigts entrèrent en contact avec sa joue. Il ne s’agissait en fait que du bout de l’index et du majeur du jeune infirmier, qui se posèrent prudemment sur le bas de sa pommette, puis descendirent lentement sur vers son oreille, et retracèrent avec une douceur un toucher aussi léger que du satin l’axe de sa mâchoire jusqu’au bout de son menton. Sa peau d’albâtre prit une teinte plus foncée. Merde, pourquoi ce morveux lui faisait autant perdre les pédales ?! Il lui en voulait pour ça, il ne pouvait pas s’en empêcher. Il fronça les sourcils et plongea un regard dur dans ceux d’Eren, les lèvres pincées.

- Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il d’un ton plus dur qu’il ne l’avait souhaité.

Les doigts se retirèrent de son visage, laissant un tracé brûlant et une sensation de manque. Le brun écarquilla ses yeux de jade, désemparé, et serra les poings. Il avait encore baissé sa garde face à l’avocat, et il s’était laissé aller. Mais ça n’était pas ça le pire. Le pire, c’était que Levi venait clairement de le rejeter. A ce moment-là, soit son cœur cessa de battre quelques secondes soit il allait beaucoup trop vite pour qu’il ne puisse le sentir. Et il fit la chose qu’il ne faisait pourtant pas habituellement. Il fit le lâche.

- Je suis désolé, je… Je voulais vérifier si ta tête allait bien…

Excuse la plus minable qui soit. Il récupéra son tee-shirt et son blouson, et en deux secondes il avait disparu. Levi leva son avant-bras.

- Qu’est-ce que… »

Qu’est-ce qu’il venait de faire ? Il réfléchit à toute allure. Il n’aimait pas qu’on rentre ainsi aussi facilement dans sa vie privée comme l’avait fait Eren, il n’aimait pas se sentir totalement démuni face à un plus jeune que lui, et surtout pas ce stupide gamin, il n’aimait pas perdre ses moyens et réagir comme un con, il n’aimait pas… Il n’aimait pas que le brun le fuit ainsi, il n’aimait pas se sentir aussi stupide. Il se frappa le front. Merde, il avait gaffé. Alors, pour la première fois sans doute, il se mit à courir après quelqu’un. Il voulait rattraper cet abruti d’imbécile heureux. Il sortit du Titanesque à toute allure, et tourna la tête dans tous les sens. Il le remarqua quelques mètres plus loin en train de courir, son blouson enfilé à la va vite et son tee-shirt pendant dans sa main.

« Non mais j’vous jure, grommela-t-il avant de s’élancer à sa poursuite.

Eren avait de longues jambes, et il eut du mal à parvenir à sa hauteur, mais il y arriva tout de même, et ce grâce à la claudication de la jambe gauche du brun, qu’il ne manqua pas de voir. Il l’empoigna par le coude et le tira vers l’arrière.

- L-Levi ? bégaya le brun.

Ils se fixèrent une minute, tous deux un peu déboussolés.

- Tss. Ouais, et alors ? finit par répondre le plus vieux. Pourquoi t’es parti en courant aussi ? Ça m’a fait flipper, merde, admit-il en détournant les yeux.

Eren ne prononça pas un mot, interdit. Le noiraud paraissait… Il paraissait en colère ! Pourquoi était-il en colère ? Après lui peut-être, parce qu’il avait dépassé les bornes et fait quelque chose de stupide ? Sûrement même. Pour ne pas tomber encore un peu plus profond, il décida de mentir. En partie du moins. Mais si ça pouvait lui permettre de sauvegarder son amitié avec l’avocat… Alors il était prêt à ça.

- Ecoute, je suis vraiment désolé, j’ai un peu bu alors je fais des conneries. Excuse-moi, je voulais pas du tout faire ça.

- Ah ouais ? grinça-t-il, et il se rendit compte qu’il était sur la défensive, comme s’il aurait préféré qu’Eren se taise.

Cependant ce dernier ne prit pas son ton de la même manière, et il recula de deux pas. La ferme, Eren. La ferme la ferme la ferme, se souffla-t-il pour lui-même, sentant la colère, la honte et la tristesse le submerger par vagues imposantes.

- Je… Je ne suis absolument pas intéressé par toi.

Le noiraud sentit sa gorge se serrer. Ça faisait mal.

- Tu en es bien sûr, gamin ? cracha-t-il.

C’est pas vrai, se dit le plus jeune. L’avocat agissait comme si… comme si il…

- Tu es homophobe ? demanda-t-il subitement de but en blanc.

- Que-quoi ?! s’exclama Levi, horrifié d’avoir été une fois de plus pris au dépourvu.

Pourquoi s’emportaient-ils autant pour quelqu’un qu’ils connaissaient à peine ? Toujours aucune réponse à cette question. C’est alors qu’une voiture passa et ses feux éclairèrent les yeux turquoise du plus jeune. Ils étaient larmoyants, à la limite de déborder. L’avocat détourna le regard, la mine coupable.

- Non je ne suis pas homophobe, chuchota-t-il suffisamment fort pour qu’il l’entende. C’est même l’inverse…

Le brun s’en doutait, mais au fond il aurait peut-être préféré qu’il le soit justement, homophobe. Une barrière nette aurait ainsi été tracée. Un mur même. Là, ça voulait juste dire que le noiraud n’était absolument pas attiré par lui, même si l’infirmier avait un peu de mal à y croire. Et ça… ça, ça faisait vachement mal. Ça lui réduisait les boyaux en bouillie. Ce vide qu’il ressentait se mit alors à l’engloutir, dévorant sa chair et rongeant ses os, aspirant tout son suc vital hors de lui, le transformant en une coquille sans rien à l’intérieur. Son pied gauche ne lui faisait même plus mal. Non, c’était plus que ça. Il ne le sentait plus. Il baissa les yeux, et un sourire d’une tristesse infinie naquit sur ses lèvres. Le noiraud n’en avait jamais vu de pareil, et il fut pris d’une putain de nausée, comme si son corps voulait rejeter ses paroles. Le jeune releva ses yeux bleu-vert et les planta dans ceux de l’avocat. Il n’y lu aucune dureté, uniquement de la douleur et du chagrin. Et puis, un peu plus profondément enfouie, comme si elle se cachait, un soupçon de tendresse.

- Je t’assure que je ne suis pas intéressé par toi… Levi.

Et voilà, les mots fatidiques avaient franchi ses lèvres. Quitte à avoir mal, autant faire semblant que ce n’est pas le cas. Son regard le trahissait toujours, et il le savait, mais il espérait tout de même que le noiraud le croirait un minimum. Et ce fut le cas. Ses paroles l’avaient transpercé de part en part. Il était une putain de pinata et le brun venait de l’achever en deux coups de bâton. Il sentit son visage se défigurer par la laideur. Un rire plein de rancœur monta dans sa gorge, et le jeune le fixa de ses grands yeux humides. Mais il n’allait pas abandonner, car il savait qu’Eren était intéressé par lui. Il le savait bordel ! Sinon ils n’auraient pas partagé ce contact dans les toilettes du Titanesque pas vrai ?

Mais d’un autre côté le brun n’était encore qu’un gamin. Il n’avait que vingt ans, et lui trente-et-un purée ! Sauf que là, à ce moment précis, une fois que les mots écœurants de l’infirmier avaient été dits, le noiraud en avait carrément rien à foutre de l’âge. Il ne voyait plus qu’Eren, face à lui, au bord de craquer à cause de lui. Il ne put plus supporter ce silence davantage. Ne serait-ce qu’une seconde de plus.

- Eren…, murmura-t-il.

Peine. Colère. Tristesse. Espoir. Amour. Douceur. Tout y était. Et cette fois-là le brun put déchiffrer chacun de ces sentiments comme s’ils avaient été clairement prononcés. Il releva la tête d’un  coup, dans l’attente d’une suite qui ne vint pas. C’était à Levi de lui montrer qu’il tenait à lui. Ça, le jeune l’avait déjà fait. Alors l’avocat combla l’espace qui les séparait. Il redressa le menton, Eren étant un peu plus grand, puis, avec une hésitation et une lenteur exagérée il effleura le haut de la joue du brun du revers de la main, juste sous l’œil.

- Excuse-moi de t’avoir repoussé, je suis qu’un con.

Alors le regard vert d’eau d’Eren s’illumina, éblouissant les yeux orageux du noiraud et éloignant les nuages de honte qui les recouvraient.

- Quant à moi, fit-il d’une voix légèrement tremblante sous le coup de l’émotion. Excuse-moi si je viens de te mentir… Je suis intéressé par toi, Levi. »

L’avocat ouvrit la bouche, puis la referma. Il enfouit son visage contre la poitrine du brun, les joues rougies. Des bras entourèrent son dos. Dieu que ça faisait du bien ! Son torse était chaud, brûlant même, et c’était agréable, soulageant. Il inspira à fond son parfum d’été. Ce n’est que lorsque son nez frotta sa peau qu’il se rappela qu’il était torse nu sous sa veste de cuir. A partir de moment il se figea, mais ses muscles ne tardèrent pas à se détendre. Ils se détachèrent l’un de l’autre assez rapidement, bien trop à leur goût en tout cas.

Eren du rentrer chez lui puisqu’il commençait assez tôt le lendemain matin, et puis aucun d’eux ne se sentaient de passer un peu plus de temps ensemble. Ils étaient tout patraques, ils avaient besoin de retrouver leur lit et de réfléchir un peu à ce qu’il venait de se passer. Ils se lancèrent un simple « à jeudi » et partir de leur côté, la mine guillerette et au fond tous deux excités comme des gosses.

Encore une fois Levi portait l’écharpe bordeaux du brun, et il oublia de la lui rendre. Le prochaine fois, qu’il se dit quand il le remarqua en rentrant chez lui.

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Wow, big progression nan ? Alors je vous préviens, je n’avais PAS DU TOUT prévu d’écrire ça ! Je savais le sujet principal du chapitre… Mais il semblerait que les choses se soient engrenées autrement ! En même temps comme je ne prévois pas trop trop à l’avance… Bref, du coup ce que j’avais décidé sera reporté au chap prochain !

On se retrouve vite pour le chapitre 11 !  :3

Beuzouilles

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