L'automne d'une vie

Chapitre 38 : XXXVIII

1410 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a presque 4 ans

Il toqua à la porte de la blonde après avoir hésité de longues minutes. 

C’était idiot et il le savait, mais il se sentait honteux de s’être laissé aller hier soir. Il ne voulait pas qu’elle le voit comme ça.

Parce qu’il avait besoin d’elle, qu’il ne voulait pas qu’elle réalise à quel point il était pathétique, et ça lui faisait un peu peur.

-Hey, murmura-t-il presque timidement quand elle ouvrit la porte.

C’était leur premier vrai rendez-vous, et même s’ils étaient clairement un couple, Levi ne pouvait s’empêcher d’y penser comme un point crucial de leur relation. C’était débile et il le savait, mais depuis combien de temps voulait-il juste passer une journée avec la blonde à ses côtés, juste eux deux, dehors, mangeant bien, discutant de tout et de rien, et déambulant à travers la ville sans réel but autre qu’apprendre à se connaître encore et encore.

Il risqua un coup d’oeil dans sa chambre et eut du mal à retrouver son souffle. 

Il aurait dû être habitué à sa beauté depuis le temps, mais décidement non, il ne s’y faisait pas.

Elle portait un simple jean bleu foncé qui dévoilait ses courbes et pour la première fois, Levi réalisa qu’elle était presque une adulte maintenant, une femme. Elle avait aussi enfilé un cardigan bleu très clair avec des boutons d’un marron très doux et un col roulé noir dessous. Il la regarda mettre son manteau et se fit la réflexion qu’elle n’avait même pas besoin d’essayer pour être magnifique. Une fois son écharpe attachée autour de son cou, elle se tourna vers la porte et sourit au brun, un peu hésitante. Apparement ils étaient tous les deux aussi nerveux pour leur premier vrai rendez-vous de couple. La pression.

-Aki, wow. Merde. 

-Quoi? J’ai fait quelque chose de mal?, demanda la blonde avec une pointe de panique dans la voix.

-Si être belle comme c’est pas permis était un crime, alors ouais, j’imagine.

Elle sourit tendrement et Levi se détendit un peu. Ils commencaient à redevenir comme avant, avec leurs petites conversations idiotes, ses blagues insensées qu’il ne disait que pour l’entendre rire, et ça faisait du bien de la retrouver, de les retrouver, eux. Il avait un peu eu l’impression de l’avoir perdue ces dernières semaines.

-Bien. Prête pour une journée de décadence? 

Elle fit semblant d’être choquée et soupira en exagérant.

-Mais que diable allait-t-elle faire dans cette galère ?

Ce qui eut pour effet de faire sourire Levi.

Sourire Levi. Et même si c’était un minuscule sourire, la jeune fille le trouva tellement adorable qu’elle l’embrassa délicatement sur la joue. Le brun put sentir son parfum, et Dieu sait comme il l’aimait. Elle avait cette odeur qui était tellement Aki. Tellement elle.


***


-Alors, Levi, qu’est-ce que tu as fait sans ma terrible influence? 

Le brun sourit intérieurement.

-Pas grand-chose, morveuse. J’ai lu. Bossé. M’suis entraîné. Ouais c’est à peu près tout. Toi? 

-Hmm à peu près pareil. 

Il lui semblait qu’elle avait mûri, depuis la dernière fois qu’il lui avait parlé, et il aurait sûrement pu lui le dire mais il ne trouvait pas les mots. 

-Il est déjà pas mal tard, tu veux qu’on aille manger? Y’a un café sympa qui sert quelques plats à trois rues d’ici.

La blonde acquiesça distraitement, plus concentrée sur le courant d’eau en-dessous d’elle que sur ce qu’il lui disait.

-Aki ?

La blonde leva les yeux vers lui, un léger sourire aux lèvres.

-Levi, regarde !

Une étincelle venait de s’allumer dans ses yeux, qu’il n’était pas sûr d’avoir déjà vue.

-Des canetons !

Il suivit son regard et découvrit les adorables créatures qui faisaient tant d’effet à la jeune fille. 

-Mouais…

-Ils sont adorables !

-C’est juste des bébés canards…

La jeune fille éclata de rire.

-Comment ça, “juste” ? Levi, ils sont trop chous ! Même ton coeur de pierre ne peut pas rester insensible à leur vue !

Elle se trompait. Enfin, sur le sujet. Car son coeur de pierre était bien touché par quelque chose, enfin quelqu’un, mais pas les petits canards qui piaillaient joyeusement sous le pont de pierres brunes…

La blonde s’accouda à la barrière et sourit de toutes ses dents. Elle se pencha en avant et le brun prit peur. Il passa un bras autour de sa taille pour la retenir au cas où elle basculerait en avant. 

-Levi…

Elle avait à peine murmuré son prénom au creux de son cou. 

-Aki. 

Il chuchota:

-Je te tiens. Je ne te lâche plus…

La blonde soupira presque imperceptiblement. 

-Hé, c’est Levi, du bataillon d’exploration !

Un gamin haut comme trois pomme s’avançait vers eux, les yeux ecarquillés.

-Il est avec une fille !

Levi s’éloigna immédiatement d’Aki, comme piqué. 

-Dégage, gamin.

-Je peux avoir un autographe ? S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît !

-Non, j’ai pas le temps.

Il saisit la main de la blonde et la tira vers un grand bâtiment en chaume.

-’Tain, grinça-t-il entre ses dents, fait chier. 

Il ouvrit la porte à volée et entraîna la jeune fille vers une table du fond.

-On serra moins exposés ici…

-Ca vous arrive souvent de vous faire reconnaître dans la rue comme ça ? 

-Ouais, surtout ces derniers temps… C’est soulant.

-Ils vous admirent… Vous avez vu leurs expressions ?

-Ils font chier, surtout.

Ils commandèrent leur repas et attendirent en silence.

Quand leurs plats arrivèrent, ils mangèrent dans un silence confortable. Levi commença par un verre de vin, puis deux, puis trois, et quand la bouteille fut finie, Aki l’empêcha d’en commander à nouveau.

-Vous êtes déjà bien assez alcoolisé, Caporal…

-Levi, bordel !

Il avait crié. Tout le restaurant se retourna vers eux, ahuris.

Levi sortit au pas de course en entraînant sa blonde avec lui.

Ses pqs claquaient comme un fouet sur les pavés de la rue, et il était tellement énervé. Ils avaient si peu de temps seuls à deux, et voilà que des gens s’amusaient à le gâcher.

Il entendit un sifflement, se retourna brusquement et failli perdre son équilibre.*

-Hé p’tite blondinette t’es bonne, tu veux pas passer la nuit avec nous au lieu de ce nain ?

Il vit rouge. 

Il avait certes beaucoup d’alcool dans le sang, mais même sobre il aurait disjoncté - quoique peut-être moins violemment.

Sans qu’il s’en rende vraiment compte, son poing droit se dirigeait vers le nez d’une des deux racailles et il lui décochait un beau coup droit. Suivit d’un uppercut et d’un crochet du gauche en plein dans la mâchoire, puis un bon coup dans le ventre avec son genou.

Le châtain s’écroula à terre en se tenant l’endroit que Levi avait percuté. 

Et il frappa.

Encore.

Et encore.

Et encore.

Il ne sentait pas la douleur de ses poings ensanglantés, il ne pouvait plus s’arrêter.

Sa victime se mit à cracher du sang et il recouvrit un peu ses esprits, assez pour s’éloigner de lui.

-Bordel…

Le noiraud ne prit même pas le temps de réfléchir et s’apprêta à frapper l’autre quand Aki le retenit.

-Levi ! Arrête ! Tu…

La peur.

La peur dans sa voix s’entendait distinctement.

peur

peur

peur…

elle a peur de moi ?

pourquoi ?

Il regarda le plus grand des deux assailis, et comprit.

Il l’avait littéralement bousillé. 

Sa violence ne connaissait plus aucune limite, allongée et plongée dans les volutes d’alcool qui dominaient son cerveau et exacerbée par son amour pour Aki.

-Tu me fais peur, souffla-t-elle.

Il s’arrêta net et la fixa.

-On rentre, murmura-t-elle. On rentre.



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